BO n° 13 du 31 mars 2006

AVSi, AVSco, EVS...
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

BO n° 13 du 31 mars 2006

Message par Pascal Ourghanlian »

Dans le BO paru aujourd'hui, dans la circulaire de rentrée 2006, un paragraphe sur les AVS : http://dcalin.fr/textoff/rentree_2006.html
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Bonjour et merci pour ces informations

Extrait du point V :

"En outre, on veillera tout particulièrement à faire en sorte que la totalité des 800 emplois nouveaux d’AVS créés à la rentrée 2005 soient effectivement affectés à des missions d’accompagnement individuel de scolarité des élèves handicapés (AVS-i). En complément, des personnels recrutés sur des emplois vie scolaire pour assurer les fonctions d’aide à l’accueil et à la scolarisation des élèves handicapés (ASEH) continueront d’être mobilisés préférentiellement en école maternelle pour faciliter la tâche des équipes pédagogiques accueillant de jeunes enfants handicapés."

Les temps pleins d'AVS n'existent presque plus et ceux qui restent sont résiduels : au départ de celui ou celle qui en bénéficie, ils seront remplacés par des temps partiels.

Actuellement en L-A la décision est officieusement prise d'en finir avec les temps pleins et de n'employer que des 60% (600 euros pour 21 heures par semaine).

Avec ce genre de gestion déjà entérinée l'année précédente dans de nombreux autres départements, trouver dans une circulaire d'application le chiffre de 800 emplois créés doit bien être mis en lien avec le fait qu'il s'agit d'un chiffre qui ne représente pas des temps pleins mais des temps partiels, donc une équivalence de temps de travail vraisemblablement très faible.

Qui plus est, et j'en profite pour aborder ici ce fait essentiel, travailler en survivant avec 600 euros dans un emploi temporaire, sans formation malgré les nombreuses situations d'exigences professionnelles véritables, sans porte de sortie bien souvent - allez préparer un concours ou un diplôme avec un emploi de ce genre - ne permet pas d'être au mieux de ses capacités... Ceci pour signifier que la qualité du travail fourni auprès des élèves en "intégration" par les AVS est concomittante à leurs conditions de travail aujourd'hui lamentables.

Mais pour l'entreprise d'Etat et sa branche "Education", l'avenir du marché éducatif et son segment "intégration scolaire" se situe dans les réductions de coûts - notamment salariaux - tout autant qu'en la confiance dans le grand travail de communication et de vente effectué par les exégètes autorisés à expliquer l'"esprit" des lois que sont les IEN AIS. Vendre le bien-fondé de lois scélérates sous le prétexte du devoir de réserve.

Je provoque, j'exagère ?

Vraiment désolé.

Concernant le remplacement des AVS en maternelle par les EVS, il faut savoir que c'est, selon des proportions de mon département (mais les échanges que j'ai pu avoir montrent qu'ils sont réprésentatifs d'une tendance générale), c'est plus de 70% d'AVS qui travaillent en maternelle.

Les conditions du recrutement des EVS comparé à celui des AVS montre une chose essentielle à mes yeux : déqualifier la maternelle est la voie suivie aujourd'hui. La transformer en halte-garderie à laquelle on confierait quand même un rôle de solide écrémage est l'objectif.

Bien sûr je vois ça de ma position d'AVS, je ne fais que passer, je suis inexistant, l'année prochaine je serai d'ailleurs ailleurs. J'exagère sûrement.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Message par Pascal Ourghanlian »

Vous n'exagérez pas, votre analyse me semble assez pertinente. Malheureusement...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Axelle
Visiteur
Visiteur
Messages : 13
Enregistré le : 01 avr. 2006 21:08

Message par Axelle »

Bonjour,

Je suis une AVS-i nouvelle arrivante sur le forum, même si je connaissais déjà le site. Merci à Daniel Calin d'avoir créé une section spécialement pour les AVS.

Je souhaitais dire à Bougui que s'il fallait que je passe sur 21h de boulot pour gagner 600€, je suis preneuse!! Actuellement, je fais 18h de boulot en 2 jours, et je gagne 480€... ça laisse rêveur du coup!!
Bon, je plaisante en disant que ça paraît être une amélioration!!
Dans mon département, le 32, le secrétaire de CCPE m'a informé récemment du fait qu'à partir de l'an prochain, on ne parlerait plus des mi-temps, 3/4-temps ou plein-temps pour les AVS, mais de nombre d'heures travaillées!! Ce qui équivaut à des pourcentages de plein-temps. Et personnellement, si je continuais mon "métier" au même rythme, j'y "gagnerais"... mais ce sont des termes bien trop optimistes pour nos situations, à mon goût!! Passer de 480€ à 600€ par mois pour vivre, ça reste de l'ordre du dérisoire pour le travail que l'on fournit!!!

