Que demande-t-on à l'AVSi ?

AVSi, AVSco, EVS...
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Nojima
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Que demande-t-on à l'AVSi ?

Message par Nojima »

Je suis employée comme AvSi depuis l'année dernière et j'ai du successivement m'occuper sans aucune formation, ni information préalable, d'un jeune garçon de 7 ans peut-être hyperactif, d'une jeune fille de 13 ans hémiplégique, d'un enfant de 5 ans peut-être autiste et d'un autre petit garçon de 6 ans atteint de trisomie 21. Je voudrais par l'énumération de cette courte liste insister sur le fait que mon CV ne contient pas à mon sens, un niveau d'étude, une formation, une expérience minimum pour intervenir auprès de ces enfants, souffrant de divers troubles ou maladies ou handicaps comme vous voudrez les nommer... J'y suis par hasard, parce que je cherchais un boulot après 4 ans de contrats de travail divers et variés (cae, ces) en écoles maternelles et primaires.
J'ai lu monsieur Calin avec beaucoup d'intérêt et d'attention dans ses diverses mises en garde au sujet d'un risque de "robotisation" des enfants autistes... et c'est en tout cas sur cela que porte avant tout mes interrogations car c'est ce que je constate avec le jeune garçon dont je m'occupe 12 h semaines (c'est-à-dire 6 fois plus que tous les spécialistes qu'il consulte durant cette même période). Nous sommes ensemble depuis 12 mois et effectivement, il ne hurle plus, il ne s'automutile plus, il est devenu docile... mais sincèrement, je ne vois pas de changement... le problème reste entier, son problème, c'est-à-dire l'autisme : il n'accroche que très peu le regard, il est mutique, il n'y a toujours aucune interaction avec les autres, il m'utilise autant qu'il peut et il recherche avant tout mes bras et y rester de grands moments.
L'année dernière, j'ai demandé à voir des professionnels du CAMPS où il est suivi... Une ergothérapeute et une psychomotricienne sont venues et m'ont demandé d'être un élément maternant et contenant ...??? Croyez-vous qu'il soit raisonnable que l'on me demande cela durant 8 mois, que je n'entende plus parler de ce petit garçon durant 3 mois et... que de nouveau nous soyons 3 heures par jour ensemble pendant 8 ou 9 mois encore ? Ces professionnels sont venues constater à la rentrée 2008/2009 que l'enfant avait fait de grandes avancées mais à l'école uniquement... Pour sa maman, c'est de pire en pire et le CAMPS admet n'avoir remarqué aucun progrès lors des séances et même observer des "régressions"...
Effectivement, ce petit garçon, à l'école, est en train de devenir un parfait petit robot... car il ne manifeste pas de volonté propre et en plus il ne manifeste même plus de colère...
N'y a-t-il personne qui s'en soucie ?
J'ai un rapport à faire pour ma coordinatrice AVSH, rapport dans lequel je dois juger des compétences scolaires... des relations interindividuelles de cet enfant. Je ne remplirai pas ces rubriques.
N'y aurait-il pas là une terrible hypocrisie ?
Pascal Ourghanlian
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Re: que demande t-on à l'AVSi ?

Message par Pascal Ourghanlian »

De mon point de vue, votre rapport est prêt : il vous suffit de reprendre ce que vous écrivez ici.

Merci pour votre témoignage, très proche de réalités que certains continuent de nier.

D'un autre côté, malgré l'absence que vous dites de compétences attestées par des diplômes, la vraie professionnelle, c'est vous : 1. vous trouvez les gestes dont ce gamin a besoin pour supporter l'école ; 2. vous vous interrogez sur ce que vous faites ; 3. vous interpellez les autres professionnels sur ce qu'ils font (?) et sur ce qu'ils vous conduisent à faire.

Bon courage à vous, et merci pour nous tous...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Boogie
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Re: Que demande t-on à l'AVSi ?

Message par Boogie »

En effet, merci
"la vraie professionnelle c'est vous", certes, mais la reconnaissance statutaire et salariale qui va avec manque trop pour se contenter de la reconnaissance symbolique, moteur du dévouement.

Ceci dit je me joins à Pascal pour reconnaître les traits propres à un positionnement professionnel, qui n'est sans doute pas ce qui est le mieux partagé.

