Questions pratiques sur la formation de psychologue scolaire

Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonsoir,

Si le débat santé-éducation nationale est ancien (je ne dirais pas archaïque), il n'en reste pas moins d'actualité et ne peut sans doute pas être traité en deux lignes et à coups d'invective. Catherine Dorison a soutenu une thèse de doctorat en Sciences de l'éduc à Paris V il y a juste 15 jours sur le sujet, thèse de plus de 1000 pages !...

Sur l'impossibilité de l'EN (pour le moins la difficulté) à travailler avec des partenaires hors EN, assez d'accord : je le vis au quotidien, et ne suis pas toujours "fier" d'être du côté EN...

Pour ce qui est de l'institutionnalisation des 3 ans avant de devenir psy scolaire, j'y reste favorable : connaître l'institution dans laquelle on travaille me semble une bonne chose, connaître l'enfant-élève en situation d'apprentissage (ou de non apprentissage) aussi. Je ne crois pas la fonction superposable à celle, qui porte le même nom, en milieu carcéral, hospitalier, en entreprise, etc. Je crois qu'il y a des contextes particuliers, et qu'une approche générale (je n'ai pas écrit globale) a tendance à niveler sur un niveau médian (voir un autre post ici même de Patrick).

Mais quelle belle vigueur d'intervention chez les psy' de ce forum !
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Que voilà un "invité" (icefresh) qui m'est furieusement antipathique ! Je renifle l'arrogance du jeune universitaire fraîchement diplômé (ou plus anciennement, mais qui n'aurait toujours rien appris de la vie...) ! Une bonne partie des psychologues scolaires passés par le professorat des écoles ont déjà suffisamment tendance à se prendre pour des autorités supérieures sans qu'on introduise en plus dans les écoles ce genre de personnages...

Pour ma part, mes positions seraient plus radicales. Non seulement je ne trouverais pas si stupide que cela que les psychologues pénitentiaires aient d'abord été matons, mais je n'ouvrirais les études de psychologie qu'après exercice d'un premier métier et qu'au-delà d'un certain âge... La connaissance livresque de la psychologie, sans expérience consistante de la vie (professionnelle et personnelle), est une machine à fabriquer des imbéciles prétentieux. André Malraux, quelque part dans La voie royale si mes souvenirs sont exacts, affirmait qu'il fallait soixante ans pour faire un homme. La lecture, adolescente, de cette phrase m'avait fortement marqué, comme mon grand-père m'a marqué. Mon arrivée vers la soixantaine me permet de mesurer la sagesse de cette affirmation...

Pour, un peu, argumenter plus avant cette prise de position, voir mon article À propos des « sciences humaines ».
Cordialement,
Daniel Calin
icefresh

psychologue de la FP

Message par icefresh »

N'en déplaise à Mr Calin, dont je trouve la réponse excessive ("être maton pour devenir psychologue dans les prisons" !!), la psychologie ne s'apprend pas sur le tas mais à l'université.
A quand des psychologues dans les IUFM (à côté des professeurs de philosophie recyclés en prof de psycho-péda) pour permettre à des futurs collègues d'en apprendre un peu plus sur le développement psychologique de l'enfant ?...
Et pourquoi des jeunes universitaires diplômés en psychologie ne pourraient-ils pas devenir psy dans les écoles ?
Je note que c'est toujours le même refrain émanant de pédagogues arcboutés sur la défense d'une école repliée sur elle-même...
Je note aussi que l'école privée ne s'est pas privée, quant à elle, de recruter des psychologues clairement identifiés, sortant de l'université... alors pourquoi l'école publique serait-elle plus bête ?
claude

Message par claude »

