Mémoire sur la poésie

Questions spécifiques concernant les formations à l'option D ("troubles importants des fonctions cognitives").
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chartier
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Mémoire sur la poésie

Message par chartier »

bonjour,
je suis enseignante depuis quelques années dans un IME.
je souhaite présenter un mémoire en candidat libre sur le support de la poésie comme moyen de restaurer l'image narcissique des élèves.
Mr Calin, je souhaite vous citer dans mon mémoire et notamment votre article paru dans Psychanalyse Magazine de novembre 2002 intitulé "les réactions psychologiques à l'échec scolaire".
vous dites que les élèves n'abandonnent leurs défenses que s'ils ont d'autres satisfactions plus proches des nécessités de la scolarisation.
qu'entendez-vous par "plus proches des nécessités de la scolarisation" ?

je compte utiliser la poésie car elle me paraît être un support qui relève moins d'une contrainte institutionnelle scolaire que d'autres.
Dans ce cas, est-ce que je suis dans la même pensée que vous ??

merci de me répondre

si d'autres d'entre vous connaissent des sites, des livres, ou si vous avez écrit un mémoire qui se rapproche du mien, merci de me faire signe
Daniel Calin
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Re: Mémoire sur la poésie

Message par Daniel Calin »

1/ D'une part, Psychanalyse Magazine a disparu, ou plutôt changé de nom et d'orientation. D'autre part, l'article publié ne reprenait que partiellement mon texte, sous une forme un peu bidouillée. Je vous conseillerais donc de citer plutôt mon texte sous sa forme originale et complète, en ligne sur mon site : http://dcalin.fr/textes/echec.html

2/ Je n'écris pas exactement que "les élèves n'abandonnent leurs défenses que s'ils ont d'autres satisfactions plus proches des nécessités de la scolarisation". C'est plus compliqué que cela. Voici le paragraphe en question, dans lequel j'ai souligné ici ce qui me semble le plus important :
"C’est pourquoi l’enseignant spécialisé doit avant tout savoir respecter les défenses de ses élèves, vitales pour eux, sous peine de déclencher des catastrophes, même si c’est en voulant de toute bonne foi agir pour le bien de l’enfant. La règle psychopédagogique essentielle est de ne pas heurter de front ces défenses, aussi pénibles soient-elles parfois pour l’enseignant, comme scolairement invalidantes pour l’enfant. Il s’agit plus précisément de tenir compte du fait que les équilibres psychiques précaires de ces enfants ne tolèrent l’abandon de ces défenses que dans la mesure précise où les bénéfices psychiques que l’enfant en retire malgré tout sont remplacés par d’autres satisfactions, au moins aussi fonctionnelles intrapsychiquement pour l’enfant et, bien sûr, de préférence, plus proches des nécessités de la scolarisation."

Je veux donc surtout inviter les enseignants à ne pas "passer en force", sous peine de blesser les enfants en cause encore plus qu'ils ne le sont déjà, et probablement sans résultat probant du point de vue scolaire. Toujours mon opposition fondamentale à toutes les logiques de dressage... On ne peut pas pour autant proposer aux élèves une sorte d'échange entre leurs défenses et des "satisfactions plus proches des nécessités de la scolarisation". Les choses ne se passent pas ainsi, pas à ce niveau de conscience...

De plus, les situations sont variables en fonction des défenses mises en oeuvre par les élèves, comme je le montre tout au long de cet article. Dans certains cas, c'est le refus du "statut" d'élève qui est en cause. Dans d'autres cas, c'est la possibilité même d'apprendre qui est attaquée ou paralysée. Il s'agit donc aussi bien de resocialiser l'élève dans la classe que de relancer sa capacité à penser et apprendre. La poésie peut aller dans ce sens, bien sûr, mais beaucoup dépend de la façon dont c'est fait. Il y a d'abord, comme préalable en quelque sorte, une ambiance de classe à créer : en deux mots, sécuriser et respecter. Ensuite, il faut bien sûr que votre façon de conduire ces activités poétiques ne mettent pas en échec vos élèves : ça suppose presque toujours de partir de textes d'auteurs susceptibles de servir de "modèles". Enfin, il faut que ces "modèles" soient "motivants"... et ça ne sera probablement pas les mêmes pour tous les élèves... Voyez peut-être le livre de Catherine Henri, Un professeur sentimental (P.O/L., 2005). Certes, c'est une prof de français en lycée, mais un lycée pas facile... et son père était instit en perf ! Son livre montre comment on peut faire des choix d'œuvres littéraires "au petit point", pour tel ou tel élève, en fonction de ce qu'on pressent de sa problématique... Et puis la dimension collective est probablement déterminante pour certains élèves ("resocialiser"). Une de mes stagiaires avait eu la bonne idée de faire déboucher une activité poétique sur un recueil collectif, avec des textes personnels de chaque élève, retravaillés ensemble...
Cordialement,
Daniel Calin
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