Dans le cadre de mon travail actuel de mémoire, je m'interroge sur un point particulier qui fonde la spécificité de l'AVS face aux métiers qu'il côtoie :

> il ou elle est située au coeur de la frontière entre les champs de l'éducation scolaire et de l'éducation spéciale

> la fonction d'AVS comporte ainsi des marqueurs propres à chacun des deux champs sans relever incidemment exclusivement ni de l'un ni de l'autre : le lieu de travail est l'école, son histoire est marquée par le poids de l'initiative privée (les AVS sont nés en 1982 et la reconnaissance administrative qu'a constitué leur intégration au sein de l'EN en 2003 a marqué un tournant dans une gestion des personnels jusque là uniquement dévolu au privé par le biais de collectifs associatifs départementaux fédérés par la FNASEPH et les PEP, entre 1996 et 2003)

> son intervention ne relève pas de la superposition propre à l'éducation spéciale, à savoir celle d'une spécialisation selon la catégories de déficience/de handicap/d'inadaptation : les AVS sont polyvalents en ce qui concerne le type de catégories nosographiques dont relève les enfants accompagnés.

> on pourrait donc se risquer à dire que leur objet d'intervention est le lieu d'exercice plus que la personne accompagnée (en correspondance avec les changements induits par la CIFH, à la suite du CIH, à savoir, grossièrement, le passage d'une vision défectologique à celle centrée sur l'inadaptation non de la personne mais de l'environnement qui l'accueille).

> le maintien dans des statuts précaires successifs (et, remarquons-le, de plus en plus précaires, des AIS emplois-jeunes aux AVS AED puis aux EVS-ASEH) depuis 25 ans (aux "origines" des années 80, ces personnels ont "utilisé" le premier contrat précaire public qu'était les TUC, puis la succession des contrats aidés, jusqu'aux emplois-jeunes en 1998) semble provenir du dépassement de la segmentation professionnelle du champ éducatif que porte en germe la notion émergente "d'accompagnement", dépassement qui implique des réactions de conservation des positions acquises, en gros les concurrences professionnelles, auxquelles correspondent des concurrences de territoires administratifs (L'EN et les affaires sociales se partageant la tutelle et donc le financement des institutions sanctionnant la division du travail socio-éducatif.
"le nouveau spécialiste ne détient son pouvoir que du discours qui le dit irremplaçable". (Vial, 1990)

Je pense que l'histoire du personnel AVS, dans une perspective socio-historique (tant pis pour ceux qui pensent que les "sociologues sont décidément infréquentables" :lol: ), peut contribuer à répondre à la question posée par Nojima et également à la question : pourquoi leur demande-t-on ce qu'on leur demande ?
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
Pascal Ourghanlian
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Re: Que demande t-on à l'AVSi ?

Message par Pascal Ourghanlian »

Si je faisais un mémoire :wink: sur le métier de référent (j'y pense j'y pense), il serait assez proche, d'un point de vue plus institutionnel, de ce que décrit "boogie" :lol:

D'accord avec lui, bien sûr, à propos de la reconnaissance du métier d'AVS. À ce propos, certains d'entre vous, là où ils sont, ont-ils commencé d'entendre parler de la circulaire du BO n° 31 du 31/07/08 qui prévoit entretiens, validation des acquis et reconversion possible ?
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
perecastor

Re: Que demande t-on à l'AVSi ?

Message par perecastor »

Bonjour Nojima

Je suis papa d'un petit autiste de 3 ans scolarisé en petite section de maternelle depuis septembre dernier. J'ai déjà eu de vifs échanges avec M Calin et un peu moins vifs avec Mr Ourghanlian sur le sujet de l'autisme qui me tient beaucoup à coeur vous l'imaginez bien. En effet nous sommes en désaccord sur le sujet, car mon fils bénéficie d'une prise en charge éducative basée principalement sur les méthodes comportementales et cognitives TEACCH et ABA (je précise que l'ABA, comportementale, est de moins en moins présente, le "gros" des séances étant plus orienté "TEACCH"). Or c'est précisément ce type de prise en charge que Mr Calin dénonce régulièrement, je crois, comme présentant des risques de "robotisation", alors que l'enfant que vous décrivez n'en bénéficie pas, et au contraire est pris en charge apparemment avec une méthode psychodynamique dans un CAMPS d'après ce que vous décrivez...

