Psychologie, éducation & enseignement spécialisé
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Les rééducateurs et l’Éducation Nationale

 

 
Un texte de Daniel Calin


Autres articles sur la rééducation scolaire  Voir aussi sur ce site mon article Le travail psychique en rééducation (1999), ainsi qu’une excellente présentation de la rééducation par Ludovic Cadeau, La rééducation ou “l’éternité du précaire” (2006).
Origine du texte  Texte de commande non publié à ce jour, rédigé en 2010 et remanié à l’occasion de cette mise en ligne.

 

Les rééducateurs, comme plus globalement les personnels des RASED(1), ont été sévèrement malmenés durant l’année scolaire 2008-2009. L’affaire a commencé en fanfare dès la rentrée, le 2 septembre 2008, à l’occasion d’un entretien donné par Luc Ferry sur Europe 1. Éphémère et fantomatique ministre de l’Éducation Nationale, ce philosophe nonchalant fait de longue date grand étalage de ses capacités d’irréflexion élégante sur tous les médias qui veulent bien l’inviter à paraître. Sous ses airs patelins se cache en réalité un fidèle et actif serviteur de la droite « libérale » dure(2) et des milieux argentés et feutrés qui l’emploient. Il est donc ce jour-là chargé de pré-annoncer une de ces multiples réformes promises par Nicolas Sarkozy, la suppression du samedi matin pour les écoliers, annonce incontestablement populaire, quoi qu’on en pense. Dans la foulée, il ajoute benoitement une explication de textes qui met brutalement au jour les vraies motivations de cette décision(2bis) : ladite réforme va se doubler d’une obligation faite aux maîtres des classes ordinaires de compenser leurs nouveaux congés du samedi matin en consacrant deux heures par semaine au soutien des élèves en difficulté hors de ce nouveau temps scolaire, lequel soutien extrascolaire va donc justifier la suppression des RASED ainsi rendus inutiles, aux dires de ce chien de garde en service commandé, soit 11 000 postes à récupérer en trois ans. Sous la réforme populiste apparaît ainsi sa vraie motivation, purement comptable : se conformer au mot d’ordre présidentiel du non remplacement d’un fonctionnaire partant en retraite sur deux, en tapant sur des postes pas trop sensibles, puisque ces maîtres-là n’ont pas charge de classe et qu’ils perdent leur temps à tenter de retaper les élèves les moins adaptés à la scolarisation, dont tout le monde au fond se fiche éperdument, puisque ces mômes sont le plus souvent des fils de pauvres, voire pire, et que de toutes façons ils ne seront jamais des jeunes cadres dynamiques crachant de la plus-value comme des fontaines d’abondance.

Vous connaissez la suite : mobilisation massive inattendue, mise en accusation de l’efficacité des personnels des RASED, mensonges, embrouilles, tergiversations, reculs tactiques, trahisons, etc. Depuis que Luc Chatel a succédé à Xavier Darcos, les suppressions de postes ont continué, plus discrètement et plus diversement. Le ministre ne fixe plus désormais que le nombre global de postes d’enseignants à supprimer à chaque rentrée dans chaque département, à charge pour les autorités académiques de se débrouiller pour atteindre l’objectif fixé. D’ailleurs, même le poste de Ministre de l’Éducation Nationale a été supprimé : on a confié directement la tâche, en attendant la liquidation finale du service public d’éducation, au porte-voix du président, fonction d’ordinaire essentiellement décorative...

Nouveau coup brutal d’accélérateur pour la rentrée 2012 : près de 3 000 suppressions de postes en RASED sont annoncées.

 
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En réalité, cette destruction des aides aux élèves en grande difficulté s’inscrit dans une histoire bien plus ancienne. Ferry, Darcos et Chatel n’ont été que les fossoyeurs ultimes d’une institution attaquée de longue date : la rééducation à l’école(3).

