Je suis un ancien AVS-i, j'ai travaillé pendant cinq ans dans deux circonscriptions rurales. J'ai quitté mon travail à la fin de la cinquième année pour cause de modification de mon contrat (passage à temps partiel, obligatoire). Considéré comme démissionnaire (alors que j'étais en refus légitime de contrat défavorable), j'ai repris des études à l'Université et intégré un master de sciences de l'éducation.
J'ai travaillé sur la scolarisation des enfants handicapés et plus particulièrement sur les AVS et leur histoire. Le titre de mon travail est le suivant :
"Une histoire des relations entre éducations spéciale et scolaire. L'émergence dans le champ éducatif français des accompagnants scolaires d'enfants en situation de handicap".
Afin de vous donner une idée du contenu de ce travail, que je poursuis cette année en master 2, je me permets de copier/coller la quatrième de couverture du mémoire, qui en est un résumé.
Je peux envoyer par courrier électronique aux personnes intéressées l'ensemble du mémoire, ou certaines de ses parties, comme la bibliographie par exemple. Tout commentaire et critique sont les bienvenus. (Ceux de Daniel Calin sur l'inanité anti-psychologie de la sociologie de l'éducation spéciale aussi...
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"En France, comme dans l’ensemble des pays occidentaux industriels, s’est historiquement constituée, à l’origine adossée à l’école primaire, une filière spéciale d’éducation destinée à toutes les espèces d’écoliers qui ne parviennent pas, pour diverses raisons, à se conformer à ce que l’institution scolaire réclame comme élève moyen et bien portant (Plaisance, 1996, Gardou, 2006). C’est ainsi que l’école s’est constituée comme « l‘institution-étalon de la normalité », de ses racines républicaines jusqu’à aujourd’hui. (Mazereau, 1998).
Ce travail, basé sur une approche socio-historique, c’est à dire historique avec les outils de la sociologie – en l’occurrence la sociologie de Pierre Bourdieu et de sa théorie des champs – s’intéresse à ce que l’émergence du personnel œuvrant à l’accompagnement scolaire des enfants handicapés (AIS, AVS, EVS-h…etc.) doit à l’histoire des relations entre éducations scolaire et spéciale, et aux différents paradigmes qui se sont succédés pour organiser leurs complémentarité pratique, qui se double d’une opposition symbolique très puissante (Muel-Dreyfus, 1980).
Les dénominations de ces enfants, qui connaissent l’échec à l’école – puisque c’est ainsi, beaucoup plus que la mise en échec par l’institution, qu’ont été et sont toujours majoritairement exprimées les explications des processus d’orientation vers l’éducation ou l’enseignement spécial –, trouvent dans l’histoire du champ de l’enfance inadaptée des formes qui ont la caractéristique d’être très dynamiques et fluctuantes, ce qui fonde une de ses plus importantes propriétés. Ces processus de nomination évoluent en effet très vite, selon l ‘état des luttes entre les trois pôles qui composent les principales forces du champ : la production scientifique, le discours des professionnels et les logiques dominant l'action publique. Au sein de chaque pôle, on retrouve des tensions très vives entre, par exemple, médecins et psychologues, psychiatres et psychanalystes, instituteurs et éducateurs, ministère de l’Education Nationale et ministère des Affaires Sociales et, pour une large part de l’histoire du champ, entre ces deux ministères et celui de la Justice.
Nous somme ainsi passé d’une multitude de dénominations originellement scientifiques (au-delà des aveugles et sourds-muets, on trouvait les idiots, crétins, imbéciles, épileptiques, hystériques, choréiques, paralytiques, hémiplégiques, imbéciles moraux, atteints de perversion des instincts, arriérés, débiles, instables, déséquilibrés, indisciplinés, ingouvernables…etc. (Vial, 1990)) à la notion unifiante d’inadaptation, puis à celle de handicap. Autant de mots aux vertus mystifiantes qui trouvent leur origine, en particulier pour ce dernier, dans un processus de naturalisation qui en fait la « dimension indiscutée des discussions » (Bourdieu, cité par Mazereau, 1998).
Ces mots magiques viennent ainsi sanctionner la non-conformité aux critères exigés par l’école, et le signal d’une entrée nécessaire vers des filières qui sont restées pendant longtemps ségrégatives. En effet, c’est bien la mise à l’écart d’une frange de la population scolaire parmi les plus pauvres de ceux qui la composent qui sont visés par les actions philanthropiques qui fondent les processus à l’œuvre dans la genèse de l’éducation spéciale. La psychométrie, ou « échelle métrique de l’intelligence », telle qu’elle se constitue au début du 20ème siècle, s’apparente ainsi beaucoup plus à une sociométrie. (Gateaux-Mennecier, 1999) Après cette période ségrégative se succèdent deux logiques : celle de l’adaptation, pendant les trente glorieuses, et celle de l’intégration scolaire, à partir de la fin des années 1970. L’accompagnement, qui fonde à partir de 1990, dans l’ensemble des métiers de la relation, un nouveau paradigme, se trouve, dans sa forme « scolaire », intrinsèquement corrélé à cette dernière logique, et, comme elle, est indissociable des conditions qui ont présidé à son émergence à la fin des années 1970 et au début des années 1980, puis à sa consécration dans les années 1990, et enfin à sa généralisation dans les années 2000.
Entre le spécial et l’ordinaire, l’accompagnement scolaire se trouve acquérir une forme de définition légitime de sa pratique et de modalités contractuelles d’emploi qui trouvent leur sens uniquement par rapport à la position spécifique que les accompagnants occupent dans le champ éducatif, qui se trouve être tout à fait inédite.
Mots-clés : AVS, EVS, accompagnement scolaire, champ de l’enfance inadaptée, intégration scolaire, inclusion, liminalité. "