Défauts de places "handicap mental"

Enseignants référents, enseignants détachés à la MDPH...
Répondre
Francis
Utilisateur régulier
Utilisateur régulier
Messages : 32
Enregistré le : 23 nov. 2011 04:53

Défauts de places "handicap mental"

Message par Francis »

ERSEH secteur BEAUNE - Côte d'Or
Le niveau des défauts de places monte d'année en année depuis 3 ans. Les premiers concernés sont bien entendu les jeunes les plus nombreux en situation de handicap mental ; ceux pour lesquels la question de l'accessibilité ne se pose pas à l'immobilier de l'école, à l'écoute et à la vision de ses cours, mais bien aux contenus d'apprentissages scolaires et sociaux. Cette accessibilité aux contenus ne se résoud que par modalités, méthodes, choix d'objectifs, stimulations, inclusions profitables, conditions de travail et d'encadrement appropriés au sein de dispositifs spécialisés.
On sait cela depuis... au moins 1909 ; 1975 et 2005 n'ayant fait qu'insister sur l'intégration devenue inclusion.

Nous étions "habitués" aux listes d'attente du secteur médico social en IME, ITEP et SESSAD.
Aujourd'hui nous voici contraints à faire face au défaut croissant de places dans les dispositifs éducation nationale CLIS 1 et ULIS TFC.

En Côte d'Or le recensement des défauts de places réalisé par, et à l'initiative des ERSEH, transmis aux IEN, IA, conseiller du recteur met en évidence :
120 défauts se répartissant comme suit :
- 70 défauts de places IME
- 4 défauts de places ITEP
- 29 défauts de places CLIS 1
- 16 défauts de places ULIS collège
- 1 défaut de place ULIS pro.
Ce recensement n'a pas (encore) concerné les SESSAD, puisqu'il ne s'agit "que" d'accompagnements à la scolarisation et pas de lieux de scolarisation. Mais, pour le seul SESSAD IME du secteur où j'exerce, la liste d'attente se monte à 40 jeunes pour 24 qui y sont suivis.
Ces défauts de places touchent les secteurs de manière inégale. Dans celui de Beaune, le plus atteint du département, ces défauts concernent 24 jeunes sur 130 suivis, soit 18,5 %. (que mes collègues ERSEH d'autres départements ne s'étonnent pas du peu de dossiers comparé aux 200 ou 300 de certains ; en Côte d'Or, on "fait des ménages" en plus des suivis handicap)
Quand il ne s'agissait que de quelques élèves, attendant une année... poussière sous le tapis.

Aujourd'hui le travail des ESS est :
- plombé par la question "et s'il n'y a pas de place... ? ",
- dénaturé puisque contraint à envisager non plus le seul recensement des besoins-recueil d'éléments précurseurs de PPS (Projets Personnalisés de Scolarisation), mais aussi des PPS (Projets Paliatifs de Scolarisation),
- finalement noyé dilué dans la multitude de feuillets, relativisé et discrédité par les faits.
Au bout du compte, s'il n'était le professionnalisme de nos EPI (EPE ailleurs), le plus rapide, sinon le plus facile serait encore d'obtenir un AVS-i et/ou un ordinateur portable qui satisferait très temporairement les uns, parfois les autres !

Quel ERSEH n'a pas ressenti le grand moment de solitude en ESS quand il :
- déballe "ses" documents modèles 21, créés 199., modifiés 199., rectifiés 200., corrigés 200, revus 201, refondus... quand on aura le temps, uniformisés... un jour peut-être,
- explique des procédures allambiquées mais garantes d'équité,
- développe une multitude de sigles barbares pour nombre d'entre eux avatars de la célèbre notion de PROJET déclinés au fil des modes, des injonctions d'un champ professionnel à l'autre, et pour la plupart mal ficelés : PPS, PAI, PPRE, PPI, PPO, PI, PIDRE, PPETI, PE, PS..., RASED, MDPH, EPI, CDA, CDOEA, SESSAD, SAAAIS, SSEFIS, CMP, CMPP, CMS, IME, ITEP, CME..., SASE, AFELNET, préAFELNET, COPsy, CIO..., AVS-i, AVS-co, EVS, ASCO, Aed... dans lesquels, s'il est consciencieux, il tente de ne pas endormir, perdre ou fâcher ses auditeurs,
- glisse le formulaire de demande CERFA n°13788*01 ("mais non M'dame, ce n'est pas compliqué, il y a 8 pages mais à peine 3 ou 4 concernent les enfants"), complété du CERFA n°13878*01 dans certains cas de nécessité de taux d'incapacité ("taux de quoi vous avez dit !?"),
- pour terminer anxieux du résultat, tendant le stylo à signer, en disant que "si, si, si, il faut faire la demande, c'est important, essentiel, nécessaire..." même si au bout du compte, l'attente, le défaut seront probablement là à envisager.

Que reste-t-il de notre travail d'ESS quand les élèves attendent 1 an, 2 ans et bientôt plus une place en CLIS, ULIS... ?
A quoi sert de proposer un accompagnement SESSAD qui mettra 3, 4, 5 ans ou plus à être effectif, après avoir refait complètement 2, 3 fois le dossier ?


Les réponses des IEN sont pour le mieux embarassées... éléments de langage : contrainte, conjoncture..., étonnement...
On pourrait tout à fait avoir le sentiment qu'au dessus d'un plafond de verre, se dresse une, ou des poignes de fer...

Quand la "générosité" de la loi de 2005 rencontre les "contraintes" du secteur médico-éducatif et de l'éducation nationale... les jeunes en situation de handicap mental sont les premiers à en faire les frais.
Les frais ?
Seront-ils fondés un jour à faire reconnaître, évaluer et réparer un préjudice ?


Qu'en serait-il si le "handicap mental" était aussi bien organisé et défendu que le handicap moteur avec l'APF ?
Répondre