Pour information, présentation des tests psychocognitifs

Problèmes généraux (psychologues scolaires, option E, option G).
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clairea
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Pour information, présentation des tests psychocognitifs

Message par clairea »

Les psychologues scolaires, comme chacun le sait, ont à leur disposition (normalement) différents outils pour appréhender la dynamique psychique d’un enfant.
Pascal Ourghanlian m’a suggéré de mettre à la disposition des lecteurs et utilisateurs de ce forum une présentation des tests psychométriques portant sur les fonctions cognitives.
N’étant pas vraiment spécialisée dans ce domaine, je m’acquitte de cette tâche avec beaucoup de prudence et invite tout psychologue ou connaisseur à compléter mes propos.

Je n’aborderai pas le versant psycho-affectif puisqu’il est propre à la lecture clinique du psychologue.

Avant de vous présenter rapidement les trois principaux tests utilisés par les psychologues scolaires, je me dois de rappeler des évidences :

- Une évaluation psychométrique est dans tous les cas subordonnée à l’émergence d’un questionnement sur les capacités cognitives pendant l’analyse de la demande.
- Un bilan psychologique ne comprend pas uniquement un versant psychométrique et a pour objet l’appréhension globale de la dynamique psychique, le WISC par exemple n’est qu’une partie du bilan.
- Chaque test ne vaut que par la qualité interprétative du psychologue.
- Les résultats chiffrés en ce sens ne sont qu’un indicateur des processus mentaux et sont à lire selon les règles de données statistiques (écart type, courbe de Gauss)
- Chaque test présente d’ailleurs une valeur projective incontournable qu’il convient d’apprécier.


En ce qui concerne les trois principaux groupes de tests cognitifs utilisés dans les bilans, il s’agit :

- des tests de Wechsler : WISC (III ou IV) et WPPSY (R ou III), WAIS selon l’âge des sujets

Le WISC est un test complet qui permet une appréhension globale et détaillée du fonctionnement cognitif pur. Il n’évalue pas la capacité d’apprentissage mais les capacités intellectuelles. Il n’est pas rare de rencontrer des enfants en difficultés scolaires qui présentent une efficience intellectuelle entrant dans le cadre des variations à la normale et l’inverse est aussi possible.


L’auteur souhaite mesurer l'intelligence générale. En 1961, il définit l'intelligence comme « la capacité globale ou complexe de l'individu d'agir dans un but déterminé, de penser rationnellement, et d'avoir des rapports utiles avec son milieu ».

Avec sa passation, on obtient :
- un QI Verbal qui correspond à l'échelle verbale (contenu verbal) ;
- un QI Performance qui correspond à l'échelle de Performance (contenu non verbal) et
- un QI Global correspondant à l'ensemble des sous tests.
L’analyse de ce dernier se fait par secteurs de pensée : organisation spatiale, capacité mnésique, conceptualisation … qui sont mobilisés lors des différentes tâches avec des supports variés (figuratif, perceptif, verbal).
NB : j’évoque ici surtout le WISC III que je connais bien mais le WISC IV est en vente depuis cette année.


Le texte complet sur ce test se trouve à l’adresse :
http://psycho.univ-lyon2.fr/article.php3?id_article=164





- du Kaufman Assessment Battery for Children, (K. ABC)

Moins saturé en facteurs socioculturels ou verbaux que le WISC, il est très utile pour des passations avec des enfants en difficulté de langue orale, et culturelle. Il permet également une réflexion pertinente sur les stratégies d’apprentissage et les remédiations éventuelles. Mais il reste difficile d’approche dans l’analyse globale du fonctionnement cognitif.


