Réponse clairea

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laurenceba
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Réponse clairea

Message par laurenceba »

Je vous remercie Claire pour vos réponses si précieuses même si pour moi la question du pouvoir n'est pas évidente car en même temps ce pouvoir est plus ou moins "délégué" aux enseignants par l'institution elle même, n'en délègue-t-elle d'ailleurs pas aux psychologues scolaires ?? Dans le discours de Lacan, le pouvoir ne rejoindrait-il pas la toute puissance ou plutôt la difficulté pour un enseignant à accepter son impuissance ?... Je me rends compte que le fait de passer par le métier d'enseignant avant de devenir peut-être un jour psychologue scolaire amène à davantage de réflexions sur notre propre manière d'enseigner, mais je m'interroge sur un autre point : j'ai pour ma part décidé depuis mes études de devenir psychologue scolaire et l'enseignement faisait partie de mes désirs : qu'en serait-il à l'heure actuelle d'une personne qui souhaite devenir psychologue scolaire mais qui ne souhaite pas être enseignante avant ?
Ce parcours est volontairement imposé par l'éducation nationale mais doit-on à ses yeux désirer être enseignant pour devenir psychologue ? Je ne sais pas si je suis suffisamment explicite mais bon...
clairea
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Message par clairea »

Bonjour,

Beaucoup de questions dans ce message...

Les 4 registres de discours que propose Lacan ne sont pas une critique d'une toute puissance éventuelle de l'enseignant, il y a une réalité dans l'acte pédagogique ou éducatif qui porte et légitime cette position de pouvoir.

Que penserait-on d'un médecin, à qui on montre une cheville gonflée, qui demande à son patient ce qu'il pense de sa cheville plutôt que de la panser.

Il me semble qu'être enseignant, c'est accepter d'occuper cette place de sujet savant, "délégu " peut-être par l'institution, mais surtout porté par un sujet s'identifiant d'une certaine façon à une image du maître. L'enfant lui devient élève quand il accepte de reconnaître cet adulte en tant que savant et qu'il accepte d'apprendre de lui.

Toutes les variations personnelles dans l'acte pédagogique n'effacent en aucune façon cette dimension du pouvoir, et de la maîtrise. Évidement, il y a des variations moins tyranniques que d'autres, certaines particulièrement humanisantes.

Ce que montre Lacan, c'est que la rencontre avec un psychologue clinicien doit être une autre rencontre, sur un autre mode. C'est la rencontre avec un autre qui ne répond pas, qui ne dit pas je sais, mais qui demande qu'en savez-vous vous de votre souffrance.

Ce changement de positionnement quand on passe d'enseignant à psychologue est un long travail de maturation que j'observe attentivement chez les stagiaires que je reçois.

Pour vos questions sur le parcours de formation avec cette expérience de l'enseignement de trois années, c'est un incontournable et, en fin de compte, une richesse.
Un étudiant en Master de psychologie connaît ces règles- là et chacun choisit alors son chemin. Devenir psychologue n'est pas qu'un parcours universitaire, et les personnes qui choisissent l'éducation nationale pour exercer ce métier ne le font pas par hasard.

Cela renvoie à la question du désir, et là encore, je ne pense pas que l'on puisse imposer un désir à quiconque, on impose un parcours mais pas un désir.
Cette expérience de trois années est enrichissante et est aussi l'occasion d'éprouver la réalité du milieu scolaire et de l'acte pédagogique. Si un futur psychologue méprise, pour quelque raisons que ce soient, ce milieu, je doute qu'il postule pour devenir psychologue scolaire. Il y a d'autres lieux pour exercer ce métier.
C'est la richesse du psychologue scolaire, il aime l'école mais il revendique aussi la singularité de l'enfant dans cette institution normalisante.

En espérant vous avoir répondu.

Claire
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