Avenir des AVS

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Boogie
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Avenir des AVS

Message par Boogie »

En juin ont été signées deux conventions pour la reprise des AVS arrivant au bout de leurs six années (seuls les assistants d'éducation AED sont concernés) :

> une entre, d'une part, FNASEPH, Autisme France, la FG PEP et un nouveau venu, la ligue de l'enseignement, et le MEN

> une autre entre les quatre fédérations de service d'aide à domicile (SAAD) et le secrétariat d'État à la famille, aux personnes âgées et aux personnes handicapées (Morano)

Donc, rapidement résumé, deux conventions concurrentes : une convention entre MEN et des structures associatives "traditionnellement" situées dans le champ du handicap ou de l'école (pour la ligue), et une autre signée entre les cabinets de Morano et des structures situées sur l'aide à domicile...

... or, cette aide à domicile ne concerne que les vieux et les adultes handicapés.
Avec les SAP, les SAAD forment le secteur des services d'aide à la personne. Les SAP (service à la personne) relèvent du secteur marchand, et reçoivent un "agrément qualité" (codifié par la loi Borloo de 2005) de la part de la DDTEPF (c'est à dire du Préfet). Les SAAD eux relève du secteur non-marchand et reçoivent un agrément de la part des services des conseils généraux.

Comment faire pour que les SAAD puissent reprendre des AVS (sur financement EN) alors qu'ils ne peuvent théoriquement pas travailler avec l'enfance ?

Il suffit de modifier un décret de la loi 2002-2 (qui a réformé la loi de 75 sur les institutions sociales et médico-sociales)...

... et les SAAD pourront travailler avec l'enfance. (pour longtemps).

Quand ça sera fait, je ne sais pas si vous voyez le truc, mais ça permettra d'organiser le transfert de tous les AVS (et peut-être plus ?) vers ce secteur (en très grande difficulté financière). Un peu comme si le deal était : "vous, les SAAD, vous êtes financièrement acculés... nous, le gouvernement, on vous propose de récupérer les AVS : ça vous fait certes une mission en plus, mais ça vous permet de sortir la tête de l'eau. En plus, les vieux et les handicapés ça va bien ensemble : ils ne produisent rien et ne sont pas très intéressants dans la discussion. Et qu'il s'agisse d'adultes ou d'enfants, ça n'a que peu d'importance".

Voilà ce que Nadine Morano répond (à une question sur les difficultés financières des SAAD - questions qui se multiplient depuis plusieurs mois à l'assemblée nationale) :

"Il nous paraît important de souligner également que les motifs des difficultés rencontrées par les associations sont multiples et qu'elles peuvent également, dans certains cas, résulter de problèmes internes de gestion des services ou d'une politique de qualification n'intégrant pas suffisamment la réalité des moyens financiers disponibles localement."
http://www.senat.fr/questions/base/2009 ... 0738S.html

Sentez-vous la bonne odeur de cette dernière phrase, construite dans la plus pure des novlangues ?

Les difficultés financières des associations résultent d' "une politique de qualification n'intégrant pas suffisamment la réalité des moyens financiers disponibles localement"

en clair : "pour les vieux et les handicapés, qui n'ont pas besoin de ça vraiment, hein, entre nous, hein, et bien on recrute des gens de plus en plus qualifiés, non mais franchement, les gens qualifiés coûtent trop cher, après faut pas venir se plaindre de n'avoir plus de sous"

L'avenir des AVS : servir de souffle d'air au secteur des SAAD

mais évidemment sans plus de qualification que ça, il ne faudrait pas non plus que "la politique de qualification n'intègre pas suffisamment la réalité des moyens financiers disponibles localement".

"Et de toute façon", aurait déclaré Morano, "y'a guère que les pauvres qui recourent aux SAAD, les riches ils se paient une personne à temps plein et les pauvres sont par nature pas très futés, d'une part, et d'autre part ils supportent tout, c'est fou ce qu'ils sont endurants, pareil d'ailleurs pour ceux qui sont à la fois pauvres et handicapés. Z'ont pas besoin de personne formées et qualifiées, ces gens-là : la formation et la qualification c'est réservé pour la production pas pour ceux qui ne valent rien socialement du fait qu'ils ne contribuent pas à produire de richesses. ils nous coûtent déjà assez cher comme ça, merde"

Ajouter que les personnes qui travaillent au sein des SAAD sont à 98% des femmes.

Quid des enfants handicapés dont l'évaluation des besoins en CDAPH montrerait la nécessité d'une figure masculine comme accompagnant ?
Quid de ce choix politique de réserver cette fonction au seul genre féminin ? Serait-ce que c'est là une de leur vocation "naturelle" ?
Quid de l'arrivée (pérenne, ce coup-ci) de personnels féminins peu ou pas diplômés dans les écoles ? Elles seront des exécutantes, des petites mains des enseignants, comme les ATSEM, sans aucun autonomie professionnelle. ON entendra des instits parler de "mon AVS" comme certains disent déjà "mon ATSEM" ('mais elle a un prénom, et elle n'est pas à toi", je dis à chaque fois)

Qui dit encore que le système éducatif français n'est pas reproducteur ?

Quel pays est si fort pour reproduire si fidèlement les cloisonnements sociaux en cloisonnements professionnels ?
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
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