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Chronique 18
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Un texte de M. Barthélémy
 

La question du temps m’a toujours passionné. Petit déjà, je constatais que le train qui me conduisait, enfin, chez mes grands-parents était beaucoup plus lent que celui qui me remontait, déjà, sur la Capitale : 5 heures 13 dans les deux sens... L’année de service militaire m’a paru durer des siècles, celles qui m’ont vu papa ont passé sans que j’y prenne garde.

Le temps de la personne handicapée se dilate de même : l’espace se réduit à mesure que le temps se distend. Qui a fait la simple expérience de l’immobilité forcée à la suite d’un banal accident de ski sait combien il en coûte de ne plus pouvoir bouger et de rester des heures à tuer le temps.

Le temps de l’enseignant référent est lui aussi multiple. De la gestion de son temps professionnel propre (avec un agenda ingérable selon les périodes, et des ralentissements liés à une vitesse de croisière enfin atteinte), il est relativement maître.

La prise en compte du temps des autres est autrement difficile. Entre l’adolescent qui entre dans une poussée de croissance qui nécessite au plus vite que son matériel adapté soit reconfiguré et les commissions qui doivent statuer sur l’attribution dudit matériel, il n’y a pas, c’est le moins que l’on puisse dire, synchronisation. Entre la colère d’une mère qui ne comprend pas la souffrance de son gamin, mais qui perçoit cette souffrance, et la bienveillance impuissante de tel thérapeute qui sait d’expérience que les choses iront mieux demain, mais pas dès maintenant, le fossé est profond. Entre la maîtresse de grande section qui aperçoit au bout de l’année l’entrée au CP et l’AVS qui suit l’élève depuis sa première année d’école et le suivra encore les années à venir, il ne s’agit pas que d’une différence d’appréciation...

Tous ces temps multiples, le sien propre et celui de tous les autres auxquels il a affaire et qui gravitent autour de l’élève handicapé, l’enseignant référent doit les faire sien, les chlorophylliser.

Comme un élément du référentiel de compétences profession­nelles à construire : du temps d’autrui apprendre à faire son temps propre, pour être au plus près du temps de l’enfant. Et le construire sur la durée pour accompagner l’élève tout au long de son parcours scolaire, de l’entrée à la maternelle à celle à l’université : parfois, je me mets à songer qu’il ne s’agit pas d’être enseignant, ni même référent – Dieu, peut-être...

En toute modestie ;-)

M. Barthélémy
06 janvier 2009

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Pour écrire à M. Barthélémy : “monsieurbarthelemy–AROBASE–gmail.com” (...en remplaçant bien sûr “–AROBASE–” par “@”)

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