Le PPS : objet virtuel ?

Enseignants référents, enseignants détachés à la MDPH...
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renavd
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Le PPS : objet virtuel ?

Message par renavd »

Bonjour
Dans votre département, la MDPH commet-elle un écrit qui mette noir sur blanc le projet personnalisé de l'élève ?
Dans le 06, il y a des comptes-rendus d'ESS qui sont appelés communément mais abusivement "PPS" ; on a par ailleurs des notifications de Sessad, d'AVS-i, de CLIS, etc., établies suite à la CDA ; mais de PPS en tant qu'émanation de l'EPE, point.
Est-ce parce que le Comté de Nice est le dernier département rattaché à la France ? Ou bien c'est comme ça chez vous aussi ?
Qui trop embrasse, mal étreint.
Pascal Ourghanlian
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Re: Le PPS : objet virtuel?

Message par Pascal Ourghanlian »

Idem, à la virgule près, dans le 95...

Le PPS n'émane pas de l'EPE, mais de l'ESS (en fait de l'ER qui s'y colle).
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Boogie
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Re: Le PPS : objet virtuel?

Message par Boogie »

Je termine un travail de recherche sur les AVS - normalement un des moyens potentiels inscrits dans le PPS (tout aussi potentiel...) pour assurer une scolarisation... pas ratée, voire même réussie (quand l'AVS ne sert pas à l'enseignant de prétexte à ne s'occuper de rien ou pas grand chose - plus ou moins consciemment)

Une analyse assez intéressante est la comparaison entre la place que tient le PPS dans les textes et les analyses de commentateurs de la loi de 2005 (trrrrès grande)

et dans le discours des AVS-i que j'ai interrogés (nulle)

Aucun ne m'en a parlé, sur des entretiens durant entre 1h30 et 2h15 et portant sur leur travail - censé être directement inscrit dans le PPS et même en provenir. En fait, en Loire-Atlantique, je crois qu'ils n'existent pas

Une amie enseignante m'a même dit récemment qu'elle devait "rédiger un PPS"... pour dire à quel point la logique qui sous-tend son existence dans la loi de 2005 est... opératoire, et opérante.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
sabine
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Re: Le PPS : objet virtuel?

Message par sabine »

Pas de PPS non plus chez moi (94), mais les comptes rendus d'ESS ne sont pas "renommés" (pas à ma connaissance, mais c'est peut-être le cas...).
Les projets individuels que je rédige chaque année ne me sont jamais demandés (hormis en inspection)....
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AVD
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Re: Le PPS : objet virtuel?

Message par AVD »

Bonjour,

Dans notre département, il existe un PPS qui émane de la MDPH auxquels les enseignants n'ont pas d'emblée accès.
Il est signé par toutes les personnes présentes à la commission. Les compte-rendus d'ESS n'ont rien à voir.
Par contre, pour en avoir lus, j'ai été très surprise par le côté réducteur de ce type de document.
Le temps de scolarisation y est mentionné, ainsi que les éventuelles compensations et demande de soins.
Ça n'a rien à voir avec un projet étayé, argumenté.
Voilà.
Bonne journée.
AVD
renavd
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Re: Le PPS : objet virtuel ?

Message par renavd »

