AVS : métier impossible ?

AVSi, AVSco, EVS...
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Clarinette a écrit :

"Nous, les AVS sommes des acteurs à part entière mais les enseignants réclament-ils une formation ?
Ce qui est sûr, c'est qu'ils réclament des AVS.
Pour moi, on met la charrue avant les boeufs car la base de l'enseignement, ce sont les profs et à mon sens, ça commence par eux d'abord puis viendront les AVS ensuite.
Bon tu vas me dire me dire maintenant que c'est fait, pourquoi pas ? Mais j'ai juste peur que cette question des AVS empêche l'institution scolaire de se remettre en question, d'y être confronté et de se décharger sur ces mêmes AVS (mêmes compétents, reconnus etc..)
"

C'est juste, comme réflexion.
Ce que je crains, personnellement, c'est la création d'un -nième métier de service déqualifié et mis au service des familles plutôt qu'au service des enfants par le biais de véritables professionnels éducatifs.

Je voudrais quand même ajouter ceci, en provoquant un peu (mais tu vas comrpendre pourquoi) : l'institution scolaire c'est aussi nous. Les enseignants. Ça n'est pas seulement les vils gredins qui la tiennent en haut de la hiérarchie.

Une partie de nos missions pourraient aussi être précisément de constituer des "personnes-ressource" afin de fournir à l'institution scolaire des moteurs pour cette nécessaire "remise en question". Mais pas de réalité possible de cet objectif sans une réelle qualification, de niveau III au moins.

Quoiqu'il en soit, tenue comme elle l'est actuellement, l'EN ne remettra pas grand chose en question -du moins pas au-delà de la compétence des enseignants à faire apprendre à lire et de leur maladive contribution aux "forces puissantes de résistance au changement" (dixit Pécresse hier matin)...

(pour ceux qui doutent, je blague)
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
clarinette
Visiteur
Visiteur
Messages : 9
Enregistré le : 31 mars 2007 15:15

Message par clarinette »

Travailler autour de l'enfant , c'est une chose mais travailler aussi sur les représentations de chacun (enseignants, parents, autres enfants) c'en est une autre !
Est-ce que le rôle de l'AVS est de promouvoir la scolarisation des enfants handicapés ?
Est-ce que l'AVS peut à lui tout seul modifier l'institution ?
Être médiateur, éducateur, pédagogue, interface, ça fait un peu beaucoup comme objectif, non ?
Il me semble que partir avec l'objectif de changer les représentations (les résistances) des autres ne nourrit pas cette idée de distance avec la personnes que nous accompagnons ; à mon sens nous pouvons écouter et comprendre ces représentations mais vouloir les modifier, c'est peut-être mettre la barre un peu haut ! (ceci dit ces modifications se feront peut-être de surcroît :D )

Je pense à un autre post où tu disais que l'AVS permettait de faire travailler l'enfant quand l'instit était désinvesti en disant que de toute façon, sans AVS, l'enfant serait relégué dans un coin et je me disais que pour moi c'était le contraire, que sans l'AVS, justement cet enseignant serait confronté à cet enfant et serait obligé de modifier sa pratique.
Nous faisons partie de l'institution scolaire mais la place de pouvoir est celle de l'enseignant, le plus à même de créer le groupe, on reconnaît un arbre à ses fruits, une classe à son leader, à celui qui crée un climat émotionnel mais c'est vrai que ce sont souvent les petites actions, associations, qui font évoluer les positions.
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Travailler à une médiation entre l'espace scolaire et les enfants qu'on accompagne induit forcément un travail sur les représentations du handicap.

Combien de fois ne me suis-je pas retrouvé face à des questions d'enfants dans la cour, dans la classe, quant à l'élève que j'accompagnais ? Et des questions d'adulte aussi. Quand on ne sait pas, on répond "je ne sais pas", mais il se peut (et ça a été le cas) que nous ayons parfois une réponse à apporter. Parler du handicap, c'est déjà travailler sur les représentations. Le côtoyer, itou.