La première attaque contre le métier de rééducateur, probablement la plus déterminante même si elle a fait peu de bruit en son temps, a été portée par l’arrêté du 15 novembre 1984(4), pris sous le ministère de Jean-Pierre Chevènement, qui réformait les options du CAEI. Les rééducateurs étaient inscrits dans les certifications du CAEI depuis sa création, par l’option Réadaptations psycho-pédagogiques(5). L’arrêté du 15 novembre 1984 abandonne les anciennes appellations explicites des options du CAEI au profit des appellations par lettres, A, B, C, D, E et F, toujours utilisées, purement conventionnelles, donc indéchiffrables par des non spécialistes. Surtout, dans cet arrêté, l’ancienne option Réadaptations psycho-pédagogiques disparaît sans être remplacée par aucune de l’une ou l’autre des nouvelles appellations. Comme ce texte abroge tous les textes qui régulaient précédemment les options des certifications pour l’enseignement spécialisé, cela implique que les rééducateurs passent purement et simplement à la trappe. Dans les faits, pourtant, comme les GAPP ne sont pas directement touchés par cette réforme des formations, celles-ci vont continuer, dans un vide réglementaire abyssal. Il faut attendre l’arrêté du 7 janvier 1988, le CAEI étant devenu entre temps le CAPSAIS(6), pour voir ajouter une nouvelle lettre à la liste des certifications pour l’enseignement spécialisé, l’option G. Réglementairement supprimés par un ministre de gauche, les rééducateurs sont réinventés, plus de trois ans plus tard, réglementairement tout du moins, par un ministre de droite, René Monory.

Ce nouvel arrêté sauve ainsi in extremis la rééducation scolaire, mais porte cependant, d’un même mouvement, une seconde attaque à son encontre. Il n’y est en effet plus question de réadaptations psycho-pédagogiques, mais d’enseignants spécialisés chargés de rééducations. Les rééducateurs chargés de ces réadaptations ne sont plus désormais que des enseignants spécialisés parmi les autres. Cela se traduit tout d’abord, très concrètement, par un changement majeur dans les modalités de leur recrutement. Alors que les anciennes formations de rééducateurs n’étaient accessibles qu’à des enseignants préalablement spécialisés dans une autre option, après plusieurs années de travail dans cette première spécialisation(7), les formations « G » sont accessibles « en voie directe ». L’introduction massive dans les formations et dans le métier d’enseignants souvent âgés et sans expérience approfondie de la grande difficulté scolaire va dès lors peser lourdement et négativement sur la profession(8).

Par ailleurs, ce changement d’appellation gomme toute référence à l’idée psychopédagogique, alors que celle-ci avait été au cœur du processus de création de ces métiers(9) et qu’elle en constitue la signification profonde, donc la seule vraie justification. Cet effacement s’inscrit dans la montée en puissance, dans l’Éducation Nationale, depuis le début des années 1980(10), tant parmi ses cadres que chez nombre de ses acteurs de base, d’un mouvement de rejet de tout ce qui est « psychologie » qui finira par entraîner le rejet de l’idée même de pédagogie, malgré l’aberration sommitale que constitue une telle position chez des enseignants. Ce mouvement anti-psy se précise avec la troisième attaque que constitue la transformation des GAPP en RASED par la circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990(11), cette fois sous un ministre emblématique de la gauche gouvernante, Lionel Jospin. Après avoir effacé l’inscription des professionnels dans le mouvement psychopédagogique, on efface cette fois l’enracinement de leur structure institutionnelle dans cette histoire, en substituant au concept clair et fort d’aide psychopédagogique la notion obscure et inconsistante d’aides spécialisées aux élèves en difficulté. Il restera juste à enfoncer le clou. Lorsque le CAPA-SH se substitue au CAPSAIS(12), en rognant au passage de moitié le temps de formation, l’arrêté du 5 janvier 2004(13), qui redéfinit les options de cette nouvelle certification, fait des maîtres G, non plus des enseignants spécialisés chargés de rééducations, mais des enseignants spécialisés chargés des aides spécialisées à dominante rééducative, expression ubuesque que l’on retrouve jusqu’à la circulaire n° 2009-088 du 17 juillet 2009, actuellement en vigueur.