En revanche mon fils, lui, n'est absolument pas robotisé, sa maitresse le décrit (lors de l'équipe éducative et en-dehors aussi) comme un petit garçon enthousiaste, heureux de venir à l'école. Avec un peu d'incitation, le soir il arrive maintenant à nous raconter un petit peu ce qu'il fait, en particulier qu'il "joue dans la cour avec ses copains" ce qui vous le comprendrez aisément nous fait chaud au coeur. Il a besoin d'une AVS pour le "cadrer" car il est très actif et a du mal à se concentrer, il risque de perturber la classe par son agitation. L'AVS l'aide à participer aux activités en restant fixé sur la tâche en cours et ne pas se disperser, et lui apprend aussi à respecter les règles de base (rester assis, calme, écouter la maitresse).

Ceci pour vous dire, Nojima, que ce petit garçon, pour progresser et sortir de son comportement d'enfermement, aurait selon moi évidemment besoin de bien autre chose que ce que le CAMPS lui propose... Il lui faudrait avant tout une prise en charge éducative type TEACCH ou ABA. Cela sort évidemment de votre rôle strict d'AVS, et je ne connais pas l'état de vos relations avec les parents de cet enfant, mais le minimum serait de leur indiquer le site internet de Autisme France par exemple (http://www.autismefrance.org), principale association de parents d'enfants autistes. Cela serait déjà un premier pas pour trouver des informations sur le sujet, et s'ils le souhaitent chercher pour leur enfant ce type de prise en charge.

Je suis prêt à en discuter avec vous, ici si vous le souhaitez, ou par mail (perecastor31@yahoo.fr). Je pense que par mail c'est préférable car je pourrais être amené à vouloir vous indiquer des pistes que M Calin pourrait juger en-dehors du cadre de ce forum.
Pascal Ourghanlian
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Re: Que demande-t-on à l'AVSi ?

Message par Pascal Ourghanlian »

Il ne s'agit pas de "cadre", la preuve en est que votre message n'est pas effacé... Je note d'ailleurs que cette tolérance ne vous empêche nullement de vous répandre en imprécations contre ce forum dans d'autres lieux... Un peu facile, donc, ni très courtois, ni très "sport"...

Seulement dire, et redire, inlassablement, que "autiste" ne signifie rien, qu'il y a autant de situations d'autisme qu'il y a de gamins avec autisme, et que ce qui semble fonctionner avec l'un ne fonctionne apparemment pas avec un autre. Le glissement ABA --> TEACCH que vous indiquez le dit à sa manière...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Re: Que demande-t-on à l'AVSi ?

Message par Daniel Calin »

J'ai décidé d'exclure une nouvelle fois "perecastor", cette fois irrévocablement. Plusieurs raisons :

1/ Ce forum ne s'adresse pas aux parents, et surtout pas aux parents qui se posent comme les spécialistes du trouble de leur enfant. Voir : À qui s'adresse ce forum ?

2/ La charte d'utilisation de ce forum pose également que "Sont supprimés, en particulier, les messages à caractère commercial, ainsi que les messages purement propagandistes, en particulier ceux des zélotes du neuro-comportementalisme". Voir Présentation générale du forum.

3/ J'ai découvert récemment que ce personnage, qui fait ici profil bas, déverse ailleurs sur le Web des propos injurieux à l'encontre de ce forum et de ses administrateurs. Par ailleurs, il soutient activement une pétition lancée par la plus folle des associations de "parents de", Léa pour Samy, qui, au-delà de sa rédaction confuse, a pour seul objectif de faire interdire légalement toute autre approche de l'autisme que les approches neuro-comportementalistes. Dans le monde universitaire, les sectateurs de ces approches lancent, dès qu'ils le peuvent, une chasse aux sorcières psychanalytiques, avec un succès croissant, appuyés qu'ils sont par un président qui a fait campagne sur le thème "la part de l'inné est immense"... Je me considère par conséquent comme "en état de guerre" avec ces gens-là : avec eux, comme avec toutes les variétés de fanatiques, la "tolérance" est toujours à sens unique. L'heure n'est plus à la tolérance. Le fait d'être des parents en souffrance ne justifie pas tout. Il ne justifie en particulier ni le fanatisme haineux, ni le fait d'imposer à ses enfants des traitements inhumains et dégradants.

J'ai décidé également de ne pas supprimer les messages de ce personnage antérieurs à cette exclusion, pour laisser les utilisateurs de ce forum se faire une idée.