J'ai vu des enfants de la classe, cette année en CP et même l'an passé en maternelle, adopter avec J. des comportements qu'ils avaient appris du mien, me voyant travailler avec lui quotidiennement. Je n'ai alors pas de place à prendre, et pour moi c'est une grande réussite que de faire un pas en arrière, et que J. trouve chez ses camarades une certaine contenance qui lui permet d'être dispensé de "son" adulte, et qu'il ne trouvait avant, dans la classe, que par mon biais ou celui -beaucoup moins disponible, forcément- de la maîtresse.

N'est-ce pas travailler sur les représentations du handicap ?

On travaille sur les représentations quand on lutte contre les stéréotypes qui en fondent une grande partie, quand on fait reculer l'ignorance, quand on fait progresser la réactivité face aux comportements ou aux besoins particuliers qu'ont les enfants handicapés.

Alors pourquoi ne pas reconnaître ce fait et permettre une réflexion collective qui libère cet aspect de sa jachère intellectuelle et fasse que les expériences se nourrissent ? Pourquoi cet effet, que j'estime quasi-mécaniquement lié à la pratique des AVS, ne devrait-il pas se voir constituer comme relevant d'un thème de réflexion et de développement partie intégrante de la culture professionnelle de l'AVS ?

Ça fait pas mal bla bla, ce que j'écris, non ?

M'enfin.

D'autre part je n'ai dit nul part que nous devions modifier les représentations. Exprimé comme ça c'est effectivement trop d'ambition, et surtout inadéquat : ça me fait penser "remplacer des stéréotypes et des ignorances par d'autres". Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. (peut-être que c'est ce qu'on fait parfois ?)

Je n'ai pas dit non plus que "l'AVS [permet] de faire travailler l'enfant quand l'instit [est] désinvesti [et que] de toute façon, sans AVS, l'enfant serait relégué dans un coin". Je n'ai pas retrouvé le passage où tu me prêtes cette expression.

Peut-être peux-tu, toi ?

Médiateur, c'est notre raison d'être.

Pédagogue, ça fait trop prétentieux, néanmoins intervenir en classe et travailler en collaboration avec des enseignants oblige à mon sens d'avoir un minimum de connaissance en pédagogie.

Educateur, c'est comme pédagogue, on ne l'est pas, mais on doit avoir des compétences éducatives, cela va de soi ; je ne pense pas devoir développer ce point.

Alors, oui, la polyvalence est un trait de ce "métier', et cette polyvalence comporte des compétences croisées telles que pédagogiques, éducatives, techniques également (pour tous les gestes liés aux déplacements et pour toutes les utilisations de matériels de "compensation" liés aux déficiences motrices importantes).

Ceci est sans doute "un peu beaucoup" c'est vrai, "impossible", dans un sens, mais correspond bien au travail qu'on effectue, non ?

De plus il faut bien toujours rappeler que l'AVS est partie d'une équipe et d'un ensemble de professionnels. Il ou elle n'est pas LA solution. C'est une évidence, mais ça me semble réduire l'aspect "trop" que tu pointes, Clarinette.

C'est vrai que le référent des enfants à l'école reste l'enseignant. Néanmoins, je pense que les enfants sont tout à fait capables de reconnaître la valeur et l'existence d'une autre place d'adulte dans la classe, celle par exemple de l'AVS. Il suffit qu'ils voient et que la parole et les questions induites ne soient pas évacuées. Ils ne confondent pas, eux.

Ce qui crée un "climat émotionnel" comme tu dis c'est, je pense, plus encore que le seul enseignant lui ou elle-même, ce que les enfants perçoivent de la relation que les adultes d'une équipe ont entre eux, et la relation que peuvent entretenir, chacun dans son rôle, un ou une enseignante avec un AVS.

