Aux "jeunes", actuellement en formation

[Pascal Ourghanlian]

Philippe Meirieu, encore et toujours, pour que la désespérance ne serve pas de boussole...

Faut-il, alors, désespérer du métier d’enseignant ? Faut-il se résigner à ce que ce dernier ne soit plus un « serviteur public », mais devienne exactement l’inverse, un « serviteur du public » ? Ce serait renoncer à toute véritable ambition éducative. Ce serait aussi désespérer de notre monde… Or, parce qu’il est toujours porteur du postulat d’éducabilité, le pédagogue ne peut s’y résoudre. Même s’il mesure à quel point son optimisme peut apparaître naïf, il le préfère encore à l’esthétisme de la désespérance. Question de posture plutôt que de position, sans doute et non sans quelque affectation. Mais tentative d’allier, selon la formule de Gramsci, « le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté ».

À retrouver en entier ici : http://www.meirieu.com/ARTICLES/maitre_ ... public.htm

[elisabs]

Merci pour cette phrase
« le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté ».
°Pesssimisme de la raison ....
IL Y A DE QUOI !
Tout d'abord se former... la formation capash est elle une formation ou une préparation à un examen ?
... Tout va très vite, quand est ce qu'on prend le temps de penser sereinement, de sentir les choses ? de les intégrer, de les faire siennes ?
J'ai le sentiment d'être dans une logique de production... vite lire, vite préparer, vite un autre groupe, vite rédiger, vite le mémoire, vite l'examen !
et vite renoncer à la fonction !!!!!!
S'adapter à cette déraison serait-il raisonnable ?

l’optimisme de la volonté
... je crois que là, c'est à chacun de trouver au fond de soi, le contenu... mais où est le contenant ?


SE PROJETER ? où et comment ? ça questionne la réalité.....

[elisabs]

bonjour,
Je suis d'abord surprise que personne n'ait réagi à cette phrase de Meirieu
car elle questionne...
Il ne s'agit ni de naïveté , ni de désespérance... il s'agit de lucidité...
être lucide c'est déterminer les possibles et les impossibles... reconnaître une réalité... agir dans cette réalité...
Le bon sens est un bon indicateur pour un enseignant, et le bon sens met de côté nos rêves et nos désillusions... il nous permet de rester acteur... je pense très sincèrement cela.
désespérer de ce métier est une stupidité... c'est aussi un métier de patience, d'humilité, de courage, et de détermination... pas facile de rester sur ces postures en ce moment...
Restons calme et pensons.

[Céline71]

Non pas facile.
Je crois que cela peut dépendre en partie du socle de valeurs de chacun, de comment il était construit. C'est à dire que chez certaines personnes, il y a quelque chose de très fort dans ce "socle"' et ça permet un étayage, quelque chose à laquelle se raccrocher quand la tempête gronde... quelque chose qui porte...
Et puis quand ces valeurs sont moins étayantes pour d'autres, on peut comprendre qu'il y ait aussi une forme de désespoir ou de démobilisation en tout cas, sans que ce soit assimiler à de la débilité

Dans tous les cas, je crois qu'il y a des choses qui dépendent de nous, sur lesquelles on peut agir et c'est peut être cela qui fait qu'on peut échapper à un sentiment de fatalité par laquelle on serait écrasé... La capacité d'action que l'on a, que l'on garde (mais j'inclus aussi dedans la capacité à penser) la capacité à mettre en oeuvre les valeurs que l'on porte... Le reste de toute façon, ça échappe...

Bon courage
Céline
Pour la formation, j'ai eu la chance d'être dans la dernière promo des CAPSAIS et du coup, formation en un an, cela m'a semblé une réelle formation avec le temps de changer de posture... Cela doit être très différent avec les CAPASH.

[patrick]

Je n'ai pas écrit sur ce message parce que je n'arrive pas à vraiment le saisir. Il me semble qu'il y a 2 registres différents, le pédagogique et le politique. Et je suis d'accord avec elisab quand elle refuse le dilemme optimisme naïf ou désespérance pour la lucidité (c'est ce que je pense une réponse politique).
Par contre Meirieu pose la question en terme de posture de l'enseignant, et il semble vouloir donner ainsi une réponse sur le terrain pédagogique. Là la question est plus complexe ! et je n'arrive pas à vraiment cerner l'enjeu.
L'école est toujours "relativement" autonome de la "société économique", en 68 le mot d'ordre "à bas l'école des flics et des patrons" était une erreur politique. Car justement l'école n'est jamais complétement l'école "bourgeoise". Bien sûr de là à en faire "l'école libératrice" "l'école républicaine" "l'Ecole" il y a un pas.
On a eu plusieurs variantes de ce débat ouverture de l'école contre école sanctuaire, le fameux centré sur savoir face à centré sur l'enfant....
Des enseignants rêvent d'une école neutre, pure, indépendante de la réalité politique, d'autres veulent en faire un instrument de transformation de cette réalité.
Je vieillis mal décidément et vire centriste mais il me semble que ces deux positions sont fausses et nous devons trouver une voie médiane. (C'est je crois là que se situe la question de Meirieu)
Politiquement en tout cas je pense que si on désespère ce n'est pas du capitalisme mais bien de l'incapacité des organisations du mouvement ouvrier d'offrir de la "lucidité".

[Daniel Calin]

Tiens, me voilà en accord parfait avec patrick !!! Tout finit par arriver !!!

[elisabs]

La phrase de Meirieu semble questionner effectivement le champ du politique et le champ de la pédagogie, en ce qui concerne "le postulat d'éducabilité" le notre en dehors du champ politique, on questionne le qu'est ce qu'apprendre ?
et apprendre c'est prendre avec soi non ?
L'enseignant est bien celui qui va créer les conditions pour que ce soit possible aux élèves, il s'agit bien d'une triangulation mise en place par par l'enseignant entre l'élève, le "savoir" ... d'où connaissance, l'élève n'est pas un consommateur d'école mais un co-acteur de ses apprentissages, il n'est pas dans la consommation mais dans la construction...
Monsieur Meirieu nous conduit peut être aussi à revisiter la phrase de Candide... cultiver notre jardin...