<toussotte et sourit>
Vous m'accorderez, Pascal, que la vigueur des échanges n'est pas le propre que des psychologues scolaires
(y a-t-il d'ailleurs d'autres psy scol que moi participant à cet échange ? je n'ai pas connaissance des fonctions de chaque intervenant) mais en effet la question ne laisse pas indifférent !
Il m'est difficile de vous répondre Icefresh car j'aurais pu tenir ce genre de propos revendicatif (avec je crois plus de nuances
mais à chacun son caractère) quand j'ai postulé au concours de prof des écoles avec l'ambition assumée et têtue d'être au plus vite psychologue scolaire.
Passionnée de psychologie, et sortant d'une formation universitaire intense, j'étais agacée comme vous semblez l'être par la place insuffisante à mon sens faite à la psychologie dans la formation des futurs enseignants.
Mais une amie licenciée en histoire regrettait amèrement la version simpliste selon elle de l'histoire de l'éducation...
Néanmoins, à bien y réflechir, en ce temps-là, je n'avais en aucune façon la carrure pour occuper la fonction de psychologue, car mes connaissances universitaires ne me suffisaient absolument pas pour prétendre à cette fonction. Et mon choix d'entrer via l'Education Nationale dans ce métier que j'aime tant, n'était, comme tout acte posé au cours d'une vie, que le symptôme nécéssaire à ma construction personnelle et sûrement pas une seule raison pratique comme je pouvais tenter de m'en convaincre du haut de mes 24 ans
.
Pendant les trois années nécessaires d'enseignement (oui je n'ai fait que le service minimun
) j'ai beaucoup appris tant sur la position de 'pouvoir' et d' 'impuissance' de tout enseignant mais aussi sur l'enfant, l'institution et évidemment sur moi.
Bref, Non la formation du psychologue
clinicien n'est pas qu'universitaire.
Je veux bien croire que si vos théories de référence sont cognitivistes, neuropsy, ou développementales vous puissiez en toute légitimité penser que l'on peut prétendre à occuper cette fonction avec un seul bagage universitaire.
Car en effet, la formation du psychologue est universitaire, si l'on pense le psychologue comme un sujet savant.
C'est une position facile, nous avons de très bons outils et nous pouvons instrumentaliser le sujet en quelques chiffres.
Mais vous qui semblez être passionné par cette fonction Icefresh, je vous renvoie aux enseignements de Lacan, Freud .... le psychologue Clinicien n'est pas le sujet savant, il n'est que le sujet supposé savoir.
Mon action (telle que je l'espère) ne se situe pas dans le registre du "discours du maître"
(Séminaire XX intitulé "Encore" de Jacques LACAN (page 20, 21 et suivantes ; Seuil, Paris 1975). mais dans le discours de l’analyste.
Pardonnez ces rappels théoriques dans cet échange sur la praxie mais les enseignements de Lacan m'ont toujours aidé à penser
.
Je rejoins les propos de D Calin sur les positions de pouvoir, et je pense que le devoir du psychologue est peut-être justement d'avoir appris à mesurer sa propre postion de pouvoir. Ce n'est pas de la fausse modestie, mais le psychologue doit savoir mesurer l'impact des ses silences et de ses paroles et rester humble face aux pouvoirs que l'on lui prête.
Plus je lis ces échanges et plus je suis tentée de conclure que les revendications autour du statut et de la formation du psychologue ne sont que des prétextes à des enjeux de pouvoir. Et de me souvenir de cet exellent inspecteur qui me rappelait satisfait qu'en tant que maître spécialisé je devais participer à une animation pédagogique sur les mathématiques au cycle III.
Devenir psychologue est un parcours personnel avant tout, et devenir psychologue scolaire passe peut être aussi par un temps de questionnement personnel autour de l'acte d'enseigner. Rien ne me semble fortuit ici mais les réponses à ces choix ne sont que personnelles. Pourquoi devenir psy dans l'éducation nationale ? Les étudiants ont tout un panel de choix possibles.
Ensuite ne comptent à mon sens que l'expérience, la pratique, l'éthique et le désir.
Le fait que le secteur privé recrute des psy universitaires m'amuse, il faut bien rentabiliser l'acte d'apprendre et c'est peut-être aussi là que je tiens au secteur public. Faire le choix d'être psy scolaire, c'est offrir à une population tout venante une pensée différente au sein d'une institution.
Et je pense que cette pensée différente existe bel et bien dans l'Education Nationale sans besoin d'intervention extérieure. (non pas que j'y sois opposée). J'écoute mes collègues enseignants spécialisés évoquer la situation des enfants et je vous assure que leur pensée est libre et riche.
Ne résumons pas l'Education Nationale à un corpus homogène et figé, beaucoup d'enseignants témoignent d'une créativité admirable.
Puisqu'il faut conclure, je me contenterai de témoigner combien ces trois années d'expérience d'enseignement alimentent aujourd'hui encore ma pensée et ma pratique.