Pour compléter ce que tu dis, voici ma vision des choses (elle fait un brin complotiste, j'en suis désolé) :
Il faut d'abord avoir conscience de l'objectif à atteindre : se débarrasser de l'éducation nationale en tant que telle. Pour des raisons budgétaires principalement et pour des raisons de principe, l'Etat devant se recentrer sur ses missions régaliennes (la justice, la défense, la sécurité, principalement).
L'éducation, l'enseignement peuvent être confiés au privé qui saura comment gagner de l'argent ou au moins "éduquer" comme il faut, des futurs citoyens pas trop exigeants et peu conscients de leurs droits (je sais on est en plein complot, mais ce n'est pas le cas, je ne pense PAS qu'il y ait une société secrète derrière tout ça, c'est de la politique au sens strict du terme).
Une fois que l'on connaît cet objectif, on peut observer les événements à la lecture de celui-ci.
Par exemple, les déclarations d'Allègre dans les années 90 n'ont pas changé grand chose à la situation quotidienne des enseignants, mais elles ont permis de savonner la planche pour les enseignants par la suite : l'absentéisme, les salaires importants par rapport au nombre d'heures, les privilèges et cerise sur le gâteau, le mammouth, dont les journaux utilisent encore l'analogie en parlant de l'éducation nationale.
Depuis, la rupture est nette entre les enseignants et la société. Les déclarations d'Allègre sont, plus ou moins consciemment, dans toutes les têtes. Plus aucune revendications salariales ne peuvent être émises, nous sommes coincés : des salaires indignes d'un pays développé, des résultats médiocres dans les enquêtes internationales (calibrées selon des critères qui ne correspondent pas à notre fonctionnement), blocage du point d'indice depuis des années, passage aux 35 heures qui ne nous a pas concernés, etc, je pourrais multiplier les exemples.
Les changements politiques ne nous apporteront rien, les différents partis sont d'accord sur la finalité. La gauche, historiquement proche des enseignants, arrive à faire passer des trucs énormes, la droite finit le boulot. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que, tellement dévalorisée et vidée de son sens, la disparition de l'éducation nationale n'émeuve personne (et surtout pas les quelques enseignants qui seront encore en place à ce moment-là.
Ce qui nous trompe et qui fait qu'il est difficile de réaliser ce qui nous arrive, c'est l'échelle de temps : l'objectif ne sera atteint qu'au bout de plusieurs dizaines d'années, cela ne correspond pas à notre échelle de compréhension des événements politiques habituels.
Au fait, joyeux noël à tous.