Maître E et cellule de soutien

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catla
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Maître E et cellule de soutien

Message par catla »

Jeudi matin, tous les membres de mon RASED ainsi que la psychologue du RASED voisin sont envoyés par l'IEN dans une école dans laquelle il manquera à la rentrée l'enseignant de CM1 décédé accidentellement pendant les vacances. Je suis stagiaire et je ne sais pas comment je vais pouvoir apporter mon aide ni quelle forme celle ci doit prendre.
Est-ce que quelqu'un a déjà été confronté à cette situation difficile ? Quels conseils auriez-vous à me donner pour que ma présence soit utile pour les enfants, les collègues et les parents ?
Merci d'avance de m'apporter une aide
clairea
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Message par clairea »

Il existe un bel article sur ce genre d'"action" qui témoigne de l'intervention des psychologues scolaires à la suite des inondations dramatiques dans l'Aude il y a plusieurs années.

Malheureusement je n'ai pas la référence ici mais je vous la communique sous peu.

Le problème dans ces situations dramatiques reste le sentiment d'urgence, et la tentation de faire du colmatage à la va-vite pour se donner bonne conscience.

Je vous invite à réfléchir ici à la demande, qui pour l'instant émane de l'IEN et que vous ne retrouverez pas forcément en l'état dans l'école.

Pour avoir géré plusieurs situations de crise dans les écoles, je pense qu'il est important de laisser un cadre souple où la demande ou la non demande de parole et d'écoute peut s'exprimer. Ne forcez rien, mais dans une position humble, écoutez ceux qui souhaiteront vous parler.

En revanche, c'est un travail difficile qui, à mon sens, devrait être celui des psy... Protégez-vous si cette écoute vous est trop difficile.

Le deuil est un travail long et singulier, chacun le gère à sa façon et nul n'est en droit de juger... Méfiez-vous des préjugés et renvoyez à chacun un regard bienveillant.

Bon courage même si je pense que vous ne devriez pas y aller en tant que professionnelle (rien n'empêche d'aller dans l'école pour témoigner de votre soutien personnel mais là vous n'êtes pas en mission).
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Je pense que l'article, excellent au demeurant, auquel Claire fait allusion est "A l'épreuve de l'eau, l'aide de l'école et de ses psychologues" dans le n° 46 de la revue Psychologie et Éducation (2001), la revue de l'AFPS (http://www.afpen.fr/-La-Revue-Psycholog ... ,026-.html).

Je n'avais pas réagi à ce post', bien qu'interpellé, ne m'estimant pas compétent, et espérant que Claire le fit :wink:

Mais, effectivement, j'ai été surpris de la commande de votre IEN à l'ensemble du RASED et non au seul psy' scolaire. J'ai même été surpris qu'il fasse appel au psy' de sa circonscription et pas à un psy' d'une autre circ'.
Malgré mon désormais long parcours dans l'AIS/ASH, je ne me vois pas comme enseignant spécialisé intervenir sur ce genre de situation. Il y faut, je crois, tout le travail d'écoute éventuelle de quelqu'un formé spécifiquement à ça, je veux dire le psy'. Le plus capable, de surcroit, mais c'est indispensable, à trouver la bonne distance pour continuer de travailler professionnellement ensuite avec ces personnes qui autont été écoutées dans leur blessure.
Ce qui me conduit à préférer la solution qui consiste à faire appel à un psy' extérieur à la circ', pour ne pas hypothéquer le travail qui devra reprendre, un fois passée l'écoute de la douleur. Si le psy' sait (doit savoir) faire ça, ce n'est pas évident pour les personnes qui se seront "confiées".
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
clairea
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Message par clairea »

Merci Pascal, pour la juste référence et pour vos remarques si justes :)

Je partage votre position et regrette que tous les IENs ne soient pas en mesure de réagir de façon distanciée face à ces réalités traumatiques. Peut être devrait il exister un protocole précis pour ce genre de situation...

Pour revenir à votre inquiétude Catla, non seulement elle me semble justifiée mais elle s'avère rassurante....

Des conseils pratiques tout de même puisque vous semblez ne pas avoir de choix.

Votre position de maitre E ne vous permet pas de contenir sans risque la douleur des enseignants et des enfants, et cette dernière peut s'exprimer de toutes les façons. Aucune n'est meilleure que l'autre. Gardez cette phrase en référence pour vous dégager de tout jugement....



En tant que psychologue, pour des situations analogues, je proposerai un groupe de parole pour les enseignants avec évidement aucune obligation et une exigence de confidentialité.
Ce genre de groupe ne doit pas être réalisé en présence du réseau du secteur et un maitre E n'a rien à y faire.

Des entretiens individuels peuvent être sollicités par l'enseignant mais la encore, le cadre de confidentialité est primordial et l'aide de collègues psy d'autres secteurs est indispensable.

Pour les enfants, un dialogue avec les familles est surement nécessaire afin de proposer et d'expliciter comment un enfant de CM1 perçoit, appréhende la mort afin que chaque enfant soit entendu et contenu au sein de la cellule familiale , premier terrain thérapeutique. Il existe encore beaucoup de préjugés en ce domaine et certaines familles peuvent se sentir démunis face à cette intrusion du réel..

Une bienveillance particulière et une vigilance des adultes devra ensuite permettre de repérer d'éventuelles symptomatologies réactionnelles chez les enfants. Mais cela ne peut se faire qu'en partenariat étroit avec les familles et en laissant du temps aux enfants.

Si vous le pouvez, lisez l'article cité par Pascal, il est remarquable de finesse :) vous y trouverez beaucoup de réponses.


Jeudi matin, vous serez donc dans l'école en nombres, si vous le pouvez, gardez une position distanciée et bienveillante et acceptez par avance l'impuissance que vous risquez de ressentir. Il est des souffrances dont on ne peut faire l'économie, dont on ne doit pas faire l'économie ...

Encore une fois, bon courage à vous
Modifié en dernier par clairea le 07 nov. 2007 18:05, modifié 1 fois.
catla
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Message par catla »

Merci pour tous ces conseils.
En effet, je crois ne pas avoir assez de recul pour aider quelqu'un face à un deuil qui m'affecte aussi si ce n'est avoir une attitude d'empathie.
Je crois que je vais laisser agir et écouter les 2 psys (celle du réseau et celle du réseau voisin : l'inspecteur a senti que notre psy qui a travaillé de longues années en tant que remplaçante sur le secteur était trop affectée).
Nous nous réunissons demain matin à 8 heures avant l'ouverture de l'école ; j'attends donc cette réunion pour adapter au moins mal ma position.
Je vais essayer de trouver l'article auquel vous faites référence,
encore merci
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