Problématique mémoire
Problématique mémoire
Je suis en formation cette année sur une création de classe de Clis. Rencontrant beaucoup de problèmes pour faire cohabiter tout ce petit monde,
je me demandais si une problématique de mémoire axée sur le vivre ensemble pourrait être pertinente.
En gros je voudrais me demander si un travail en arts visuels et en production d'écrits autour du portrait, autoportraits, portraits croisés, pourrait permettre à chacun de mes élèves de se connaître mieux pour mieux s'accepter, s'aimer..., changer ses représentations sur soi et sur les autres, se connaître pour mieux se faire connaître et cheminer vers l'acceptation de l'autre, et donc construire un vivre ensemble (dans la classe, dans l'école) indispensable pour pouvoir entrer dans les apprentissages.
Merci d'avance de vos éventuelles contributions à ma réflexion.
je me demandais si une problématique de mémoire axée sur le vivre ensemble pourrait être pertinente.
En gros je voudrais me demander si un travail en arts visuels et en production d'écrits autour du portrait, autoportraits, portraits croisés, pourrait permettre à chacun de mes élèves de se connaître mieux pour mieux s'accepter, s'aimer..., changer ses représentations sur soi et sur les autres, se connaître pour mieux se faire connaître et cheminer vers l'acceptation de l'autre, et donc construire un vivre ensemble (dans la classe, dans l'école) indispensable pour pouvoir entrer dans les apprentissages.
Merci d'avance de vos éventuelles contributions à ma réflexion.
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Re: Problématique mémoire
À décanter, manifestement.
D'abord, vous avez manifestement au moins deux sujets : "se connaître soi-même" et "vivre ensemble". Il y a certes des rapports entre les deux, mais ça fait quand même au moins un sujet de trop. Vues les activités que vous envisagez, je vous conseillerais de laisser tomber (dans votre mémoire !) le "vivre ensemble" et de vous centrer sur le "se connaître soi-même".
Ensuite, sur le fond, je ne suis pas du tout persuadé que ni le "se connaître soi-même" ni le "vivre ensemble" sont réellement "indispensables pour pouvoir entrer dans les apprentissages". Ces idées sont des rêves de gentils pédagogues, mais reposent sur des bases pour le moins fragiles. Un seul argument, massue, pour faire court : les "élites" qui sortent de notre système scolaire ne me semblent pas faire preuve de ces deux "compétences" - c'est le moins qu'on puisse dire !!!
D'abord, vous avez manifestement au moins deux sujets : "se connaître soi-même" et "vivre ensemble". Il y a certes des rapports entre les deux, mais ça fait quand même au moins un sujet de trop. Vues les activités que vous envisagez, je vous conseillerais de laisser tomber (dans votre mémoire !) le "vivre ensemble" et de vous centrer sur le "se connaître soi-même".
Ensuite, sur le fond, je ne suis pas du tout persuadé que ni le "se connaître soi-même" ni le "vivre ensemble" sont réellement "indispensables pour pouvoir entrer dans les apprentissages". Ces idées sont des rêves de gentils pédagogues, mais reposent sur des bases pour le moins fragiles. Un seul argument, massue, pour faire court : les "élites" qui sortent de notre système scolaire ne me semblent pas faire preuve de ces deux "compétences" - c'est le moins qu'on puisse dire !!!
Cordialement,
Daniel Calin
Daniel Calin
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Re: Problématique mémoire
Ouaip
"C'est à plusieurs qu'on apprend tout seul" aurait dit Freinet, bien avant le "conflit socio-cognitif"...
Mais cela s'inscrit dans un tel contexte de classe, structurée par ses outils et son matériel, ses espaces de paroles et de décision, ses lieux d'apprentissage et ses temps d'enseignements que je me demande si cela a encore un sens dans l'École d'aujourd'hui.
