Quel avenir pour les CLIS ?

(option D)
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Gwenaël
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Quel avenir pour les CLIS ?

Message par Gwenaël »

On parle beaucoup des CCPE qui disparaissent prochainement, et qui attendent me semble-t-il leurs textes officiels...

Mais que va-t-il en être des CLIS D ?

Sans vouloir être pessimiste, avec pour horizon la scolarisation de tous les élèves handicapés au plus proche de leur domicile, la destruction progressive des CLIS est-elle programmée ?

Sans faire pour autant de ce post le réceptacle de tous les bruits de couloir, certaines rumeurs commencent-elles à affleurer aux ouïes des plus informés des membres de ce forum (Je pense bien sûr à Pascal et Daniel) ?
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonsoir Gwenaël,

Rien sur les CLIS, pour le moment.

Mais, bien sur, ce qui pose problème (?) dans ces classes c'est le I... - puisque l'on ne parle plus d'intégration mais de scolarisation.

Pour ma part (mais je n'ai aucune info'), je vois mal comment l'école pourrait se passer de ces dispositifs - sauf à investir massivement :lol: dans la formation (initiale et continue) et à disséminer tous les gamins, à raison de 1 par classe et par instit' volontaire :P :P
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Non, pas d'informations non plus de mon côté. Pas même de "bruits de couloir".

Je rappelle seulement que la nouvelle loi, contrairement à ce que lui font dire des lectures hâtives ou partisanes, change plus les mots ("scolarisation" à la place de "intégration") que les choses - sauf sur le point, symbolique en lui-même, de "l'établissement de référence". Et sur la passation de pouvoir de l'Etat (CDES/COTOREP) vers les départements (MDPH). La loi de 2005 ne privilégie pas plus la scolarisation en milieu ordinaire que la loi de 1975. Elle ne supprime pas et n'invite même pas à la suppression des dispositifs spécialisés. Il faut même s'attendre à ce que certains départements choisissent des politiques encore plus restrictives quant à scolarisation en milieu ordinaire que les pratiques actuelles : les enfants handicapés représentent, fort heureusement, une très faible minorité des enfants, et comme les politiques fonctionnent de plus en plus à l'audimat...

On est plus en marche vers une multiplication des CLIS et des UPI que vers quoi que ce soit d'autres. Ces classes n'ont que des "avantages" du point de vue des politiques qui ont désormais le pouvoir :
1/ Ça coûte beaucoup moins cher que la prise en charge en institutions spécialisées.
2/ Ça ne dérange pas les classes ordinaires, ni leurs élèves, ni les parents de leurs élèves, ni leurs enseignants.
3/ Et ça donne quand même aux parents des mômes handicapés l'impression que leurs enfants sont proches la scolarisation "ordinaire".

Le vrai problème, qui met à mal depuis le début ces classes spécialisées, c'est l'insuffisance criante des appuis nécessaires, pour les élèves comme pour les enseignants. Le problème n'est pas près d'être résolu : cela reviendrait au fond à réinventer les établissements spécialisés, à l'intérieur des établissements scolaires ordinaires !!!

Quant à la formation généralisée des enseignants à la scolarisation des enfants handicapés, je n'y crois absolument pas. D'abord parce qu'il faudrait déjà former correctement ces enseignants au B-A-BA de leur métier - on en est loin, et même on s'en éloigne ! Ensuite et surtout parce que je crois que c'est fondamentalement impossible, car cela suppose des technicités complexes et diverses, dont personne ne dispose, pas même les formateurs les plus expérimentés !!!
Cordialement,
Daniel Calin
Gwenaël
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Message par Gwenaël »

:) Merci pour vos paroles rassurantes, je vais pouvoir passer des vacances sereines...
Et ne plus écouter tout ce que le Réseau de mon école raconte ! :lol:
sabine

Message par sabine »

