Conseils (si les infos livrées suffisent à en faire naître)

AVSi, AVSco, EVS...
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Boogie
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Conseils (si les infos livrées suffisent à en faire naître)

Message par Boogie »

Bonjour

Depuis la rentrée j'accompagne un nouvel élève, dans une école privée.

Je passe sur le fait que de l'autre côté de la route, dans l'école publique, se trouve une gamine avec laquelle je voulais continuer le travail engagé depuis trois ans (d'autant plus qu'elle est cette année en CP) - je précise qu'une quatrième année n'aurait pas, dans ce cas précis et selon mon point de vue, eu de conséquence négative sur le plan d'une quelconque dépendance à la relation. Mais ma coordinatrice, seule pour articuler quelques 110 et des brouettes d'emploi du temps, a mis quelqu'un d'autre avec elle et je me retrouve pour ma dernière année d'AVS avec un nouvel accompagnement (qu'aurait pu prendre l'AVS qui travaille maintenant à ma place).

Est-ce par principe de "stopper" une relation "trop longue" pour éviter qu'elle ne nuise au travail effectué ? Si c'est ça, je trouve ça stupide : il n'y a pour moi pas de "principe" qui vaille sans s'être confronté aux cas particuliers. Cela vaut autant pour celui qui affirme qu'il faut "stopper la relation" que pour celui qui prône "la durée de la relation".

Bref, ça m'énerve considérablement, vous voyez, et si j'ai dit au début que je "passais" sur ce fait c'est vraiment un effet rhétorique parce que je ne peux pas passer dessus tellement ça me scrogne les foutilludes.

Et l'attribution de mon ancien accompagnement a été fait postérieurement à la rentrée, ce qui fait que j'avais déjà engagé la relation avec la nouvelle équipe et le petit gamin, donc pas possible à mon sens de proposer un changement. Heureusement, si j'ose dire, c'est une copine qui prend la suite à l'école publique.

J'en viens à l'objet de mon message. Il concerne mon travail avec cet enfant de "l'autre côté de la rue', à l'école privée.

Ses parents - en fait sa mère, son père est apparemment complètement absent quand il s'agit de faire face aux représentants des institutions qui s'occupent de son fils - sont à première vue dans le déni des difficultés de ce gamin.

Je le connaissais de l'école publique : son instit a tenté plusieurs fois dans l'année de parler avec sa mère de ses difficultés (j'y viens plus loin) mais n'a récolté que des pleurs et, finalement, un changement d'école.

Mais dans la nouvelle école elle s'est trouvé confrontée aux mêmes réactions (il ne pouvait en être autrement). Elle a adopté le même comportement de désolation et de détresse mais en refusant toujours une quelconque prise en charge extérieure à l'école de B.

Elle s'est beaucoup documenté et a priori cette année un diagnostic de dyspraxie a été posé par je ne sais pas trop qui (pas encore eu d'équipe éducative et je n'ai pas toute les infos). Et un suivi par une psychomotricienne engagée dans le même temps.

Seulement voilà : tout ceux qui ont travaillé avec B. ont l'impression qu'il y a "autre chose", voyez. Personnellement j'ai la même impression, mais contrairement à celle de certaines collègues, je ne pense pas qu'il ait de déficience intellectuelle. Cette année les CCPE et CDES avait attribué à B. une place en SESSAD-IME, c'est-à-dire l'intervention d'une éducatrice à l'école (avec pas forcément de prise en charge ailleurs qu'à l'école).

La maman a fermé la porte et abondamment fourni l'école en documentation sur la dyspraxie.

Il commence un suivi dans un centre qui prend normalement uniquement en charge des troubles moteurs. On espère avec les instits qu'il sera alors possible de faire converger avec eux la nécessité d'une autre prise en charge, donc un travail avec la maman.

Je suis donc en CP avec un enfant de presque 7 ans avec un niveau de MS une journée et demie par semaine qui est donc seulement "dyspraxique" et rien d'autre attention hein. (les instits sont très chouettes malgré que je sente bien que l'ambiance de la DDEC c'est pas comme au public).