 
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Que la gauche et la droite aient aussi continûment collaboré à la destruction progressive des métiers et des structures des aides psychopédagogiques à l’école est si surprenant du point de vue de la plupart des rééducateurs, souvent très ancrés à gauche, que ce fait pourtant clairement avéré est souvent mésestimé, voire dénié. Quand ce n’est pas le cas, cette continuité politique est assimilée à l’ensemble, fort chargé il est vrai, des trahisons de la gauche gouvernante. C’est pourtant une erreur. Ce ne sont pas ses trahisons qui ont fait de la gauche gouvernante le principal ennemi de la psychopédagogie, mais une de ses convictions idéologiques fondatrices, à savoir sa focalisation sur les réalités sociales et leurs conflictualités structurelles, ce que Marx et ses continuateurs nomment la lutte des classes. Dans ce cadre, qui est typiquement celui de Bourdieu(14), très influent sur le monde enseignant, les inégalités en général et les inégalités scolaires en particulier sont à la fois le fruit et l’instrument de la domination du monde par les classes possédantes. C’est ce courant qui a porté les attaques les plus virulentes contre le mouvement psychopédagogique(15). Tout échec d’un enfant à l’école est alors pensé comme le résultat de l’inscription de sa famille dans les rapports de classes, ce qui nie tout autant la réalité des échecs vécus par certains enfants « de bonne famille »(16) que la réussite scolaire de très nombreux enfants de milieux sociaux défavorisés, y compris à l’extrême(17).

Il n’est évidemment pas question pour moi de nier la réalité des inégalités sociales, plus vertigineuses que jamais et plus que jamais destructrices pour les opprimés. Il n’est pas non plus question pour moi de mettre en cause l’importance de l’inscription de chacun dans un cadre collectif. Ma culture politique, ma culture ethnologique, ma culture ethnopsychiatrique et même une bonne part de ma culture psychologique(18) vont dans ce sens. Mais tout cela ne suffit pas à me convaincre de la pertinence de la réduction de tout un chacun à son être social, idée qui est probablement au cœur de la propension historique de la gauche radicale à déboucher sur des totalitarismes. De plus, ce réductionnisme, quand il est appliqué à des enfants, est superlativement une absurdité. Voir ce que j’ai déjà écrit à ce sujet(19) :

« (…) l’enfant n’est pas d’emblée un « être social », au sens sociologique du terme. Un enfant, surtout très jeune, est avant tout, voire exclusivement, un membre de sa famille. Cela ne signifie pas que le cadre social global est sans influence sur lui, mais cela signifie que ce cadre social global n’influe sur lui que par l’intermédiaire de l’influence qu’il exerce sur ses parents. Or, les parents peuvent protéger plus ou moins efficacement leurs enfants des influences négatives de ce cadre social global. Cela fait d’ailleurs partie de la fonction parentale la plus ordinaire, même dans les milieux favorisés. L’essentiel de l’influence des « facteurs sociaux » sur le devenir des enfants se joue là : il est évidemment plus facile de protéger ses enfants dans un milieu bien « installé » que dans des milieux constamment bombardés par le chômage, la précarité, la pauvreté et le racisme. C’est ainsi que le social des parents devient le psychique de l’enfant : l’enfant ne souffre pas du chômage de ses parents, mais de la destruction par le chômage des capacités parentales de ses parents. À l’inverse, si les parents parviennent, pour quelque raison que ce soit, à résister à la destructivité du cadre social à leur égard, ils peuvent en protéger parfaitement leur enfant, phénomène que l’on retrouve constamment dans tous les récits de réussite paradoxale. »

C’est cette irréductible dimension psychique de l’existence, particulièrement durant l’enfance, qui fonde l’idée même de psychopédagogie. Tout comme c’est la reconnaissance de cette irréductibilité du psychique qui constitue la meilleure protection à l’encontre de tous les totalitarismes :

