Même si je n'ai pas une lecture aussi radicalement marxiste que Daniel
(au moins dans un premier temps
), il est une évidence de terrain que chacun peut vérifier : dans une même classe, un gamin dont le handicap a été reconnu (et, pour rester dans le contexte proposé par Daniel, prenons un handicap dans "le champ mental" sans avoir besoin de détailler plus) relève de 10 fois plus d'aide et, peu à peu, d'attention, qu'un gamin "ordinaire" en très grande difficulté. À l'un l'éventuelle mise en place d'un PPRE avec appui du RASED, à l'autre l'artillerie lourde du PPS et des aides de toute nature. Tant mieux pour ce dernier...
Mais, à terme, et si la vision de Daniel se confirme (mais peut-être est-elle un peu déformée par la seule situation à Paris), alors effectivement, il y aura une réalité pauvres/riches du doublon difficulté/handicap.
Anecdote : sur le CMP de mon secteur de ville nouvelle arrive une pédopsychiatre qui vient d'un CMP de l'est du département plus souvent sous les feux de l'actualité télévisuelle... Dans son nouveau secteur, les handicaps reconnus dont deux fois plus nombreux que dans l'ancien, à population égale. Égale mais pas identique. Alors qu'à l'est les conditions de vie frôlent la misère, et que la vie quotidienne est un combat de chaque instant pour l'essentiel (se loger, se nourrir), sur la ville nouvelle, de manière globale (et donc trop rapide), on trouve des familles "moyennes" pour lesquelles l'essentiel est assuré (plus ou moins). Elles peuvent alors se consacrer aux "secondes urgences" : le handicap de leur gamin. Dans un cas, on a des écoles qui explosent et pour lesquelles la prise en compte du handicap ne peut pas être une priorité, dans l'autre, la demande parentale de reconnaissance de ce dernier est prioritaire et masque les "cas" restant de très grande difficulté scolaire.
Daniel dirait c.q.f.d. Conclusion de la pédopsy : il n'y a pas de raison que la prévalence du handicap soit différente d'un lieu à l'autre. Ce qui change c'est l'attention que chaque partenaire y porte : familles, soins (et il est vrai que sur la ville nouvelle les services sont au moins deux fois plus nombreux qu'à l'est) et école.
Dans ces conditions, l'"intégration" risque de marcher... Un instit' aura tout intérêt à "intégrer" puisqu'il aura les moyens de le faire (emploi du temps aménagé, AVS, plateau technique). Et il aura toute bonne conscience de laisser au fond de sa classe le gamin qui ne suit pas...
De la perversité d'un système...