Bon, le contexte est posé, et j'en viens à ce qui a motivé mon message.

B. évolue dans l'espace selon les difficultés d'un enfant dyspraxique (structuration spatiale difficile). De la même manière, il a du mal à regarder dans les yeux, à tenir son crayon, en général la motricité fine est un échec permanent. Ne peut pas effectuer de double tâche. Maîtrise très bien le langage. Bon.

Mais B. n'a guère plus de quelques minutes consécutives d'attention possible, qui se réduisent à quelques dizaines de seconde l'AM. Il n'a qu'un seul sujet de conversation : les animaux. Il semble ne pas avoir de frontière entre le monde de son imaginaire et la réalité : il raconte souvent des histoires abracadabrantes (toujours avec des animaux) avec son habituelle maîtrise de la langue et un aplomb impressionnant.

En situation de tâche scolaire, j'ai pris le parti de ne pas le laisser parler de ses histoires en lui expliquant que ce n'était pas le moment. Mais elles reviennent souvent, comme une perspective de fuite, comme un métronome, pour se dégager de l'imposition de concentration consécutive au travail que l'on engage.

Quand ce ne sont pas ses histoires qui symbolisent son désir de stopper le travail, c'est son corps. Il fond. Il perd complètement sa tonicité ou se retourne sur sa chaise ou s'appuie sur moi ou sur le bureau comme s'il allait dormir.

Je me suis ainsi retrouvé à la soutenir pendant toute la durée d'un travail, sa tête sur mon bras, son corps complètement atone. Ça s'est produit sans que je le cherche comme ça : il se retrouvait à moitié par terre ou vautré sur son dossier sinon.

Au fur et à mesure qu'on avançait dans l'exercice (je découpais et collais, il n'avait qu'à verbaliser pour me dire quoi et pourquoi faire, selon ce que je lui avais expliqué), il imitait de plus en plus un animal (je crois que c'était un lapin) durant les moments où il "disparaissait" complètement de l'endroit où on était : regard dans le vide ou fixation sur moi faisant semblant de me manger, reniflait la table, l'air ambiant, et plus on avançait plus il bavait, aussi, ce qui m'a pas mal impressionné (je lui disais de ravaler sa salive en ajoutant que je trouvais pas ça propre et que ça me gênait : il le faisait mais ça recommençait).

Il a réalisé l'exercice en plus de trente minutes mais le temps de travail effectif n'a pas dépassé dix. Le reste du temps c'était contenance - il ne se débattait pas mais plutôt se coulait complètement - et tentative pour le raccrocher à l'exercice.

Il me disait quoi réaliser dans des sortes d'éclairs à la fois de présence et de tonicité musculaire, des fulgurances qui m'ont rappelé ma grand-mère qui avait la maladie de Corps de Lévy (neuro-dégénérative).

Alors mes questions c'est : faut-il renouveler ce genre d'espace ? Je me dis qu'en attendant l'équipe éducative, ça n'est pas sûr. Oui mais si on ne reconmmence pas à travailler comme ça, on ne va rien faire du tout !

Je ne veux pas faire de l'occupation en le mettant dans un coin à foutre ses mains dans la peinture (bon ça peut l'aider aussi à prender plaisir à utiliser ses mains mais tous les jours, hein...).

Si ça vous rappelle quelque chose, et juste ça (c'est à dire que je ne prendrais pas pour un diagnostic ou une prescription ce que vous pourriez me dire au sujet de B. et de ce dont il fait écho dans votre expérience), n'hésitez pas à m'en faire part.

A plus
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Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Plusieurs choses.

1. Ah, l'Ouest et le privé...

2. Oui, ça fait penser à des choses mais a. il faut que la famille accepte de les entendre, sinon ça ne sert pas à grand chose, b. le SESSAD est le mieux placé pour faire avancer les choses, à amener les parents à entendre, puis à admettre, puis à accepter, puis à faire...

3. Vous prêtez à B. votre verticalité. Vous le contenez, mais ça va au-delà : vous êtes celui qui, en lui prêtant votre tonicité et votre colonne vertébrale, le maintient, au moins quelques instants, dans le monde Homo. Ce n'est pas rien, et même si compliqué, ça vaut le coup, je crois d'être poursuivi.