« “L’humanité de l’homme” est attachée essentiellement à sa vie psychique. La médecine issue de la biologie menace toujours d’en faire une chose à “traiter”, tout comme la politique issue de la “sociologie”, au sens large, sciences économiques et sociales conjointes, menace toujours d’en faire un objet à “manipuler”. Les “droits de l’homme” sont les droits de l’individu humain, de la personne humaine, contre l’emprise du social et contre les fatalités du biotique. Biologisme et sociologisme sont les ressorts idéologiques ordinaires de tous les totalitarismes. »(20)

L’idée de psychopédagogie se déploie en deux temps. C’est d’abord l’idée de pédagogie, selon laquelle les apprentissages scolaires relèvent centralement de l’activité de l’enfant, de son engagement émotionnel et intellectuel dans l’effort pour s’approprier les savoirs scolaires, effort que le maître peut accompagner et faciliter mais auquel il ne peut absolument pas se substituer. C’est ensuite l’idée de psychopédagogie, au sens restreint, selon laquelle certains enfants, insuffisamment préparés en ce sens par leur famille, ont besoin d’un accompagnement plus approfondi, plus intime, de ce mouvement émotionnel et intellectuel indispensable pour qu’ils investissent convenablement cet effort d’appropriation des savoirs scolaires(21). Ces deux idées se résument, finalement, dans une idée essentielle, trop méconnue, qui veut que les apprentissages scolaires, comme tous les autres d’ailleurs, soient des phénomènes centralement psychiques, des modifications du sujet psychique qui effectue ces apprentissages, et des modifications parfois très profondes(22). Apprendre, c’est se transformer psychiquement, c’est grandir psychiquement. Pour accompagner cette croissance, des didacticiens ne suffisent pas, bien loin de là, et encore moins de purs savants en leur domaine. Il y faut des pédagogues, et, pour les plus démunis, des psychopédagogues. Sans ces derniers, l’idée d’une école pour tous est au minimum un leurre, au pire une escroquerie.

 
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Des enfants souffrent à l’école, bruyamment ou en silence(23). D’autres n’y souffrent pas, mais n’ont aucune idée de ce qu’ils font là, ne comprennent rien à ce que l’on attend d’eux, ne comprennent même pas que des adultes puissent attendre quoi que ce soit d’eux, tant ils sont habitués à ce qu’eux reçoivent des adultes, et non l’inverse. Parmi ces enfants, nombre grandissent dans des familles prises dans de très grandes difficultés, économiques mais aussi personnelles, voire médicales. D’autres sont « de bonne famille », officiellement. Leurs problématiques psychiques peuvent être étrangement similaires, bien plus souvent qu’on ne le pense : abandons, surprotections, maltraitances, abus sexuels, éclatements des couples parentaux, incompétences parentales n’ont guère de coloration de classe pour les enfants qui les vivent. Les rééducateurs, dans les murs de l’école, ont affaire à ces enfants-là, qui se débattent tant dans ces catastrophes ou ces errements domestiques que les apprentissages scolaires ne peuvent être au mieux pour eux qu’un horizon lointain(24).

Pour tous ces enfants-là, les rééducateurs du service public d’éducation sont des passeurs indispensables, passeurs entre leurs mondes privés souvent trop tourmentés, parfois trop confortables, pour leur permettre d’accéder à la sérénité et au désir de grandir indispensables à l’investissement des grandes appropriations culturelles proposées par l’école.

Quand je pense au travail des rééducateurs me revient toujours en mémoire le personnage de Pablo Neruda, dans le superbe film de Michael Radford, Il postino(25). Arrivé en exil sur cette île volcanique perdue au milieu de la splendeur de la Méditerranée(26), Pablo Neruda(27) se lie d’amitié avec Mario(28), le facteur de l’île, qui n’a que lui à desservir, puisque personne d’autre n’écrit ni ne reçoit la moindre lettre dans ces solitudes farouches. Ou plutôt, c’est Mario qui recherche et gagne, à force de patience, de ruses et de maladresses, l’amitié distraite de Pablo Neruda, tant il pressent dans les mystères du grand poète un univers autre, incommensurable. Alors Mario va apprendre auprès de Pablo, par des voies détournées, le secret de la métaphore, le secret d’un mot dont le sens ne s’épuise pas dans les utilités de la survie immédiate, mais ouvre à la beauté et à l’immensité du monde. Armé de la métaphore, arraché par elle au silence affairé des taiseux de son univers clos, Mario va pouvoir conquérir les deux seules choses qui vaillent en son île : l’amour de la belle Beatrice(29) et la musique des vents et des marées qui battent les rochers sur lesquels il a grandi sans les voir.

