ASH

Enseignants référents, enseignants détachés à la MDPH...
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Sylmel
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ASH

Message par Sylmel »

ASH : J'imagine que c'est plus qu'un changement de sigle.
Pour l'instant je ne vois pas quels en sont les enjeux et ce que cela entraîne sur le terrain.
Merci de m'éclairer

Sylmel
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Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

En première analyse, ça indique de manière tranchée que tout ce qui relève de l'adaptation (jusqu'à la très grande difficulté scolaire) relève du "droit ordinaire" (les écoles et, particulièrement, les directeurs) et tout ce qui relève du handicap relève de la MDPH qui monte un plan de compensation dans lequel le PPS est un des éléments.

L'abandon du terme "intégration" relève du conceptuel : on intègre quelqu'un qui est extérieur à une communauté. Les personnes handicapées seraient-elles extérieures à la communauté humaine ? [dans un autre domaine, comment intégrer au karcher nos sauvageons ?]
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Sylmel
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Message par Sylmel »

Effectivement, c'est plus qu'un changement de sigle :!:
En revanche chez nous personne n'a entendu parler de ce sigle que ce soit notre IEN ou notre coordinateur AIS :!:
Existe-t-il un texte officiel instituant ce nouveau sigle ?

Cordialement

Sylmel
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Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Oui, ces textes existent, et ont déjà été donnés sur ce forum par Pascal. J'ai repris ces informations sur une page de mon site consacrée aux sigles de l’ASH.
Explications ICI.

Sur le fond, voici une copie de ce que je viens de répondre dans une correspondance personnelle :
Cette transformation est très formelle : au fond, le seul "changement" est le passage de la notion d'intégration des handicapés à la notion de scolarisation des handicapés, ce qui n'est pas un bouleversement tant que les structures spécialisées ne sont pas directement mises en cause.

J'ajouterai que ce changement de sigle ne change en lui-même rien pour ce qui est du secteur de l'adaptation scolaire, conservé tel quel. Le nouveau sigle, de plus, perpétue la tentative institutionnelle, récurrente depuis 20 ans, de distinguer le secteur de la grande difficulté scolaire et le secteur du handicap. Distinction à mes yeux faussement évidente, clairement impossible dans le vaste domaine du mental/psychique/cognitif. Distinction au fond socio-politique : la grande difficulté scolaire, c'est pour les pauvres, le handicap, c'est pour ... les moins pauvres. Voir en particulier la fonction dans ce contexte de la transformation des difficultés scolaires des enfants de bonne famille en "handicap", par le biais des notions de "dyslexie", "dysphasie", "dyspraxie", "hyperactivité" et ainsi de suite...

Notez que la distinction proposée par Pascal entre "droit ordinaire" (pour la grande difficulté scolaire) et "MDPH" (pour le handicap) s'interprète assez lisiblement en "pas de fric" pour les enfants de pauvres en grande difficulté scolaire et "gros moyens" pour tous ceux qui réussiront à entrer dans la catégorie des handicapés.
Cordialement,
Daniel Calin
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Même si je n'ai pas une lecture aussi radicalement marxiste que Daniel :wink: (au moins dans un premier temps :wink: :wink: ), il est une évidence de terrain que chacun peut vérifier : dans une même classe, un gamin dont le handicap a été reconnu (et, pour rester dans le contexte proposé par Daniel, prenons un handicap dans "le champ mental" sans avoir besoin de détailler plus) relève de 10 fois plus d'aide et, peu à peu, d'attention, qu'un gamin "ordinaire" en très grande difficulté. À l'un l'éventuelle mise en place d'un PPRE avec appui du RASED, à l'autre l'artillerie lourde du PPS et des aides de toute nature. Tant mieux pour ce dernier...
Mais, à terme, et si la vision de Daniel se confirme (mais peut-être est-elle un peu déformée par la seule situation à Paris), alors effectivement, il y aura une réalité pauvres/riches du doublon difficulté/handicap.

Anecdote : sur le CMP de mon secteur de ville nouvelle arrive une pédopsychiatre qui vient d'un CMP de l'est du département plus souvent sous les feux de l'actualité télévisuelle... Dans son nouveau secteur, les handicaps reconnus dont deux fois plus nombreux que dans l'ancien, à population égale. Égale mais pas identique. Alors qu'à l'est les conditions de vie frôlent la misère, et que la vie quotidienne est un combat de chaque instant pour l'essentiel (se loger, se nourrir), sur la ville nouvelle, de manière globale (et donc trop rapide), on trouve des familles "moyennes" pour lesquelles l'essentiel est assuré (plus ou moins). Elles peuvent alors se consacrer aux "secondes urgences" : le handicap de leur gamin. Dans un cas, on a des écoles qui explosent et pour lesquelles la prise en compte du handicap ne peut pas être une priorité, dans l'autre, la demande parentale de reconnaissance de ce dernier est prioritaire et masque les "cas" restant de très grande difficulté scolaire.
Daniel dirait c.q.f.d. Conclusion de la pédopsy : il n'y a pas de raison que la prévalence du handicap soit différente d'un lieu à l'autre. Ce qui change c'est l'attention que chaque partenaire y porte : familles, soins (et il est vrai que sur la ville nouvelle les services sont au moins deux fois plus nombreux qu'à l'est) et école.

Dans ces conditions, l'"intégration" risque de marcher... Un instit' aura tout intérêt à "intégrer" puisqu'il aura les moyens de le faire (emploi du temps aménagé, AVS, plateau technique). Et il aura toute bonne conscience de laisser au fond de sa classe le gamin qui ne suit pas...

De la perversité d'un système...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
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