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Dans le langage courant, y compris celui de professionnels travaillant avec ou accompagnant des personnes handicapées ou en situation de handicap, le « handicap » est souvent synonyme de l’ensemble sémantique « déficiences, incapacités et conséquences ». La notion de handicap renvoie souvent à des caractéristiques individuelles, la plupart du temps dévalorisantes, qui seraient des caractéristiques conséquentes de la déficience ou de l’incapacité.

Ainsi que l’indique F. Reichhart dans l’ouvrage « L’aide humaine à l’école », « Le « handicap » convoque des représentations qui sont plutôt négatives et dévalorisantes : elles renvoient souvent et entre autres à l’incapacité et au manque de compétences, à la fragilité et à la vulnérabilité, la dépendance et la perte d’autonomie, le besoin d’aide, d’assistance et la compensation. Ces représentations varient selon le type de déficience. Les théories de l’étiquetage démontrent l’attribution d’un ensemble de caractéristiques à une personne du fait de sa déficience. La personnalité et le comportement de la personne handicapée sont alors interprétés à la lumière de son handicap : parce que la personne est handicapée, elle est forcément considérée comme incapable ou pas autonome, incompétente ou fragile. »

La définition du handicap donnée dans la loi du 11 février 2005 engage d’ailleurs vers cette confusion sémantique en le définissant comme une « limitation d’activité ... subie ... en raison d’une altération... d’une ou plusieurs fonctions ». Avec cette définition, même complétée par la notion de rapport à l’environnement, on reste dans la superposition de la notion de handicap avec les caractéristiques fonctionnelles d’une personne, celle-ci fût-elle « dans son environnement » comme l’exprime le même article de loi. Le handicap caractérise toujours ce qui arrive à une personne en raison de ses caractéristiques personnelles : la nature de la déficience, les incapacités conséquentes dues à la déficience, et les restrictions ou limitations sociales conséquentes : « s’il ne peut participer, c’est parce qu’il a un handicap ».

Toute autre est l’approche de la situation de handicap, qui modifie radicalement la problématique. Une personne, quelle qu’elle soit, est-elle en mesure de réaliser de manière satisfaisante ses habitudes de vie, tant dans son activité quotidienne que dans ses rôles sociaux ? Si la réponse à cette question est positive, elle se trouve dans une situation de participation sociale ; si la réponse est négative, la personne se trouve dans une situation de handicap. Les situations de participation sociale et de handicap, qui se situent sur une échelle, sont déterminées par l’interaction entre des facteurs personnels (caractéristiques biographiques, déficiences ou maladies, capacités et incapacités) et des facteurs environnementaux. Une situation de handicap peut donc provenir d’un obstacle environnemental à la participation sociale : sans plan incliné, une personne en fauteuil va rencontrer une situation de handicap.

La réflexion sur les situations de handicap dans le champ des habitudes de vie, et non plus sur les caractéristiques (ou le statut) de « handicapé », permet d’envisager l’action médico-sociale comme l’ensemble des dispositifs permettant de réduire les obstacles environnementaux ou personnels pour favoriser la participation sociale dans les habitudes de vie voulues par les personnes, et de prendre en considération les droits de ces personnes dites handicapées.

On ne peut employer indifféremment les termes de handicap et de situation de handicap.

 
Un texte de Jean-Yves Le Capitaine
24 août 2018

 
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