Donc si j'ai bien compris, les CLIS ne perdent pas leur I (intégration) pour un S (scolarisation), ce qui rendrait d'ailleurs le nom difficile à prononcer :) et pas de modification sur le versant pédagogique.
Mais petite précision, n'y a-t-il pas de modification du profil des élèves accueillis actuellement défini par la circulaire de 2002 ? C'est-à-dire, pour être plus précise, qu'on ne parle pas de handicap mais de troubles des fonctions cognitives.
Merci de m'éclairer.
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

sabine a écrit :on ne parle pas de handicap mais de troubles des fonctions cognitives.
C'est un Arrêté du 5 janvier 2004, c'est-à-dire un des arrêtés d'application du Décret n° 2004-13 du 5 janvier 2004 créant le CAPA-SH, qui a modifié l'appellation de l'option D, dont le public est passé "enfants et adolescents présentant des troubles importants à dominante psychologique" à "élèves présentant des troubles importants des fonctions cognitives". Voir mon analyse de ce changement d'appellation. Notez que ce changement d'appellation n'a eu pratiquement aucune influence sur la population des CLIS : on était bien là dans l'idéologie et non dans la gestion concrète des personnes concrètes. Notez aussi que l'ancienne appellation ne se référait pas à la notion de handicap, pas plus que la nouvelle.

Pour ce qui est de la nouvelle loi sur le handicap, elle va plutôt en sens inverse de ce que vous affirmez : elle concerne explicitement les personnes handicapées et elle donne une définition du handicap qui inclut certes les atteintes cognitives, mais aussi les atteintes mentales ou psychiques. Donc, si une circulaire d'application de cette loi finit par modifier la définition actuelle des CLIS, ce qui est fort possible, et probablement souhaitable, cette circulaire devra obligatoirement reformuler la définition de leur public pour tenir compte de cette loi, dans le sens que je viens d'indiquer.

Si on laisse de côté ces questions de réglementation pour se tourner vers les réalités des classes et des enfants, les effets de cette loi sur la population des CLIS restent pour l'instant peu prévisibles et seront probablement très variables d'un département à l'autre. À Paris, dont la Mairie-Département est dominée par des idéologues du tout-intégratif, on risque d'assister à un alourdissement de la population des CLIS, voire à une raréfaction des CLIS, au profit de l'intégration à tous crins en classe ordinaire. Dans la plupart des autres départements, peu de changements sont à attendre. On peut même imaginer que certains conseils généraux multiplient les CLIS pour expulser des classes ordinaires tous les poids morts ou tous les perturbateurs... Retour aux classes de perfectionnement, en quelque sorte !
Cordialement,
Daniel Calin
sabine

Message par sabine »

Le maître de CLIS est-il toujours responsable de l'élaboration du projet (PPS) ou bien cela relève-t-il de la compétence de l'équipe pluridisciplinaire, ou de l'enseignant référent ?
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Pas encore de réponse précise.

MAIS le PPS est un élément du plan de compensation, posé par l'équipe pluridisciplinaire de la CDA (+/- assimilable à l'ex-CDES) et que l'équipe de suivi de la scolarité (+/- assimilable à l'ex-CCPE) élabore, coordonnée par l'enseignant référent...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

La loi est plus précise : le PPS relève de l'autorité de la CDAPH, il se décide à ce niveau. L'enseignant qui scolarise l'élève est là essentiellement pour l'appliquer.

Bien sûr, il faudra aussi que les informations "remontent" de la base vers la CDA. Probablement par le double intermédiaire de l'équipe de suivi (Education Nationale), puis de l'équipe technique de la CDA (Maison du handicap). On peut supposer que des circulaires d'application préciseront un peu les choses, pour l'instant, c'est complexe et confus.

Mais une chose est claire : les enseignants et plus globalement l'Education Nationale ont perdu l'essentiel de leur pouvoir sur les PPS, donc sur le pilotage de la scolarisation des élèves handicapés. C'est nouveau, plutôt paradoxal... Il faudra voir ce que cela va donner, mais je suis plutôt pessimiste : à la CDA proprement dite, l'Education Nationale est tout juste représentée ! Moins que les organisations syndicales représentatives. Sans parler des représentants des associations de personnes handicapées ou de parents d'enfants handicapés (1/3 des sièges). Ni, bien sûr, des élus locaux : 1/3 des sièges, plus voix prépondérante dès qu'il s'agit de fric. Une scolarisation pilotée par les caciques départementaux, c'est nouveau et ça risque de décoiffer sévère !!! Pas forcément toujours dans un sens favorable aux élèves handicapés, d'ailleurs. Je crains même de très sévères retours de bâton, au moins dans certains départements. Un élu, par définition, ça suit ses électeurs. Or il y a environ 2% d'environ d'enfants handicapés, donc 98% d'enfants pas handicapés, donc 98% de parents d'enfants pas handicapés...
Cordialement,
Daniel Calin
sabine

Message par sabine »

Mais élaborer le projet fait toujours partie des compétences de l'enseignant ! Que devient alors tout le travail d'élaboration de ce projet avec l'enfant et avec la famille ?
L'enseignant devra "l'appliquer" ? Mais un projet ne s'applique pas, il se construit, se révise, s'évalue. Je suis atterrée !
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Plus j'avance dans la compréhension des implications de cette loi, plus je suis effectivement moi-même atterré, et pas seulement sur les points évoqués ici...

