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Plus de bilan psy pour les SEGPA ? Info ou intox ?

Posté : 18 nov. 2008 09:44
par Isabelle Psy
Les nouvelles vont vite et sont de plus en plus alarmantes.
Chaque jour apporte son lot de mauvaises surprises....

Hier j'ai reçu une information dont les sources n'étaient malheureusement pas citées (donc: prudence !): Le bilan psy ne serait plus nécessaire à l'orientation en SEGPA. Les professeurs des écoles pourront aisément décider de l'orientation au simple vu des nouvelles évaluations nationales de CM2...

Pourquoi la clinique fait-elle si peur aux décideurs et aux dirigeants ?

Isabelle Psy

PS : Si quelqu'un peut trouver les sources de cette info et les donner en réponse, ce serait très intéressant. D'avance, merci.

Re: Plus de bilan psy pour les segpa? Info ou intox?

Posté : 18 nov. 2008 10:41
par clairea
Bonjour,

Je n'en suis même pas surprise .. L'orientation Segpa était purement scolaire, le préalable du bilan psy était posé là sans aucun logique avec la suite du texte sur les missions, l'orientation et le public des SEGPA.

La clinique, vous le savez suppose qu'on accepte une part de réel irréductible, quelque chose qui ne s'attrape pas dans une évaluation métrique et qui ne répond pas à une remédiation médicale ..

Patrick Lemoine dans son livre ' le mystère des effets placebo" en témoigne au sujet des antidépresseurs dans un cas assez amusant repris dans Quarto (revue de psychanalyse à Bruxelles numéro 93 juin 20008). Il raconte l'histoire d'une guérison magnifique, supposé due à une nouvelle molécule testée en accord avec la patiente pour la libérer d'un état dépressif massif qui l'avait laissée pendant plusieurs années prostrée dans le même fauteuil d'un établissement. L'effet de ce nouveau traitement fut si spectaculaire que le médicament "sortit immédiatement en pharmacie et eut un grand succès commercial".
Mais voilà, lors de travaux de rénovation de cet établissement quelques années plus tard, le fauteuil de la patiente fut nettoyé et on découvrit toutes les gélules miraculeuses cachées dans les coussins. Et l'auteur de conclure : " Peut-être a-t-elle voulu me faire plaisir, mais sans prendre de risques inconsidérés, sans risques toxiques en tout cas ! Rien pas une gélule, n'avait finalement été absorbée. C'est nous tous, laboratoire y compris, qui avons avalé la pilule[/i]" ( Patrick Lemoine, Le Mystère de l'effet Placebo, Odile Jacob, 1996, pp 155-156 ) lu dans Quarto que je vous conseille vivement !

Voilà tout cela est finalement très logique ... pathétiquement logique ... dans une logique de déterminisme, le psychologue est celui qui dérange, celui qui vous dit que vous avez peut-être désiré ce qui vous arrive, que vous ne maîtrisez pas votre discours, que vos lapsus ont valeur de vérité...

La guérison de cette patiente, dont les cachotteries malicieuses finalement déjouent tout pronostic médical, est portée par son unique désir ... désir de guérir ... pour qui ?
Et le désirer d'apprendre qui pense encore aujourd'hui que c'est une évidence ? ...

Mais finalement, il y aura toujours un symptôme résistant pour perturber les statistiques officielles ... en l'occurrence soyons ce symptôme et résistons !

Cordialement

Clairea

Re: Plus de bilan psy pour les segpa? Info ou intox?

Posté : 18 nov. 2008 19:48
par Isabelle Psy
C'était une véritable info, quoique parisienne pour le moment. Elle vient de l'IEN parisien chargé des orientations en Segpa (ou peut-être Egpa). J'ai vérifié cela tout à l'heure avec l'intéressée qui m'avait envoyé le mail.

Merci pour ta réponse Claire, elle est "un tout petit peu à côté" comme doit l'être la position psychanalytique et je te reconnais bien là. Cette nouvelle m'ayant vraiment déstabilisée, j'étais sortie de celle que je tente d'adopter....
Il est vrai aussi qu'on ne peut travailler sans demande et que plus ça va et moins l'Education Nationale a de demande à l'adresse de ses psychologues.