Pour ne pas virer définitivement vieux con , j'en reviens à quelques propositions :
- pourquoi ne pas creuser cette idée tout à fait passionnante de portrait/autoportrait/portrait croisé en vous inspirant de tout un pan de la recherche littéraire contemporaine sur narration/storytelling/autobiographie/autofiction qui, sous le prétexte de faire son portrait ou le portrait d'un camarade à l'attention d'un tiers (c'est essentiel), permet de se poser des questions sur je/tu/il et ses déclinaisons, mon histoire/la mémoire que j'en ai/la narration que j'en fais, ma construction comme sujet de cette histoire, sujet parce que sous le regard de l'autre, etc.
- une autre piste (je reviens à Freinet) : faire de sa classe un lieu instituant dans un espace institutionnel que la parole institue (vous êtes désormais PE, mais nous fûmes instit', ce n'est pas un hasard) : quels lieux de parole dans la classe, quels lieux de décision concertée, quels moments où la parole du maître s'impose - et vous allez vers l'organisation coopérative et/ou les ateliers philo et/ou le quoi de neuf et/ou le Conseil, etc.
Et si les élèves de CLIS D, au-delà de leurs étiquettes (troubles psychiques, troubles du comportement, déficience intellectuelle, j'en passe), étaient des élèves à qui était offerte, durant 2, 3, 4 années, l'opportunité de se construire en construisant leur classe ?
"C'est à plusieurs qu'on apprend tout seul"
"C'est à plusieurs qu'on apprend tout seul" aurait dit Freinet, bien avant le "conflit socio-cognitif"...
Mais cela s'inscrit dans un tel contexte de classe, structurée par ses outils et son matériel, ses espaces de paroles et de décision, ses lieux d'apprentissage et ses temps d'enseignements que je me demande si cela a encore un sens dans l'École d'aujourd'hui.
Pour ne pas virer définitivement vieux con , j'en reviens à quelques propositions :
- pourquoi ne pas creuser cette idée tout à fait passionnante de portrait/autoportrait/portrait croisé en vous inspirant de tout un pan de la recherche littéraire contemporaine sur narration/storytelling/autobiographie/autofiction qui, sous le prétexte de faire son portrait ou le portrait d'un camarade à l'attention d'un tiers (c'est essentiel), permet de se poser des questions sur je/tu/il et ses déclinaisons, mon histoire/la mémoire que j'en ai/la narration que j'en fais, ma construction comme sujet de cette histoire, sujet parce que sous le regard de l'autre, etc.
- une autre piste (je reviens à Freinet) : faire de sa classe un lieu instituant dans un espace institutionnel que la parole institue (vous êtes désormais PE, mais nous fûmes instit', ce n'est pas un hasard) : quels lieux de parole dans la classe, quels lieux de décision concertée, quels moments où la parole du maître s'impose - et vous allez vers l'organisation coopérative et/ou les ateliers philo et/ou le quoi de neuf et/ou le Conseil, etc.
Et si les élèves de CLIS D, au-delà de leurs étiquettes (troubles psychiques, troubles du comportement, déficience intellectuelle, j'en passe), étaient des élèves à qui était offerte, durant 2, 3, 4 années, l'opportunité de se construire en construisant leur classe ?
"C'est à plusieurs qu'on apprend tout seul"
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Pascal Ourghanlian
Re: Problématique mémoire
Merci beaucoup pour. les contributions.
En "décantant", j'avais formulé ma problématique ainsi :
En quoi un projet autour du portrait peut-il aider les élèves de Clis 1 à mieux se connaître POUR mieux vivre ensemble et donc accepter d'entrer dans les apprentissages.
L'idée c'est que les activités d'expressions (où l'enfant se donne à voir) sont le détour pour arriver à une petite restauration de l'estime de soi, (marques de reconnaissance positives vis-à-vis de ce qu'il a produit) et que restauration de l'estime de soi va avec acceptation de l'autre et restauration du désir d'apprendre. Non ?
Si j'enlève le vivre ensemble, ce serait "mieux se connaître pour retrouver le désir d'apprendre ??"
Merci d'avance pour votre aide.
Joelle
En "décantant", j'avais formulé ma problématique ainsi :
En quoi un projet autour du portrait peut-il aider les élèves de Clis 1 à mieux se connaître POUR mieux vivre ensemble et donc accepter d'entrer dans les apprentissages.
