Lire le texte de D. Calin sur l'adolescence

Questions concernant la politique générale et l'organisation générale des enseignements spécialisés.
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clairea
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Lire le texte de D. Calin sur l'adolescence

Message par clairea »

Bonjour :)

Voilà plusieurs jours que je souhaitais prendre le temps de lire le dernier texte de D. Calin sur l'adolescence et, chose faite aujourd'hui, je vous propose via le forum, une amorce de réaction.

Tout d'abord, cette analyse de cette période est bien menée, elle lie des concepts psychanalytiques, sociologiques et anthropologiques, ce qui est déjà une belle performance. Je pense que ce texte pourrait servir de base de réflexion à beaucoup de praticiens de l'adolescence. Mon côté psy aurait insisté plus lourdement sur cette crise identitaire, sur l'ambivalence et l'orage affectif de cette période, mais cela dépasserait peut être l'objet de ce texte qui traite également du vécu scolaire de ces élèves.
Je rejoins D. Calin également sur l'absence cruelle d'une réflexion pour adapter l'action pédagogique à la problématique des adolescents au collège. Je ne m'explique toujours pas pourquoi il n'existe pas de psychologue clinicien (autre que d'orientation) dans les collèges alors qu'il est très bien reconnu que les grandes décompensations psychotiques, par exemple, se font dans ces tranches d'âge-là, avec un certain taux dramatiques de passage à l'acte. Les copsys n'ont pas les moyens d'entendre et d'accompagner les élèves de collège et l'on confie ce rôle aux infirmières scolaires qui, bien que souvent très pertinentes, sont loin d'être dans un cadre psy.
L'adolescence est la deuxième grande crise structurante pour le développement psychique et je suis forcée de constater que rien n'est fait véritablement pour accompagner les adolescents et les enseignants de ces derniers.
Je souscris aux pistes de réflexions données sur l'inadéquation du collège et m'enrichis de l'analyse du lien social dans les groupes hétérogènes des classes de collège. Ce regard sur les transformations somatiques est essentiel et pour le moins dénié par l'ensemble des actions pédagogiques... Il serait temps d'avoir une véritable réflexion au sujet de l'adolescence au collège et j'espère que ce texte y contribuera.


Claire A
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Comme Claire, je n'arrive pas à m'expliquer l'absence de psychologues cliniciens dans les établissements secondaires. Ou plutôt, toutes les explications que je peux imaginer, histoire, résistances, ne tiennent pas un seul instant face à l'ampleur du problème. L'adolescence est l'âge où se fixent l'essentiel des grandes dérives existentielles : délinquances, bien sûr, seul aspect qui attire l'attention des médias et des autorités, rarement dans un sens intelligent, mais aussi toxicomanies de tous ordres, anorexies et boulimies, suicides et équivalents suicidaires, organisations dépressives ou névrotiques, effondrements psychotiques, etc.

Le seul basculement vers la schizophrénie justifierait un investissement massif dans une politique de prévention. Il y a en France environ 600 000 schizophrènes, donc quasiment autant de personnes qui deviennent dès leur entrée dans l'âge adulte des assistés définitifs. En termes de coûts sociaux, c'est probablement le plus grand problème de santé publique. Et rien, strictement rien n'est fait pour tenter de prévenir ces fort coûteuses catastrophes humaines ! C'est d'autant plus intolérable que la question de la psychose post-puerpérale a montré qu'il y avait une efficacité possible d'une politique de prévention face à ce type de troubles. La schizophrénie serait-elle la dernière des maladies honteuses ? Ou la dernière des grandes malédictions divines ?
Cordialement,
Daniel Calin
clairea
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Message par clairea »

Merci de rebondir sur cette thématique car en effet ce problème me semble dramatique et pourtant presque silencieux. Votre texte en cela me semble essentiel et mériterait une large diffusion et un long échange.

J'insiste, comme vous, c'est presque un non sens pour un psychologue de voir tout accompagnement des enfants en souffrance s'arrêter au CM2.

50 % de la mortalité des 15 - 20 ans est due à des passages à l'acte suicidaires, dont un certain nombre non évaluable sont dûs à des décompensations psychotiques (dont la fameuse entrée dans la schizophrénie).
Ce seul constat, et il y en a beaucoup d'autres, auraient dû depuis longtemps susciter une réflexion et des propositions sur la prise en charge des adolescents au collège.

Finalement, en tant que psychologue scolaire, je m'occupe des enfants de la latence, ce qui a une grande importance mais n'est en aucune façon suffisant.
Les rééducateurs auraient leur place au collège ! Les psy y sont indispensables et cruellement absents...

Cette situation m'a toujours posé un sérieux problème, et le moins que je puisse proposer c'est de faire des élèves de CM2 une priorité dans mes prises en charge.

Je vous remercie donc encore pour ce texte D. Calin !
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