Et d'autant plus atterré que je vois assez mal comment, disons, le "bon sens" des différents "acteurs" pourrait fonctionner dans un tel cadre législatif...

La seule chose qui me "rassure" est que tout cela va probablement avoir un sévère effet boomerang vers les politiques (départementaux), lesquels me semblent ici ou là commencer à comprendre quelle machine infernale ils ont laissé se mettre en place. Du coup, je doute fort qu'une telle loi puisse tenir 30 ans...
Modifié en dernier par Daniel Calin le 21 janv. 2006 18:03, modifié 1 fois.
Cordialement,
Daniel Calin
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bon, on verra à l'usage... J'aurais tendance à une lecture moins complètement pessimiste (bien que sans illusions)...

Je cite :

"Décret n° 2005-1752 du 30 décembre 2005 relatif au parcours de formation des élèves présentant un handicap

Art. 3 L’équipe pluridisciplinaire (…) élabore le projet personnalisé de scolarisation, (…) s’appuie notamment sur les observations relatives aux besoins et aux compétences de l’enfant ou de l’adolescent réalisées en situation scolaire par l’équipe de suivi de la scolarisation,

Art. 7 Une équipe de suivi de la scolarisation (…) facilite la mise en oeuvre et assure, pour chaque élève handicapé, le suivi de son projet personnalisé de scolarisation. Elle procède, au moins une fois par an, à l’évaluation de ce projet et de sa mise en oeuvre.

Art. 9 Cet enseignant est chargé de réunir l’équipe de suivi de la scolarisation pour chacun des élèves handicapés dont il est le référent. Il favorise la continuité et la cohérence de la mise en oeuvre du projet personnalisé de scolarisation
".

L'article 3 pose que c'est l'équipe pluridisciplinaire (donc la CDA, donc la MDPH) qui élabore le PPS. Certes.

Mais le même article 3 et les deux autres que je cite indiquent tout aussi clairement que le PPS est mis en oeuvre, suivi, évalué par l'équipe de suivi de la scolarité (donc les équipes d'école) réunie par l'enseignant référent.

Un espace reste ouvert pour que l'école, à ce moment-là, ait son mot à dire, malgré tout.

En tout état de cause, je poserai ce genre de questions à mon IA mardi après-midi : on verra alors quelle déclinaison départementale (et seulement départementale) est définie... Et si je meurs idiot, ou si je "rempile"...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
nono
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Message par nono »

J'aurais une question à poser concernant le PPS. Je dois, dans le cadre d 'équipes éducatives? renseigner une partie des documents réservés à la MDPH pour l'élaboration du PPS. Parmi les renseignements que dois fournir se trouvent les pourcentages de réussite aux évaluations CE2, j'ai dans ma classe cinq élèves sortants à qui l'école a fait passer les évaluations CE2 en conditions réelles. J'avoue avoir calculé les purcentages de réussites en maths et en français globalement, mais je n'ai pas encore eu le courage de renseigner chaque rubrique (pourcentages précis pour chaque rubrique, compréhension, etc...) est-ce nécessaire et comment peut-on les calculer "relativement" rapidement, faut-il les saisir sur JADE, or on m'a dit qu'on ne rentrait pas les résultats des élèves de CLIS sur JADE, en deux mots je n'y comprends pas grand chose et ma question est : quels renseignements l'enseignant doit-il donner précisément dans ces documents remplis avant les équipes éducatives ?
sabine
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Message par sabine »

Tu peux tout à fait rentrer tes résultats de CLIS dans JADE, il suffit de créer ton groupe (comme quoi on peut aussi "intégrer" nos élèves à ce niveau là !), fais-toi aider par un collègue qui a l'habitude, à 2 c'est plus rapide !
Cordialement
Sabine
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