Projet D CLIS/projet d'école

Questions spécifiques concernant les formations à l'option D ("troubles importants des fonctions cognitives").
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aurore
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Projet D CLIS/projet d'école

Message par aurore »

Je suis en CLIS1 depuis 3 ans et je passe le CAPA-SH cette année (formation à Toulouse).
Je dois faire un projet de CLIS et "l'inscrire dans le projet d'école".
Mais ça veut dire quoi l'inscrire dans le projet d'école ??? Il faut faire un avenant ? Ça ressemble à quoi un avenant ? Avez-vous des modèles de projets de CLIS (et de leur "inscription" dans le projet d'école) ? d'avenants ? Même mon projet d'école, je sais pas concrètement à quoi il ressemble (je sais les grands thèmes c'est tout : avoir un comportement d'élève, développer l'imaginaire) et j'ose pas déranger mon directeur pour mes angoisses existentielles...
Aidez-moi !
Aurore
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Eh bien, il va falloir vous décider à le déranger, votre directeur d'école !

L'inscription de la CLIS dans le projet d'école, par définition, c'est pas votre problème à vous toute seule dans votre petit coin (au fond de la cour ?), c'est le problème de l'équipe pédagogique, directeur d'école au premier chef, donc (pas fait exprès, celle-là :D ). En principe, ça doit définir les modalités de l'intégration de vos élèves dans l'école et les classes ordinaires. Plus concrètement, l'objectif est de vous éviter d'avoir à négocier au cas par cas et au jour le jour la moindre "intégration". Définir des modalités générales, des procédures... Donc : pas de noms, pas de cas...

Et l'intégration, par définition encore, c'est pas un avenant !

Et bonnes vacances pour l'instant ! Y a pas le feu au lac !
Cordialement,
Daniel Calin
Gwenaël
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Message par Gwenaël »

Bonjour !

Pour ma part, j'ai intégré ma CLIS dans le projet d'école, en le faisant figurer dans les axes communs à toutes les classes (parmi les actions engagées) :

* Axe citoyenneté : la présence d'élèves de CLIS dans certaines classes permettra aux enseignants de travailler sur la tolérance, le tutorat etc.

* Axe de maîtrise de la langue : l'intégration des élèves de CLIS permettra à ceux-ci d'affiner leur maîtrise de la langue orale, de la lecture ...

Selon moi, le but est avant tout de faire figurer EN TOUTES LETTRES l'intégration de tes élèves dans des classes, que cette intégration soit aussi légitime que toutes les actions engagées par l'école, pour l'acquisition de compétences reconnues par les IO

Le projet de classe doit quand à lui détailler les principaux axes de ta pratique au sein de ta classe. C'est un document que tu dois avoir en classe, et qui comporte plusieurs parties assez "incontournables".
Je te donne le plan proposé par Odile Faure (copyright oblige :roll: ), enseignante de CLIS sur Paris, lors d'une intervention l'an dernier pour mon passage d'US3 :

Introduction : Présentation de ton établissement, de ta CLIS et des autres classes

I/ Le groupe des élèves
Leurs âges, scolarité antérieure, leur présence au sein de ta classe, et les prises en charge dont ils bénéficient dans et hors de l'école
S'ils sont répartis en groupes, expliciter rapidement comment ont été constitués ces groupes.

II/ Le "fil rouge" de l'intégration
Comment se fait l'intégration DU GROUPE CLASSE au sein de l'école (projets, responsabilités dans l'école ...)

III/ Un ou des projets pédagogiques spécifiques
Quels projets vont cette année servir de supports d'ouverture de la CLIs vers les autres classes, quelles seront les collaborations avec les autres élèves des classes "ordinaires" ...

IV/ Le fonctionnement général
Quels sont tes choix pédagogiques pour cette année (groupes de niveaux etc.), et quels outils (de médiation, d'apprentissage) seront utilisés.

V/ Partenariat
Comment la famille et les institutions extérieures seront associées au développement des compétences de tes élèves.

Voilà une proposition, sachant que mon jury d'US3 a apprécié l'an dernier le caractère synthétique de mon projet de classe, et que tu peux y ajouter néammoins les annexes qui te semblent nécessaires .
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour,

Voilà qui me paraît excellent (si je peux me permettre)...

Petite précision qui change la donne de l'intégration (sens 1) du projet de la CLasse d'Intégration (sens 2) Scolaire dans le projet d'école : à compter du 1er janvier 2006 (et de la rentrée 2005 par anticipation), on ne parle plus d'intégration mais de scolarisation. Les élèves handicapés, en CLIS, sont scolarisés, comme les élèves ordinaires : le projet d'école vaut pour tous, sans distinction. C'est à l'équipe de prendre cette nouvelle donne en compte, afin que les axes du projet d'école, déclinaison locale des orientations nationales, répondent aux besoins spécifiques de chacun, dont les élèves handicapés.