Ce test souhaite mesurer les performances et le niveau d'accomplissement de l'enfant, de définir comment l'enfant résout ses problèmes et quelle est son habileté à le faire.
Il a été conçu pour une utilisation en psychologie scolaire et en psychologie clinique. Les tâches mises en œuvre dans la construction des échelles de processus mentaux (processus séquentiels et simultanés ) ont été élaborées en conformité avec le modèle des traitements séquentiels-simultanés emprunté aux théories neuropsychologiques (Luria et al. 1975 et 1979) et psychocognitives (Neisser, 1967).
Age : 2 ans ½ à 12 ½
L’Echelle des Processus Séquentiels mesure la capacité d’un enfant à résoudre des problèmes en traitant mentalement les stimuli selon un ordre sériel, par exemple dans la reproduction d’une série de données de mouvements de mains effectuée par le psychologue.
L’Echelle de Processus Simultanés mesure la capacité à résoudre des problèmes nécessitant l’organisation et l’intégration de nombreux stimuli de manière parallèle ou simultanée comme identifier un dessin (fait de “taches d’encre”) incomplet, résoudre des analogies visuelles abstraites

Le texte complet sur ce test se trouve à l’adresse :
http://psycho.univ-lyon2.fr/article.php3?id_article=163



- d'un test dit Piagétien UDN et EPL, selon l’âge des sujets.


Je n’ai pas encore eu la chance de l’avoir dans mon armoire, mais mes souvenirs de ce test sont très positifs.


La batterie UDN-II constitue une forme révisée, enrichie et étalonnée de l’UDN 80 créé par C. Meljac. Elaborée à partir des théories piagétiennes du développement de l’intelligence chez l’enfant, cette batterie se compose de 8 épreuves inspirées des expériences de Piaget et de l’école de Genève, et de 8 épreuves originales centrées sur l’étude des premières notions logico-mathématiques

Constitué d’une série de situations-problèmes variées, l’UDN-II permet d’explorer les capacités de compréhension et d’utilisation de notions en rapport plus ou moins étroit avec la construction et l’utilisation du nombre chez des enfants de 4 à 12 ans.

- Épreuves de logique élémentaire (classification, inclusion, sériation),
- Épreuves de conservation,
- Épreuves d’utilisation du nombre,
- Épreuves d’origine spatiale : comment, par la logique, transposer et affirmer des identités
- Épreuve de connaissance et de compréhension des termes et des opérations mathématiques.


(Texte tiré du site : http://www.ecpa.fr/ page disparue - Voir UDN-II)


NB : Chaque test coûte un peu moins de 1000 euros. Pas facile donc pour les psychologues de varier leurs outils.
Ces tests ne sont accessibles à la vente que par les psychologues qui doivent justifier de leur statut avant toute commande aux ECPA.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Merci à Claire pour ces (ses) éclairages.

Si d'autres collègues psy souhaitent enrichir le post', qu'ils n'hésitent pas...

Si je peux me permettre un regard de néophyte : bien que moins utilisé que le WISC, il me semble que l'un des mérites du K-ABC est d'être plus fidèle aux dynamiques d'apprentissages de l'élève et, surtout, dans le cadre d'une utilisation en RASED, d'ouvrir sur des pistes de remédiation, bien utiles pour le E ou le maître de la classe.

Je soulignerais aussi que l'un des éléments essentiels à prendre en compte dans le WISC, par exemple, c'est le différentiel verbal-performance, plus que le score global, qui peut donner des indications pertinentes sur des difficultés praxiques ou des difficultés langagières - à confirmer par d'autres investigations. Mieux encore, les scores à chaque item, bien élucidés par la psy, permettent d'éclairer des fonctionnements à côté desquels une observation E, même bien outillée, peut passer.

Certains items de l'UDN-II - que j'ai pu utiliser comme E grâce à la supervision d'une formatrice psy ayant travaillé avec Claire Meljac - sont des outils d'observation des manières de faire des élèves, de leurs stratégies, et de leur capacité à un retour réflexif sur leurs procédures d'une très grande richesse. À mutualiser avec la psy du réseau, dans un contexte bien déterminé, et sans velléité de "testing" (qui n'est pas de notre compétence).

