Re: Suppression des RASED
Posté : 28 févr. 2009 09:09
La sédentarisation a toujours été présentée comme un progrès de (dans) l’Histoire : lorsque les chasseurs-pêcheurs-cueilleurs s’installent comme cultivateurs-éleveurs, lorsque les hordes barbares de l’est se fixent dans notre ouest pacifié, lorsque les Tziganes d’Europe centrale finissent dans quelques chambres à gaz…
Le progrès, qui est mouvement, fluidité des lignes, déséquilibre, par une pirouette commode, est devenu négation de ce qui le fonde : la civilisation, la modernité, c’est être sédentaire, avoir son « chez-soi ». Les hommes aux semelles de vent, qu’ils soient poète adolescent ou « hommes debout » (ainsi se définissent les Roms et autres Manouches), parce qu’ils sont nomades, ne sont que marginaux du vivre ensemble, fondé sur la pensée prétendument majoritaire.
Ce mot de « sédentarisation », ressorti de son chapeau par un ministre soucieux d’être bien vu en cour, réactive nos démons les plus anciens et, jusqu’à aujourd’hui, les plus profondément enfouis. Ces enfants insistants qui mendient dans nos métros, ces étrangers qui repoussent nos frontières, ces êtres qui ont peu à voir avec nous car trop proches du « primitif » - trois repoussoirs de nos sociétés modernes, habillement remis en scène par ce pouvoir décidément nauséabond.
« Les enseignants des RASED ? Des nomades, ma pauv’ dame. Vous rendez-vous compte ? Et pis qui s’occupent des petits sauvages, qui n’apprennent pas, des gens de rien ! » Ça avait toutes les chances de prendre, comme discours, sur le fond poujadiste qui nous mine collectivement. Mais plus de 200.000 personnes ne s’y sont pas laissées prendre, qui ont opté pour le nomadisme et pour les plus petits. Nos responsables politiques s’accrochent à leur trouvaille sémantique comme à un jouet désormais inutile dont personne n’est dupe.
Personne ? Est-ce bien certain ? Dans les départements s’observent deux mouvements apparemment contradictoires : d’une part, on propose aux collègues qui le souhaitent de s’inscrire pour partir en formation CAPA-SH l’an prochain (mais sans que le nombre de places soit annoncé : quelle réaction, lorsqu'en juin, le nombre de départs s'avérera proche de zéro ?) ; de l’autre, on sédentarise un poste sur deux en moyenne (avec des priorités qui ne pourront pas s’exercer au mouvement faute de postes « de même nature » - et la note de service laisse encore beaucoup de place au n'importe quoi http://www.snuipp.fr/spip.php?article6183). Et le temps qui passe recouvre peu à peu de sable la visibilité d’un mouvement qui ne peut continuer à mobiliser puisque la presse s’est faite l’écho des « reculades » du gouvernement. Comment expliquer maintenant que de reculade, il n’y en a pas, que la stratégie était lisible dès le début (relire certains posts antérieurs), que la sédentarisation… est en marche.
À marche forcée, comme dans les pires moments de notre histoire. Et c’en serait risible (car après tout il ne s’agit « que » de morts professionnelles, pas de morts « pour de vrai » - quoique…) si nous n’avions pas intimement, viscéralement, maladivement peur que cette sédentarisation soit l’annonce (ou la confirmation : les reconduites aux frontières, les squats démantibulés, les exceptions judiciaires) d’un mouvement qui impose de se taire, de rester tranquille et, surtout, immobile.
[pour rappel : sédentaire = qui reste assis (rassis ?) ; nomade = pasteur (passeur ?) ; itinérant = qui chemine - merci M. Rey...]
Le progrès, qui est mouvement, fluidité des lignes, déséquilibre, par une pirouette commode, est devenu négation de ce qui le fonde : la civilisation, la modernité, c’est être sédentaire, avoir son « chez-soi ». Les hommes aux semelles de vent, qu’ils soient poète adolescent ou « hommes debout » (ainsi se définissent les Roms et autres Manouches), parce qu’ils sont nomades, ne sont que marginaux du vivre ensemble, fondé sur la pensée prétendument majoritaire.
Ce mot de « sédentarisation », ressorti de son chapeau par un ministre soucieux d’être bien vu en cour, réactive nos démons les plus anciens et, jusqu’à aujourd’hui, les plus profondément enfouis. Ces enfants insistants qui mendient dans nos métros, ces étrangers qui repoussent nos frontières, ces êtres qui ont peu à voir avec nous car trop proches du « primitif » - trois repoussoirs de nos sociétés modernes, habillement remis en scène par ce pouvoir décidément nauséabond.
« Les enseignants des RASED ? Des nomades, ma pauv’ dame. Vous rendez-vous compte ? Et pis qui s’occupent des petits sauvages, qui n’apprennent pas, des gens de rien ! » Ça avait toutes les chances de prendre, comme discours, sur le fond poujadiste qui nous mine collectivement. Mais plus de 200.000 personnes ne s’y sont pas laissées prendre, qui ont opté pour le nomadisme et pour les plus petits. Nos responsables politiques s’accrochent à leur trouvaille sémantique comme à un jouet désormais inutile dont personne n’est dupe.
Personne ? Est-ce bien certain ? Dans les départements s’observent deux mouvements apparemment contradictoires : d’une part, on propose aux collègues qui le souhaitent de s’inscrire pour partir en formation CAPA-SH l’an prochain (mais sans que le nombre de places soit annoncé : quelle réaction, lorsqu'en juin, le nombre de départs s'avérera proche de zéro ?) ; de l’autre, on sédentarise un poste sur deux en moyenne (avec des priorités qui ne pourront pas s’exercer au mouvement faute de postes « de même nature » - et la note de service laisse encore beaucoup de place au n'importe quoi http://www.snuipp.fr/spip.php?article6183). Et le temps qui passe recouvre peu à peu de sable la visibilité d’un mouvement qui ne peut continuer à mobiliser puisque la presse s’est faite l’écho des « reculades » du gouvernement. Comment expliquer maintenant que de reculade, il n’y en a pas, que la stratégie était lisible dès le début (relire certains posts antérieurs), que la sédentarisation… est en marche.
À marche forcée, comme dans les pires moments de notre histoire. Et c’en serait risible (car après tout il ne s’agit « que » de morts professionnelles, pas de morts « pour de vrai » - quoique…) si nous n’avions pas intimement, viscéralement, maladivement peur que cette sédentarisation soit l’annonce (ou la confirmation : les reconduites aux frontières, les squats démantibulés, les exceptions judiciaires) d’un mouvement qui impose de se taire, de rester tranquille et, surtout, immobile.
[pour rappel : sédentaire = qui reste assis (rassis ?) ; nomade = pasteur (passeur ?) ; itinérant = qui chemine - merci M. Rey...]