Aborder "la mort" en CLIS 1

(option D)
Répondre
Nanou974
Visiteur
Visiteur
Messages : 1
Enregistré le : 10 nov. 2009 16:48

Aborder "la mort" en CLIS 1

Message par Nanou974 »

Bonjour,
je suis confrontée à une situation difficile : une de mes élèves est en soins palliatifs suite à un cancer et je dois préparer mes élèves au fait qu'elle ne reviendra pas.
Comment aborder cela avec des enfants attachés à elle, nous nous échangeons des courriers et ils attendent son retour.
Je me sens démunie, quelqu'un a peut être vécu cela ?
merci
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Re: Aborder "la mort" en CLIS 1

Message par Pascal Ourghanlian »

Claire, au secours :!:
Déjà qu'on ne sait pas faire dans la "vraie" vie, comment répondre sur un forum :?:

Alors, faut-il anticiper ou non ?
Et anticiper quoi ? La mort ou l'absence ?

Vous avez un fil : les courriers échangés, qui font lien. La mise par écrit, par vos petits, de leurs préoccupations du moment ; leur attente de la réponse de la petite malade.
Un jour, peut-être, la réponse ne viendra pas, le fil sera rompu. Ce sera ça, pour eux, la mort : un échange qui s'arrête. Ça permet d'inscrire la mort dans la vie, dans une dynamique, sans en reporter (peut-être ?) l'angoisse sur les enfants : la mort, c'est un fil qui se casse, la disparition de l'autre renvoie moins fortement à l'angoisse de sa propre dispartion.

Comme souvent, les albums jeunesse sont une médiation irremplaçable (la seule certainement pour nous, pédagogues, si nous ne voulons pas tomber dans le discours...).
Le très bel album (pour les petits, mais pour les autres aussi) d'Elzbieta (Pastel, 2001), Petit lapin Hopla, par exemple.
D'autres références ici : http://web.me.com/pourghanlian/liensetm ... 0passe.pdf
Et une bibliographie sur la maladie, proposée par Claudine : à télécharger ICI.

Bon courage :oops:
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
clairea
Animateur
Animateur
Messages : 264
Enregistré le : 12 oct. 2005 08:58

Re: Aborder "la mort" en CLIS 1

Message par clairea »

Bonjour,

Si je peux me permettre, il ne s'agit pas d'aborder la mort dans cette situation avec vos élèves mais de vous préparer ensemble à un deuil, celui de cette enfant et c'est en effet très difficile.

Je crois qu'en effet, il n'existe plus ou presque aucun espace d'élaboration pour accompagner les enfants dans leur rencontre de cette réalité complexe que l'on résume sous le terme la mort. Finalement, nos enfants sont dans une proximité quotidienne avec la mort, par les médias, les films et les jeux vidéos mais sans que la nécessaire transcendance symbolique portée autrefois par toute une société culturellement religieuse n'apaise et ne codifie cette relation à l'irreprésentable.

Mais c'est un autre débat...

Pour l'instant, vous et vos élèves, vous êtes confrontés à la maladie d'un enfant, avec tous les sentiments d'injustice, de colère, de désarroi, de pitié que cela peut générer. Comme vous l'explicitez, vous avez déjà accompagné vos élèves face à cette réalité et vous avez réussi à accompagner cette enfant par vos échanges de courriers. Si je peux me permettre, je trouve votre démarche formidable.

Si j'ai bien compris, la situation vient d'évoluer, vous venez d'avoir des nouvelles alarmantes de la santé de cette enfant et vous appréhendez de partager ces mauvaises nouvelles avec vos élèves. Néanmoins, il n 'est pas encore temps d'entrer dans le deuil, et les derniers messages que vous (votre classe et vous-même) pourrez envoyer à cette enfant et à sa famille seront des précieux cadeaux pour le chemin de vie douloureux qu'il reste à faire. Sans certitude, je pense que vous pouvez annoncer à vos élèves (au moment du prochain courrier ou de la prochaine question) que les nouvelles de la santé de cette enfant ne sont pas bonnes, que les médecins font de leur mieux pour l'aider mais que c est difficile. Inutile d'entrer trop dans les détails, mais il reste important que si vos élèves veulent écrire un message, ils puissent le faire. D'une certaine façon, ces démarches permettent de moins subir la violence de ce réel.

Le deuil viendra ensuite, mais essayez de ne pas trop anticipez. Dans le livre La mort d'un enfant sous la direction de Michel Hanus, que je vous déconseille de lire en ce moment car très très difficile émotionnellement, les soignants et les psychologues insistent sur ce temps de fin de vie si difficile à accompagner.

Il y a des larmes dont on ne peut faire l'économie, dont on ne doit pas faire l'économie. Au-delà de mon discours professionnel, je tiens à vous témoigner de mon soutien car les jours prochains seront difficiles pour vous et vos élèves.
L'écriture n'est pas inutile dans des situations si douloureuses et vous trouverez sur ce forum un soutien et une écoute bienveillante.

N'hésitez pas à contacter également le psychologue scolaire pour qu'il intervienne si nécessaire dans votre classe.

Je complèterai cette réponse plus tard et en fonction de votre demande.
Répondre