Prévention, des exemples concrets ?

Questions spécifiques concernant les formations à l'option E (aides pédagogiques spécialisées en RASED).
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Caro

Prévention, des exemples concrets ?

Message par Caro »

Pouvez vous m'indiquer des exemples concrets de prévention ?

En général, si je connais assez bien les textes, j'ai du mal à passer de la théorie à la pratique, connaissez-vous des sites internet répertoriant des activités concrètes mises en place en adaptation par le maître E ?

Merci
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour,

Désolé pour l'auto-pub :oops:

Quelques exemples concrets de prévention dans nos mémoires à Claudine et moi, sur ce site...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Invité

Message par Invité »

Un travail sur le langage en maternelle à partir d'enfants repérés comme faibles à ce niveau constitue un excellent exemple de prévention pour lutter contre l'illettrisme...
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Un travail sur le langage en maternelle (...) constitue un excellent exemple de prévention pour lutter contre l'illettrisme
Voilà une idée indéboulonnable, dont le dernier promoteur prestigieux est Alain Bentolila, linguiste. Elle est basée sur une idée, faussement évidente, selon laquelle l'accès à la langue écrite présuppose une bonne base en langue orale. Laquelle idée se réfère au fond à la conception multimillénaire qui voudrait réduire la question de l'entrée dans l'écrit à la question du transcodage oral-écrit...

Face à cette cascade de préjugés, la moindre expérience des réalités de l'enseignement primaire montre que :

1/ certains enfants très à l'aise à l'oral ont de grandes difficultés, parfois définitives, pour entrer dans l'écrit ; contrairement à une caricature répandue, aux limites du mépris de classe, nombre d'enfants de milieux populaires, enfants de migrants compris, ont un remarquable bagou oral, sans que cela les aide beaucoup à entrer dans l'écrit ; n'oubliez pas Gavroche et Jean Gabin ;

2/ inversement, certains enfants peu à l'aise à l'oral entrent avec facilité et bonheur dans l'univers de l'écrit ; c'est très majoritairement le cas des lecteurs précoces ;

3/ dans le cas des enfants déficients auditifs sévères, si l'on attendait qu'ils soient à l'aise à l'oral pour les initier à l'écrit, on risquerait d'attendre longtemps ; chez eux, c'est clairement l'accès à l'écrit qui facilite, voire autorise, l'accès à l'oral ;

4/ chez nombre d'enfants non-francophones, pas chez tous bien sûr, c'est également l'écrit qui étaye l'oral plus que l'inverse...

On pourrait aisément multiplier de telles observations. La conclusion minimale qui s'impose est que les rapports entre l'oral et l'écrit sont singulièrement complexes, aussi bien "techniquement" que "psychologiquement". Je ne suis pas loin de penser, pour ma part, que l'aisance orale est plutôt défavorable à l'investissement de l'écrit... Mais il est vrai que j'ai mauvais esprit !

S'il faut proposer des pistes générales pour la prévention en maternelle, je privilégierais le travail sur la "pensée", la capacité à développer et maîtriser des activités strictement "mentales" : raisonnement, métacognition...

Voir à ce sujet le mémoire de Sophie Bautin, Comment aider les élèves de petite section à développer leur capacité de raisonnement ?, ainsi que celui de Claudine Ourghanlian, Activités de catégorisation en moyenne section.

J'ajoute, pour conclure, que, précisément, les activités de langue orale, tournées vers les excitations de la communication immédiate avec autrui, sont fort peu favorables à ce "travail de la pensée". Socrate, déjà, opposait les sophistes beaux parleurs et les vrais "philosophes" !
Cordialement,
Daniel Calin
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Complément au post de Daniel :

5/ dans le cas des enfants dysphasiques "vrais" (en étant particulièrement précautionneux sur l'appellation même *), le passage par l'écrit peut être une des béquilles à une entrée moins douloureuse et plus assurée dans l'oral.

Ce qui est difficile, pour certains de nos penseurs patentés, c'est d'admettre l'existence de deux langues, l'une orale l'autre écrite, qui entretiennent certes des rapports étroits MAIS qui ne sont ni de dépendance ni de supériorité relative, malgré l'antériorité historique, sans doute, de l'une sur l'autre. La logique binaire n'est pas fructueuse, la métaphore de la marche, pertes successives d'équilibre immédiatement compensées ou béquillées, bien plus opératoire, l'oral et l'écrit s'épaulant l'un l'autre, et pas dans un sens univoque.

Les enfants du voyage, par exemple, ont souvent un rapport à l'oral particulièrement efficace qui ne les aide aucunement à une entrée plus aisée dans l'écrit. A l'inverse, Gabriel, fils d'enseignants dont la surdité n'a été détectée que dans sa 5ème année, s'en est "sorti" grâce à une entrée dans l'écrit particulièrement riche et "productive" de sens pour appréhender et catégoriser le monde.

* « La dysphasie se définit par l’existence d'un déficit durable des performances verbales, significatif en regard des normes établies pour l'âge. Cette condition n'est pas liée à un déficit auditif, à une malformation des organes phonatoires, à une insuffisance intellectuelle, à une lésion cérébrale acquise au cours de l'enfance, à un trouble envahissant du développement, à une carence grave affective ou éducative » (Ed. De Boeck Paris, "L'enfant dysphasique", Ch.-L. Gérard, p. 12.)
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
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