Qu'en penses-tu ?[/code]
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
clarinette
Visiteur
Visiteur
Messages : 9
Enregistré le : 31 mars 2007 15:15

Message par clarinette »

Médiateur entre les enfants oui effectivement et j'imagine que c'est travailler sur les représentations mais cela me semble plus difficile médiateur au niveau de l'équipe et/ou des professionnels. Cela suppose de fines compétences en communication, en écoute ou dans le repérage des mécanismes défensifs enfin bref un métier à part entière. Ce rôle de médiateur entre toute l'équipe + les parents n'est-il pas celui de l'enseignant référent ?
Qui pour le coup a plus de facilité à être neutre que l'AVS ?

Pour le reste, effectivement, les carences du milieu nous amènent à nous construire dans cette position ; à mon sens de réparer les manques et c'est là que je me pose la question de notre place : si nous nous fondons sur ces manques, doit-on être l'élément qui comble ces manques et comme le souligne le rapport Lachaud ; qu'est ce qui nous différencie des personnels spé du SESSAD ?
Franchement, cela me paraît bien difficile d'épouser toutes ces fonctions : pédagogue, médiateur, éducateur + soins techniques, peut-on concilier tout ça et n'y a t-il pas le risque de s'éparpiller?
Et si nous comblons les manques, comment l'institution scolaire se remet en question ? La présence de l'AVS devient la condition d'inclusion de l'enfant, comment faire avec ça ?

L'AVS fait partie d'une équipe mais quelquefois, il est seul et il n'y pas de professionnels non plus, alors là il devient celui qui a la solution et là le "trop ", je peux dire qu'il a tout son sens.

C'est intéressant de réfléchir sur la naissance des AVS et leurs rapports aux parents. L'AVS se bat-il pour les droits des personnes handicapés ? Si oui, la neutralité n'est pas de mise.
Et puis réfléchir sur ce qui nous amène là, ici, au côté de cet enfant dans un milieu qui n'est pas toujours favorable à la rencontre avec l'altérité.
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Les questions que tu poses sont intéressantes mais tu me sembles te lover dans une position très négative. Et je n'ai pas l'impression que tu prennes en compte mon message précédent. C'est bien utile de s'interroger, mais parfois le désarroi induit par l'incessante interrogation conduit à une attitude qui ne permet que de freiner en multipliant les questions sans volonté d'apporter de réponses, aussi "impossibles" à construire soient-elles.

Si c'est pour disserter seul en feignant de prendre en compte les réponses des autres, ça ne m'intéresse pas de poursuivre l'échange.

Es-tu AVS ? Si c'est le cas, tu peux peut-être contribuer à fournir des éléments de réponses aux questions que tu poses, au lieu de les multiplier et les décliner sans cesse. Ça permettrait d'avoir envie de poursuivre un échange plutôt que de se voir assommer par la multiplicité de tes remises en causes.

Une réponse, par rapport à la différence avec les intervenants SESSAD : le cadre institutionnel, la polyvalence, la plus grande présence (la plupart du temps). Ce sont des éléments, ne te précipites pas pour à nouveau m'éreinter de questions négatives.

Une autre, par rapport aux compétences pédagogiques, éducatives, de médiateur : la polyvalence des handicaps induit une polyvalence de compétence. Bien rares sont les cas où l'ensemble de ces compétences se mettent en oeuvre au même moment.

Je le répète : il n'est pas question de dire que l'AVS est un médiateur mais que sa position induit des compétences de médiation entre des éléments et selon des modalités qu'il convient de discuter et de définir. Relis mon message pécédent.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
clarinette
Visiteur
Visiteur
Messages : 9
Enregistré le : 31 mars 2007 15:15

Message par clarinette »

Comme tu l'as exprimé si vivement, je vais donc essayer de revenir au message précédent pour mieux te répondre et faire en sorte que l'échange se poursuive.