Les enfants qui sont au coeur de notre préoccupation nous permettront en effet de résister autant que faire se pourra.

Tu auras compris à ma réponse qui je suis, j'en suis certaine.

A tous cordialement

Isabelle psy

Re: Plus de bilan psy pour les segpa? Info ou intox?

Posté : 18 nov. 2008 21:01
par clairea
Bonjour Isabelle :)

Ça me fait très plaisir de te lire sur ce forum !

Entre nous garder une mesure face à autant de mépris est vraiment difficile ... d'où mon long silence car sinon j'aurais je crois écrit des mots qui dépassaient toute mesure ;)

Mais je n'en pense pas moins ! et tu le sais !

En espérant et croiser bientôt :)

Amitiés

Clairea

futures missions des psy

Posté : 18 nov. 2008 22:47
par stevil
AUDIENCE MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE
MERCREDI 12 NOVEMBRE 2008

OBJET : PSYCHOLOGUES SCOLAIRES

Présents:
MEN : M. Christofari et M. Jouve, conseillers auprès de Monsieur Darcos.
SNUipp : Marianne Baby, SG adjointe, Annette Claverie et Françoise Dalia, responsables du collectif national des psychologues du SNUipp-FSU.

Le SNUipp, en tant que premier représentant des psychologues scolaires, se félicite de voir sa demande d'audience enfin satisfaite. Trois questions sont abordées : le devenir des psychologues scolaires dans le contexte de remise en cause des RASED, l'évolution de leurs missions et la formation.

Contexte, « sédentarisation » de 3000 enseignants spécialisés:
Le SNUipp présente les inquiétudes des psychologues scolaires dans le contexte de bouleversements importants de l'école, notamment avec les décisions prises au sujet des enseignants spécialisés et de la prise en charge de la difficulté scolaire. Le travail des psychologues scolaires s'inscrit dans un travail d'équipe, où la complémentarité des différents personnels est indispensable. Le SNUipp rappelle la nécessité du travail en équipe pour permettre des approches complémentaires et des regards croisés sur la difficulté. Le SNUipp rappelle son désaccord concernant la remise en question des RASED, il démontre notamment qu'un enseignant spécialisé « sédentarisé » sur une classe ne pourrait remplir les mêmes prises en charge des difficultés que dans le cadre des RASED. Il dénonce le démantèlement des RASED programmé avec la réaffectation de 3000 enseignants spécialisés dès la rentrée prochaine, et rappelle que les 120 000 signatures de la pétition en faveur des RASED témoignent de l'émoi considérable que les décisions du ministère ont soulevé dans les écoles. Sans RASED, les psychologues scolaires ne pourraient plus proposer aux enfants et aux familles les suivis qui ne nécessitent pas de médicalisation et qui permettent d'aider un très grand nombre d'élèves. C'est tout un pan de leur travail d'aide aux élèves en difficulté qui se trouverait amoindri.

Pour le ministère, seul « un petit tiers » des enseignants de RASED sera sédentarisé, ce qui ne remet pas en cause l’existence de ces derniers. Il considère également que ces enseignants pourront efficacement jouer un rôle auprès des élèves en difficulté et des enseignants dans leur école, s'en tenant à l'idée que ces enseignants sont « capables d'enseigner », et sans qu'il soit question de recréer des classes regroupant les élèves en difficulté. Le ministère renvoie aux questions de formation des enseignants les besoins exprimés pour la prise en charge des élèves en difficulté.

Missions des psychologues scolaires:
Concernant les missions des psychologues scolaires, le SNUipp interroge le ministère sur ses intentions, rappelant son appréciation positive de la circulaire de 1990. Il s'étonne de l'abandon du projet de réécriture présenté en 2006 qui avait pourtant recueilli l'approbation des personnels.
Le ministère considère que les missions des psychologues scolaires ont « beaucoup changé ces dernières années », en particulier depuis la loi de 2005 sur la scolarisation des enfants en situation de handicap. Cette loi donne une nouvelle place aux psychologues scolaires. Cela nécessite une ré-actualisation du texte définissant les missions. Il s'engage à réétudier le texte de 2006 et à proposer rapidement un nouveau projet.
Formation des psychologues scolaires.