Bonjour
Je me trouve plus particulièrement en difficulté dans la mise en oeuvre des PPS dans le second degré ordinaire. En tout cas pour ce qui concerne les handicaps de type dys ou troubles attentionnels : comment faire en sorte que l'ensemble des professeurs les prennent en compte ?
Il y a d'abord un aspect technique
Dans le premier degré, on a affaire à un ou deux enseignant-e-s qui participent à l'équipe de suivi ; il est plus facile de les sensibiliser, surtout si l'équipe de soins est présente. Dans le second degré, j'ai parfois du mal à obtenir que même le professeur principal soit présent, et l'expérience montre que s'il vient, les constats et résolutions ne sont pas forcément répercutés auprès de ses collègues. On peut alors lire sur le bulletin trimestriel d'un élève souffrant de troubles de l'attention, à côté d'une moyenne catastrophique : "Il faut être plus attentif!" La belle affaire !
Il y a ensuite un aspect idéologique
Naguère, un gamin en fauteuil roulant était dispensé d'EPS ; de nos jours, son professeur d'EPS le dispense de courir mais met en oeuvre des aménagements pour qu'il soit partie prenante d'une activité sportive.
Naguère, un adolescent avec TDAH en avait terminé avec l'école à 12 ans ; de nos jours, ses professeurs ne le dispensent pas d'écrire même si le médecin déclare en réunion d'ESS que recopier le tableau ne l'aide nullement à fixer les apprentissages.
C'est a priori pourtant la même situation : l'infirmité motrice apparaît comme la négation même de l'activité sportive ; l'infirmité attentionnelle apparaît comme la négation même de l'activité intellectuelle. Dans le premier cas, une compensation a fini par s'imposer ; dans le second cas, on se confronte à l'interrogation récurrente "Ce gosse n'a rien à faire là".
Le fauteuil roulant a l'avantage d'officialiser le handicap. Or un élève avec une dys sévère ou un TDAH ressemble à tout un chacun. Quel stigmate pourrait-il porter sur son front pour que son handicap soit reconnu ?
Les plus chanceux d'entre eux ont des parents combatifs qui en début d'année scolaire, puis à chaque occasion, prennent rendez-vous avec les enseignant-e-s pour expliquer, voire revendiquer des aménagements. Encore cette stratégie n'est-elle pas forcément efficace : ces parents-là apparaissent souvent comme exagérément protecteurs. Elle n'est de toute façon pas digne d'un service public assumé comme tel : l'égalité républicaine ne souffre pas que le sort de nos élèves - a fortiori les plus fragiles d'entre eux - soit tributaire de l'implication de leurs parents. Ce serait bien le rôle d'un enseignant référent handicap, de prendre son bâton de pèlerin (laïque) et de sensibiliser chacun des profs. Mais comment se démultiplier ainsi ?
A priori, j'étais sceptique sur l'opportunité que l'EPE émette des préconisations pédagogiques dans le PPS. J'en viens à me demander s'il ne serait pas souhaitable dans certains cas, qu'elle puisse émettre non pas une tartine de conseils (cf les catalogues faits pour les dys), mais deux ou trois interdictions ou préconisations qui auraient à être émargées par chaque professeur de la classe ; non pas qu'elles suffiraient par elles-mêmes à circonscrire l'attitude ad hoc, mais qu'elles éviteraient des erreurs majeures et surtout que, à l'instar du fauteuil roulant, elles officialiseraient le handicap : nul dès lors ne serait censé l'ignorer.
Bref, j'aimerais bien avoir votre retour d'enseignant référent sur cette problématique.
Qui trop embrasse, mal étreint.
MarieLaetitia
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Re: Le PPS : objet virtuel ?

Message par MarieLaetitia »

Bonjour,
En attendant l'expérience d'un enseignant, je vous donne celle d'un parent : je suis absolument d'accord avec vous, ayant une enfant dys légère en scolarité ordinaire au collège, la position de parent est exactement celle que vous décrivez : mouche du coche.
Cette position devient très vite pénible et mal ressentie par les professeurs, je suggère une plus grande précision dans les préconisations du PPS (qui a force de loi pour l'AVS ET les professeurs) et une plus grande confiance (dialogue) entre enseignant référent et parents, y compris en dehors des réunions de suivi.
Les parents ont une place difficile : ce sont eux qui ont le contact avec les médecins et rééducateurs prescripteurs, ils essayent de faire passer le message des prescriptions alors qu'ils n'ont pas d'autorité reconnues : le message passerait mieux si c'était l'enseignant réferent qui le faisait passer.
En m'excusant d'intervenir dans un forum de pro (mais je peux me prévaloir peut-être de plus de 13 ans de "coaching" d'enfant handicapé IMC).
Bien cordialement
Franour
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Re: Le PPS : objet virtuel ?

Message par Franour »