Ma pratique (10 mois), telle que je la considère, m'a fait entrevoir le travail d'AVS comme étant celui qui adapte le travail à l'élève. Tour à tour ayant rencontré 5 enfants tous très différents, je me suis transformée en m'improvisant en enseignant spécialisé (voir sujet sur les dyspraxies), en éducateur (là où peut-être j'avais le plus de connaissances) et parfois en AVS tel qu'on me l'avait présenté (prise de notes, toilettes, déplacements, mais seulement en théorie, car il y avait plus à faire !)
Il me semble que c'est plutôt le travail de l'enseignant d'aller chercher de l'information sur la particularité de son élève et non le travail de l'AVS, qui en principe est sous l'autorité de l'enseignant et qui en principe aussi, ne se situe pas dans le pédagogique mais bon on nage dans l'injonction paradoxale.
Tour à tour, j'ai eu le sentiment que ces enfants avaient besoin d'enseignant spé, d'éducateur, des fonctions qui existent déjà ,alors je me dis à quoi bon aller créer une énième fonction si ce n'est celle plus centrée comme en Italie, je crois, pour les gestes techniques (déplacements, prise de notes) (en tout cas, ce qui m'a été précisé à l'entretien d'embauche).
Ce que je déplore, c'est cette manière très humaine, d'aller chercher à l'extérieur d'abord au lieu de chercher à l'intérieur, d'élaborer cet intérieur (avec le négatif qui va avec) avant de mettre en place des roues de secours.
Quand je parle de mettre la charrue avant les boeufs, c'est cela, que l'AVS adapte le travail à l'élève, je me demande comment un enseignant s'y retrouve, quelle place à l'enseignant qui d'après mon expérience ne fait pas de recherches sur le handicap, c'est l'extérieur qui vient au secours de l'intérieur.
Je suis persuadée comme toi que les enfants sont sensibles à cette relation entre l'enseignant et l'AVS ainsi qu'à la présence d'un autre adulte dans la classe, mais il n'en demeure pas moins que celui qui domine la classe est la personne la plus à même de transmettre un regard, de transmettre sa façon de se comporter, de moduler son enseignement, connaissant l'importance de l'imitation chez les élèves. Je dirais aussi que les enfants sont sensibles au regard que l'enseignant porte sur l'AVS, AVS qui représente le handicap et qui a intérêt à être souple pour se faire accepter. L'AVS change le climat de la classe, c'est vrai, un élève me disait que quand j'étais là, l'instit criait moins mais je ne sais pas s'il permet d'évoluer en profondeur.
Ceci dit, je n'ai eu que des débuts, je suis restée 4 mois et demi dans un collège puis 4 mois et demi dans d'autres écoles, alors je ne parle que de mon expérience, que les représentations évoluent, je n'en doute pas, mais pour qu'elles évoluent dans un souci d'authenticité (enseignement de qualité), de véritable inclusion, il me semble que tant que les enseignants n'auront pas un minimum de bagages, on restera à une inclusion de surface.
Pour en revenir au côté médiateur, tu as parlé de médiateur et moi ma vision du médiateur est celle de celui qui est neutre, celui qui a une connaissance de la communication, j'avais compris que pour toi l'AVS est un médiateur mais effectivement tu parles de compétences de médiation mais alors elles sont à définir pour savoir ce qu'elles englobent, je ne sais pas ce que tu mets dedans.
Comment vois-tu ce travail en ce qui concerne les représentations du handicap ? Quelle est ta motivation personnelle ?

Le passage où tu dis que l'AVS fait travailler l'enfant quand l'instit est désinvesti (du moins c'est comme cela que je l'ai interprété) est dans le post dyspraxie et géométrie puis positionnement de l'AVS.
Boogie
Animateur
Animateur
Messages : 187
Enregistré le : 28 mars 2006 16:20
Localisation : dans l'Ouest
Contact :

Message par Boogie »

Salut clarinette

Vivement, mais sans surprise - on se connaît un peu ?-. En tout cas, je ne suis pas mécontent de ce 'vivement' quand je lis le contenu de ton message, plus prompt à fournir l'échange.