Les rééducateurs sont bien de ces passeurs, qui offrent à des enfants perdus dans des solitudes innommables, coupés des grands flux de la vie, une présence accueillante, l’occasion de l’émergence d’un signe ou d’une parole qui leur permettraient un envol. Certes, ni Beatrice ni la musique des vents et des eaux ne les attendent à l’école. Mais les attend tout le vaste monde, à travers les livres, les atlas et toutes les leçons du maître, quand il ne se résout pas à la triste pauvreté des « fondamentaux ». Du foyer le plus glacé, de la cité la plus grise, l’école peut ouvrir à tous les enfants les portes de la culture écrite, c’est-à-dire la porte de tous les temps et de tous les espaces. Encore faut-il que l’enfant fasse un pas vers cette porte de l’école, un pas que lui seul peut faire. Et que nombre d’entre eux ne feront pas s’ils ne trouvent plus, dans les murs mêmes de l’école, ces adultes décalés et bienveillants, un peu mystérieux, un peu magiciens, qui leur donneront à pressentir les merveilles du monde que l’école peut leur ouvrir :

« Ces “enfants qui silencent”, nous les rencontrons aussi à l’école, cette grande Bavarde ; ils y “déparlent”, s’y font voir ou entendre d’une manière ou d’une autre, y sont souvent repérés, remarqués. Mais si l’école est une grande bavarde (la grande Muette, c’est à côté !), elle est souvent sourde comme un pot. (Gloton ironisait sur le fait qu’à l’école, “si les enfants sont muets, c’est que les adultes sont sourds”...) C’est à nous – entre autres – qu’il revient (dans le processus, l’artifice de la mise en place d’une rééducation) de savoir faire silence, de nous mettre à l’écoute d’un mal-être, d’une souffrance qui ne se dit pas ou qui se parle comme elle peut, dans du désordre, de la dé-tresse, du “dys” quelque chose, ou bien encore dans le corps. Et ce silence, si nous savons nous y tenir un peu, “c’est l’espace de la future prise de parole de l’enfant”. (Darrault) »(30)

Daniel Calin
2010-2012

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Notes

(1) Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté. Les psychologues scolaires étaient alors préservés : sauf localement, ils ont échappé aux suppressions de postes. Ils sont trop utiles au système pour qu’on puisse actuellement s’en passer, en particulier pour les aiguillages vers la MDPH, mais aussi pour alimenter la folie évaluative qui s’est emparé de notre hiérarchie comme de la société toute entière. Toutefois, la disparition de leurs collègues des RASED menace de dénaturer leur travail, en les rabattant sur des tâches de prestataires de services psychométriques, dont on voit mal à terme ce qui inciterait à les maintenir dans le giron de l’Éducation Nationale. Pour un tel travail, des prestataires de service extérieurs, privés, donc moins payés et plus malléables, seraient largement suffisants. D’ailleurs, pour la rentrée 2012, les suppressions de postes de psychologues scolaires se multiplient. Plus grave : la moitié des centres de formation sont supprimés.

(2) S’il s’affiche plus volontiers philosophe que politique, il n’en a pas moins doublé très tôt sa formation de philosophe par une formation à Sciences Po. Agrégé dans ces deux domaines, il a indifféremment professé dans ces deux disciplines.

(2bis) Le 17 mai 2012, sur France Info, Luc Ferry confirme que le seul but de l’opération, c’était de supprimer les RASED, les Réseaux d’Aides Spécialisées aux Enfants en Difficulté. Cela permettait de supprimer un certain nombre de milliers de postes. L’opération en question, c’était la combinaison entre la semaine de quatre jours et la création des aides personnalisées hors du temps scolaire. Le Ferry de 2008 soutenait cette opération. Le Ferry de 2012 la descend en flammes : C’était absurde. Seule constance : l’arrogance placide.