Bonjour, Je suis enseignante coordonnatrice en Ulis TSL après avoir été enseignante de clis TSL et encore avant, enseignante en RASED. Je vis tous les jours les intégrations des élèves dys. Je suis confrontée au fait que vous décrivez très bien renavd : les dys ne se voient pas ! En tant qu'enseignante d'Ulis, je n'ai trouvé qu'une solution, à savoir des réunion synthèse quand il y a un problème. Je consulte au jour le jour les cahiers des élèves, les documents donnés par les professeurs et je rencontre les professeurs de façon plus ou moins formelle et j'essaie de rappeler et rappeler aussi souvent que nécessaire ce dont sont capables les élèves dys et ce qu'il est inutile de vouloir leur faire faire sans "les envoyer dans le mur". Les professeurs "oublient" surtout en fin de période que les élèves sont dys et je leur rappelle, mais j'en conviens, la tâche des professeurs est de plus en plus lourde. Aussi je propose régulièrement mon aide à mes collègues. Avec certains la collaboration est évidente tandis qu' avec d'autres, c'est plus difficile mais je suis certaine que leur représentation des dys évoluera un peu à la fois.
Je "rédige" les PPS et,personnellement, je ne vois aucun mal à faire la synthèse de tout ce qui est dit, décidé, acté lors des réunions. Je remets une copie des PPS à chaque professeur notamment à ceux qui n'ont pu y assister, accompagné d'explications orales. Le PPS est un document très différent du compte-rendu d'ESS et du projet individuel.
Il m'est arrivé de préciser aux collègues que cela me faisait très mal et à fortiori aux élèves et à leur parents de voir écrit "leçon non apprise" sur un bulletin quand je savais qu'elle avait été apprise. J'ai proposé aux collègues d'écrire "leçon non sue". Ils ont bien compris la nuance.
Je me situe en tant que personne ressource dans l'établissement pour les PPS des élèves dys en intégration individuelle. Je participe aux PPS, aux adaptations et parfois je propose une séance hebdomadaire en groupe Ulis. Il est plus simple pour moi de leur fournir les adaptations de cette façon. Les parents sont d'accords mais n'exigent pas que leur enfant vienne en Ulis et continuent à exiger les documents adaptés et les aménagements que je mets en place. Je trouve ça un peu décourageant.
coordonnatrice Ulis TSL
daniele
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Re: Le PPS : objet virtuel ?

Message par daniele »

J'ai effectivement l'impression que le système est perverti. Les ESS n'ont généralement que peu d'influence sur les attitudes pédagogiques et il me semble que c'est principalement l'AVS qui est chargé d'appliquer quelques consignes, toujours les mêmes d'ailleurs, quel que soit le handicap envisagé.
Le problème n'est -il pas systémique? Tout se passe comme si les ESS et les PPS devaient avoir une fonction magique, qu'il suffisait de les créer pour que, oh miracle, les approches pédagogiques s'adaptent.
Eh ben non, parce qu'il me semble que les ESS n'ont pas cette fonction, au moins dans les représentations. Au contraire, elles entérinent le non changement, elles confirment plus ou moins ouvertement les difficultés d'intégration des enfants et même l'échec total et la nécessité de changer de structure.
J'irai plus loin encore en suspectant les ESS parce qu'elles ont un caractère institutionnel de servir de prétexte à ne rien dire d'essentiel sur l'enfant et d'être un paravent trés efficace. Il faut dire qu'elles sont généralement bien ritualisées : l'instit parle du niveau scolaire, ajoute quelques généralités sur le comportement de l'enfant, les parents idem, l'enfant est content ou ne l'est pas, fait bien ses devoirs etc etc. Pour la forme, un petit truc à faire pour montrer qu'on sait ou qu'on est concerné, du genre adapter les exercices.
Et hop, compte rendu d'ESS, impression du travail bien fait.
Travail tellement bien fait qu'il exclut tout autre réflexion. En plus le rôle du référent est perverti également, là où il devait dynamiser la réflexion, il la fige complétement tout simplement parce qu'il concentre tous les pouvoirs en laissant croire que tout doit passer par lui. La parole du RASED et en particulier du psychologue doit passer par le filtre du référent. Aucun aménagement nouveau sans son aval et sans ESS voyons.
je travaille avec trois référents, tous différents, du plus intrusif au plus administratif. Avec les trois, je me sens juste invitée, voire tolérée ou destituée de mes prérogatives de psychologue, comme si je devais demander l'autorisation pour voir la famille ou voir l'enfant.
Système pervers que ces ESS où chacun rend sa copie, où aucune extériorité n'est autorisée. Bureaucratie quand tu nous tiens!
marie anne
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Re: Le PPS : objet virtuel ?

Message par marie anne »

Je me retrouve assez dans les propos tenus ici, quant aux difficultés de mise en œuvre du PPS, à la léthargie de certains professionnels... Mais ayant travaillé en SESSAD, maintenant enseignante référente, je dois reconnaitre que dans certaines structures, les choses bougent. C'est effectivement, chez nous, les enseignants référents qui sont garants du PPS (et non la MDPH ou l'enseignant de la classe...). Nous mettons un point d'honneur à mettre autour d'une même table tous les professionnels concernés, les parents et l'enfant. Et nous profitons de nos expériences sur le terrain pour proposer des observations en classe, donner des conseils... Ce n'est pas encore la panacée mais je trouve que cela évolue dans le bon sens. Je dois avouer ensuite que tout n'est qu'une question de personnalité de l'enseignant accueillant qui va ou non suivre les conseils, se poser les bonnes questions, aménager les exigences, mettre à disposition du matériel adapté...
je garde espoir...
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