L'idée c'est que les activités d'expressions (où l'enfant se donne à voir) sont le détour pour arriver à une petite restauration de l'estime de soi, (marques de reconnaissance positives vis-à-vis de ce qu'il a produit) et que restauration de l'estime de soi va avec acceptation de l'autre et restauration du désir d'apprendre. Non ?
Si j'enlève le vivre ensemble, ce serait "mieux se connaître pour retrouver le désir d'apprendre ??"
Merci d'avance pour votre aide.
Joelle
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Re: Problématique mémoire
Du coup, je trouve comme Daniel que votre formulation est trop linéaire, déductive : POUR > DONC.
Poser ce lien de causalité dans la problématique ne me semble pas possible :
- mieux se connaître POUR mieux vivre ensemble, ce n'est déjà pas de l'ordre de l'évidence (beaucoup de nos grands mystiques avaient atteint à une réelle et profonde connaissance d'eux-mêmes sans être "abordables" ni désirant l'être, au contraire d'un Montaigne qui, cent fois, remit sur le métier de se connaître mieux pour s'avouer insaisissable à lui-même) ;
- mieux vivre ensemble DONC mieux entrer dans les apprentissages, c'est ce qu'on espère mais, pour certains, le chemin sera solitaire et le groupe une entrave.
Poser ce lien de causalité dans la problématique ne me semble pas possible :
- mieux se connaître POUR mieux vivre ensemble, ce n'est déjà pas de l'ordre de l'évidence (beaucoup de nos grands mystiques avaient atteint à une réelle et profonde connaissance d'eux-mêmes sans être "abordables" ni désirant l'être, au contraire d'un Montaigne qui, cent fois, remit sur le métier de se connaître mieux pour s'avouer insaisissable à lui-même) ;
- mieux vivre ensemble DONC mieux entrer dans les apprentissages, c'est ce qu'on espère mais, pour certains, le chemin sera solitaire et le groupe une entrave.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Pascal Ourghanlian
Re: Problématique mémoire
Je suis d'accord, je ne suis pas satisfaite mais j'ai du mal à arriver à une bonne formulation.
Si je laisse tomber le vivre ensemble pour me concentrer sur le mieux se connaître, est-ce que je peux formuler ainsi ma problématique :
En quoi le détour par des activités d'expression plastiques autour du portrait peuvent-elles aider les élèves de Clis 1 à mieux se connaître ?
En posant comme hypothèse que la meilleure connaissance de soi doit restaurer l'estime de soi et le désir d'apprendre.
merci.
Si je laisse tomber le vivre ensemble pour me concentrer sur le mieux se connaître, est-ce que je peux formuler ainsi ma problématique :
En quoi le détour par des activités d'expression plastiques autour du portrait peuvent-elles aider les élèves de Clis 1 à mieux se connaître ?
En posant comme hypothèse que la meilleure connaissance de soi doit restaurer l'estime de soi et le désir d'apprendre.
merci.
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Re: Problématique mémoire
La formulation me paraît mieux adaptée.
Si derrière "activités" vous mettez aussi toutes les verbalisations personnelles et collectives autour des réalisations plastiques.
Si derrière "activités" vous mettez aussi toutes les verbalisations personnelles et collectives autour des réalisations plastiques.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Pascal Ourghanlian
Re: Problématique mémoire
Mieux se connaître est-il un des objectifs au programme ? Je pense qu'on pourrait te le reprocher... Comment vas-tu évaluer ce "mieux se connaître ?"
Re: Problématique mémoire
Et l'estime de soi ne passe-t-elle pas par le regard d'autrui ? N'est-ce pas dans les yeux d'autrui que l'on peut se construire une image de soi positive ? L'estime de soi se définit-elle seulement par un sentiment de compétences ? De mémoire, j'ai lu un texte d'Annie Langlois qui portait sur l'estime de soi, mais je ne sais plus où.
Bon courage.
Bon courage.
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Re: Problématique mémoire
C'est ici :
Annie Langlois, Les activités d’expression, restauration de l’estime de soi et désir d’apprendre
Annie Langlois, Les activités d’expression, restauration de l’estime de soi et désir d’apprendre
Cordialement,
Daniel Calin
Daniel Calin