Je prendrai plus de temps pour poursuivre et te répondre plus en détail, là c'est la course.
"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles." (PB)
birgitt
Visiteur
Visiteur
Messages : 2
Enregistré le : 19 sept. 2007 13:42
Localisation : pays de la loire

avs et les enseignants??????=témoignage

Message par birgitt »

Bonjour à tous ! Je viens de lire pas mal de vos posts et je pense pouvoir vous apporter des pistes de réflexions et pas les moindres ! Je me lance ?
En 1998, je suis embauchée comme intervenante auprès d'un enfant handicapé (moteur et mental) de 7 ans, en école maternelle ; mon rôle était d'assurer ses déplacements dans et hors la classe ; mon premier entretien = avec l'instit, l'enfant et les parents ; après avoir vu pas mal de candidates et de personnes en poste auprès de cet enfant, je devais "assurer", ce qui n'était pas gagné d'avance, car aucune expérience en la matière sauf la mienne très très personnelle (maman de 3 enfants psychotiques) et la connaissance du handicap côté parents (difficultés quotidiennes, regards de la société, pschy et j'en passe!...) avec la patience, la diplomatie que ces situations nous inculquent (l.......c me testait dans les premiers jours en faisant tomber ses crayons (l'instit m'a laissé faire dans un premier temps puis est intervenue auprès de cet enfant pour lui dire que, la prochaine fois, les crayons resteront par terre et que je ne suis pas là pour "céder à ses caprices" ; et voila la première pierre de l'édifice d'un travail en commun ; pour en revenir à mon travail dans la classe, j'ai mis une semaine à faire connaissance, à évaluer ce que je pouvais apporter à cet enfant, autre chose qu'un travail réducteur qui consistait aux déplacements "pipi" et "récré" ; mon travail était alors de le faire participer aux activités de la classe (écritures, dessins, activités manuelles, mais aussi le faire participer aux échanges interactifs avec les autres petits élèves et leur instit ; c'était beaucoup + motivants pour tout le monde, et aucune "allusion de handicap" de la part des autres enfants.
Conclusion : l'intégration scolaire passe par la confiance entre l'instit et l'AVS, le respect mutuel de chacun de leur travail, et l'interaction entre eux. :) :)
bluenote
Utilisateur régulier
Utilisateur régulier
Messages : 34
Enregistré le : 15 janv. 2009 06:09
Localisation : créon (gironde)

Re: AVS : métier impossible ?

Message par bluenote »

oui et ce n'est pas évident... je suis prof en maternelle et une petite fille dite autiste ou psychotique selon les soignants accompagnée d'une avs m'est confié.
j'ai un gros problème !
en effet C est hyperactive et a besoin de son avs de façon quasi permanente car elle met tout en bouche et tire pas mal les cheveux, fugue en dehors de la classe à toute vitesse, etc

au début cela m'inquiétait : elle va se faire mal, elle va faire mal, on va la perdre !
maintenant j'ai envie qu'elle ait plus d'oxygène car son avs la suit vraiment partout et ne la lâche pas d'une seconde, je crois qu'elle a encore plus peur que moi !

or, la personne qui est le plus souvent auprès de C, qui l'observe, la connaît, lui parle, suit ses progrès, entre en relation avec elle : c'est son avs !
et moi je dois, en tant qu'enseignante, chercher et réguler, organiser les enseignements pour faire progresser C.

Comment faire quand l'avs me laisse si peu de place ?! bien sûr, je n'ai pas le droit de lui confier toute ma classe, ou alors ponctuellement, a priori pour m'occuper de C. (quand elle s'échappe dans les couloirs par exemple et qu'il faut suivre et tenter de la ramener)

j'essaye le matin à l'accueil, lors de la récré mais je constate que C a beaucoup de mal à quitter son avs ! elle vérifie toujours qu'elle est sous son regard quand je tente une relation pédagogique avec C (exemple : aller sur le toboggan, pendant que l'avs habille les autres enfants : impossible ! > C ne veut pas laisser l'avs s'occuper des autres enfants (c'est mon interprétation)

et puis je constate que mon avs est tellement méticuleuse (je pense qu'elle veut vraiment bien faire) (et peut-être un peu trop toute-puissante..) qu'elle me squizze un peu lol devant les parents par exemple, elle ne s'efface pas et prend les devants pendant que je suis tellement occupée avec toute ma classe que je ne peux me libérer (exemple : le père arrive à 11h15 et moi je suis en train de rassembler mes 26 élèves pour la cantine !)

