Mémoire : problématique...

[mpaule-64]

Bonsoir !
Tout d'abord merci pour ce site génial !

En formation au CAPA-SH option E, je serais intéressée par un mémoire autour de la mise en place d'ateliers philosophiques comme médiation culturelle (ainsi que la définit Serge Boimare dans "l'enfant et la peur d'apprendre" ), outil de prévention ou de remédiation ? pour développer chez les élèves et particulièrement les élèves en difficulté, la capacité à oser penser par eux-mêmes, et ainsi transformer leur rapport aux apprentissages.

Mais je me demande si un tel sujet est bien une problématique pour un futur maître E ??? A quelles conditions ? Qu'en pensez-vous ? Si oui, pourriez-vous m'aider à définir le sujet ?
Merci beaucoup !

[Daniel Calin]

Que les ateliers philosophiques soient un usage possible pour les maîtres d'adaptation, j'en suis bien convaincu.

À vrai dire, je pense que la direction de travail essentielle autour de laquelle pourrait se construire véritablement l'identité professionnelle des maîtres E est la métacognition, et les ateliers philosophiques s'inscrivent, à leur façon certes très particulière, dans cette lignée. Quand ils ne se situent pas dans cette perspective, les maîtres E tendent sérieusement à dégénérer vers une pseudo-technicité qui les fait dangereusement pencher vers un comportementalisme honteux, voire avoué. Pas mal de choses, même sur ce forum, le montrent largement, hélas...

Pour en revenir à votre sujet, je suis moins convaincu par la liaison que vous effectuez avec la notion de "médiation culturelle". C'est pour moi une autre ligne de travail, fort possible également pour les maîtres d'adaptation, mais fondamentalement différente. Voire incompatible : les ateliers philosophiques travaillent directement la pensée, alors que la médiation culturelle s'appuie sur des affects pour conduire vers le scolaire en les mettant en forme. Je vois mal comment vous pourriez faire tenir tout cela ensemble. Complémentarité, oui, mais à travers des approches en elles-mêmes séparées.

Dernière remarque : la classe d'âge me semble assez importante. Certes, certains auteurs imaginent pouvoir faire de la philosophie en maternelle. Personnellement, cela me semble être soit un abus de langage, soit une illusion. Je ne crois guère à ce type de travail qu'avec des enfants "d'âge cycle 3" - ce qui nécessite d'ailleurs un fort cadrage pédagogique, même avec ces grands enfants, sous peine de tourner très vite en eau de boudin. C'est un mémoire D et pas E, mais je vous conseille quand même vivement de lire le mémoire de Paul ORSET, publié sur mon site. Vous pourrez vous inspirer très avantageusement de tout le travail, exceptionnel, de réflexion rigoureuse et de mise en place méticuleuse décrit dans ce mémoire. Si l'inspection vous inquiète, le travail de Paul avait été extrêmement bien noté lors du CAPA-SH, avec des personnes pourtant réputées pour leurs exigences...

[mpaule-64]

Merci beaucoup pour votre réponse rapide et éclairante !
(En fait, je ne pensais pas à vous en évoquant les maîtres formateurs en vacances... mais à ceux du CNED qui sont sensés m'aider !)

Je vous soumets le titre du mémoire à ce point de ma réflexion : (merci de me donner votre avis)
"Les ateliers philosophiques conduits par le maître E : une expérience métacognitive au service des apprentissages ?"

Vous parliez de la métacognition comme axe de travail du maître E : pourriez-vous préciser dans quel sens le comprendre par rapport aux ateliers philosophiques ?

