avant de pouvoir intervenir sur le forum des enseignants du primaire (délai de l'inscription) je signale un article de Sege Thomazet paru dans le international journal of inclusive education, très intéressant.
Je pense qu'il y a une confusion très grande autour du terme inclusion. Je distingue, à titre personnel, trois niveaux dans la réflexion autour de cette notion :
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l'espace de sa formalisation intellectuelle, les luttes scientifiques (et celles qui se donnent pour scientifiques...) pour tenter d'imposer la vision légitime de ce qu'est l'inclusion. Appréhender cet espace interdit, à mon sens, de définir définitivement la notion d'inclusion (que ce soit de manière positive ou négatif, comme le fait Daniel Calin quand il dit que cette notion porte en elle une dénégation du handicap, ce que, dans la conception de l'inclusion que j'ai vécu et défend, je récuse), tout simplement parce que les personnes qui travaillent sur cette notion ne sont pas d'accord pour la définir. Il est ainsi fructeux de s'intéresser aux différents courants de pensée qui s'intéressent à cette notion, certains qui la défendent, d'autres qui veulent sa disparition.
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l'espace des politiques publiques qui utilisent cette notion. Après le point précédent, celui de la formalisation intellectuelle de la notion, il va de soi qu'il est bon de s'intéresser à ce que doit
formellement la notion d'inclusion utilisée dans les textes de loi par le législateur à ses définitions académiques, et à quel courant elle fait le plus allégence.
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l'espace des pratiques, celui du quotidien, qui doit se coltiner les effets de l'histoire bien riche et épaisse du traitement social (et scolaire) du "handicap", sans forcément s'en rendre compte, et qui doit également appliquer les productions des politiques publiques en matière éducative.
L'"inclusion" ne prend sens, à mon avis, qu'au travers de ces trois entrées, qui ne doivent pas être abordées l'une sans les autres, et face auquelles on doit construire une pensée relationnelle.
Il va de soi que chacun de ces niveaux se déclinent : le débat sur l'inclusion en italie n'est pas le même qu'en France ou au Québec (c'est l'effet de la circulation internationale des idées :
http://www.cairn.info/revue-actes-de-la ... -5-p-3.htm). D'ailleurs, de ce point de vue, importer des bouts de débats d'un pays à l'autre sans les précautions nécessaires, et juste pour faire valoir son point de vue, c'est souscrire au même mécanisme que celui utilisé par le pouvoir actuel qui utilise depuis longtemps, et entre autre, le fameux "modèle scandinave" pour briser les restes du programme du CNR. Au niveau de l'espace des pratiques, il est évident aussi que la force des logiques de territoires (ça peut aller d'un canton à l'autre, ou d'une circo à l'autre, je dirais avec un peu de provocation), du fait de la décentralisation et de plein d'autres facteurs, impose également beaucoup de prudence quant aux jugements à l'emporte pièce sur l'inclusion.
Ce que j'observe c'est que la plupart des commentaires proviennent directement du vécu des personnes qui se prononcent (et c'est légitime), sans prendre en compte les autres niveaux. Alors on cherche, sur internet, dans d'autres endroits, tout ce qui va dans notre sens, pour appuyer et étayer ce qu'on dit. Ca, ça me gêne parce que, sans obliger chacun à s'approprier une démarche rigoureuse qui verse du côté d'une appréhension scientifique , il me semble qu'il est toujours bon de tenter quand même de s'en approcher, ne serait-ce que pour honorer l'honnêteté.