Et je tiens à ajouter que l'arrivée des EVS et ASEH n'est que dans la continuité de ce qui se fait depuis des années, depuis qu'il est question d'intégration scolaire. Après les emplois-jeunes, les CES, les aides-éducateurs, et les assistants d'éducation (et AVS), je vous présente les nouveaux emplois précaires de l'EN : les EVS et ASEH!
Je me demande comment l'EN arrive encore à précariser un peu plus à chaque fois ces emplois!!
Par contre, à savoir comment elle arrive à mettre en avant les efforts et moyens mis au service de l'intégration, c'est assez simpliste: embaucher des jeunes sur des contrats de + en + courts, c'est éviter qu'ils aient le temps d'organiser une quelconque manifestation de leur mécontentement; or, j'ai bien peur que l'EN ait fait l'erreur de prévoir de renouveler nos contrats d'1 an, car des collectifs se mettent en place un peu partout en France et commencent à se faire entendre, et je pense que mettre un terme à nos contrats ne suffira peut-être pas à nous faire taire (bien au contraire!!)
Une réflexion que j'ai entendue de la bouche d'une coordinatrice AVS et qui m'a mise hors de moi est significative de ces façons d'agir : elle a expliqué qu'embaucher des EVS (de moins de 26 ans) sur des contrats de 6 mois à un an permettait que ces jeunes tout juste sortis de l'école n'aient pas le temps ni la maturité de manifester un quelconque désaccord!

Bravo à l'EN pour ces tactiques de jeu, mais je pense que l'erreur a été commise une fois de trop avec les AVS, et que la balle est désormais dans notre camp... A nous d'agir et de nous faire entendre, voire écouter!!
Je suis une ancienne AVS-i du 32.

L'enfant dont je m'occupe a créé un forum de discussion, dont voici l'adresse:
http://tavie.kanak.fr
mpetit32
Visiteur
Visiteur
Messages : 8
Enregistré le : 03 févr. 2006 19:36

Message par mpetit32 »