Un bon point sur leS dyspraxieS neuro-visuelles : http://www.crmc.fr/rubrique2.asp?rec2=95&rec1=34
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
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Message par Boogie »

Bonsoir Pascal, merci pour votre réponse

je reprends, (pour le plaisir de la conversation) :

1- ééééh oui

2- je n'ai aucune idée de la manière dont le SESSAD, écarté par la maman, pourrait maintenant revenir dans le jeu, si j'ose dire. (en tout cas moi je reste à ma place)

3- Merci de cet éclairage. J'étais tombé sur un site http://dyspraxie.free.fr/ , et j'ai également lu l'ensemble des docs de la maman, dont certains vraiment très intéressants, avec notamment le témoignage d'une enseignante. Votre lien est beaucoup plus technique, mais intéressant également, merci donc.

bonne soirée
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Boogie
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Message par Boogie »

Bonjour

Le travail se poursuit avec cet enfant. Mais ça me gave vraiment et c'est très difficile.

J'ai l'impression de faire du soin. Rien de ce qui se passe lors de ma présence n'a trait au cadre scolaire. Jusqu'ici, uniquement des espaces de travail individuel. Une énergie déployée par moi assez phénoménale dans la mesure où seul le langage (la "verbalisation", hé hé) le "supporte" dans ses efforts à se concentrer sur une tâche scolaire (on est à l'école, hein). C'est très important, l'énergie investie dans ce cadre, et ça vide d'une manière très éloignée de la fatigue physique (pour lui aussi sans doute). Mais hors ces cadres - qui ne peuvent pas se multiplier trop non plus, autant pour moi que pour lui -, que peut-on faire à l'école avec lui, que peut-il faire à l'école ? ? ? Quasiment rien.

"Je ne travaille pas quand t'es pas là", il me dit. Tu m'étonnes ! Il lui faut en permanence quelqu'un pour la plus petite tâche, et un relâchement de quelques secondes, une cassure dans le rythme pris, et il s'échappe. Et il faut parler, parler pour le ramener, c'est épuisant.

Alors ces derniers temps se sont multipliés les moments où je ne le "supporte" plus. Dans les deux sens du terme. Mes collègues m'ont alors demandé d'être "moins dans l'analyse", plus "spontané", plus "naturel"... hum.

Le voir faire le lapin en me fixant droit dans les yeux, les siens écarquillés et en rapprochant son visage du mien jusqu'à (si je ne l'empêchais) me toucher. L'entendre m'appeler "Monsieur Lapin" ou Monsieur Pirro" (??) avec une voix modifiée, entre le guttural et le nez, et lui répéter inlassablement que ça me gêne et que je préfère qu'il m'appelle par mon prénom. Ne pas pouvoir me fâcher comme je le ferais dans un autre cadre du fait qu'on est dans une classe, que les autres travaillent et que ça figerait un peu tout le monde (pourtant c'est sans doute ce qu'il faut que je fasse, je le sens).

Je ne suis pas éducateur, bordel. "Faire avec les choses telles qu'elles sont", disiez-vous Daniel... oui oui. On le fait. Mais il y a des moments....

Du métier d'éducateur, j'ai je pense certaines pratiques, de fait, puisque je fais un travail (en cadre scolaire) similaire au leur depuis quatre ans. Mais on n'a pas de concertations, pas le même salaire, pas de travail collectif, pas la respiration et la réflexivité permise par la plupart des institutions employant des éducateurs. Nous, on n'a rien, on n'a même pas les adresses de nos collègues, on ne se voit jamais, un salaire misérable, pas de pont possible vers d'autres métiers du travail social ou de l'enseignement autres que conventionnels (concours, trustés par les dociles et brillants scolaires jamais sortis de l'école - j'exagère à dessein), pas de concours interne, pas de troisième voie, pas de validation d'acquis autre que sporadique et inégalitaire selon les territoires, démerdez-vous mais merci quand même.

Je suis dégoûté de ce monde professionnel. Content de le quitter bientôt.