Finalement, voilà qu'enfin se soulève un morceau du voile !
Pourquoi pas de jeunes universitaires diplomés psy dans les écoles ?
Parce que la vie ne s'apprend pas qu'à l'université.
Parce qu'il n'est pas question que de la maîtrise du développement psychologique de l'enfant.
Il est aussi question de soi, de soi enfant, de soi élève, de soi parent, de soi enseignant.
Je note aussi que tu parles du refrain des pédagogues, mais il te faudrait aussi comprendre que nos couplets peuvent parfois varier.
Quant au repli de l'école, je ne pense pas qu'on puisse sérieusement considérer que recruter les psychologues scolaires sur les bancs de l'université soient une "ouverture"!!! Ouverture sur quoi ? En tout cas pas sur le monde !!!
Bien sûr que l'école privée le fait !!! Mais as-tu bien saisi pourquoi ?
Crois-tu qu'il soit question de bêtise réellement ? Ou plus simplement un moyen de "sélectionner" à bon escient et à moindre frais du "personnel" ?
Je pense que tu te fais une drôle d'idée du psychologue scolaire et du fonctionnement de l'école en général, mais si un secteur rural, défavorisé, avec plusieurs milliers d'enfants te tente il y a sûrement moyen de te faire prendre contact avec la réalité !!!
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

icefresh a écrit :Mr Calin, dont je trouve la réponse excessive ("être maton pour devenir psychologue dans les prisons" !!)
J'assume cette idée. J'ai commencé ma carrière de salarié par quelques années de pionicat. Qui n'a pas éprouvé ce que la position de pouvoir induit dans le ventre de celui qui la détient ne connaît pas le B-A-BA de la psychologie humaine. Et je doute fort que beaucoup de professeurs de psychologie à l'Université soient capables de seulement articuler un discours là-dessus...

Je suppose que icefresh pense avoir pris l'exemple des matons par recherche du paradoxe. En fait, sous l'apparence du paradoxe, il y a une profonde vérité dans ce rapprochement entre matons et enseignants : ce sont deux positions de pouvoir, et d'un pouvoir qui s'exerce sur des êtres en position de faiblesse. Et former sérieusement à l'un comme à l'autre de ces métiers supposerait une solide réflexion sur les implications intra-psychiques et inter-psychiques de ces relations de pouvoir. L'inconscient d'icefresh est manifestement plus intelligent que ses défenses conscientes ! :D
icefresh a écrit :la psychologie ne s'apprend pas sur le tas mais à l'université
Bullshit, comme disent les Yankees (j'ai eu, littéralement, une enfance de cow-boy, ça laisse des traces) !
La psychologie est avant tout la connaissance de soi, et la connaissance de soi ne se gagne jamais que sur l'expérience de la vie, c'est-à-dire de l'arrachement, selon le beau mot de Jean Rostand.
Bien sûr, l'expérience de l'arrachement ne suffit pas à produire la connaissance de soi, c'est même souvent le contraire... Alors, oui, l'enseignement universitaire de la psychologie peut contribuer à une réelle culture psychologique. J'ai moi-même pas mal appris de cours donnés dans les murs de l'institution psychiatrique de la ville où j'ai fait mes études, avec présentations intelligentes et respectueuses de malades, par un des psychiatres de cette institution, un homme modeste et souriant. J'ai aussi appris quelques petites choses d'un jeune expérimentaliste bègue. Le reste mérite d'être oublié, d'ailleurs j'ai oublié.
Mais j'ai surtout appris, plus directement, par les livres, en rencontrant de bons livres aux moments où j'en avais besoin pour penser ce à quoi j'avais affaire, en moi et face à moi. Ou, d'ailleurs, en rencontrant d'autres œuvres que des livres, ou des livres autres que de psycho : de Dostoïevsky à Visconti, de Proust à Fellini, on se forme à la psychologie au moins autant à travers une certaine façon d'appréhender des œuvres d'art qu'à travers des cours ou des livres de psychologie.
icefresh a écrit :A quand des psychologues dans les IUFM
Non seulement mal formé, mais aussi mal informé, icefresh ! Il y a des professeurs de psychologie, universitaires, dans les IUFM. Il y en a même d'excellents. Enfin, au moins une :wink: . La plupart, cependant, sont des zélotes du neurocomportementalisme : faute de savoir (ou de pouvoir) former des psychologues dignes de ce nom, l'Université sait très bien produire à la chaîne ce genre d'idéologues nocifs !