En tant qu’exégète autorisé à expliquer « l’esprit » des lois (comme le précise Bougui), je prends le clavier pour une petite mise au point qui, du moins je l’espère, apportera quelques éléments à ce débat très intéressant sur l’intégration d’un élève en situation de handicap et à son accompagnement par un auxiliaire de vie scolaire.
Je suis IEN AIS dans un département du sud-ouest de la France où le taux d’intégration d’élèves handicapés dans les structures du premier degré est un des plus élevé au niveau national.
Je reconnais à l’esprit de la loi 2005-102 tout son bien-fondé philosophique même si cette dernière apparaît encore comme imparfaite ou incomplète. Je tiens à rappeler que cette loi a fait l’objet d’un vote de consensus, qu’elle n’a pas été promulguée à l’aide de forceps (comme le 49-3) et qu’aucun parti politique actuel ne souhaite son abrogation (à part les nostalgiques de l’enfermement et de l’exclusion, voire de la purification ethnique).
Il m’est donc facile d’expliquer, dans ces conditions-là, la philosophie sous-jacente, les objectifs à atteindre : égalité des droits et des chances, participation et citoyenneté des personnes handicapées, objectifs qui sont résumés dans son appellation.
Dans ce contexte-là, un dispositif apparaît comme une clé de voûte pour la réussite de la scolarisation d’élèves handicapés, c'est celui des auxiliaires de vie scolaire.
L’Education nationale n’a pas souhaité que ces missions relèvent d’un emploi de titulaire. Aucun corps n’a donc été créé dans la fonction publique pour exercer comme AVS. L’Etat a eu donc recours à des contractuels sous un statut créé en 2003, celui d’assistant d’éducation.
Ce constat (car il s’agit bien d’un constat et je ne peux apporter de réponse à cette question : pourquoi l’Etat a-t-il choisi une situation contractuelle pour ce type de mission plutôt qu’une pérennisation de l’accompagnement), une fois établi, met en relief toute l’ambiguïté à pouvoir fonctionner au sein de l’éducation nationale. En effet, tout fonctionnaire, contractuel ou titulaire, doit 1607 heures de travail à l’Etat. Pour les professeurs des écoles, il y a une différence entre temps de travail et temps de service. Pour le temps de service, il s’agit d’assurer 936 heures d’enseignement, 12 heures de rentrée scolaire, 36 heures de réunions institutionnelles. Ce temps est soumis à un contrôle direct exercé par les IEN. Le différentiel (1607 – 984 = 623 heures) est du temps payé par l’Etat au professeur des écoles pour que ce dernier soit opérationnel pendant les 984 heures de service. Il s’agit donc d’un temps destiné à la préparation de classe (matérielle, pédagogique …), au suivi de l’élève (évaluations, renseignement du livret scolaire, équipe éducative …), à l’information et à l’autoformation. Ce temps ne peut être contrôlé directement (certains enseignants préparent le matin, d’autres le soir, d’autres le week-end) mais le contrôle peut s’effectuer indirectement (correction des cahiers, enseignement adapté, …) lors des inspections.
Dernier point important : le salaire d’un professeur des écoles est calculé sur ces 1607 heures et non sur les 984 heures.
J’en viens aux auxiliaires de vie scolaire. Il est vrai que l’Education nationale a besoin d’un personnel non enseignant pour la gestion des écoles ou des élèves. Mais l’ambiguïté vient du fait que ces personnes doivent être présentes pendant les 936 heures d’enseignement (périodes pendant lesquelles l’élève est scolarisé). Les municipalités ont inventé des emplois du temps complémentaires pour les ATSEM en maternelle qui doivent assurer 671 heures supplémentaires pour être des fonctionnaires territoriaux à part entière. Certains maires n’ont pourtant pas hésité à donner des fractions d’emploi (se calculent en fonction de trente-cinquième) pour des emplois d’ATSEM. Et nos auxiliaires de vie scolaire ? Ils subissent de fait cette inadéquation des emplois du temps. Ils sont très utiles pendant les 936 heures (lorsque l’élève est accompagné à temps complet), voire plus puisqu’ils ont besoin de se concerter avec les enseignants, rencontrer les parents mais en aucun cas l’Education nationale ne peut leur assurer 1407 heures d’emploi (puisque 200 heures sont accordées comme crédit de formation). Il aurait fallu une plus grande concertation, un plus grand cadre de fonctionnement où collectivités locales et Etat s’entendent pour assurer des emplois à temps complet prenant en compte le temps scolaire mais aussi le temps périscolaire. Mais il est difficile à l’heure actuelle de demander à l’Education nationale de salarier du personnel qui ne travaillerait pas pendant tout le temps rétribué. Dans mon département, c’est la formule 0,75 (75 %) qui est la plus utilisée puisque sur les 39 semaines de fonctionnement école, elle donne 27 heures d’emploi (24 heures de présence auprès de l’enfant et 3 heures de concertation/réunion). Je sais que ce n’est pas satisfaisant comme formule, qu’il est difficile aujourd’hui en France de vivre avec un trois quart de SMIG mais, posons-nous aussi cette question, faut-il embaucher sur un temps plein des personnes qui ne seraient nécessaires que sur un trois quart temps ?
Je vois poindre de l’amertume chez certains AVS. Dans les commissions de recrutement, je les alerte sur ces conditions de précarité, je leur demande de considérer la mission confiée comme une expérience professionnelle destinée à un emploi, un véritable métier tel que professeur des écoles (un tiers des recrutement), éducateurs spécialisés (un autre tiers) ou autres métiers du social. Je suis de très prés l’évolution des AVS et je me félicite d’avance lorsqu’ils réussissent un concours (3 ont réussi le CRPE l’année dernière). Mais toujours est-il que je n’ai pas d’autres solutions à proposer … Le débat reste ouvert et je m’excuse d’avoir été aussi long.
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Message par Pascal Ourghanlian »

Concernant, le nombre d'heures dont sont redevables les AVS.

Sur mon département, ce sont des contrats 35 h. (payés comme vous savez...). Ce faisant, les AVS, au-delà des 26 h. de présence-élève, peuvent être requises pour des temps d'accompagnement (avant 8 h. 30, après 16 h. 30 ou durant le temps de cantine et/ou d'ateliers - moins les 3/4 h. de pause réglementaire dans le droit du travail). Temps d'accompagnement précisé dans le PPS. Et qui peut conduire certaines AVS à ne pas être très loin de leurs 35 h.

Et pour rebondir sur les propos de "mpetit32" (à ce propos, bienvenue à un IEN, qui plus est AIS, sur ce forum :wink: ), c'est bien le "L’Education nationale n’a pas souhaité que ces missions relèvent d’un emploi de titulaire" qui demande à être interrogé.
Voilà 25 ans exactement que l'on serine à tout bout de champ que 80 % des métiers du futur n'existent pas encore, qu'ils sont à inventer, qu'il faut apprendre à être flexible, etc. Quelle belle occasion manquée de reconnaître la naissance d'un nouveau métier dans la fonction d'AVS et de se donner les moyens de créer les emplois qui vont avec !