Une situation comme celle-là, pour moi, c'est un archétype de concentration des difficultés propres à cet enjeu décisif (surtout actuellement, je trouve) des métiers de l'enseignement : ses relations avec le social et le médico-social.

"C'est pas notre métier" : j'entends ça régulièrement de la bouche d'enseignants.

Une famille dite "en difficulté sociale" (c'est moi qui le dis), des parents qui refusent de considérer la particularité de leur gamin (car il y en a bien une autre que la dyspraxie - ohlàlà, s'il n'y avait que ça !! -, un gamin qui, à 7 ans, ne dénombre pas, ne s'intéresse à rien d'autre qu'aux animaux, a des problèmes d'hygiène importants, une capacité de concentration très limitée dans l'investissement et dans la durée, un niveau scolaire global oscillant entre la petite et la moyenne section, des instits très investies mais souffrant de leur sentiment d'incapacité et de désarroi (et de la hargne de la maman à en vouloir à tout le monde et à refuser tout forme de prise en charge depuis des années)...

Et nous, pauvres AVS, on est jetés là-dedans pour panser les plaies. Comme l'exprime Fatima plus haut, on se prend souvent dans la gueule toute la frustration et les fruits des ras-la-bol (ou de l'incompétence) des instits... nous, fiers petits soldats (mais avec un contrat de mobilisation de six ans maxi, qui sera peut-être anéanti à la fin de cette année ? ? ?), on fait, sans perspective d'avenir pour nombre d'entre nous, ce qu'on peut avec ce qu'on peut. Comme on peut.

J'ai peine à imaginer à quoi pourrait ressembler un rapport qui serait censé évaluer VRAIMENT le dispositif AVS depuis sa création. J'aimerais bien le faire, d'ailleurs, si je n'avais pas autre chose à foutre de bien mieux pour moi.

Une vraie enquête statistique, fine et précise, dans chaque département ; une exploitation rigoureuse et collective (fournie de plusieurs clefs d'analyse) de ces statistiques ; des rencontres avec des AVS selon un protocole d'entretien destiné à bien exploiter les paroles recueillies... un travail de journaliste mais en plus rigoureux, plus proche d'une recherche en science sociale.

Ce genre de rapport (je ris de l'imaginer comparé au Rapport Geoffroy), voilà ce qui pourrait être la base (je dis bien la base) d'une réflexion sur la professionnalisation de cette fonction.

Est-ce l'hiver (mais je l'aime, pourtant), j'en ai ras le bol de ce boulot à la con.

Je souhaiterais que les professionnels de la politique, cernés dans leur petit monde qui semble pour eux concentrer l'essence même de la réalité transcendante de la clef de l'univers entier, réalisent à quel point ils risquent pour eux-mêmes et pour tout le monde, à terme, à mener ce genre de politique. Pas une menace, un constat.
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Message par Axelle »

Bougui,

Ça fait un bout de temps que je ne suis pas intervenue ici. Et pour cause, j'ai été atteinte par ce ras-le-bol bien plus vite que toi. Je pense qu'il est venu avec mon salaire de "mi-temps" et le travail à fournir.

Par rapport à ton boulot avec ce gamin, je n'ai qu'un mot à te dire.... COURAGE! C'est con à dire, mais on n'a que çà pour nous, notre courage et notre patience (ou comme diraient d'autres: notre b...te et notre couteau :? ).

Bref, je crois que la façon d'agir de ce gamin reflète une partie du désarroi de la mère et de son refus de coopérer avec qui que ce soit, sauf un tout petit peu avec l'école.... Elle y croit sans y croire vraiment non plus. La mère a eu des mots peut-être pas très heureux pour les enseignants, donc le gamin n'a aucune confiance en eux. Elle n'a peut-être encore rien dit sur toi!! Et c'est sûrement pour çà qu'il s'investit "plus" avec toi...