Bien sûr elle pourrait prendre le relais pour que je parle aux parents... le problème c'est que j'ai déjà essayé de lui faire remarquer mon manque de temps vis-à-vis de C, mais elle ne semble pas du tout trouver cela anormal, et moi je ne sais pas m'imposer !
Mais comme je me connais, et que je suis frustrée là, par rapport à ma mission, je pense que cela va clasher : déjà je ne suis pas d'accord avec elle, je pense qu'il faut tout faire pour trianguler sa relation avec C qui ne fait que la monopoliser, alors je lui confie un atelier avec d'autres enfants mais elle a du mal à gérer les autres tout en gérant le comportement de C.

Que faire ?!

merci
jeanluis1
Utilisateur régulier
Utilisateur régulier
Messages : 28
Enregistré le : 18 juil. 2008 08:55

Re: AVS : métier impossible ?

Message par jeanluis1 »

Bonjour
Le mieux est de parler avec elle et de l'intégrer également dans tes projets de classe etc
si elle est AVSi il est normal qur s'occupe avant tout de l'enfant
si tu es frustrée, peut être qu'elle aussi qui sait..................
A mon avis rien ne faut un bon dialogue réciproque
birgitt
Visiteur
Visiteur
Messages : 2
Enregistré le : 19 sept. 2007 13:42
Localisation : pays de la loire

Re: AVS : métier impossible ?

Message par birgitt »

bonjour!je viens de lire pas mal de post et et de discussions ,mais permettez-moi de vous soumettre 1 expérience "inoubliable et très enrichissante pour moi et le petit garçon de 7ans en situation d'handicap dont je me suis occupé en maternelle.
tout d'abord je voudraui souligner pour moi,l'importance énorme dde cette phrase: "Donc, le travail de l'AVS ne peut fonctionner que si il existe une complicité fine entre l'enfant et l'adulte qui permettra à ce dernier de deviner quand il doit s'effacer pour laisser à l'enfant l'expérience du pair et intervenir quand l'impair est incontournable." (Claire a)
vous pouvez étudier "freud",ou faire 1 formation spécialisée ,peu importe;vous n'aurez pas forçément en vous cette complicité ,cette tolérance,et 1 empathie; et nous y voilà!
quand ds la classe,au départ vous êtes "engagée" pour subvenenir aux besoins physiques d'1 enfant handicapé moteur et mental,parce que le "reste" concerne uniquement l'instituteur( "seul maitreà bord") de ce vaisseau et que malgré lui,(trop absorbé par ses "tâches ordinaires") et pas assez de temps à consacrer à ce petit bonhomme(peut-être aussi 1 peu persuadé que cela n'est qu'1 "leurre"^+ 1 pression venue de je ne sais ou?) celui-ci "compte sur votre présence tout d'abord sans peut-être
croire vraiment que l'impossible(ou le possible!) puisse se réaliser!
ds mon cas personnel,je me suis lancè 1 défi en acceptant cette mission;maman de 2 enfants en situation d'handicap,je voulais savoir si j'étais capable de m'occuper seulement que de mes enfants,mais je désirai mettre mon peu d'expérience au profit d'1 autre enfant que le mien,avec tout cela que cela comporte;la tolérance,l'indulgence,la patience,la capacité de comprendre les difficultés de l'enfant,l'appréhension permanente des parents etcc etc..
ce qui fait que dès la 1ere rencontre (instit,moi,l'enfant et les parents)le courant a passé;les conditions ont été posés,leurs craintes,leurs espoirs,etc..
ds la classe ,je m'occupais de l....sous l'oeil atentif de l'instit (normal) ;l'enfant m'a d'abord "testé" de nombreuses fois en faisant tomber volontairement ses crayons(j'avais saisi le message) ;j'ai don ramasser 1 fois, 2fois,3fois,puis je lui ai dit que si il recommençait,ils resteraient par terre(l'instit ayant reprismon discours ds le mme sens)et alorslà j'ai compris que j'avais 1 "alliée" 1 "équipière à mes cotés;le 1er grand jalon était posé! (respect,et confiance de l"instit=2moteurs essentiels!)
j'ai très vite compris que mon rôle ne se bornait pas à 1 aide ds les déplaçements ,mais à bien plus! et notamment à "intégrer le mieux possible cet enfant l....tant ds les activités scolaires,que les échanges ds la classe avec les autres,les sorties sur la cour(participation rondes,jeux,ds les sorties extra-scolaires,évènements particuliers'anniversaires etc..
l'échange permanent avec l'instit ,les parents ont sans nul doute permis cela!
résultats? avec 1 aide circonstanciée,l..... pouvait suivre ds cette classe et surtout être accepté par les autres élèves qui n' hésitaient pas à " nous solliciter"
je suis très fière de cette réussite! et je voulais la partager avec vous me^me si j'ai débordé 1 peu du sujet désolé!
AVS IMPOSSIBLE,....NON!!!!! mais sous certaines conditions ..OUI!!!!
bluenote
Utilisateur régulier
Utilisateur régulier
Messages : 34
Enregistré le : 15 janv. 2009 06:09
Localisation : créon (gironde)

