Devenir psychologue scolaire

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akila m
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Devenir psychologue scolaire

Message par akila m »

bonjour, plein de questions au sujet de la fonction des psychologues scolaires.
Après un entretien en vue de la formation au DEPS, j'ai un bon espoir d'être acceptée (bien que toujours dans le doute), donc mes interrogations commencent à devenir nombreuses.

Est-il possible sur ce forum d'échanger autour du mémoire ? car je ne vois pas de questionnement comme cela se fait pour les capash ici ? Est-ce lié au fait que les psychologues scolaires sont moins nombreux ? Existe-t-il un forum où ces échanges se font ?

En parlant avec des psychologues cliniciens, ou des psychanalystes j'ai comme l'impression qu'un grand nombre a une vision assez disqualifiante des psychologues scolaires : en tout cas ils ne les considèrent pas comme travaillant et s'intéressant aux mêmes domaines psychiques qu'eux. Les stéréotypes concernant ce travail, je les retrouve aussi chez mes collègues éducateurs ou enseignants (tu vas être obligée de faire passer des tests, des diagnostics, répondre à des demandes d'orientation...). Pourtant dans ma lettre de motivation, ou pendant l'entretien les mots test ou diagnostic ou évaluation n'ont pas été prononcés et cela ne semblait pas du tout gêner les personnes qui m'ont reçue. Cela m'a encouragée à me dire que peut-être cette formation était pour moi.

J'interroge donc les psychologues scolaires pour comprendre comment ils s'en sortent : entre leur désir personnel d'occuper ce poste ( personnel, pour moi c'est celui d'être attentive au désarroi des enfants, élèves, familles et enseignants dans un cadre scolaire et de laisser venir une parole qui soit la leur) et des attentes, demandes hiérarchiques (ou non) contradictoires avec une éthique. Les bilans psychologiques que l'on me lit (lors des entrées d'enfants en institution) sont informatifs, chargés ; on s'y noie rapidement et je ne me vois pas écrire comme ça. En tout, je n'y retrouve pas l'enfant dont on parle. Je ne me vois pas aussi utiliser un test projectif pour informer une équipe ou la MDPH de la situation psychologique d'un enfant.
Est-on obligé d'utiliser et de pointer des résultats à des tests pour être crédible ?
Je souhaite beaucoup avoir les avis de pleins de psychologues scolaires, avant de m'engager.
clairea
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Re: devenir psychologues scolaire

Message par clairea »

Bonjour,

Bienvenue tout d'abord dans cette belle aventure que sera pour vous la formation DEPS et l'appropriation de cette place si particulière de psychologue.

- Pour votre première question : "Est-il possible sur ce forum d'échanger autour du mémoire ? car je ne vois pas de questionnement comme cela se fait pour les capash ici ? est-ce lié au fait que les psychologues scolaires sont moins nombreux ? existe-t-il un forum où ces échanges se font ?"
Toutes les questions sont intéressantes, nous sommes quelques psy à répondre sur ce forum et quelques autres professionnels de l'enfance qui enrichiront votre questionnement. Il existe par ailleurs des groupes de discussion de psychologie scolaire, ouvert en accès privé aux psy seulement (psyeducnat est le plus connu).

Pour votre deuxième question, je dois dire que cette question revient régulièrement ... la pratique du psychologue scolaire dépend de son positionnement clinique je pense. Les contraintes institutionnelles sont réelles mais devenir psychologue c'est surtout construire une liberté de penser, d'entendre l'autr et d'accompagner. Cela suppose de devoir développer une capacité à se dégager d'une facile obéissance aveugle aux demandes institutionnelles. Les tests .. sont un de nos outils ... un bon texte ne s'écrit pas grâce à la qualité de votre stylo ... réduire un bilan psychologique aux résultats cumulés de tests, c'est souvent ce que vous demandera l'institution, la MDPH ( récemment, j ai dû répondre un refus ferme à une demande de la MDPH qui souhaitait le chiffre du QI pour calculer le Taux d'invalidité) ... rien ne vous empêche de parler de l'enfant plutôt que de son résultat au test.
La principale difficulté du psychologue scolaire reste à mon sens qu'il travaille dans une institution du Savoir, une institution de l'évaluation et de la normalisation, au près d'enfants dont la souffrance ne doit pas s'évaluer mais s'entendre.