Il y a 2 ans, j'ai bossé avec un gamin atteint de troubles du comportement, qui ne s'est mis dans une attitude de travail qu'à partir du moment où il a senti que j'étais différente de cette instit qu'il avait en horreur, quand il a senti que j'étais là pour l'aider et non pas pour le forcer à rentrer dans la norme des autres élèves. Sa mère avait des prises de bec à peu près quotidiennes avec l'instit en question, qui était aussi la directrice de l'école. Sa maman ne m'a adressé son 1er regard qu'un jour où G était particulièrement énervé dès le matin, elle avait un petit sourire que j'ai compris après coup comme ironique : "je vous laisse là bien du boulot et une bonne journée bien rude en perspective". C'est comme çà que je l'ai pris quand j'ai vu G et la journée qu'il allait me faire passer... effectivement, je l'avais rarement vu si énervé de bon matin!!

Bref, j'ai fini par prendre l'initiative (interdite officiellement) d'un 1er contact avec cette maman, sur le ton d'une semi-plaisanterie... Je suis partie en même temps qu'eux un soir, et j'ai demandé à G : "alors, que doit-on dire à maman ce soir? Tu as été sage ou non??" La mère, qui s'attendait encore une fois à entendre que son fils avait été insupportable, m'a lancé un regard noir, jusqu'à qu'elle l'entende dire qu'il avait été sage et qu'il aurait donc le droit de jouer un peu à la console le soir-même (j'avais compris que c'était une récompense pour lui... qq chose établi par sa maman). Sa mère m'a enfin regardé autrement et souri gentiment.

Après quoi nous avons établi de bonnes relations, et ça s'en est ressenti dans le travail de G.

La maman de ton gamin doit avoir l'impression que tout le monde est contre elle et ses idées. Elle ne doit pas avoir bcp de soutien autour d'elle et croire que personne ne la comprend. De par mon expérience personnelle, je crois pouvoir dire qu'il est bien plus difficile à une maman d'accepter que son enfant est handicapé quand ce handicap n'est pas visible. Pour un enfant handicapé moteur, ça n'est pas moins difficile, mais on est confronté tous les jours visuellement à ce handicap, et donc plus à même de devoir l'accepter assez rapidement.

Je crois donc, pour revenir au sujet, que tant que la maman n'aura pas près d'elle un ou une allié(e), le gamin aura beaucoup de difficultés à évoluer.


Pour ce qui est d'être fatigué de devoir verbaliser à longueur de temps, on ne se rend pas suffisamment compte à quel point ça peut être usant, d'autant plus quand il n'y pas de réponse en face. J'ai bossé pendant 2 ans avec un gamin qui ne pouvait communiquer que par le biais d'un ordi ou d'une synthèse vocale, mais avec qui je devais parler pour 2 dès que la technologie n'était pas disponible, et c'était vraiment fatigant.

Donc, Bougui, bon courage, tu arrives au bout de tes peines. Avec la formation que l'on a et les autorisations et interdictions que l'on a, je crois qu'il est très dur de supporter le travail que l'on fait.
Espérons et battons-nous encore pour qu'un jour d'autres personnes puissent exercer ce métier dans des conditions moins désagréables et dégradantes!!

Bises et à bientôt.
Axelle (bien heureuse d'avoir été considérée comme démissionnaire, alors que je n'ai juste pas renouvelé mon contrat !!) :? :evil:
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Message par mona »

Bonsoir Bougui

Je viens de lire ton message ô combien pertinent quant à l'analyse que tu fais de la situation des AVS et j'apporte , je l'espère une toute petite lueur, au niveau du statut.
Tout d'abord, à part du courage que te souhaiter de plus ? Si les gens du SESSAD sont ouverts, peut-être pourraient-ils te donner des conseils pour que tu parviennes malgré tout à tenir la distance et le coup ? Même s'ils n'ont pas pu suivre cet enfant (ça se fera peut-être plus tard... quand la mère aura cheminé...), ils peuvent peut-être te donner quelques pistes éducatives à poursuivre. N'hésites pas à les solliciter et à leur parler de la difficulté à accompagner cet enfant. Dans des situations comme celle que tu décris, le réseau est indispensable pour la survie de tous !
Ce qui m'amène à la petite lueur d'espoir : je partage entièrement ton analyse de la situation sur la solitude dans laquelle on exerce notre METIER car c'en est un et je le dis avec le recul que m'apporte la formation d'éduc dont j'ai eu la très grande chance de bénéficier. De ce fait, une personne du ministère délégué aux personnes handicapées (peut-être M. Gohet je ne sais pas) a contacté le directeur de l'IRTS ayant su que des AVS y étaient formés au DE d'éduc spé et afin de savoir comment a été articulé cette formation à la fonction d'AVS dans le but de faire avancer ce fameux référentiel métier.

