Le soin pour une enseignante en hôpital de jour
Posté : 06 juil. 2008 18:18
Avant les vacances, chaque membre de l'équipe de l'hôpital a décidé d'écrire un texte sur sa conception du soin qu'il fera parvenir à la nouvelle direction médicale pour affirmer sa volonté de ne pas obéir. Ces textes sont les fruits des groupes d'analyses de pratiques effectués avec un psychiatre qui vient d'être licencié. Ce qui peut sembler être une énumération est basé sur des situations vécues qui m'ont conduites à dégager ces idées qui me semblent fondamentales.
Je pense que cela peut intéresser tous les enseignants travaillant en ASH et les autres.
Le soin c'est de permettre à chaque enfant de retrouver des traces des souvenirs de son passage dans ma classe (donc accepter les traces, garder les objets cassés, usés, les dessins apposés n'importe comment...) la plupart recherche même quelques années après des souvenirs de leur passage comme pour vérifier qu'ils ont existé sur ce lieu, réclamant un objet, un dessin qui les a marqués.
Le soin c'est de permettre à chacun de s'inscrire dans le temps et de s'y retrouver.
Le soin c'est de préserver la continuité de la vie.
Le soin c'est de permettre à chacun d'être sous le regard d'un enseignant qui a renoncé à la réussite obligatoire.
Le soin c'est de ne plus faire refaire vivre à un enfant défaillant dans la réussite ces moments où il ressent l'exaspération d'un adulte.
Le soin c'est donc de créer un lieu classe où l'enfant pourra s'essayer à apprendre en lui enlevant le souci d'être mal regardé, inquiété par l'appréhension, l'attente et l'observation de l'enseignant. Le premier travail de l'enseignant est de travailler son propre regard sur la souffrance psychique et les échecs qu'elle peut induire.
Le soin c'est de saisir les croisements du savoir et de l'intime : saisir les moments où cela se passe permet de se réconcilier avec l'école.
Le soin c'est de préserver ce qui se passe dans la classe pour chacun comme on le fait en thérapie.
Le soin c'est de vivre les débordements de la souffrance psychique en pouvant ne pas sanctionner, faire peur, menacer.
Le soin c'est de partager, arriver à laisser voir sans honte à ces enfants notre vie psychique afin qu'ils s'appuient dessus.
Le soin c'est de se retrouver dans leurs questions.
Le soin c'est de se laisser questionner par les enfants sur notre choix d'être auprès d'eux.
Le soin c'est d'accueillir leur famille comme on le fait pour eux.
Le soin est d'oser des supports impensables.
Le soin c'est de laisser se créer une histoire entre soi et l'enfant puis de l'élargir aux autres.
Le soin c'est de laisser chacun trouver ses moyens pour ne plus être fou.
Le soin c'est de se laisser bercer, charmer par le rythme, l'originalité de la présence de ces enfants.
Le soin c'est de prendre du temps.
Les progrès ne seront que la conséquence du soin que l'on aura créé pour aborder ces enfants et non d'une programmation progressive de leur devenir.
Le soin ne peut devenir accompagnement vers la réalité de la vie (scolarisation, socialisation, évaluations, confrontation au retard, prise de conscience du handicap, renoncement) que lorsque le temps d'une découverte, d'un chemin singulier au sein de l'hôpital de jour aura ouvert une affirmation et une manifestation de soi qui permet de ne pas se retrouver vide
et déshumanisé face à des exigences qui humilient.
mescudie
Je pense que cela peut intéresser tous les enseignants travaillant en ASH et les autres.
Le soin c'est de permettre à chaque enfant de retrouver des traces des souvenirs de son passage dans ma classe (donc accepter les traces, garder les objets cassés, usés, les dessins apposés n'importe comment...) la plupart recherche même quelques années après des souvenirs de leur passage comme pour vérifier qu'ils ont existé sur ce lieu, réclamant un objet, un dessin qui les a marqués.
Le soin c'est de permettre à chacun de s'inscrire dans le temps et de s'y retrouver.
Le soin c'est de préserver la continuité de la vie.
Le soin c'est de permettre à chacun d'être sous le regard d'un enseignant qui a renoncé à la réussite obligatoire.
Le soin c'est de ne plus faire refaire vivre à un enfant défaillant dans la réussite ces moments où il ressent l'exaspération d'un adulte.
Le soin c'est donc de créer un lieu classe où l'enfant pourra s'essayer à apprendre en lui enlevant le souci d'être mal regardé, inquiété par l'appréhension, l'attente et l'observation de l'enseignant. Le premier travail de l'enseignant est de travailler son propre regard sur la souffrance psychique et les échecs qu'elle peut induire.
Le soin c'est de saisir les croisements du savoir et de l'intime : saisir les moments où cela se passe permet de se réconcilier avec l'école.
Le soin c'est de préserver ce qui se passe dans la classe pour chacun comme on le fait en thérapie.
Le soin c'est de vivre les débordements de la souffrance psychique en pouvant ne pas sanctionner, faire peur, menacer.
Le soin c'est de partager, arriver à laisser voir sans honte à ces enfants notre vie psychique afin qu'ils s'appuient dessus.
Le soin c'est de se retrouver dans leurs questions.
Le soin c'est de se laisser questionner par les enfants sur notre choix d'être auprès d'eux.
Le soin c'est d'accueillir leur famille comme on le fait pour eux.
Le soin est d'oser des supports impensables.
Le soin c'est de laisser se créer une histoire entre soi et l'enfant puis de l'élargir aux autres.
Le soin c'est de laisser chacun trouver ses moyens pour ne plus être fou.
Le soin c'est de se laisser bercer, charmer par le rythme, l'originalité de la présence de ces enfants.
Le soin c'est de prendre du temps.
Les progrès ne seront que la conséquence du soin que l'on aura créé pour aborder ces enfants et non d'une programmation progressive de leur devenir.
Le soin ne peut devenir accompagnement vers la réalité de la vie (scolarisation, socialisation, évaluations, confrontation au retard, prise de conscience du handicap, renoncement) que lorsque le temps d'une découverte, d'un chemin singulier au sein de l'hôpital de jour aura ouvert une affirmation et une manifestation de soi qui permet de ne pas se retrouver vide
et déshumanisé face à des exigences qui humilient.
mescudie