Agir et communiquer avec ses élèves

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Daniel Calin
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Agir et communiquer avec ses élèves

Message par Daniel Calin »

Sur proposition de son auteur, je poste ci-dessous une présentation de ce livre susceptible d'intéresser tout enseignant en charge d'une classe (D. Calin)
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Agir et communiquer avec ses élèves (Hachette Education)
Benjamin Chemouny – mars 2012


Comment vais-je communiquer avec mes élèves ? La question semblera peut-être secondaire : Ne sait-on pas tous communiquer ? En tout cas, nous communiquons tous les jours. Et si l’on choisit l’enseignement, c’est bien qu’on doit avoir quelques compétences et quelques goûts pour la chose…
N’a-t-on pas suffisamment à faire du côté de la didactique, de la pédagogie ? Programmer les apprentissages préparer les séquences, organiser l’espace, prévoir le matériel, etc.
Et la communication n’est-elle pas un avatar de la logique d’entreprise qui conquiert insidieusement toutes les sphères de la société, dans une optique libérale, utilitariste ?
Enfin, une préparation didactique et pédagogique soignée ne permet-elle pas de dépasser de triviales questions de communication ?

Certes, mais ces préventions doivent-elles nous priver d’un perfectionnement dans la gestion de la classe ? Dans les salles des Professeurs à l’école ou au collège, les difficultés évoquées accordent une place de choix à ces questions relationnelles : le comportement de tel élève, les bavardages incessants, la fastidieuse mise au travail…

Pourtant, on peut aussi mettre en parallèle communiquer et enseigner puisqu’il s’agit de transmettre des connaissances, préoccupation qui se situe au cœur de la pédagogie. Cette transmission suppose d’établir une relation avec un élève, avec les élèves, avec la classe.

Le parcours du débutant rime avec celui du combattant pour ce qui est de la gestion de la classe.
Le besoin de réponses simples, pratiques, dans cette profession ardue, n’a rien de méprisable et mérite d’être pris en considération. Par exemple, on a le droit de vouloir obtenir le silence et d’acquérir quelques ruses à cet effet. Ces ruses, les anciens les connaissent et en usent, pourquoi les refuser aux néophytes ?
Des questions simples, qui appellent des propositions d’action simples, simplistes dirons certains. Ces propositions seront provisoires, sans doute, en attendant de cheminer vers d’autres solutions plus élaborées, qui laisseront elles-mêmes la place à de nouvelles et ainsi de suite.

Comment les professeurs gèrent-ils la classe au quotidien d’un point de vue relationnel ? Que disent-ils à leurs élèves ? Comment régissent-ils aux diverses interpellations ?
L’ouvrage Agir et communiquer avec ses élèves s’inspire des pratiques effectives des enseignants.
Face aux nombreuses situations de communication rencontrées en classe, il n’existe pas de solution unique, bien entendu. Toutefois, l’enseignant se pose plusieurs questions, en fonction de sa personnalité, son style d’enseignement, l’objectif qu’il poursuit.
Le savoir-faire des Professeurs est exposé dans la première partie, à travers une série de situations rencontrées en classe.
Les enseignants disposent de nombreuses ressources pour gérer la classe mais ils n’en ont pas toujours pleinement conscience : ce point est développé dans la seconde partie.

Les perturbations, les « dysfonctionnements » décrits dans le livre ne sont pas des anomalies : ce sont le métier lui-même. L’élève qui refuse de travailler, qui bâcle son travail, qui répond mal, les élèves qui bavardent, le groupe qui chahute : l’enseignant, à la longue, y trouve matière à désespérer : d’abord de son public, ensuite de son travail, enfin de son métier et de la fonction même d’enseignant. Freud lui-même n’avait-il pas parlé de « métier impossible » ?
Pourtant, si, d’après Alain, la pente naturelle de l’humeur est la tristesse, il se pourrait bien que la pente naturelle d’une classe soit de mettre en difficulté l’éducateur.
Le moment où l’on n’en peut plus, où l’on aspire à s’arrêter, c’est justement là où d’une certaine façon le travail commence.
Pour être convaincu que les difficultés au travail sont des difficultés professionnelles, encore faudrait-il que l’on cesse de rabâcher les poncifs sur l’expérience qui viendra, l’autorité naturelle, l’absence de recettes toutes faites, la singularité de chaque situation, la singularité également de chaque enseignant, etc.
Une idée reçue particulièrement répandue est que l’expérience ne se transmettrait pas, elle serait comme une lanterne qui n’éclaire que le chemin de celui qui la porte (Roland Chesne). Mais alors en quoi consiste la formation professionnelle ?

L’assurance que l’on manifeste est une des clés, de l’avis de tous les collègues consultés. C’est l’adulte qui décide du cadre, des règles, du fonctionnement, de l’assouplissement du programme prévu. Plus difficile à assumer dans un temps de remise en cause, encore, de l’autorité conçue comme autoritarisme.
Les élèves nous conduisent à adapter notre pratique. Mais c’est nous qui en décidons.

Une deuxième clé, liée à la première, est la distance à conserver dans sa pratique : dans la relation à l’élève, on ne doit pas s’impliquer personnellement, en tant qu’individu, mais en tant qu’enseignant, en tant que professionnel de l’éducation. À ce titre, on s’informe des besoins et des attentes des élèves. Ces derniers réclament – souvent inconsciemment ! – un cadre, ferme, sécurisant.
L’élève ne se sent pas mis en cause personnellement, pas plus que l’enseignant. Chacun reste à sa place, dans son rôle. L’implication personnelle en tant qu’enseignant sert souvent de preuve qu’on se donne à soi et aux autres de notre professionnalisme. Le risque d’épuisement psychique est bien présent, car les déceptions ne seront pas seulement professionnelles lorsque les difficultés au travail surviendront. D’où l’intérêt de démêler le professionnel du personnel au sein de groupes de parole de type Balint par exemple1.

Les solutions existent, non pas sous la forme d’un processus à appliquer à partir d’un modèle, mais par la prise de conscience et la mise en œuvre des ressources dont dispose un enseignant : un corps en mouvement, une voix modulable, un regard et des expressions variées, un comportement qui s’adapte au contexte…

Se questionner sur sa pratique conduit à développer son sens de l’observation : observer davantage ses élèves, interroger son métier, définir ou redéfinir son rôle d’enseignant, dialoguer avec les autres professionnels de l’éducation.
Quel enseignant peut véritablement faire l’économie d’une réflexion sur la communication et la relation à ses élèves ?
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