Nous n'y avons pas encore travaillé (car beaucoup de boulot en perspective vu que le DE approche) mais ça peut-être intéressant d'avoir les avis et les idées des AVS qui n'ont rien eu.

Voila, j'essaie de rester optimiste. Je t'avoue qu'à mes moments de défaite je n'ai qu'une envie, c'est de sortir de ce système rigide, injuste qui ne se donne pas les moyens de vrais suivis individualisées avec tout ce qu'il faut mais en même temps je ne peux pas m'empêcher de croire que nous sommes à une transition charnière de la considération du handicap, à une époque d'évolution des mentalités et que nous participons tous les jours à inventer, à faire évoluer. Alors c'est vrai que nous essuyons les plâtres mais tout est à inventer et ça c'est très porteur.

En relisant ton message, il transparaît que nous avons une vraie posture éducative et il est intolérable que notre statut n'évolue pas et que les enfants soient livrés à la loterie des accompagnants au vu des situations d'équilibre si fragile et si précaires rencontrées sur le terrain.

Si tu ne les connais pas déjà, je te conseille aussi de te mettre en lien avec le Collectif de Recherche sur le Handicap et l'Education Spéciale (CRHES) de Charles Gardou : leurs travaux sont remarquables et redonnent cet espoir d'y croire. Ils publient la revue Reliance chaque 3 mois sur l'école inclusive et sont à la recherche de témoignages de personnes concernées de près ou de loin avec les situations de handicap. Charles Gardou est prof de fac à Lyon et est un fervent partisan de la création d'un vrai statut des AVS. A lire un bouquin particulièrement aidant : "Le projet individualisé : clé de voûte de l'école inclusive."

Voila quelques pistes pour tenir bon. Je mettrai sur ce forum ce qui sortira de la tentative de référentiel que l'on fera ici à Montpellier avec la collaboration de l'IRTS et bien sûr avec tous ceux qui ont envie d'y participer sur ce forum

Encore beaucoup de courage, les choses bougeront, rien n'est figé.
Bisous
mona
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Message par Axelle »

Mona,

Merci pour les infos que tu fais passer, notamment pour ce qui est de ce Mr Gardou ; j'en avais déjà entendu parler, mais je n'avais pas pris conscience de son implication dans la création d'un vrai statut des AVS.
Je suis contente que certains se préoccupent du devenir des AVS.

Par contre, pour ce qui est de la rédaction d'un référentiel, je te propose de venir faire un tour sur le forum créé par une ancienne AVS, et où tu pourras nous y retrouver, Bougui, moi et bien d'autres. Tu verras que le collectif du 35 est en train de rédiger un référentiel de compétences, afin que nous puissions bénéficier d'une certaine reconnaissance et que par la suite nous puissions accéder à des diplômes d'éduc spé (par exemple) par le biais d'une VAE. Peut-être pourras-tu prendre contact avec le collectif 35 ?...

http://mimibaby.free.fr/phorum/

Je dis "nous", mais je ne suis plus AVS depuis fin août.

C'est pour ça que je souhaite bien du courage à tous ceux et celles qui continuent à ce tarif !! Perso, je ne pouvais plus faire avec 480€ par mois !!!

Axelle.
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Message par mona »

merci axelle pour le lien avec le site des AVS. jusque là je n'étais pas parvenue à y entrer. Je m'y suis inscrite sous le pseudo de moon car mona était déjà pris§ on reste en contact
a plus
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Message par Axelle »

Mona,

C'est avec plaisir que je te retrouverai sous le nom de Moon sur l'autre forum, que je trouve intéressant du point de vue d'un rassemblement d'idées et d'actions....

A toi d'en juger.

A bientôt, Axelle.
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