Un texte d’Eugène Michel
Le poème parle du monde et des sentiments d’une façon contemplative, plaintive, revendicatrice ou imaginative. À l’opposé du roman, il ne crée pas de personnages dont l’histoire est racontée dans le temps et l’espace.
Jusqu’au début du XXe siècle, il s’agissait d’un texte court et codifié en vue d’être appris par cœur et déclamé. Le poème existait pour son oralité. Tout être cultivé en connaissait un certain nombre qu’il pouvait dire à volonté pour captiver un auditoire.
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage... Le sonnet éduquait, distrayait, rassurait. Depuis Ronsard, cela faisait plusieurs siècles qu’une stabilité conceptuelle régnait.
Tout fut bouleversé avec l’apparition du poème en prose, puis du vers libre. Peu à peu, le poème contemporain s’éloigna de la mémorisation et de l’oralité – réservés à la chanson – et il devint un chantier d’exploration textuelle et intellectuelle.
Elle est extraordinaire cette expansion artistique du poème en langue française au siècle précédent. Depuis les quantas de Guillevic jusqu’aux variations rhétoriques de Francis Ponge, la recherche semble s’être déployée en toutes directions possibles.
05 décembre 2016
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