Pour le reste, je souscris entièrement au message de claude. La seule connaissance du développement psychologique de l'enfant (laquelle, au fait ?) n'a guère d'utilité si l'on n'apprend pas en même temps à s'en servir - ce qui est une toute autre paire de manches !!!

Dernière remarque : comme patrick, je serais très favorable à ce que les futurs psychologues scolaires passent obligatoirement par l'enseignement spécialisé. Pour les mêmes raisons qui me font regretter que l'on puisse maintenant devenir rééducateur par la "voie directe", sans être passé par l'enseignement spécialisé "pur et dur", c'est-à-dire en classes spécialisées ou en établissements spécialisés. Donc, au minimum, trois années d'enseignement ordinaire, plus trois années d'enseignement spécialisé : de quoi dégoûter définitivement tous les icefresh du monde, excellente chose !
Cordialement,
Daniel Calin
clairea
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Message par clairea »

<toussotte et sourit>

Vous m'accorderez, Pascal, que la vigueur des échanges n'est pas le propre que des psychologues scolaires ;) (y a-t-il d'ailleurs d'autres psy scol que moi participant à cet échange ? je n'ai pas connaissance des fonctions de chaque intervenant) mais en effet la question ne laisse pas indifférent !


Il m'est difficile de vous répondre Icefresh car j'aurais pu tenir ce genre de propos revendicatif (avec je crois plus de nuances :wink: mais à chacun son caractère) quand j'ai postulé au concours de prof des écoles avec l'ambition assumée et têtue d'être au plus vite psychologue scolaire.

Passionnée de psychologie, et sortant d'une formation universitaire intense, j'étais agacée comme vous semblez l'être par la place insuffisante à mon sens faite à la psychologie dans la formation des futurs enseignants.
Mais une amie licenciée en histoire regrettait amèrement la version simpliste selon elle de l'histoire de l'éducation...

Néanmoins, à bien y réflechir, en ce temps-là, je n'avais en aucune façon la carrure pour occuper la fonction de psychologue, car mes connaissances universitaires ne me suffisaient absolument pas pour prétendre à cette fonction. Et mon choix d'entrer via l'Education Nationale dans ce métier que j'aime tant, n'était, comme tout acte posé au cours d'une vie, que le symptôme nécéssaire à ma construction personnelle et sûrement pas une seule raison pratique comme je pouvais tenter de m'en convaincre du haut de mes 24 ans :) .
Pendant les trois années nécessaires d'enseignement (oui je n'ai fait que le service minimun ;) ) j'ai beaucoup appris tant sur la position de 'pouvoir' et d' 'impuissance' de tout enseignant mais aussi sur l'enfant, l'institution et évidemment sur moi.

Bref, Non la formation du psychologue clinicien n'est pas qu'universitaire.
Je veux bien croire que si vos théories de référence sont cognitivistes, neuropsy, ou développementales vous puissiez en toute légitimité penser que l'on peut prétendre à occuper cette fonction avec un seul bagage universitaire.

Car en effet, la formation du psychologue est universitaire, si l'on pense le psychologue comme un sujet savant.
C'est une position facile, nous avons de très bons outils et nous pouvons instrumentaliser le sujet en quelques chiffres.
Mais vous qui semblez être passionné par cette fonction Icefresh, je vous renvoie aux enseignements de Lacan, Freud .... le psychologue Clinicien n'est pas le sujet savant, il n'est que le sujet supposé savoir.

Mon action (telle que je l'espère) ne se situe pas dans le registre du "discours du maître" (Séminaire XX intitulé "Encore" de Jacques LACAN (page 20, 21 et suivantes ; Seuil, Paris 1975). mais dans le discours de l’analyste.

Pardonnez ces rappels théoriques dans cet échange sur la praxie mais les enseignements de Lacan m'ont toujours aidé à penser :) .