Vous souhaiter avoir l'avis de plein de psychologues avant de vous engager ... mais le désir d'occuper cette place difficile vous appartient .. Nous pouvons témoigner en partie de la complexité de nos pratiques, mais votre engagement restera une démarche personnelle et votre pratique future dépendra de votre positionnement.

Je travaille avec les outils que me donne la psychanalyse, et plus particulièrement l'enseignement de J Lacan. Lire Dolto m'aide aussi beaucoup. J'ai témoigné un peu de ma pratique sur le site de Daniel Calin ( vous trouverez des textes dont une rencontre clinique qui peut vous montrer qu'il y a un au-delà du testing).
Je manque un peu de temps mais il semblerait essentiel que les psychologues scolaires témoignent de l'enjeu de ces rencontres en milieu scolaires.
Pour poser les choses simplement, la psychologie scolaire est un espace unique d'accueil clinique gratuit pour une population tout venante d'enfants de 3 à 11 ans et leur famille. Dans la plupart des cas, c'est la première rencontre pour l'enfant et sa famille avec cet Autre qui écoute et qui est supposé savoir ... cette rencontre doit être de qualité afin de préserver un espace de possibles .. ( si le psy scolaire se contente de montrer son savoir en donnant les résultats des tests, il y a peu de chance que cette famille garde un souvenir positif de cette première rencontre) nous sommes dans le cadre de la prévention, comme le pensait Dolto...
Et si j'aime ce métier c'est aussi parce que je suis à l'écoute de personnes que tout éloigne de la psychothérapie ou de la psychanalyse... C'est un métier généreux ...

Cordialement

Clairea
akila m
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Re: devenir psychologues scolaire

Message par akila m »

Je vais lire ou relire vos textes. Quel est celui où vous parlez d'une rencontre clinique ? merci pour la chaleur de toutes vos réponses.

Je cherche à préciser qu'elle est ma gêne par rapport à la position des psychologues scolaires et des tests. Cet espace de possibilités dont vous parlez me convient tout à fait. J'apprécie aussi cette idée d'un espace clinique ouvert à tous et gratuit et non médicalisé.
Mais comment ne pas être en contradiction avec cette aspiration et le principe même des tests de performance qui sont considérés comme les outils des psychologues scolaires?
J'ai déjà fait passer ces tests et leur passation est aussi d'actualité à l'hdj où je travaille encore. Ne sont-ils pas terrifiants ? Ils imposent un cadre que même le milieu scolaire le plus évaluatif ne se permettrait pas ( oui pardon lors des évaluation de ce1 on mesurait le temps) : chronomètre, questions fermées à réponse unique ... je crois qu'il y a des psychologues scolaires qui ont enfermé depuis longtemps leurs batteries dans une armoire.
Heureusement les enfants de l'hdj les détournent souvent en répondant aux questions d'une manière qui est la leur hors norme et étonnante et les psychologues qui ont eu l'injonction de faire passer ces tests peinent à arriver au bout des passations. Les enfants sont angoissés car cette épreuve est pour eux une condition pour sortir de l'institution vers un milieu plus ordinaire. Avec encore une contradiction, ils ont presque intérêt à échouer pour pouvoir avoir accès à une clis ou une upi car malgré leur intelligence ils ne pourraient supporter et être supportable dans une classe classique.
Peut-être pourrons nous approcher de toutes ses questions durant la formation et que je devance déjà un questionnement ? ma question était aussi : dans quels cas prenez vous la décision de faire passer un test de performance et quels bienfaits cela a-t-il apporté ?
Cordialement
clairea
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Re: Devenir psychologue scolaire

Message par clairea »

Bonjour,

Pour trouver votre positionnement, je pense que le plus simple (ou du moins c'est ainsi que j'ai construit ma pratique) est de partir d'un questionnement de la demande.

Si vous travaillez la demande (institutionnelle ou parentale) vous établissez le cadre de votre intervention et les outils dont vous allez vous servir.
Bien entendu, cela n'enlève rien à une capacité d'adaptation dans la rencontre avec l'enfant ... Il m'arrive souvent de prévoir de faire un test que j'abandonne dans le fil de la rencontre avec l'enfant.

Le bilan psychologique intervient quand le symptôme d'un enfant pose une question.