Il faut voir le travail remarquable accompli par les AVS, souvent des jeunes (voire des très jeunes), qui n'ont rien d'autres comme armes que leur bonne volonté et leur intuition exemplaire dans des situations de crise ou particulièrement difficiles (des exemples, bien concrets : le petit D., maladie des os de verre, dont chaque mouvement est à anticiper pour éviter tout risque ; le petit B., estampillé "autiste", qui entre en relation en badigeonnant d'excréments ce qui est à sa portée ; la petite O., "caractérielle", qui ne peut être "dans les apprentissages" (comme ont dit) que bercée par une AVS de 20 ans qui a tout compris, toute seule, du holding et du handling - adossement et apaisement pour reprendre les entrées, fort éclairantes, de Daniel). Voilà leur quotidien.
On peut s'interroger sur la pertinence de la présence de ces petits bouts à l'école. Mais, de fait, ils y sont. Alors, qui oserait dire qu'il ne s'agit pas d'un vrai métier ? Qui demanderait une vraie rémunération ? Un vrai recrutement ? Une vraie formation ?

Moi aussi, j'ai le sentiment que l'esprit de la loi recouvre des éléments positifs. Mais le réel, parfois, tue l'esprit. Montesquieu, en son temps, ou Condorcet, ne disaient pas autre chose. C'était au temps des Lumières. Qui nous font fort défaut en ces temps de gestionnaires, sans visées politiques.

Au fait : politique = ce qui nous réunit autour d'un projet commun... :cry:
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Bonjour

Je suis très positivement surpris de la particpation d'un IEN AIS à ce forum, merci cher mpetit 32 de vous exprimer ici. Vous avez été moins long que moi précedemment : vous êtes ainsi, selon votre demande, tout excusé, en tout cas par moi.

Personnellement je maintiens le doute fort que j'entretiens vis-à-vis des dispositions de la loi de février 2005. Notamment sur le fait, central, que désormais la famille monte seule le dossier de demande d'accompagnement de son enfant par un AVS. Auparavant l'école créait ce dossier avec elle -voire seule-. Avec cette loi la famille se retrouve seule face à l'institution MDPH. Un élément qui n'est pas fait pour favoriser les familles qui sont fragilisées d'une manière ou d'une autre, celles qui éprouvent le contact avec l'administration en général comme une violence insigne qu'il convient d'éviter autant que possible.

Avec cette loi, on renvoit, une fois de plus dirai-je en ce qui concerne ces temps actuels, les personnes fragiles et en difficultés sociale à leur seule et unique responsabilité. C'est aussi une part de "l'esprit" de cette loi.

Et les artisans de ce mouvement de pensée de fond, actuellement tenant le haut du pavé, ont beau jeu d'invoquer la nécessaire non-dépendance des personnes en difficulté sociale (quelle qu'elle soit), la remise en cause de "l'assistance", la nécessité de "responsabiliser" ces personnes... qu'elles partagent un ou deux trimestre le quotidien de travailleurs sociaux en contact avec ces familles (dont nombre d'enfants sont concernés par le dispositif AVS) et nous verrons bien si leur ignorance flagrante de l'état de cette partie de la population résiste à ce petit stage et leur maintient leur pauvre discours sur "l'autonomie" et ses corrollaires.

Ou comment, parfois en toute bonne foi, on peut tenir un véritablee discours démagogique. (je ne parle pas pour vous, cher Mpetit 32).

Car dans l'ensemble les enfants en intégration scolaire sont en grande majorité des enfants relevant davantage de prise en charge du secteur médico-social voire uniquement social que de pathologie affectant leur motricité. Il ne s'agit pas de dire que sans soutien et accompagnement ces familles ne monteront pas de dossier pour leur enfant mais plutôt d'affirmer que pour certaines d'entre elles la question se posera certainement.

La loi est faite pour la majorité, celle qui agit dans les lobbies (légitime) de famille et commente la production des lois, mais une minorité est sacrifiée, selon l'air du temps. Telle est mon opinion.

De plus, s'attacher à cerner "l'esprit" d'une loi sans la mettre en rapport avec celles avec lesquelles elle entrera en contact tout autant qu'avec la réalité du terrain fait montre à mon sens d'un excès rigide de technique fatal à une réelle compréhension des réalités sociales que recouvreront son application.

Les excès des techniciens du juridique dans la veine décrite ci-avant sont malheureusement aussi nombreux qu'est grand le mépris qu'ils vouent à ceux et celles qui n'ont de culture juridique que d'approchant de zéro dès qu'il s'agit pour ces derniers de s'exprimer sur le fait démocratique.

Dans un champ professionnel comme celui de l'enseignement ou celui du travail social on peut schématiquement et pour la facilité de l'analyse mettre en exergue deux logiques : la logique professionnelle (inhérente aux fondements historique de la culture professionnelle du métier concerné) et la logique institutionnelle (celle, pour les champs précédemment cités, de l'administration et des lois que cette dernière est censé mettre en place.)

Votre message, mpetit32, apporte au débat l'éclairage de la logique institutionnelle, qui a toute sa place ici, qu'il est bon de connaître et dont il est bon de tenir compte pour étoffer sa perspective d'analyse.