Re: AVS : métier impossible ?

Message par bluenote »

impossible je ne crois pas! la formation joue quand même pour beaucoup, et le passé de l'avs (la mienne etait educ specialisée donc super profil!) aussi, mais la capacité au dialogue, à l'écoute et à la remise en question, c'est ce qui nous est à tous le plus compliqué, à commencer par moi!

elle prend l'initiative de tout diriger concernant C, elle fait d'ailleurs ça très bien, se pose plein de questions essentielles, est très intelligente, on parle beaucoup toutes les deux, on est solidaires et en accord pour tout sauf ...sauf que j'aimerais qu'elle soit moins toute puissante!

et c'est pas facile à dire ça sans vexer ou blesser! en plus il y a des instit qui en imposent, moi pas du tout, je suis plutôt douce et en remise en question permanente!
je ne me sens en rien "supérieure" à elle, je sais juste que j'ai les connaissances qu'elle n'a pas concernant un peu de psychologie et de pédagogie! donc j'aimerais bien diriger un peu les progressions lol! bon en fait je m'en fiche, je voudrais juste que la C entre en relation avec moi et là j'ai besoin de cette dame pour m'y conduire!
akila m
Animateur
Animateur
Messages : 161
Enregistré le : 19 mars 2006 21:19
Localisation : yvelines

Re: AVS : métier impossible ?

Message par akila m »

bonjour blue note, je n'ai jamais travaillé avec une AVS mais je comprends la "frustration" que vous devez ressentir de voir la primauté d'une relation avec un enfant dont vous avez acceptez l'accueil dans votre classe vous échapper, surtout après avoir lu votre souhait d'être enseignante spécialisée auprès d'enfants présentant des troubles psychologiques.
Mais cette enfant que vous décrivez n'est peut-être pas scolarisable et prête à entrer des apprentissages. L'avs est son seul repère et la seule personne proche dans cet enfer que peut-être une classe pour un enfant si malade. N'avez-vous pas une atsem pour prendre la classe pendant que parlez avec la famille ? D'après moi vous n'avez pas à attendre que l'Avs prenne des groupes. Elle a déjà fait un travail énorme en acquérant la confiance de l'enfant. Peut-être organiser un atelier avec quelques enfants "calmes", la petite fille et son avs pour induire un détachement ? ou pareil avec vous si l'atsem prend le reste de la classe pour que la petite fille fasse connaissance avec vous ?
Mais je continue à me demander ce qu'on espère en accueillant des enfants si troublés dans des groupes si grands ? les apprentissages sont-ils vraiment visés ? avez-vous réellement un projet pédagogique pour cette enfant ? je rencontre des enseignants de maternelle qui finissent par se dire gênés, culpabilisés, ne sachant quoi proposer à des enfants "différents" et finissant par forcer pour donner des "traces" sur un cahier à la famille. On est tous tellement heureux et fier au début d'accueillir un enfant handicapé dans sa classe ; alors effectivement, il faut que ça marche, que ça aille bien.
Cordialement mescudie
bluenote
Utilisateur régulier
Utilisateur régulier
Messages : 34
Enregistré le : 15 janv. 2009 06:09
Localisation : créon (gironde)