(3) Pour une analyse approfondie, lire mon article intitulé Les RASED et le mouvement psychopédagogique, initialement publié dans le n° 29 de la revue Sociologie et Santé, daté de décembre 2008, pages 193 à 208, et repris par la suite sur mon site personnel, Psychologie, éducation & enseignement spécialisé.

(4) Arrêté du 15 novembre 1984.

(5) Arrêté du 3 janvier 1964. Présente dans la circulaire n° IV-70-83 du 9 février 1970 qui instituait les GAPP, la distinction entre rééducations psychopédagogiques et rééducations psychomotrices ne semble avoir jamais été répercutée dans une distinction réglementaire entre deux certifications distinctes.

(6) Décret n° 87-415 du 15 juin 1987.

(7) Le plus souvent, l’ancienne option « Déficients intellectuels », dont les titulaires étaient les plus nombreux : ils avaient en particulier en charge les classes de perfectionnement.

(8) Même si ce mouvement global, « statistique », laisse évidemment place à des parcours individuels intéressants.

(9) Voir mon article évoqué plus haut, Les RASED et le mouvement psychopédagogique.

(10) Les signes fondateurs de ce mouvement sont les ouvrages furieusement rétrogrades de deux intellectuels amis, lacaniens et maoïstes, Maurice Maschino, Vos enfants ne m'intéressent plus (1983), et Jean-Claude Milner, De l’école (1984), ouvrages qui ont eu depuis une abondante et déplorable descendance.

(11) Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990.

(12) Décret n° 2004-13 du 5 janvier 2004.

(13) Arrêté du 5 janvier 2004.

(14) Voir en particulier La reproduction, col. Le sens commun, Éditions de Minuit, 1970.

(15) Les auteurs typiques de ces critiques sont Patrice Pinell et Markos Zafiropoulos, tous deux alors proches du Parti Communiste. Voir leur article La médicalisation de l’échec scolaire : De la pédopsychiatrie à la psychanalyse infantile, dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 24, pp. 23-49, ainsi que leur ouvrage Un siècle d'échecs scolaires (1882-1982), col. Politique Sociale, Éditions Ouvrières/Économie et Humanisme, Paris, 1983.

(16) Comme Daniel Pennac ! Voir son livre à ce sujet, Chagrin d’école (2007).

(17) Faits qui ont donné lieu à la création, par les mêmes théoriciens du tout sociologique, à la notion douteuse, voire insultante, de réussite paradoxale.

(18) Vygotski, bien sûr.

(19) En conclusion de Les RASED et le mouvement psychopédagogique (décembre 2008).

(20) Daniel Calin, dans Qu’est-ce qu’un fait psychique ? (ou Esquisse d’une épistémologie de la psychologie).

(21) Voir mon article Quelle place pour les psychopédagogues dans un service de soins ?.

(22) Voir mon article De la porte de l’école à la porte de l’écrit.

(23) Voir mon article La souffrance à l’école.

(24) Même s’il est vrai que certains d’entre eux, nombreux, se sauvent de ces désastres intimes en parvenant, malgré tout, à investir ces apprentissages scolaires, pour des raisons dans lesquelles entrent toute la complexité de la vie humaine, dès l’enfance, dont la mystérieuse résilience sur laquelle Cyrulnik appelle notre attention.

(25) 1994. Sorti en France sous le titre Le facteur.

(26) L’île de Salina, une des Îles Éoliennes, situées au nord de la Sicile. En réalité, le film a été tourné pour une bonne part sur l’île de Procida, dans la baie de Naples.

(27) Interprété par le grand Philippe Noiret.

(28) Interprété par Massimo Troisi, d’une bouleversante humanité, dont ce sera le dernier et le plus beau rôle.

(29) Maria Grazia Cucinotta.

(30) Jacky Poulain, rééducateur en Haute-Savoie, dans Parce que “le moindre geste peut faire signe”... (Deligny).


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Dernière révision : samedi 15 février 2014 – 16:00:00
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