Mais je dois vous avouer qu'en l'occurence ces éléments, partie intégrante de la réalité de cette politique d'intégration scolaire, ne font selon mon point de vue que démontrer qu'une fois de plus la logique institutionnelle s'oppose à la logique professionnelle.

Je n'ai pas renoncé, dans ce qui fournit mon analyse politique, à continuer à tenir compte de notions comme "intérêts de classe", classe qui peuvent bien être professionnelles.

Dans notre cas : classe professionnelle de ceux qui sont payés pour faire appliquer la loi, la commenter et l'expliquer aux autres, et classe professionnelle de ceux qui reçoivent commentaires et explications et y ajustent leur pratique. Et auxquels on demande, par respect pour la "réalité", par nécessaire "pragmatisme", de se conformer aux logiques institutionnelles.

Seule attitude capable de faire montre de son respect pour la démocratie ?

J'ironise.

Les mêmes que ceux vendant sur toutes les déclinaisons possibles la fin du principe de responsabilité collective face à l'exclusion invoquent en permancence, sur le mode marketing, l'obligation pour tout bon démocrate de ne point trop s'opposer, de savoir accepter le compromis, le juste milieu, l'abandon de certains points pour faire accepter les autres etc...

"Un temps pour diviser, un temps pour réunir" nous dit l'Ecclésiaste.

La réunion, ou l'union, invoquées à tout crin, et dont je n'ai pas de scrupule à faire englober la politique d'intégration scolaire du handicap, est celle autour d'une certaine conception du travail et de l'utilisation de la force salariale, conception face à laquelle aucun compromis n'est pour moi possible.

Vos boulots sont misérables et précaires mais, que voulez-vous, les choix sont fait comme ça et, mieux, ils se justifient, veuillez je vous pris bien comprendre que.....

Non.

Les intérêts divergent, eh bien l'enjeu est de construire un nouveau rapport de force -puisqu'il est aujourd'hui quasi inexistant- qui permettera alors, et seulement, d'aborder la possibilité d'un compromis. Avant ça, c'est non. (et c'est mon avis, pas plus).

Pour autant, mpetit32, que les AVS aient à leur côté un ou une IEN AIS qui fait son travail correctement et dans le respect pas uniquement conventionnel des personnels est extrêmement important. Je souhaite que la reconnaissance de votre travail soit à la mesure de sa qualité.

Chouette, internet, quand même, de vive voix je sais ne jamais avoir pu vous dire tout ça mpetit32.

Cordialement
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
mpetit32
Visiteur
Visiteur
Messages : 8
Enregistré le : 03 févr. 2006 19:36

Message par mpetit32 »

J’ai lu avec intérêt les deux messages précédents et j’aimerai apporter ici quelques éléments de réflexion.
Au premier interlocuteur (Pascal Ourghanlian), je ne comprends pas trop le fonctionnement des AVS de son département. En fonction publique, deux règles simples s’appliquent :
- la première concerne la quotité de travail fourni sur la base annuelle (1607 h). Cette quotité s’exprime sous forme de pourcentage ou de nombre décimal. Travailler à deux tiers temps correspond à 0,66 ou 66 % c’est-à-dire 1060 heures annuelles.
- la deuxième concerne la modulation du temps de travail. Pour l’Education nationale, cette modulation joue sur 36 semaines ou 39 semaines.
Dans l’exemple cité, un AVS qui travaillerait 35 heures par semaine sur 36 semaines serait donc à 35 x 36 = 1260 heures + 1/8e de crédit d’heures de formation : 158 heures soit 1418 heures annualisées. C’est donc un contrat de 88 % ou 0,88 qui a été proposé. Pour travailler à temps complet, un AVS doit effectuer 36 heures sur 39 semaines ou 39 heures sur 36 semaines. C’est vrai qu’il nous faut trouver des solutions partenariales pour que, lorsqu’un AVS souhaite travailler à temps complet, on puisse lui proposer une prise en charge par une collectivité locale qui gère le temps périscolaire.
Par contre, je ne peux souscrire qu’à l’appel que vous lancez pour que ces missions soient assurées dans le cadre de vrais métiers. Les AVS ne peuvent que favoriser la réussite de la politique de l’intégration.
Au second interlocuteur (Bougui), j’exprime mon total étonnement devant les arguments développés. Je reste un défenseur de la Loi 2005-102 et je ne comprends pas que l’on puisse affirmer « Avec cette loi, on renvoie, une fois de plus dirai-je en ce qui concerne ces temps actuels, les personnes fragiles et en difficultés sociale à leur seule et unique responsabilité » (je vous cite). Le décret 1752 du 30/12/2005 prévoit la mise en place dans chaque département d’enseignants référents. Ce sont des véritables interfaces entre la maison départementale des personnes handicapées, la famille, l’élève et les enseignants de l’établissement de référence. En quoi, les familles démunies ne peuvent-elles pas faire appel à lui pour monter un dossier ? Qui l’interdit ? sûrement pas la Loi. Bien, au contraire, dans notre département, nous avons mis en place une procédure de saisine simplifiée de la CDA-PH. L’enseignant référent, ainsi alerté, sera l’interlocuteur privilégié des familles, celui qui les aidera dans leurs démarches, celui qui apportera des éléments à l’équipe pluridisciplinaire pour l’élaboration du projet personnalisé de scolarisation. Je ne peux donc aller dans votre sens ou alors c’est nier tout l’accompagnement prévu. Rien n’empêche, à un moment donné, l’enseignant référent d’être proche de l’assistance sociale, comme l’a été, d’ailleurs, le secrétaire de CCPE.

