Difficultés persistantes

Les aides pédagogiques spécialisées (option E).
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domi
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Difficultés persistantes

Message par domi »

J'ai quatre élèves que je ne parviens pas à débloquer et je recherche des outils nouveaux. Ces élèves ont, pour au moins trois d'entre eux, un passé traumatique, le quatrième navigue depuis des années dans une commande maternelle de ne pas apprendre. Pour une des élèves, j'ai pu travailler avec la famille sur le fond (apparent en tout cas) des difficultés et je pensais que ça allait démarrer, mais non. Pour les autres, les troubles identifiés dépassent ma compétence de maître E et donc j'essaie de les maintenir dans quelque chose qui soit de l'ordre du scolaire pour qu'ils aient au moins une aide à l'école. (Ces élèves ont bien entendu été adressés aux collègues orthophonistes et psy mais les parents n'ont jamais souhaité donner suite à nos propositions.) Avec eux j'ai suivi, avec succès d'ailleurs, les idées de Boimare et celles de Ph. Cormier sur l'anamnèse cognitive. Les trois grands veulent vraiment savoir lire. Ils sont très motivés, viennent avec plaisir et entrain travailler avec moi. Nous continuons donc à vivre les aventures d'une première femme de la création pour expérimenter différentes stratégies de lecture. MAIS ces élèves restent en très grande difficulté d'identification du mot écrit. Ils sont conscients de cela et veulent améliorer cette compétence. J'axe mon action sur trois domaines:
Augmenter le lexique global, notamment connaître les mots outils les plus fréquents. Ça ne marche pas trop mal.
S'autoriser à deviner, faire des hypothèses sur des mots inconnus. Bof
Reprendre le travail de conscience phonémique, et de correspondance phonème / graphème. Là je me heurte à un mur total. Ils sont totalement envahis d'émotions, malgré que l'environnement soit hyper sécurisé, devant ces tâches (j'entends/ je vois). Ils ne mémorisent rien du tout, alors que mon idée était que, vu le nombre de fois où ils ont appris cela, des liens s'établiraient aisément. Ils procèdent comme si l'écrit n'était pas là. Ils se jettent littéralement dans le mot et y ajoutent allègrement toutes sortes de sons (des r, des è...), n'identifient pas les graphèmes complexes, restent obstinément sur un découpage à deux lettres, ne modifient pas du tout leurs représentations (wa reste OU A quoi qu'il en soit et le OI reste O/I ).
Je me dis que je dois me heurter à ce qu'on appelle dans la littérature "l'adressage" ??? Je me dis qu'il doit y avoir là quelque chose de l'ordre de la mémoire ?? du séquençage ??? Donc, à votre avis ??? Auriez-vous des outils à me proposer? Est-ce mission impossible?
En tout cas, je ne me vois pas du tout poursuivre dans cette voie, vu l'état explosif dans lequel nous ressortons tous de ces séances.
Cordialement
DOmi
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour,

Vous ne précisez pas l'âge de vos minots. Dommage.

Nonobstant, la description que vous en faites (ou plus exactement que vous faites de leur rapport à l'apprendre) et les objectifs pertinents que vous posez me conduisent à m'interroger : n'est-il pas temps de passer la main ? de lâcher prise ? Les peurs d'apprendre, de se séparer pour faire du lien (qui est la base "psy" du système alphabétique), semblent bien envahissantes.
Votre entrée Boismare paraît "la" bonne, mais sa mise en oeuvre sur le versant pédagogique semble prématurée. Pas de G sur votre RASED ?

Quelques pistes, peut-être, dans Comprendre et aider l'enfant dyslexique, chez Dunod, de Bernard Jumel, psy sco, qui replace l'accès au lire dans sa genèse anthropologique par rapport à l'écrire.

Mais j'ai bien le sentiment que vous touchez là à la frontière bien floue qui sépare la prise en compte des difficultés scolaires et celle des rapports à l'autre (à la mère ?), et qui peut conduire à de l'acharnement pédagogique...

Bon courage malgré tout...
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
domi
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Message par domi »

Merci de la réponse qui semble aller dans le sens que je pressens. Effectivement la question que je me pose est de rechercher encore autre chose pour espérer encore que quelque chose est possible. Si je les lâche, premièrement mes collègues ne vont pas du tout comprendre ma position. D'autre part, ces élèves trouvent (je crois) quand même avec moi un moment de repis. J'ai bien conscience cependant de donner à espérer que ça va finir par aller, mais j'y crois de moins en moins chaque jour.
Pour l'âge, 8 et 10 ans. Un des enfants devrait pouvoir obtenir une place en IR. Pour les deux autres il faut faire durer jusqu'au départ vers la SEGPA où elles n'ont pas fini de souffrir et de faire souffrir. J'ai aussi une minette de CE1 (avec deux CP dans son cartable) qui n'a toujours pas admis la segmentation de l'écrit en mots. donc effectivement il y a là quelque chose qui échappe au pédagogique.
Pour le reste je suis seule cette année. Rééduc non remplacée, psy en congé, non remplacée.
Cordialement
Domi
patrick
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Message par patrick »

Je trouve que votre situation est bien caractéristique de l'évolution de notre travail en réseau. De fait la réalité du terrain et le nombre d'enfants en grande difficultés qui errent dans l'école nous oblige à sortir de la difficulté plus passagère pour laquelle nous étions plus préparés.
Le travail de différenciation des situations des élèves entre l'échec, l'handicap, la difficulté ordinaire, la difficulté durable... n'est pas un tri ségrégatif mais un moment nécessaire pour penser, pour commencer à repenser. Pas pour mettre les enfants dans des boites, au contraire pour permettre à la pensée de tous de retrouver un espace d'ouverture .
Vous analysez correctement votre situation , vous avez fait les démarches pour une prise en charge extérieure, vous n' avez pas fermez la boite pour autant.
Par contre vous devez explicitement dire que vous n'êtes plus dans l'aide E, ni G d'ailleurs(PASCAL) vous êtes dans ce que l'on appelle "l'accompagnement". Ce devrait être l'exception dans le travail de réseau, mais ça a tendance à se généraliser.
Les objectifs changent, les dispositifs ne peuvent être les mêmes, ce n'est plus en tant que maître E que vous intervenez mais en tant qu'enseignant spécialisé. Si tout vos créneaux sont mobilisés par ce type d'intervention alors là il y aurait un grave problème.
domi
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Message par domi »

:D :D :D :D
Je ne suis donc pas totalement à côté de la plaque. Mille mercis pour votre analyse. Cordialement
domi
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