Je ne souhaite pas du tout lancer une discussion au sujet de cette décision. Tout message qui irait en ce sens, même pour m'approuver, sera supprimé.

Que ce fil de discussion reprenne son cours normal. Le message initial de Nojima était remarquable. Que l'on rebondisse sur son questionnement.
Cordialement,
Daniel Calin
akila m
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Re: Que demande-t-on à l'AVSi ?

Message par akila m »

Ma réaction à la lecture du message de Nojima a immédiatement été : j'aimerais bien travailler avec cette personne qui découvre un métier et réussit à ne pas se laisser influencer par des pressions qui viennent de toutes parts, au risque de déplaire et de perdre ce travail. Je viens de recevoir dans ma classe un enfant diagnostiqué autiste (de haut niveau de préférence) présenté par une maman qui a été très déçue lorsque je lui ai dit que je n'avais pas de programme pour son enfant. Elle m'a présenté les cahiers de maternelle de son fils : impeccables, tout était réussi (des lignes d'écritures, des associations de syllabes dans des tableaux à double entrée... ) il y était accompagné d'une avs formée à un programme pour autistes. Elle a pleuré et a dit qu'elle craignait que son fils perde tous ses acquis. Elle n'a accepté son entrée à l'hôpital qu'à la condition qu'il ait classe tous les jours et face à mon impossibilité de lui répondre ("pour cette année j'accueille votre enfant dans ma classe, la porte lui est toujours ouverte mais je n'ai pas de projet pédagogique pour lui, j'irai là où il me conduira") a décidé d' engager un enseignant à son domicile. Elle est venue me voir déçue en me disant que cela n'accrochait pas trop avec cette personne et son petit garçon. Mais je sais qu'elle espère des traces, des productions de son fils montrant qu'il apprend. Nous sommes tous les soignants de l'hôpital de jour très touchés par la présence de ce petit garçon très beau qui erre, va de l'un à l'autre, commence à nous reconnaître. La question est plutôt : Que lui est-il arrivé ?
Les soignants qui travaillent depuis des années en hôpital de jour savent les transformations et les naissances d'identité de ces enfants possibles sans dressage.
En tout cas Nojima j'espère que vous pourrez accéder à une formation ; essayez de postuler dans des hôpitaux de jour pour des remplacements car nous recherchons souvent des personnes comme vous.
cordialement mescudie
Nojima
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Re: Que demande-t-on à l'AVSi ?

Message par Nojima »

Merci Mescudie pour cette suggestion à propos de l'hôpital de jour...
Je souhaiterais également faire partager ma déception à propos de la formation proposée lorsque vous êtes recruté AVSI pour votre première année. Cette formation de 60 heures, qui aborde dès la rentrée et sur de nombreuses semaines, le fonctionnement de l'Education Nationale, ce qui est important mais pas primordial, et qui tarde par contre à aborder le sujet du handicap, pour en donner finalement une vision très succincte, fragmentaire, incomplète et uniquement théorique. Contrairement à une opinion très répandue, les cursus et niveaux scolaires sont très disparates parmi les AVSi et certaines formations de trois heures sur le discours par exemple (de Mr Salomé et d'autres) se révèlent totalement inadaptées pour toucher un public qui a affaire aux problèmes quotidiens que pose l'intégration ou la scolarisation des enfants handicapés. Personne ne vous montre comment prendre soin d'un enfant handicapé moteur, comment changer les couches d'un enfant autiste absolument terrifié, personne ne vous explique réellement la dangerosité de certaines situations avec un gamin hyperactif.
Il n'y a aucun suivi psychologique pour les AVSi car les « échanges de pratiques » organisées par les inspections académiques, où ne sont présents ni spécialistes du handicap, ni psychologues, n'aident franchement aucune d'entre nous .... ce n'est que langue de bois. A partir de la seconde année de fonction AVSi, il n'y a que 20 heures de formation !! Autant dire plus rien ....
Nous apprenons donc sur le terrain, dans les bouquins, sur le net, bref, la grande « débrouille ». Vraiment est-ce que les enfants, ordinaires ou handicapés d'ailleurs, peu importe, méritent autant de négligences et parfois de maltraitances ? Demanderiez-vous à un chirurgien de vous opérer de quoi que ce soit sans qu'il ait terminé ses études et obtenu son diplôme ? Alors vraiment, oui, je me pose la question :
Que me demande-t-on ?
De jouer à l'apprenti sorcier avec des enfants ?
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