Je souhaite que le débat puisse continuer et qu’en France, nous puissions avancer. Lorsqu’une loi paraît, il est toujours des détracteurs pour nous dire que c’était mieux avant, que c’est insuffisant, que c’est pas comme ça qu’il fallait s’y prendre, que c’est parce qu’on n’a plus d’argent et que les établissements spécialisés coûtent cher … (j’arrête là car la liste est longue) . Nous maîtrisons ce que nous savons faire et nous avons peur de la nouveauté. Pourtant, il nous faut avancer tous ensemble en réfléchissant à la place des personnes handicapées dans notre société. Qui sommes-nous pour avoir, jusqu’à présent, exclu un de nos concitoyens de notre société en le plaçant dans un premier temps dans un IME (IMP puis IMPro), puis à 18 ans dans un CAT où il finira ses jours ?
Ce sera ma conclusion (provisoire, bien sûr).
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Alors dans mon département, les enseignants référents (a priori presque tous les anciens secrétaires CCPE) auront, en moyenne, ... 300 dossiers chacun par an. (chiffre donné par mon IEN AIS).

Un peu juste pour faire face, non ? Mais l'esprit de la loi est là, pourtant ? ? ?

Comme vous, je trouve indigne qu'une loi ait des détracteurs alors qu'elles sont le produit du processus démocratique. Indigne. Ce ne sont que des personnes le plus souvent anti par principe qui n'aiment rien tant que de saloper le travail des autres juste pour se faire remarquer.

Plus sérieusement, depuis quand les IME, IMP, IMpro ne font pas partie de la société ? Etes-vous sûr que dans l'ensemble de ces établissements c'est un travail de réclusion hors de la cité ou de la campagne où ils peuvent être implantés qui existe ? Comment pouvez-vous généraliser à ce point ?


La réflexion sur la place des personnes handicapées dans notre société ? Voulez-vous dire que tout "détracteur" à la loi de fev 2005 ou à certains de ses aspects ne se situe pas dans cette réflexion ?

Plus généralement, je souhaite pour ma part ne pas cloisonner les réflexions sur les logiques d'exclusion qui s'appuient toutes sur les mêmes ressorts.

Ce sera ma conclusion, tout aussi temporaire que mon boulot.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Message par Pascal Ourghanlian »

Oui, dans la fonction publique.
Sauf que chez nous, les contrats AVS sont des contrats de droit privé...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
mpetit32
Visiteur
Visiteur
Messages : 8
Enregistré le : 03 févr. 2006 19:36

Message par mpetit32 »

Je n'ai jamais prétendu que les IME (et d'ailleurs la Loi 2005-102 ou plutôt le décret 1752 le prévoient) ne participaient pas à l'intégration de nos citoyens handicapés. Tout parent souhaite pour son enfant la scolarité la plus ordinaire possible, la plus proche de son domicile. Dans un département rural où les établissements spécialisés sont parfois à plus de 60 kilomètres du domicile, il est difficile d'avoir cette relation de proximité et de considérer l'unité d'enseignement de l'établissement spécialisé comme l'école de référence.
Enfin et denier point, les AVS recrutés sous statut d'assistant d'éducation (cas le plus fréquent) créé par la Loi de 2003 sont des contractuels de la fonction publique. Les anciens aide-éducateurs (je pense qu'il n'y en a presque plus) et les nouvezaux EVS relèvent eux du droit privé.
Daniel Calin
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 953
Enregistré le : 15 sept. 2004 09:03
Localisation : Retraité, ex-chargé d'enseignement à l'IUFM de Paris
Contact :

Message par Daniel Calin »

Tout parent souhaite pour son enfant la scolarité la plus ordinaire possible, la plus proche de son domicile.

Cela est vrai de beaucoup de parents, et même de plus en plus de parents. Coûte que coûte, parfois, tant pour leur enfant que pour les équipes qui l'accueillent. Mais un certain nombre de parents persistent à souhaiter plutôt la scolarité la plus adaptée possible aux besoins éducatifs particuliers de leurs enfants...