Mon rôle actuel de référent me fait rencontrer de nombreux psy', me conduit à lire de nombreux bilans. Une grande prudence me semble s'imposer quant à l'usage des données chiffrées et de l'effet de sidération qu'elles peuvent provoquer chez les enseignants comme chez les parents, leur interdisant de penser l'élève ou l'enfant dans une dynamique d'apprentissage pour n'être qu'obnubilés par la photographie proposée par les tests. J'observe aussi, à l'inverse, combien l'explication détaillée (et donc longue...), item par item, de certains résultats, par la psy, aux enseignants ou aux parents, les aide à appréhender l'apprentissage comme moteur du développement - ce qui rejoint le point de vue de Vygostki, ce qui n'est pas pour me déplaire...

Une bonne approche de l'utilisation des tests dans le contexte scolaire est proposée par Bernard Jumel dans Guide pour un usage critique des tests chez l'enfant, Aubin Éd., 2004.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Dominique Douay
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Message par Dominique Douay »

Il est très intéressant de connaître les tests utilisés par les psychologues. Il serait également intéressant de connaître les tests que peut utiliser un maître E et leur champ d'investigation. Personnellement, en formation, nous n'avons eu que la présentation du Medial, ce qui est très limité. J'ai utilisé des items de Batelem pour des CE2 en grande difficulté, mais si j'ai des demandes de CM1 ou CM2, je ne vois pas très bien comment je vais réussir à évaluer les différentes procédures mentales utilisées. Même si les tests ne sont que des outils et qu'ils ne remplacent pas l'évaluation du maître spécialisé (observation des procédures engagées en classe ou celles engagées dans les activités proposées en séances préparatoires), je pense que leur connaissance peut nous permettre de compléter notre vision des stratégies mentales.
Y aurait-il un équivalent du K.ABC pour maître E ?
D'avance, merci.
D.D.
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour Dominique,

Les ECS-II et III de Khomsi, aux ECPA, sont utilisables par le maître E, et sont bien utiles dans deux cas de figure :
- pour un "niveau" scolaire un peu fin, et étalonné, en complément des évaluations du maître,
- de manière "détournée", comme support d'évaluation participante à base de retour réflexif sur les manières de faire.
Il s'agit seulement d'être clair sur ce qu'on fait quand on utilise l'outil de telle ou telle manière (seule la première est validée par Khomsi).

Voici la présentation des ECPA :

REPERAGE PRECOCE DES DIFFICULTES D’APPRENTISSAGE DANS LE CADRE SCOLAIRE

*Ces “mini-batteries” poursuivent deux objectifs précis :

repérer le plus précocement possible, dans une perspective de prévention, les enfants à risque, avant que leurs difficultés ne soient suffisamment manifestes pour donner lieu à signalement,

fournir une évaluation simple et rapide des compétences nécessaires aux apprentissages scolaires. Cette première évaluation permet de mettre en place un éventuel projet de prise en charge. Ces batteries peuvent servir également de bilan initial dans la mesure où elles permettent de faire un diagnostic rapide portant sur un éventail de compétences.


La passation de type collectif renseigne également sur les capacités d'autorégulation, rarement mesurables dans un examen individuel classique et pourtant primordiales, pour comprendre le fonctionnement de l'élève. Enfin, les situations proposées, crayon-papier essentiellement, sont volontairement éloignées des situations pédagogiques habituelles : il s'agit d'évaluer des compétences susceptibles d'être mises en jeu dans les apprentissages, la lecture en particulier, et non d'explorer des performances scolaires qui répondent à un enseignement particulier.

Les compétences explorées sont les suivantes :

L'identification du mot oral
Les capacités de jugement de grammaticalité
Le graphisme
La compréhension d'énoncés (présentés sous forme de “matrices progressives”dans l’ECS II et oralement dans l’ECS III)
La résolution de problèmes abstraits
L'identification du mot écrit
Le traitement du nombre (ECS III)
L’orthographe lexicale et grammaticale (ECS III)


L'ECOSSE de Pierre Lecocq aux PU du Septentrion est aussi utilisable pour approfondir la compréhension syntaxico-sémantique (Khomsi reprend certains sub-tests dans l'ECS) : c'est un outil remarquable de la GS au CM2 (et au-delà), dont l'utilisation plus fréquente éviterait bien des "il ne comprend rien" et autres "il est dysphasique"...