Je rejoins les propos de D Calin sur les positions de pouvoir, et je pense que le devoir du psychologue est peut-être justement d'avoir appris à mesurer sa propre postion de pouvoir. Ce n'est pas de la fausse modestie, mais le psychologue doit savoir mesurer l'impact des ses silences et de ses paroles et rester humble face aux pouvoirs que l'on lui prête.
Plus je lis ces échanges et plus je suis tentée de conclure que les revendications autour du statut et de la formation du psychologue ne sont que des prétextes à des enjeux de pouvoir. Et de me souvenir de cet exellent inspecteur qui me rappelait satisfait qu'en tant que maître spécialisé je devais participer à une animation pédagogique sur les mathématiques au cycle III.
:roll:


Devenir psychologue est un parcours personnel avant tout, et devenir psychologue scolaire passe peut être aussi par un temps de questionnement personnel autour de l'acte d'enseigner. Rien ne me semble fortuit ici mais les réponses à ces choix ne sont que personnelles. Pourquoi devenir psy dans l'éducation nationale ? Les étudiants ont tout un panel de choix possibles.

Ensuite ne comptent à mon sens que l'expérience, la pratique, l'éthique et le désir.

Le fait que le secteur privé recrute des psy universitaires m'amuse, il faut bien rentabiliser l'acte d'apprendre et c'est peut-être aussi là que je tiens au secteur public. Faire le choix d'être psy scolaire, c'est offrir à une population tout venante une pensée différente au sein d'une institution.
Et je pense que cette pensée différente existe bel et bien dans l'Education Nationale sans besoin d'intervention extérieure. (non pas que j'y sois opposée). J'écoute mes collègues enseignants spécialisés évoquer la situation des enfants et je vous assure que leur pensée est libre et riche.
Ne résumons pas l'Education Nationale à un corpus homogène et figé, beaucoup d'enseignants témoignent d'une créativité admirable.

Puisqu'il faut conclure, je me contenterai de témoigner combien ces trois années d'expérience d'enseignement alimentent aujourd'hui encore ma pensée et ma pratique.
Anne
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les sigles de l'AIS

Message par Anne »

Bonsoir,
Je suis psy scolaire.
Je viens de jeter un œil rapide à la lettre D de la (très utile) liste des sigles de l'AIS ; où se trouve le DEPS, c'est-à-dire le Diplôme d'Etat de Psychologie Scolaire ? Est-ce moi qui n'ai pas su le trouver ?
J'ai eu la double chance de préparer ce DEPS en 97/98 à la suite de mon DESS de psy clinique, et en plus à Paris 5, où j'ai pu continuer à remplir ma boîte à outils des multiples questions que pose la psychanalyse.
Même si la formation que j'ai suivie cette année là était loin d'être parfaite (quelle formation peut y prétendre ?), j'aurais eu beaucoup plus de difficultés dans ma pratique au quotidien si je n'en avais pas bénéficié.
Je milite pour qu'on n'oublie pas ce petit sigle ! :wink:
Cordialement,
Anne.
Cordialement, Anne.
Daniel Calin
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Message par Daniel Calin »

Oups ! Oubli, ravageur, de ma part ! Merci de m'avoir signalé ça !

Oubli rectifié :
http://dcalin.fr/sigles.html#d
Cordialement,
Daniel Calin
Anne
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grain de sel

Message par Anne »

Tout le temps où j'ai préparé mon DESS de psy clinique, et l'année du DEPS qui a suivi, j'étais très hostile à l'obligation d'être enseignante pour devenir psy scolaire ; cela me paraissait sans fondement, même si concrètement cela ne gênait pas mes projets puisque j'étais enseignante au départ.

Depuis que je travaille comme psy scolaire, j'ai revu ma position à 180° !

J'ignore évidemment ce que serait mon travail si je n'étais pas passée par la case enseignante ; par contre, je ressens mes années d'instit comme une aide dans mon travail, ça c'est sûr. Et elles n'interfèrent pas dans mon identité professionnelle, que ce soit dans ma tête ou dans celle de mes interlocuteurs.

L'avantage, à mes yeux, s'est révélé multiple :
- à tort ou à raison, j'ai ressenti que les enseignants qui me parlent (et je suis consciente que certains d'entre eux ne me parleront jamais, mais ça, c'est une autre question) le font davantage "en confiance" du fait de ce passé qui fait lien. Pourquoi auraient-ils donc besoin de ce lien ?