Ce n'est pas qu'argutie administrative : la loi du 11 février 2005 pose une égalité de citoyenneté. Il n'y a pas d'intégration, les personnes handicapées étant des citoyens à part entière, il y a adaptation, aménagement, compensation...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Gwenaël
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Message par Gwenaël »

Pascal Ourghanlian a écrit :Petite précision qui change la donne de l'intégration (sens 1) du projet de la CLasse d'Intégration (sens 2) Scolaire dans le projet d'école : à compter du 1er janvier 2006 (et de la rentrée 2005 par anticipation), on ne parle plus d'intégration mais de scolarisation....
Mais alors ... les PIIS (Projet Individuel d'Intégration Scolaire) deviennent des PIS (Projet Individuel de Scolarisation) ! :roll:
Tous les imprimés sont à refaire ... :(

Et la CLIS devient ... CLS ? (CLasse de Scolarisation) :?

Pascal Ourghanlian a écrit :Ce n'est pas qu'argutie administrative : la loi du 11 février 2005 pose une égalité de citoyenneté. Il n'y a pas d'intégration, les personnes handicapées étant des citoyens à part entière, il y a adaptation, aménagement, compensation...

... et matérialisation d'élèves en situation de handicap devant des enseignants en situation de non-formation ...
Il va falloir du temps, et un sacré lot de souffrance, avant de parvenir à un équilibre bénéfique aux élèves, les postes spécialisés n'étant eux-même que rarement tenus par des enseignants formés.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour Gwenaël,

D'accord, une nouvelle fois, avec votre deuxième point : depuis la rentrée, je suis déjà intervenu trois fois pour que l'accueil de l'enfant se fasse au mieux pour lui, c'est-à-dire, indissociablement, au mieux pour l'enseignant.
J'illustre : un petit bout arrive en PS à l'école. Au mieux, instable sur ses jambes, incapable d'équilibre, absolument pas dans la communication, ni avec l'adulte ni avec les autres enfants. Coup de fil en urgence, de la directrice, à la CCPE : je propose d'alerter les parents sur la nécessité d'un temps d'observation et d'évaluation, par le médecin scolaire et la psychologue scolaire, afin de déterminer les besoins exacts du gamin, en termes de temps de scolarisation et d'accompagnement. On arrive alors à se mettre d'accord sur une demi-journée de scolarisation (le minimum possible selon la nouvelle loi), accompagné par une AVS que je suis obligé de déplacer d'un autre accompagnement (puisque je n'en ai plus de libre...). Les parents sont informés que le projet sera réévaluable afin d'allonger le temps de présence, si possible et nécessaire. Dans ce cas, ça s'est bien passé : parents coopérants, enseignante solide, directrice très impliquée et institutionnelle. Mais quid lorsque de moins bonnes volontés seront en cause ? Je n'ai pas la réponse...

Sinon, on ne parle pas de PIS, mais de PPS, projet personnalisé de scolarisation (cf loi du 11 février 2005 et circulaire du BO n° 31 qui vient de sortir).

Pour les CLIS, pas encore de réponse. Ni pour l'aIs dans son ensemble, d'ailleurs... Mais qui s'en soucie ?

C'est Perrenoud qui a écrit un bouquin remarquable sur notre boulot : agir dans l'urgence, décider dans l'incertitude. Tout y est !...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Gwenaël
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Message par Gwenaël »

Pascal Ourghanlian a écrit :
Sinon, on ne parle pas de PIS, mais de PPS, projet personnalisé de scolarisation (cf loi du 11 février 2005 et circulaire du BO n° 31 qui vient de sortir).
Merci, j'ai parcouru juste après un autre post grâce auquel j'ai corrigé le tir ...
Pour ma part, il existe encore un cas plus désespérant que la bonne volonté qui fait défaut ... C'est celui de la bonne volonté qui
sur-compense, qui sur-étaye l'élève, et du coup lui crée une nouvelle situation de handicap : il devient le réceptacle débordant des bonnes intentions de l'équipe qui l'accueille, et du coup s'enfonce dans ce qu'on attend de lui.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Gwenaël a écrit :Pour ma part, il existe encore un cas plus désespérant que la bonne volonté qui fait défaut ... C'est celui de la bonne volonté qui
sur-compense, qui sur-étaye l'élève, et du coup lui crée une nouvelle situation de handicap : il devient le réceptacle débordant des bonnes intentions de l'équipe qui l'accueille, et du coup s'enfonce dans ce qu'on attend de lui.
Je suis assez d'accord avec ça. Mais dans l'exemple choisi, il ne s'agit pas de surcompenser ou de faire preuve de bonnes intentions : le gamin est là, il faut construire ensemble, pour lui et avec lui, un projet d'accompagnement qui tienne la route (y compris en dehors de l'école, avec les partenaires de soins). Le gamin est là, pas à la maison, ni en IME, ni... Et les associations de parents d'enfants et d'adolescents handicapés ont été plus efficaces en lobbying que nous autres enseignants : ils ont fait inscrire dans la loi que leurs gamins soient accueillis. Démagogie des politiques ? Sans doute. Volonté réelle des familles de vivre "comme les autres" ? Certainement. Conscience que l'apparence de normalité peut induire une souffrance plus grande ? Je n'en suis pas sûr...

Il nous reste à penser le désétayage et l'étayage de manière simultanée. Mais c'est déjà ce que disait Bruner...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
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