Re: AVS : métier impossible ?

Message par bluenote »

je lui demande déjà d'encadrer des petits groupes avec C, pour éviter la relation trop fusionnelle. Frustrée, c'était une formule verbale, je pense surtout au bien de C, que cela soit thérapeutique et pas juste fusionnel avec son avs.
je me demandais moi aussi : mais à quoi ça sert d'intégrer des enfants aussi malades?! les autres vont ils devoir supporter d'avoir les cheveux arrachés toute l'année et que faire?!
je n'ai eu aucune aide pédagogique, je dois me debrouiller en gros! pas de pps, c'est comme ça, déjà beau que j'ai une avs et en plus elle est compétente!
j'ai passé des jours à essayer de joindre et mettre d'accord tous les partenaires pour faire l'équipe educative du premier trimestre (c'etait pas mon rôle mais personne ne le faisait!) et pas de pps....un peu dégoutée là quand même, mais j'en ai vu d'autres donc pas étonnée!

et puis avec le temps, on fait au feeling, on fait les cliniciens : on observe, on tâtonne, on tente...on écrit, on échange avec l'avs qui a des journées de formation à l'inspection et qui m'en parle après.

je lui fais un cahier de travail oui mais je n'impose rien! elle partage nos activités et on lui adapte : là où nous découpons, elle déchire par exemple.
je n'ai rien envie de prouver aux parents qui de toute façon semblent blasés à tout ce que je leur raconte de découvertes et de progrès observés!
je leur ai dit : je n'ai aucune formation particulière donc je ferai comme avec les autres en adaptant bien sûr (ce qu'on fait déjà avec un enfant ordinaire, on adapte en fonction de ses savoir faire)

C vient 3 fois par semaine toute la matinée, et quand le vendredi, elle ne vient pas et bien ça fait un grand vide dans la classe, j'avoue qu'elle me manque!
forest
Visiteur
Visiteur
Messages : 2
Enregistré le : 04 mars 2009 14:10

Re: AVS : métier impossible ?

Message par forest »

Pour ma part, je suis éducatrice spécialisée. J'ai travaillé 10 ans en internat auprès d'adultes et d'enfants souffrant de déficience mentale ou physiques, voire de carences éducatives dans 4 établissements différents. A l'arrivée de mon troisième enfant, l'internat me plaisait toujours mais techniquement je ne me voyais pas gérer. J'ai donc fait la demande pour devenir AVS i, je me suis occupée d'un ado myopathe arrivant en 2nde, et souvent les profs ne savaient pas qu'il serait leur élève. Ils me questionnaient sur l'attitude à avoir, mon rôle etc. Ma réponse est toujours restée la même pendant 4 ans, et sans l'aide ni de Freud ni de Lacan, je leur ai dit qu'il n'existait pas de manuel, que si nous nous parlions on y arriverait. On a improvisé et à 6 mois de la fin de mon contrat cela reste une expérience gravée dans ma mémoire. Il ne faut pas oublier que nous travaillons avec des êtres humains, tous uniques et que pour le bon fonctionnement nous devons savoir nous adapter et aussi (il n'y a pas de honte) laisser parler notre sensibilité. Je ne pense pas que notre société soit encore prête à reconnaître une place aux avs car elle n'accorde pas suffisamment d'intérêt aux personnes souffrant d'un handicap.
Répondre