Peut-être qu'en France, on se sent encore assez seul dans sa classe (malgré les cycles, malgré l'équipe, malgré les conseillers...) et que l'on a encore trop tendance à y réagir en fermant sa classe aux regards extérieurs ; je l'ai constaté, c'est tout. Même en ayant travaillé en ZEP où la notion de partenariat est cruciale.
Le fait que le moment de l'inspection soit encore souvent le seul moment où quelqu'un pénètre dans le dedans de la classe et renvoie à l'enseignant quelque chose de sa pratique, associe dans le souvenir des enseignants le moment de l'échange verbal à un moment d'évaluation par une autorité. C'est, je le reconnais, un cliché, mais je l'ai vécu et ressenti comme tel.
Et combien de fois ai-je entendu (et l'ai-je dit moi-même!) "Il (elle) ne sait pas de quoi il parle, il n'a jamais tenu de classe !"
Dans ce contexte, le fait "que j'y sois passé moi aussi" (devant la classe) me fait reconnaître comme appartenant au groupe, et donc crédible.

Je n'oublie pas du tout que malgré le côté très terre à terre de mes considérations, je parle aussi et surtout de représentations, des miennes et de celles des enseignants qui viennent jusqu'à moi (j'emploie exprès cette expression), et qui transcendent tout ça pour venir faire éclater une difficulté dans un ailleurs différent de celui de l'école, tout en ne la quittant pas.
Avoir besoin de retrouver du lien du côté du psy pour pouvoir s'affranchir de l'appartenance au groupe-enseignant en déposant à l'extérieur, chez le psy, ce qui pose problème.

Et puis l'enseignant ne vient pas me parler de lui au 1er degré, mais d'une difficulté qui surgit dans la relation maître-élève qui fonde sa compétence et son identité professionnelle ; c'est très particulier comme dispositif : rencontrer un psy pour lui parler de quelqu'un d'autre que soi ; tout en sachant que le fait de parler de l'autre (= l'enfant) amène aussi à parler de soi, de ce qu'on fait avec cet autre, de comment on est avec cet autre ; demander de l'aide pour cet autre (même si c'est beaucoup plus complexe que ça) qui vient entamer une compétence, c'est aussi pour l'enseignant dévoiler son incompétence ? Ses limites ? Sa castration ?

Bref, bref, l'illusion groupale qui me fait apparaître (moi, psy) comme une "pareille" au départ permet justement que je ne le sois pas ("pareille") et l'échange nait de cette acceptation de part et d'autre.

- basiquement, c'est vrai que j'ai une idée assez précise de la place d'où me parle l'enseignant qui vient me voir : ses questions et ses difficultés résonnent en moi, sans que se déclenche pour autant une identification-collage qui là, m'empêcherait de travailler.

Pour autant, j'aimerais savoir ce que ça donnerait avec des psys qui ne sont pas passés par la case enseignante : y aurait-il rejet ou pas ? D'un seul côté ou de part et d'autre ?
Pourrait-on y gagner ? Et quoi ? Et qui y gagnerait ?
Y a-t-il eu des précédents dans certains départements ? J'ai davantage connaissance d'enseignants non psys faisant fonction de psys scol, que de psys non enseignants travaillant comme psys scol.

J'ajoute que j'ai toujours ressenti le besoin de participer à une supervision, en compagnie d'autres psys scolaires, supervision animée par quelqu'un d'extérieur : et c'est là que se rejoue, entre le superviseur et nous, la question "savoir de quoi il est question en classe ou pas", ce qui est assez rigolo quand j'y pense.
Et j'ai aussi besoin de l'espace de parole que me donne mon analyste, mais ça, c'est une autre histoire !
Cordialement, Anne.
clairea
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Message par clairea »

Juste pour vous dire Anne combien je partage votre regard sur la formation et la pratique du psychologue scolaire.

La formation DEPS de Paris V est de très bonne qualité et comme vous l'expliquez l'expérience de l'acte d'enseigner est un de nos outils dans notre pratique.
Le meilleur outil du psychologue c'est peut être lui-même, chaque expérience est alors une richesse pour son appréhension des dynamiques intrapsychiques qu'il étudie.
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