Il me semble nécessaire d'éviter de clore trop vite ce débat, en tentant d'effacer d'un trait de plume la contradiction structurelle entre intégration scolaire et adaptation scolaire. Reconnaître cette contradiction permet mieux de penser des voies moyennes qui tentent de prendre en compte au mieux ces deux exigences, en elles-mêmes aussi légitimes l'une que l'autre.

Ceci dit, je me joins à Pascal pour saluer l'arrivée sur ce forum d'un inspecteur AIS. C'est un point de vue qui manquait à nos débats.
Cordialement,
Daniel Calin
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Bonjour

Je trouve intéressant de présenter comme structurellement contradictoire l'intégration scolaire et l'adaptation scolaire.

En fait je serais surtout intéressé par un petit développement de cette idée, même si, pardonnez-moi, cela nous fait nous éloigner un peu - mais pas trop non plus- du sujet du fil.

Ma position de non-professionnel, donc non-formé, sur ce sujet serait a priori, n'en déplaise à l'expérience reconnue de Daniel Calin, plus nuancée. Je perçois bien la contradiction mais le "structurel" me gêne un peu. L'intégration scolaire telle qu'elle existe (et saurait exister au travers d'un VRAI projet politique au contraire de l'actuelle politique menée qui ressemble plus à de la communication qu'à un vrai projet) ne saurait donc présenter aucun trait d'adaptabilité scolaire (comme on entend "adaptation scolaire" : scolarité adaptée aux besoins éducatifs des enfants) ?

Ou se situe le "structurellement contradictoire" ?

Merci de votre réponse Moniseur Calin.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Message par Pascal Ourghanlian »

Daniel répondra pour ce qui le concerne...

Par contre, je vois bien l'élément qui vous pose problème. Quand on dit "adaptation scolaire", dans la plupart des cas, on pense adaptation de l'enfant à l'école et non l'inverse... Quels que soient les beaux discours sur les réponses adaptées aux besoins éducatifs particuliers de tel ou tel (à ce propos, voir l'excellent texte de Cormier : http://dcalin.fr/publications/cormier2.html ).

Pourquoi "structurel" : parce qu'il est clairement établi qu'il y aura désormais 2 types de prises en charge (pas totalement nouvelles, certes, mais nouvellement délimitées), selon que les gamins seront "en grande difficulté scolaire" (adaptation) ou "handicapés" (intégration, euh, pardon, scolarisation).
Les unes relèveront d'un PPRE (cf. très claire, la circulaire de rentrée : http://dcalin.fr/textoff/rentree_2006.html ) ; les autres d'un PPS.
Les unes des équipes d'école, éventuellement adossées à des équipes de suivi des parcours scolaires gérées en interne par les circonscriptions ; les autres des équipes de suivi de la scolarisation gérées départementalement par les IEN AIS, "prestataires de service" de la MDPH.
Les unes avec une commission nouvelle pour les orientations SEGPA, la CDOEA ; les autres avec une commission nouvelle, la CDA.
Structurel, donc, parce que si l'on parle de dispositifs, il y aura bien 2 structures différentes avec des passerelles à inventer entre les 2 lorsque le besoin s'en fera sentir...

Je ne dis rien du doublet AVS / EVS. Ni de la spécialisation des enseignants spécialisés (certains disent tout haut qu'ils ne comprennent pas l'utilité d'une différenciation des spécialités, A, B, C, etc ; puis, en les poussant un peu, mais à peine, qu'ils ne comprennent pas l'utilité d'une spécialisation tout court, chaque enseignant ordinaire devant être à même de répondre aux BEP de ses élèves et devant être formé en conséquence - ce qui n'a aucun sens dans une formation ordinaire (comme spécialisée) réduite à la portion congrue, et qui fait l'impasse sur l'indispensable expérience professionnelle nécessaire de l'ordinaire avant de s'engager dans la spécialisation - mais c'est un autre aspect du problème).

Du grand écart entre le "dit" et le "pensé", particulièrement dans notre institution...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Bonjour Pascal

Texte intéressant effectivement que celui de Cormier : je le mets en lien de site d'AVS.

Pour ceux que ça lourde, je m'excuse par avance de la méthode "extraits/commentaires". (Mias ils n'ont qu'à pas lire.

je retiens deux choses, particulièrement (liées à mon point de vue d'AVS) :

" Je voudrais donc dire et montrer pourquoi, dans la situation actuelle, la généralisation de l’intégration dans un sens « inclusif » aurait ou aura pour effet de mettre beaucoup de monde en difficulté ou même en souffrance. Pour les mêmes raisons, je remarque que les intégrations actuelles sont souvent difficiles et le prix à payer peut en être élevé, au point qu’il n’est pas vain quelquefois de parler d’acharnement intégratif comme on parle d’acharnement thérapeutique.

L’impossibilité, ou tout au moins la difficulté actuelle, est culturelle, mentale : je veux dire qu’elle procède des mentalités, des représentations ; elle se situe dans les têtes.