Voici ce que j'ai pensé pour l'introduction et donc comme ébauche de plan :

"Dans ma pratique de maître E faisant fonction, je rencontre très souvent des enfants "en panne de pensée", incapables de "se poser" pour réfléchir et apprendre.
Je me suis demandé comment aider en particulier des élèves de CE1 - les uns plutôt inhibés, les autres très agités - à développer une attitude réflexive.
Les ateliers philosophiques pourraient-ils leur redonner le sens et le goût des apprentissages ?
En quoi ces ateliers sont-ils un cadre propice à une expérience métacognitive pour ces élèves ?
Afin de répondre à ces questions, il est important de définir, dans une première partie, ce qu'est la métacognition, à l'aide des travaux de différents chercheurs.
A partir de cette définition, j'exposerai ensuite les différents courants de la philosophie à l'école et le choix de la démarche que j'ai retenue.
Puis dans une troisième partie, j'étudierai, à l'aide de textes officiels, comment ce travail du maître E en ateliers philosophiques peut s'inscrire dans l'école.
Enfin, j'exposerai le travail mené en "communauté de recherche philosophique" avec des élèves d'une classe de CE1.

PS. J'ai choisi le CE1 parce que je n'ai pas la possibilité cette année de travailler avec des cycles 3, par ailleurs Bénédicte me dit que des enfants de CE1 sont plus prêts à exprimer d'emblée le fond de leur pensée plutôt que des enfants de cycle 3 gênés par la retenue inhérente à la pré-adolescence...

Merci d'avance pour vos conseils !

[Daniel Calin]

En fait, je ne pensais pas à vous en évoquant les maîtres formateurs en vacances... mais à ceux du CNED qui sont sensés m'aider !

J'ai tellement l'impression, souvent justifiée, la preuve, que ce forum et mon site fonctionnent comme centre de formation à distance que je n'avais même pas pensé à eux !

Vous parliez de la métacognition comme axe de travail du maître E : pourriez-vous préciser dans quel sens le comprendre par rapport aux ateliers philosophiques ?

La métacognition est la prise de conscience de la façon dont on s'y prend pour effectuer une opération de pensée. Le travail métacognitif peut donc s'appliquer indifféremment à toute activité de pensée, donc à toute activité scolaire, à tout "travail" scolaire, à tout "exercice" scolaire... Les ateliers philosophiques cultivent aussi le contrôle et la maîtrise de l'activité de pensée, mais sur des thématiques particulières, plus éloignées du cours ordinaire de l'école.

OK pour votre titre. OK pour votre plan. OK aussi pour votre introduction, sauf que "les uns plutôt inhibés, les autres très agités", c'est beaucoup trop vague pour suffire à justifier le choix des ateliers philosophiques - lequel ne peut, me semble-t-il, se justifier qu'en référence soit à des difficultés à investir l'activité de pensée soit à conduire correctement des activités de pensée.

[mpaule-64]

Merci pour vos remarques encourageantes !

[mpaule-64]

Bonsoir !
Je suis quelque peu ébranlée par les doutes émis par le conseiller pédagogique sur le choix de mon sujet de mémoire - il pense qu'il me sera très difficile de montrer ce que j'apporte de spécifique comme maître E dans cette activité d'atelier philosophique, surtout menée avec le groupe classe, puisque a priori elle peut être menée par tout enseignant, d'autant que les nouveaux programmes se recentrent sur les apprentissages et accordent une place réduite à l'oral.
(Certes il connaît peu cette activité.)
Je reviens donc vous voir avec mes questions ! en espérant que vous pourrez m'aider à consolider l'argumentaire !
Je mets en avant pour ma part, le besoin de trouver un moyen de mieux collaborer avec l'équipe enseignante et de promouvoir une meilleure prise en charge commune des élèves en difficulté, sur un secteur où je suis seule représentante du RASED - je me situe en cela davantage sur un versant de prévention me semble-t-il ? Ça me paraît être un bon moyen de me situer non pas tant comme "la spécialiste" de la difficulté scolaire que comme un membre de cette équipe, en intéressant les enseignants, par la découverte d'une pratique innovante et d'une manière d'amener les élèves à mieux penser. Bien sûr, les fruits d'une telle pratique ne sont pas immédiats et moi-même, j'ai besoin de me rôder !
Merci de votre aide !