Voici la présentation des PUS :

Cette épreuve, inspirée du T.R.O.G. (Test for Reception of Grammar) de Bishop (1983) a subi certaines modifications et additions en vue de l'adaptation au français. Destinée à tester la compréhension d'énoncés oraux et écrits de complexité syntaxique croissante, chez les enfants de fin de maternelle et du primaire, elle peut être utilisée également pour évaluer la compréhension de sujets atteints de différents handicaps. Elle a été étalonnée à l'oral sur plus de 2000 enfants, à l'écrit sur 500 à partir du CE1 et expérimentée sur une population de 125 déficients mentaux.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
patrick
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Message par patrick »

Pour la clarté des positions de chacun, il me semble souhaitable de parler d'évaluation quand un outil (quel qu'il soit) est utilisé par un G ou un E, et de ne parler de test que pour les psys.
clairea
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Message par clairea »

Pour répondre à votre question, Dominique, je ne crois pas qu'il y ait de correspondance du Kabc pour des Maîtres E et je ne pense pas que cela soit souhaitable.

Les ECS-II et III de Khomsi sont de très bonnes références, je les utilise quand le niveau d'apprentissage d'un enfant m'interroge et si et seulement si l'enseignant (spécialisé ou non) n'a pu répondre à mes interrogations, donc plutôt rarement.

Comme le souligne Patrick, à chacun son domaine ...

Précaution verbale ou pas, j'insiste à nouveau sur le caractère plus global du bilan psychologique. L'évaluation de l'intelligence et des processus cognitifs ne sont qu'une modeste partie des investigations du psychologue. Dans tous les cas, l'essentiel se joue plus dans la rencontre clinique que dans les valeurs métriques.

On ne trouve que ce qu'on cherche, on devrait toujours analyser le pourquoi d'une évaluation ou test et je crains que nous dérivions de plus en plus vers une logique réductrice de l'apprentissage et de l'enfant en multipliant les évaluations... (cf. une certaine pétition à signer sans tarder)

Pour anecdote, les enfants de GS de mon secteur ont le grand privilège d'être évalués 4 fois sur leur pré-requis à la lecture (conscience phonologique...). De ces 4 évaluations successives, que pensez-vous qu'il advienne si ce n'est l'incohérence et le manque d'harmonisation entre les différents partenaires (IMF chargé du plan de lutte contre l'illettrisme, maître E, médecin scolaire, évaluation nationale par l'enseignant de classe).
Et personne ne doute que ces 4 évaluations formatées sont prétextes à une réelle élaboration autour de projet pédagogique ensuite ;)
<soupir>
Hum, je m'éloigne du thème, et ferai peut-être de cette anecdote un petit texte bientôt.
:)
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Ce que décrit Claire - je parle des éval' GS - semble être le début d'un "flicage" généralisé à venir : un certain séminaire sur la maternelle mardi à Paris allait dans le sens d'une évaluation tous azimuts... dès la PS ! Alors que la question devrait toujours être : évaluer, pour qui (le maître, les parents, l'enfant ) ? pour quoi faire (classer, mettre à jour des fonctionnements, aider) ?
La précision apportée par Patrick, et soulignée par Claire, va sans dire. Autant la dire donc : tests (psy) et évaluations (instit', maîtres spé') sont des outils, qui n'ont de pertinence que dans une contexte bien plus global qu'ils ont pour vocation d'aider à éclairer...

Anecdote : la circulaire Ségolène sur les TSL a conduit à monter des plans de dépistage des dits TSL. Sur mon département, un protocole a été mis en place (EN + