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Où va-t-on ?

Posté : 17 sept. 2011 19:12
par Kerarzik
Bonjour,
je suis une toute nouvelle enseignante référente, issue du Second degré, et assez perplexe sur ce nouveau poste. Bon : on y perd financièrement, on s'y attendait un peu, mais quand même (au prix de l'essence, ça devient du délire). On travaille bcp, mais tous les enseignants travaillent bcp. Par contre je m'interroge sur ce qu'on nous demande de faire, ici : par exemple, depuis le début de l'année, nous gérons les postes des AVSI, c'est les chaises musicales, et j'ai la désagréable impression d'être missionnée pour faire passer la pilule et gérer la pénurie. Premier hic. Ensuite, la façon dont on nous perçoit : certains directeurs d'école semblent croire que les décisions de l'IA viennent de nous. Du coup, être moins bien payée + moins bien considérée, ça fiche un coup. Enfin, est-ce que les enseignants référents qui me lisent font ce métier parce qu'ils en avaient assez d'être devant des élèves ? J'ai l'impression que c'est l'idée qu'on se fait de nous, et c'est peut-être une motivation pour certains. Personnellement j'adorais l'enseignement. Est-ce que je me suis trompée de poste ? Je croyais qu'on serait du côté des élèves et des familles, mais d'une autre façon, pédagogue malgré tout (celui qui conduit l'enfant). Pour l'instant, rien de ça.
Merci pour vos réponses.

Re: Où va-t-on ?

Posté : 18 sept. 2011 11:30
par Fred Gabiot
Ton métier est indispensable, mais peu considéré. Le rôle principal de l'enseignant référent est de mettre de l'huile dans les rouages. D’accélérer les choses (voire de les précéder). Tu es le lien entre les différences instances, les profs, les parents et les enfants en situation de handicap. Maintenant, sans revenir sur l'idée qu'on se fait de vous (et sans porter aucun jugement, je respecte beaucoup cette fonction), tu affirmes adorer l'enseignement mais tu as choisi un métier où tu es sûr de ne jamais te retrouver en situation d'enseignement. Il faut admettre qu'il y a une certaine contradiction. D'autant plus que (malheureusement), en ce qui concerne la notion de "celui qui conduit l'enfant", tu n'auras comme contact avec chaque enfant que les équipes de suivi 1 heure deux fois par an..................................

Re: Où va-t-on ?

Posté : 26 sept. 2011 21:42
par Kerarzik
Merci pour cette réponse. Je crois quand même qu'il y a un glissement de nos métiers vers l'administratif, et j'espère qu'il est possible, quand on reste longtemps sur un secteur, de s'en prémunir. On devrait voir les enfants ou du moins les familles bien plus qu'une fois par an. Sinon, l'ESS ne devient qu'un lieu de validation de ce qui serait déjà joué, et notre rôle... secrétaire de séance ? Il faudrait du temps pour amener chacun à entendre, admettre les positions de l'autre, pour que les parents soient vraiment acteurs et acteurs conscients de la scolarité de leur enfant. Et c'est pour ça qu'il faut (ou qu'il fallait) que les enseignants référents soient d'abord des enseignants. Pas évident quand il y a 200 "dossiers" (j'aimerais dire "élèves") et que le calendrier MDPH impose de tout boucler ou presque pour mi-février.

Re: Où va-t-on ?

Posté : 07 déc. 2011 16:47
par daniele
l'enseignant référent selon moi n'a d'autre fonction que de permettre à chacun de s'exprimer et de coordonner les différentes interventions pour en faire un tout cohérent qui puisse aboutir à des actions en faveur de l'enfant. il doit rester neutre et savoir écouter pour relever ce qui est essentiel et permettre à l'équipe de suivi de rebondir , ce faisant il n'a pas à intervenir en tant que pédagogue ou maître spécialisé et empiéter sur les fonctions des autres.
C'est un intermédiaire, ni plus ni moins, et si l'on considère les difficultés de communication actuelle, c'est un acteur essentiel dont la fonction est ingrate et qui nécessite pas mal d'humilité car il doit rester en retrait par rapport à la problématique de la personne handicapée.
Ce faisant, je ne suis pas sure que d'avoir été enseignant soit réellement un avantage pour assurer cette fonction

Re: Où va-t-on ?

Posté : 09 déc. 2011 17:16
par renavd
Dans notre département, l'inspecteur ASH aimerait bien nous voir jouer un rôle de conseiller pédagogique. Je me suis référé aux textes et n'ai rien trouvé : ni l'arrêté du 17/8/06 ni le décret du 30/12/05 ne vont dans ce sens. Certes, nous sommes recrutés en tant qu'enseignants spécialisés, mais il semble que le Législateur ait voulu que nous mettions notre connaissance du système éducatif à disposition de l'usager (élève ou responsable légal) et non de l'enseignant. Et lorsqu'une expertise est évoquée au sujet de l'équipe de suivi de scolarisation, il ne s'agit en aucun cas de l'ERH mais "du psychologue scolaire ou du conseiller d'orientation psychologue, du médecin de l'éducation nationale ou du médecin du service de protection maternelle et infantile et, éventuellement, de l'assistant de service social ou de l'infirmier scolaire" ou encore des "personnels [des] établissements qui participent à la prise en charge de l'enfant ou de l'adolescent".
Il n'en demeure pas moins qu'il importe de cerner le plus précisément possible lors des ESS les conditions de scolarité et les aménagements pédagogiques nécessaires. Mais un positionnement de conseil pédagogique de notre part fragiliserait l'enseignant-e de la classe dans l'interaction délicate que constitue l'ESS : il serait ainsi le seul professionnel dont la pratique puisse être publiquement remise en cause. Au lieu de ça, il me paraît intéressant que chacun puisse s'exprimer de la position qui est la sienne et se nourrir de l'expertise de l'autre dans le domaine qui est le sien, l'enseignant référent handicap s'assurant de la bonne circulation de la parole et de ce qu'aucun ne s'arroge un savoir dans le domaine du partenaire. Il me semble que l'essentiel de "l'expertise" qui est alors requise de notre part se situe dans cette juste reconnaissance des champs de compétence des différentes parties.
Lors d'une formation des membres du Rased, un psychiatre a évoqué le travail de "qualification" qu'il mène auprès des enseignants d'une école accueillant de nombreux élèves en difficulté. Nous ne pouvons certes pas prétendre à cet objectif; à tout le moins devons-nous nous garder d'un risque de "déqualification" de nos collègues.
Sans doute est-il un autre temps pour le conseil pédagogique : entretien individuel, conseil de cycle en présence des membres du RASED, visite des conseillers pédagogiques… La mission des ERH n'a pas vocation à dégager l'Inspection académique de ses obligations en termes de formation continue des personnels, de déploiement des RASED ou d'accompagnement des personnels.
Pour constituer un "droit dérogatoire" un tant soit peu cohérent, les préconisations de l'EPE gagnent à s'appuyer sur les propositions de l'équipe éducative ou de l'équipe de suivi de scolarisation : mais celles-ci doivent elles-mêmes s'appuyer sur l'expertise de l'enseignant - ou des enseignants - de la classe. Notre rôle est de permettre à cette expertise-là d'être pleinement entendue aussi, et je trouve parfois que ce n'est pas mal d'avoir été soi-même enseignant pour les aider à dire tout ce qu'ils ont à dire dans leur champ de compétences.

Re: Où va-t-on ?

Posté : 09 déc. 2011 19:00
par ARGUIN
Dans ma fonction de psychologue EN, je suis amenée à travailler avec un enseignant référent (c'est le 2° depuis leur création).
Sa position n'est pas très confortable et il me semble que la quantité de travail a augmenté. Il est très diversement perçu d'un établissement à l'autre et certains directeurs remettent en cause l'existence même de cette fonction.
Personnellement, j'apprécie qu'un tiers neutre intervienne dans une équipe de suivi de la scolarisation... après, tout peut se discuter...
recrutement, qualification initiale, formation, etc... Mais, comme souvent à l'Education nationale, chacun fait comme il peut avec peu de moyens... certains se débrouillent très bien malgré tout... c'est très variable.... d'après les échos de mes collègues... ça peut être cata ! Certains ex-enseignants spécialisés se retrouvent noyés par toutes ces nouvelles tâches et par l'organisation personnelle que cela représente.

Re: Où va-t-on ?

Posté : 08 janv. 2012 11:09
par marie anne
En effet que de contradictions !
Lorsque j'ai postulé sur ce poste, l'inspecteur a insisté sur le rôle que j'avais à jouer auprès des enseignants en tant que conseils. Je m'en suis étonnée puisque les ER que j'avais rencontrés auparavant ne m'avaient pas parlé de cette fonction. Pour l'inspecteur, il semble que ce soit un point à développer vu mes compétences acquises. Depuis, j'ai de nouveau abordé cette question avec mes collègues qui ne se voient pas du tout dans ce rôle. Pourtant après 2 ans à ce poste, il me semble que je pourrais tenir ce rôle dans les dossiers où mes compétences seraient un plus, pour les questions où il n'y a pas de conseillers pédagogiques qui peuvent y répondre (J'ai une formation option C, 5 ans de travail à l'APF, nous ne sommes pas nombreux !). J'ai eu l'occasion de mettre mes compétences au service de quelques élèves et je dois avouer que cela m'a apporté une certaine satisfaction personnelle. Les collègues enseignant dans les classes et les élèves ont été satisfaits et je suis prête à recommencer, si besoin. Cela change des tâches administratives, à condition bien sûr que cela ne prenne pas trop de temps.

Re: Où va-t-on ?

Posté : 08 janv. 2012 13:46
par daniele
Question : pourquoi cette approche en termes de conseils pédagogiques?
C'est à mon avis une erreur fondamentale, de fait un enfant autiste par exemple a bien d'autres besoins que de pédagogie, même adaptée !
Pourtant je constate que dans les ESS il n'est question que de lecture, un peu d'écriture souvent et parfois de dénombrements et d'additions, ceci renforcé par l'intervenant du CMPP souvent maître E.
Si cet enfant était handicapé moteur, on ne relèverait pas ses performances à la course d'obstacle ! Mais s'il est autiste, on peut faire l'impasse sur les aspects relationnels sans que cela ne choque personne.
C'est pour cette raison que j'évoquais la question de l'origine professionnelle des enseignants référents et j'avoue que cette question reste posée à la lecture du dernier message.
Je pense qu'il est toujours bon qu' une fonction soit définie clairement, en particulier celle qui est à l'interface, je n'ai jamais été pour les "je fais comme je le sens", ce qui est trop souvent le cas et se pose alors la question de la légitimité et du pouvoir.
J'ai beaucoup apprécié la réponse de Renavd et je l'en remercie car elle éclaire et précise ma pensée. J'aurais aimé aussi qu'il précise qu'il est également attentif à la parole du psychologue scolaire et donc aux aspects thérapeutiques de la pédagogie. Il faut croire que seuls les enseignants sont en risque de déqualification.
j'ai beaucoup espéré lors de la mise en place des ESS, enfin un espace de communication pour la psychologue que je suis, (auparavant, c'était toujours entre deux portes et soumis à la "bonne volonté" des enseignants).
J'ai rapidement déchanté puisque tout se résume à la pédagogie !

Re: Où va-t-on ?

Posté : 08 janv. 2012 19:59
par renavd
daniele a écrit :J'aurais aimé aussi qu'il précise qu'il est également attentif à la parole du psychologue scolaire et donc aux aspects thérapeutiques de la pédagogie.
Bien entendu : le psychologue de l'école est bien souvent le premier interlocuteur de l'ERH et déjà en amont de l'ESS, l'échange entre nous est indispensable ; lors de l'ESS, sa connaissance de l'élève, de son contexte familial et de l'école, mais aussi des pathologies et les relations qu'il entretient avec le CMP, ainsi que l'attention qu'il porte aux mots échangés, tout ça permet de construire du sens. (Je regrette que les Copsy n'aient pas cette disponibilité dans le 2nd degré). Au total, je trouve que l'ESS permet au contraire de relativiser la pédagogie : certes, l'école doit rester le lieu de l'apprentissage ; mais il faut que l'enseignant à l'impossible ne soit pas tenu. Le psychologue peut y contribuer.

Re: Où va-t-on ?

Posté : 16 avr. 2012 12:23
par ARGUIN
Oui, bien sûr... un travail en amont des ESS, entre ERH et psychologue EN est indispensable... et très intéressant... j'ai connu cette façon de travailler avec une collègue ERH très impliquée, c'était le bon temps! :D ... Ce n'est malheureusement plus le cas aujourd'hui avec son successeur, ce que je regrette car la qualité du travail s'en ressent fortement. Je connais des ERH qui aimeraient bien travailler en amont avec les psychologues EN de leur secteur... et qui n'y parviennent pas avec tous... :roll: