Le totalitarisme d’extrême-centre
7 juin 2007La dose massive de médiocrité que diffusent quotidiennement les moyens de communication de masse est une façon plus subtile que le communisme d’État, mais peut être plus efficace encore, d’étouffer la conscience et l’acte même de penser.
Attention donc à un totalitarisme d’extrême centre, sans camp de la mort ; attention à une douceur totalitaire. La liberté n’est jamais donnée. Elle est notre responsabilité quotidienne, notre devoir de vigilance.
Jean Baubérot – Vérités hérétiques… Contre la douceur totalitaire – 02/06/2007 – Texte publié sur son blog personnel, Laïcité et regard critique sur la société.
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Il y a bien longtemps maintenant, dans un texte flamboyant, publié par inadvertance par le journal Libération, j’annonçais que les mitterandiens, alors encore bien loin du pouvoir, nous préparaient « un joli fascisme à l’eau de rose ». Jeune homme en colère, constamment excessif, j’étais loin d’imaginer à quel point la suite allait hélas me donner raison. La dernière non-campagne électorale a été une parfaite illustration de la non-pensée de cette non-démocratie réduite à une scène médiatique convenue, d’où toute pensée un tant soit peu articulée est soit exclue soit rendue inaudible par la scénographie imposée.
Je suis surpris de lire sous la plume de Jean Baubérot, penseur pondéré et modéré s’il en est, des analyses qui rencontrent à ce point ma rage permanente à l’encontre de cette bienpensance qui a suffisamment lobotomisé mes concitoyens pour leur faire prendre le non-débat entre une Royal et un Sarkozy pour un grand moment démocratique.
Une nuance seulement par rapport aux analyses de Baubérot : l’absence de « camps de la mort » sous le règne du totalitarisme d’extrême-centre n’est qu’une apparence trompeuse. Les victimes de la dictature financière meurent par milliers à travers le monde, de famines, de misères, de suicides, de toxicomanies, de violences folles, de toutes les maladies du désespoir. La seule vraie différence est que les totalitarismes « classiques » concentrent leurs crimes, alors que le totalitarisme libéral disperse les siens. La mort libérale n’est pas enclose dans des camps, c’est une mort éparse, invisible, sans témoin – sauf, de temps à autre, pour alimenter des spectacles médiatiques larmoyants. Importantes, les larmes : ça brouille la vue. On peut mettre en scène les morts de la misère, mais pas donner à voir leurs sources.
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Voir aussi sur ce blog Liberté pour l’Histoire.
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