identité professionnelle du maître E

Questions spécifiques concernant les formations à l'option E (aides pédagogiques spécialisées en RASED).
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Dominique Douay
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identité professionnelle du maître E

Message par Dominique Douay »

L’année de formation, j’ai longtemps cherché mon identité professionnelle et comme cela n’a pas été clair, j’ai continué de faire ce que je savais faire c'est-à-dire de la pédagogie différenciée. Cette année, je crois avoir compris, grâce à une image qu’une collègue m’avait soumise : avec assiette, couverts et aliments. Les aliments seraient les connaissances, l’utilisation des couverts les savoir-faire, les couverts les procédures mentales. Le maître E cherche donc à comprendre comment les enfants s’y prennent pour manger, afin leur apprendre à aller chercher les couverts adéquats. Alors, j’ai compris ce qui m’avait manqué pour réussir mes re-médiations pédagogiques, l’observation individuelle de ce chacun avait pris comme couverts pour manger, et là chacun a des profils particuliers et ne rentrent pas réellement dans des cases. L’un prend une fourchette pour boire de la soupe, un autre un bol pour manger la viande … Une fois que l’on a donc appris par l’observation en classe, par un bilan individuel, par des observations en petit groupe comment chacun s’y prend pour apprendre, alors on peut établir leur Projet Individualisé d’Aide ou Projet d'Aide Spécilaisée. Ce qui est le plus important c’est la relation entre l’apprenant et le maître E afin que ce dernier puisse apprendre au maître E comment il s’y prend pour apprendre. Avec certains on aura recours à des évaluations telles que la dictée Ferreiro, avec d’autres, il suffira de reprendre des évaluations faites en classe et de demander à l’élève comment il a fait pour arriver à tel résultat. Aux élèves suivis, je leur explique que je ne suis pas là pour qu’ils réussissent, mais pour qu’ils apprennent à apprendre, et pour cela dans un premier temps j’ai besoin d’apprendre comment il s’y prennent pour apprendre, afin de les aider par la suite. Si on garde cette image, le maître G serait celui qui s’occupe des enfants qui n’ont pas d’appétit (d’appétence scolaire), mais je ne cerne pas bien la position du psychologue scolaire. Je ne sais pas si je suis désormais dans la bonne voie, dites-moi ce que vous en pensez.
D.D.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Dominique,

Mon année de formation, je l'avais vécue comme un vélo avec ses petites roues. Une fois dans la vraie vie, il m'avait fallu apprendre à rouler sans...

Le raisonnement par analogie est l'un des plus puissants qui soient. Ce qui pose problème, c'est que chacun crée ses propres analogies... et que les faire partager est souvent difficile. Un vrai travail de maître E...

Le vôtre vous a permis de mieux vous situer, et de mieux situer l'un de vos collègues du RASED. Ce n'est sans doute pas un hasard si la situation du psy vous semble moins évidente... Claire vous dira sans doute de fortes choses sur ce point-là.

Ce que vous dites de votre position me parle bien : le maître E, pour moi, c'est celui qui est toujours "en tiers". Entre l'élève et le savoir, entre l'élève et le maître, entre le maître et les parents, entre etc. etc., entre l'élève et l'élève, afin d'aider celui-ci à ce que ses procédures cognitives soient plus transparentes à lui-même.

Bienvenue au club :wink:
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
clairea
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Message par clairea »

Bonjour,

Sans aucun doute vous témoignez ici d'un cheminement personnel pertinent, la métaphore "culinaire" de l'apprentissage n'est pas sans conséquence sur vos représentations. Beaucoup d'enseignants l'utilisent, je crois, et en un sens, elle est assez parlante. Si j'ai les bons outils, la bonne recette, cela va l'aider, et si je pousse le trait : forcément il va apprendre !

La place du psy ;) dans la cuisine va être difficile à poser :) Je ne crois pas que la place du psy soit dans le "faire" mais plutôt dans le "penser"

Peut-être juste vous inviter à vous questionner pourquoi tant de mères de jeunes enfants (bonnes cuisinières) se lamentent des "comédies" de leurs jeunes enfants au moment du repas.
Pourtant ici nous sommes face à un besoin en terme physiologique, ce qui n'est pas le cas de l'apprentissage. (même si cette question mériterait long débat)
Dans chaque acte relationnel, il ya deux sujets en apparence et ma fonction de psychologue sera de vous montrer qu'il y en a souvent au minimum trois.
Votre métaphore culinaire me gêne sur un seul point, et c'est ici que je verrai la place du psy.
Même avec les bons couverts et une recette alléchante, parfois l'enfant ne mangera pas, et cette mise en échec du désir de l'autre (parent, enseignant) signe l'objet du désir de l'enfant, sa place irréductible et devient l'espace de questionnement du psychologue.

Apprendre, manger, vivre n'a jamais été quelque chose qu'on subit sans résister :wink:
Ce que j'essaye de vous faire ressentir, peut-être maladroitement, c'est que même quand il apprend, quand il mange, l'enfant ne le fait pas que grace à la bonne fourchette et à la juste saveur.
Après tout, si c'est une affaire de cuisine, quoi de plus personnel que le goût de chacun ?

Je reconnais le rôle de chacun des acteurs de l'acte d'apprendre, je suis juste ici pour rappeler quand cela semble nécessaire, que ce n'est pas qu'une affaire de bonne recette.
Ne dit-on pas que bien cuisiner est un acte d'amour ?
Dans tous les cas, dans votre action pédagogique, il y a aussi un peu d'amour (et donc de haine) caché.

Claire.
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