Problématique E

[steph]

Bonsoir, je suis actuellement en formation CAPA-sh option E et j'aurais voulu vous soumettre la problématique de mon mémoire.

Pb. : En quoi l'écrit peut favoriser l'amélioration des compétences métalinguistiques ?

Hypothèse : La production de comptines aidera l'élève en difficulté à améliorer sa conscience phonologique.

Cela vous semble-t-il valide ? Auriez-vous des pistes de lecture tant sur les comptines que sur la phonologie et son rapport de causalité avec l'acquisition de la lecture ?

Un grand merci.

[Pascal Ourghanlian]

Bonsoir,

Le cadre général de votre demande est celui de l'écrire pour lire, particulièrement travaillé par Chauveau, Fijalkow, Besse, Ferreiro, entre autres, l'hypothèse étant que l'activité de production rend plus visible l'activité de réception. C'est ce qu'avait compris, il y a plus de 80 ans, Freinet qui faisait produire par ses élèves les textes à partir desquels ils entraient dans le code : le sens était premier et finalisait l'acte de lire-écrire.

Pour ce qui concerne l'antériorité nécessaire de la conscience phonologique sur l'acte de lire, je reste plus sceptique : la segmentation phonémique, la combinatoire ne sont révélées que lorsque l'écrit s'installe, dans un mouvement de va et vient où l'entrée basse "épaule" l'entrée haute et réciproquement. Donc votre hypothèse, même validée (et elle risque de l'être) n'aura que peu d'incidence, à mon sens, sur la lecture au sens complexe du terme, si autre chose n'est pas mis en place. Le métalinguistique n'est pas le tout de la lecture, car toute la lecture n'est pas dans le linguistique : il y a du social dans le lire, de l'affect, des connaissances de soi et du monde, etc.

La production de comptines est une entrée (voir Ouzoulias, La production d'écrits courts).

[steph]

Merci pour votre rapide réponse.

Je me permets de vous proposer une nouvelle formulation de problématique et d' hypothèse en espérant avoir compris votre message.
PB: En quoi la médiation en production écrite peut-elle aider les élèves en difficulté au cycle 2 à entrer dans le code (comment formuler cette dernière notion?)

Hyp: La production de textes courts telles que les comptines permettra une amélioration de la conscience phonologique.

[Pascal Ourghanlian]

Bonsoir,

Produire un écrit :
- inscrit le scripteur dans la communication (il écrit quelque chose à quelqu'un), et donc dans le sens (il a quelque chose à dire, il se le formule avant de le formuler pour l'autre, il cherche la formulation la plus adéquate à sa pensée et la plus à même d'être comprise par le récepteur - on est dans l'aspect pragmatique du langage) ;
- met l'écrit à distance (et donc sa propre pensée), permet de revenir dessus (on est dans l'aspect métalinguistique).

L'hypothèse est alors que produire un écrit (fut-il inventé, comme défini par Fereiro) permet de décortiquer (pas nécessairement de manière consciente) le fonctionnement de la langue. Le retour réflexif sur cette production, sa mise en scène par l'adulte en cas de dictée au maître devraient aider à la lecture.

Ensuite - et seulement ensuite -, selon le type d'écrits proposés en production et en réception, le travail sur le code est possible. Et il s'inscrit dans une prise en compte global du lire-écrire.

Plus en vrac :
- y a-t-il équivalence, pour vous, entre code et conscience phonologique ? ; la conscience phonologique c'est, à la fois, la conscience syllabique, la conscience phonémique, l'équivalence quantité d'oral-quantité d'écrit, etc. ; le code, c'est aussi les marques morphologiques, syntaxiques, etc. ;
- "la médiation en production écrite" : la formulation me semble ambigüe : la production d'écrits peut-être une médiation ET pour produire des écrits il faut des médiations (les pairs ou l'adulte, des aides à l'écriture, des supports, etc.).

J'espère ne pas être trop confus. Mais votre travail touche à de très nombreux domaines qu'une discussion sur un forum ne peut qu'effleurer...