Le SNUipp demande au ministère des précisions sur la formation des psychologues dans le cadre de la mastérisation des enseignants, faisant référence à la circulaire du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (Circulaire Hetzel) sur les futures maquettes de master. Dans cette circulaire les psychologues scolaires apparaissent, aux côtés des professeurs des écoles, conseillers d'éducation, formateurs d'adultes, concepteurs et gestionnaires de formation, sur le master «métier de l'éducation et de la formation ». Ce cadrage semble curieux car il suppose un double parcours pour les futurs psychologues scolaires : 5 ans pour l'obtention d'un master, puis le concours de recrutement, et ensuite un nouveau cursus pour obtenir un master de psychologie... cela ne semble pas raisonnable, et invite à revisiter la conception actuelle dans le recrutement des psychologues scolaires du premier degré. Le SNUipp rappelle qu'il s'agit des seuls psychologues obligés d'exercer préalablement un autre métier que celui de psychologue, puisqu'il faut obligatoirement avoir été enseignant des écoles.

Le SNUipp rappelle ses revendications : master 2 de psychologie et concours de la fonction publique d'état + une année de formation professionnelle, statut de psychologue de l'Education Nationale. Un master qui n'est pas un master de psychologie ne donne pas droit au titre. Les certifications européennes sur le métier de psy valident 6 ans d'études. Le SNUipp demande que les psychologues scolaires aient un parcours identique à celui des autres psychologues, afin de limiter toute remise en question de leur professionnalité, comme celle du SPEL (Syndicat des psychologues en libéral).
Les conseillers du ministre découvrent les implications de la circulaire Hertzel. Ils vont contacter le cabinet de Madame Pécresse (Enseignement supérieur et Recherche).
L'abondement des enveloppes de frais de déplacement est une nécessité. Il faut que les fonctionnaires aient les moyens de « fonctionner ».
Le SNUipp demande à participer à tout groupe de travail sur l'évolution de la profession de psychologue dans les écoles.

Le ministère propose une nouvelle rencontre début décembre, après avoir consulté les autres organisations syndicales et associations de psychologues.

Re: Plus de bilan psy pour les segpa? Info ou intox?

Posté : 19 nov. 2008 20:52
par Isabelle Psy
Merci beaucoup à Stevil pour les précieuses infos concernant les rencontres Snuipp-ministère.

Si les psychologues ne sont pas directement touchés l'an prochain par le début de démantèlement des RASED,
d'une part ils se sentent concernés par la perte de la complémentarité des spécialités, ce que le Snu souligne et
d'autre part, ils ne peuvent rester indifférents aux incidences de ces décisions (et mises en oeuvre) de démantèlement sur les modifications de leurs missions. Le psychologue est solitaire mais l'équipe est précieuse pour nombre d'actions ou de décisions.

Le texte de 2006 est en effet resté lettre morte... Or il semble que depuis cette rentrée, les IEN prennent sous leur responsabilité des mesures très variées concernant le fonctionnement du RASED de leur circonscription. On se trouve avec des injonctions discordantes d'un lieu à l'autre. Ce qui n'est pas sans créer quelques remous lors des arrivées de certaines familles sur les lieux de scolarisation nouveaux (déménagements, et autres).

L'évolution des missions, la réorganisation de certains fonctionnements n'est pas un problème en soi, au contraire, il soutient une évolution et un dynamisme nécessaires parfois, cependant par les temps qui courent les inquiétudes finissent par prendre la place des interrogations...

Si un statut des psychologues scolaires venait à être décidé, quel pourrait-être le public concerné et avec quelle formation ?
Il serait en effet juste qu'un tel statut existe, ne serait-ce que pour la visibilité de la reconnaissance symbolique de l'exercice de cette spécialité (je pense à la feuille de paye et au cumul d'emploi).

A bientôt pour d'autres nouvelles + un coucou à Claire :wink:

Isabelle psy