* Les conditions pédagogiques n’existent pas ou peu, ou seulement ici ou là, subordonnées à un engagement ou à des convictions individuelles et personnelles.
* Les conditions institutionnelles, autrement dit une École différente, une institution scolaire différente, capable précisément d’accueillir la différence, n’existe pas, ou guère ; en tout cas pas encore vraiment, sinon de manière marginale, donc peu instituée et peu institutionnelle.

Il existe surtout actuellement des discours volontaristes « d’en haut », abstraits, idéologiques, et des discours associatifs également volontaristes, tout à fait respectables, mais qui les uns comme les autres analysent trop peu la réalité sur un mode critique, et sont trop peu conséquents, au sens où ils n’explicitent pas les conséquences de leurs prises de position."


Je confirme, s'il le fallait, la réalité des souffrances tant des enfants que du personnel AVS censé travailler avec toute sa "bonne volonté" (mais c'est bien tout) dans de nombreuses situations d'"intégration".

S'il est vrai que j'ai entendu chacun des discours dits "volontaristes" (celui des associations et celui des piètres gens politiques actuels), que je qualifie personnellement, en tout cas pour le dernier, de posture empruntant plus au marketing pour servir des intérêts et des objectifs politiques très éloignés de ceux qui sont affichés qu'à une autre vraiment en phase avec l'objet de son discours, jamais je n'avais entendu d'enseignant s'exprimer clairement sur la question.

Je suis syndiqué pourtant depuis deux ans... Bon, je ne nie pas bien sûr que ce discours est tenu, mais il est largement confidentiel... Cela donne des indices sur l'état de flou et le danger qui plane sur le chmp professionnel de l'enseignement que de voir à quel point on les entend peu dans l'espace public, hors des espaces dits "spécialisés" (comme celui-ci).


"Dans ces conditions, comment accueillir sereinement des enfants différents, des élèves à « besoins particuliers » ? On ne peut pas les mettre au fond de la classe et les oublier ! On ne peut pas non plus leur donner un enseignement ou des cours particuliers en même temps que l’on fait la classe aux autres. On l’a vu, la difficulté est bien moins grande quand il s’agit d’élèves performants, capables de « suivre » et de réussir, autrement dit quand leur handicap ne les arrête pas dans leur adaptation scolaire, sous réserve de quelques aménagements qui ne remettent pas en question le système. En fin de compte l’intégration est possible quand c’est pour l’essentiel l’élève qui est capable de s’adapter au système et au cursus scolaires, et non l’inverse.

J’ai conscience d’avoir un peu noirci le tableau, parce que la réalité est plus diverse et colorée que mon regard schématique et gris, et surtout parce qu’elle repose sur des personnes, sur des compétences, sur des intelligences, dont beaucoup savent heureusement s’adapter, humaniser leur enseignement, trouver des compromis entre le système et les êtres vivants qui peuplent leurs classes."



La "réussite" ou, je dirais, le "non-ratage" d'une démarche d'intégration repose sur les personnes et non sur l'institution : voilà un point essentiel. Cela montre aussi, dans des endroits (surtout en maternelle du fait de ses spécificités, j'en suis témoin - mais en tant qu'AVS, ce sera terminé dès l'année prochaine, la maternelle), que c'est possible de se dégager aussi, grâce à des implications indviduelles et des "engagements", de la stricte adaptation de l'enfant à l'école... comme le sous-entend Mr Cormier dans sa conclusion ici citée.

Certes cela ne saurait suffire pour une analyse des "intégrations et adaptations" scolaires : on ne peut oublier que l'institution, tenue comme elle l'est actuellement, ne trouverait qu'avantage à se limiter aux appels aux responsabilités individuelles, aux "expériences" et "innovations" liées à des démarches spontanées.



Pour le reste, je trouve l'esquisse du projet très politique avancé par Mr Cormier réellement intéressant : mes trois années d'AVS m'ont conduit à peu ou prou approcher nombre des points qu'il y aborde, n'ayant travaillé qu'en maternelle avec des enfants psychotiques et trisomiques.

Cette années voient des expériences qui, si elles nous situent les enseignantes et moi-même clairement hors-la-loi (décloisonnement bi-hebdomadaire, prise en charge de petits groupes et non travail uniquement individuel...) ont l'énorme intérêt de ... prendre au mot les missions confiées aux AVS et de permettre de se mesurer, aux fils des deux et trois années d'accompagnements concernant les enfants que j'accompagne, le bien-être acquis par eux d'être à l'école et la place tout entière qu'ils ont au sein du groupe.

Pour autant, l'étape normalisatrice du CP n'est pas encore passée... et c'est bien à partir de là que s'opère la majeure partie des... dégâts, j'oserai dire.


Merci Pascal pour votre réponse.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
Répondre