Quelques éléments de réponse :
1/ Inutile de m'envoyer des messages privés quand votre question a été posée sur le forum...
2/ La
loi de 2005 n'a évidemment pas aboli la distinction entre adaptation et handicap. Bien au contraire : une de ses conséquences est que l'orientation vers les SEGPA (champ de l'adaptation) a enfin été sortie des commissions d'orientation des élèves handicapés, et qu'une commission spécifique, strictement Éducation Nationale, la
CDOEA, a été créée à cette fin. De plus, la distinction entre adaptation et handicap est reprise dans l'appellation ASH.
3/ La réponse à la question que vous posez, cependant, ne peut pas se réduire à la distinction administrative de principe entre adaptation et handicap. D'abord, la
Circulaire n° 90-082 du 9 avril 1990, certes abrogée, contenait
ce passage, à l'adresse de vos collègues rééducateurs : "
[Les actions d’aide spécialisée à dominante « rééducative »] mettent en œuvre à l’école maternelle et élémentaire des interventions spécifiques, auprès d’élèves en difficulté scolaire globale ou particulière, éventuellement auprès d’élèves handicapés." La
Circulaire n° 2002-113 du 30 avril 2002 ne reprend pas cette précision, mais elle inscrit très fortement les RASED comme les CLIS dans le cadre du projet d'école. Autrement dit, vous êtes, maîtres E comme maîtres G comme psychologues scolaires, avant tout au service de l'école. Et la
loi de 2005 affirme, encore plus fortement que la
loi de 1975, mais dans sa foulée, que tous les enfants doivent y trouver leur place, ce qui n'est après tout que la concrétisation du principe de l'obligation scolaire universelle posé... par la
loi de 1882 ! D'un point de vue administratif, vous êtes un des moyens de la scolarisation, cette scolarisation à laquelle ont droit tous les enfants. Il vous est dès lors très difficile de vous retranchez derrière votre spécificité, qui n'est
que relative, pour refuser de prendre en charge des élèves handicapés. Surtout pas au moment où l'on va parfois imposer leur présence dans les classes ordinaires sans grande précaution !
4/ Sur le fond, la distinction entre adaptation et handicap est à relativiser. Certains élèves handicapés, du côté des handicaps moteurs en particulier, n'ont aucun problème scolaire et n'appellent pratiquement aucun traitement spécifique, si ce n'est en termes d'aménagements des locaux. D'autres, évidemment, pour des raisons très diverses, qui ne sont pas toujours la seule conséquence directe de leur handicap, ont de gros problèmes d'adaptation à l'école. On ne voit pas pourquoi ils n'auraient alors pas droit aux interventions des spécialistes de l'adaptation scolaire ! Enfin, la vogue des concepts de dys-tout et n'importe quoi est en train de transformer massivement en "handicapés" des enfants précédemment considérés comme en grande difficulté scolaire. Une telle ambiance n'est certainement pas favorable à la clarification de la distinction entre missions d'adaptation et missions de scolarisation des élèves handicapés !
Bref, même si je comprends pour une part vos réticences, je vous conseille la plus grande prudence dans vos réactions par rapport à la demande qui vous est faite. Il n'est certainement pas bon, aujourd'hui, que des enseignants, spécialisés qui plus est, quelle que soit leur spécialisation, refusent toute intervention auprès de certains élèves, sous prétexte qu'ils sont handicapés !
Dernière remarque : je vois mal ce que vient faire la mairie dans cette histoire : du point de vue de la
loi de 2005, la prise en charge du handicap relève du département, pas des communes. Même si les communes sont en charge des écoles primaires - ce qui est d'ailleurs un des points obscurs de la nouvelle loi, qui donne déjà lieu, ici ou là, à de sévères empoignades entre élus locaux !
Encore une autre remarque, à la réflexion... Un hôpital de jour n'est pas en soi une structure de prise en charge du handicap, mais bien une structure hospitalière, en charge d'enfants
malades. On peut certes considérer que leur maladie est suffisamment lourde pour permettre de les considérer comme handicapés, avec les droits afférents à cet étiquetage. Mais on peut aussi refuser cet étiquetage, en particulier au nom de l'évolutivité de leur "maladie" (alors que le handicap,
selon la loi, est "durable ou définitif"). Position défendue par nombre de pédopsychiatres, dont je partage totalement les préoccupations. Derrière votre problème, il y a peut-être ce type de positionnement. Ce qui, soit dit en passant, vous obligerait à accepter, sans nuances cette fois, cette mission.