Un rêve de réunion de rentrée
Un texte de Mme B.,
psychopédagogue diplômée de l'Éducation Nationale
Voir les « Vous pouvez vous approcher, c’est bien là, entrez dans l’école, je vous guide jusqu’à notre classe »...
La petite vingtaine de parents passent la petite porte, montent deux escaliers en suivant le marquage aux murs pour se repérer parmi toutes ces salles identiques, et pénètrent dans celle marquée CE2A, la classe de leur petit de 7-8 ans qui la fréquente depuis une dizaine de jours déjà.
La maîtresse, souriante, accueille chacun à l’entrée avec une reliure polycopiée dans laquelle elle se présente ainsi que les autres membres de la communauté éducative, et dresse les grandes lignes du contenu qu’elle va enseigner cette année.
Elle ne les fait pas asseoir à la place de leur bambin comme madame T. de l’année dernière. Elle a pris soin de pousser les tables contre les murs et d’apposer les chaises contre, en deux demi-cercles, un peu serrés, mais bon, les enfants tiennent à 29, donc c’est possible.
Un rapide tour de demi-cercles permet aux parents de se saluer et de se nommer, puis la discussion peut commencer. En répondant aux questions diverses, elle les fait voyager dans son univers, celui de la connaissance et de la transmission. Elle leur parle de méthodes et de plaisir d’apprendre, de toutes les futures découvertes qu’ils allaient faire en suivant les progrès de leurs enfants avec bienveillance (oui, et elle a insisté sur ce mot), leurs enfants qui sont manifestement déjà si attachants aux yeux de cette maîtresse reposée et enthousiaste.
Sans esquiver la question d’une maman sur la discipline, elle leur montre une foule d’outils qui permettent aux enfants de prendre des repères pour éviter d’enfreindre les règles que la classe a décidées ensemble, avec les sanctions qui vont de pair. D’ailleurs, juste au dessus du « bureau de la maîtresse », trône le Code Civil... bureau qui n’a pas de chaise, alors elle s’assoit dessus.
Son projet de classe cette année tournera autour de la connaissance de soi. L’enfant y découvrira notamment l’excitation de s’auto-évaluer avec des points positifs. Dans cette école, on n’a pas supprimé la notation, on la pratique un peu différemment. On gagne des points à mesure que l’on apprend, et on n’en perd jamais. Il n’y a pas de sanction dans l’acte de ne pas savoir. Les sanctions, ça va avec le règlement. Et dedans, il ne figure pas que ne pas savoir écrire sans fautes est mal. Les parents sont un peu sonnés, mais les arguments se tiennent.
Mais quand même, et les évaluations ? Le mot est habilement esquivé au profit de « on s’arrête, on réfléchit » par la maîtresse qui leur apprend (regards éberlués dans l’assistance) qu’ici on n’est pas évalué, mais on fait des « pauses d’écriture » pour montrer toutes ces nouvelles choses que l’on a déjà données en garde à sa mémoire et à son cerveau...
Drôle de maîtresse.
Drôle de rentrée.
Drôle de rêve...
J’y retourne.
Mme B.
15 septembre 2014
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