Concrètement, je vais faire un bilan complet, donc armé de test quand par exemple le fonctionnement cognitif de l'enfant m'interroge..
La grande différence du travail de psychologue scolaire avec un travail en hôpital de jour, est que vous serez face à une population d'enfants tout venant... avec des expressions symptomatologiques très diverses et des fonctionnements psychiques sur un très très large panel... c'est toute la richesse de ce métier.

Il arrive encore souvent qu'un bilan me surprenne ... Le WISC ou tout autre test est une situation certes d'évaluation mais aussi de rencontre avec un enfant...
Le QI pour un enfant dont le symptôme serait une difficulté d'apprentissage va permettre au psychologue d'observer l'enfant dans la qualité de sa mobilisation cognitive sur différents supports... (tout comme on peut le faire en faisant dessiner l'enfant), le résultat chiffré est un indicateur vague... et doit le rester.
Ces tests n'ont d'intérêt que si l'enfant est partenaire de ce bilan.
Quand je rencontre un enfant, la première séance est toujours une séance très importante où je construit le cadre de nos futures rencontres. A quoi sert un psychologue, un bilan, pourquoi l'enfant est il là, que va-t-il se passer, et surtout le cadre de confidentialité... Le premier retour se fait à l'enfant.

Je pense qu'en effet vous travaillerez ces questions au DEPS :) mais je reste à votre disposition.

Je n'ai pas le temps de vous donner un exemple, mais je le ferai sans doute car ce message ne répond pas totalement à vos questions.

Cordialement

Clairea
jmiguelt
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Re: Devenir psychologue scolaire

Message par jmiguelt »

bonjour: je suis étudiant en psychologie du développement, du handicap et de l'éducation. le dernier est surtout une connexion avec les écoles et centres de ré-éducation. je vais pas te donner de réponses pour l'éducation car je ne connais pas ce monde, mais le monde de l'enfant vu du côté psy. nous utilisons beaucoup les instruments de mesure, test, etc. non pas dans le but d'imposer une quantité comme le QI à l'enfant, mais de prendre une référence simplement. beaucoup de test sont qualitatifs, c'est à dire, ils te renseignent sur où se positionne l'enfant par rapport aux autres enfants de son âge, compte tenue toujours de son niveau d'étude, niveau socioéconomique et culturel. aujourd'hui, le test de QI est pris comme référence mais il ne faut pas l'utiliser pour catégoriser l'enfant.simplement, sa classification est comprise de tout psy, universelle car il faut parler la même langue en quelque sorte. c'est test est culturel, c'est à dire, les résultats sont différent suivant la culture des enfants.
quelques exemples des tests qualitatifs seraient ceux qu'utilisent la théorie de Piaget.
pour les psy développementalistes, une dyscalculie (difficultés en mathématiques) est acquise à un moment donné du développement et peut avoir son origine dans les capacités visuo-spatiales, non uniquement dans les chiffres. l'enfant doit connaitre certaines lois pour apprendre à compter par exemple : chaque objet est unique et chaque chiffre nomme un seul objet.
enfin, il y a tant des choses à dire, qu'il est impossible, alors je préfère atteindre si t'as une question à poser. Bonne chance
clairea
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Re: Devenir psychologue scolaire

Message par clairea »

Un exemple donc :)
Un enfant que l enseignant décrit comme fâché avec les nombres et le calcul ...

Une dyscalculie ... ? peut être mais peut être pas ... Alors il faudra rencontrer l'enfant, l'écouter sur son rapport au savoir, sur son désir d'apprendre ou de ne pas tout apprendre, sur l'image qu'il a des maths et sur ce qu il pense de ses difficultés quand il se trouve face à des nombres ... sur ce qu il ressent ... Est qu il sait compter .. compter pour quelque chose pour quelqu un ... je pourrai déplier celà pendant des lignes encore ..

Après viendra un test peut être ... pour comprendre ensemble avec l enfant .. un test choisi spécialement pour cet enfant .. pas pour son symptôme, pour l enfant .

Enfin viendront les hypothèses ... "Si tu bloques en calcul c'est peut être parce que ...."

Voilà un exemple simple ..

Un symptôme -----> tellement de questions ----> une rencontre ----> des outils ( tests) si nécessaire ----> des hypothèses, une tentative de mise en sens.

Cordialement

Clairea
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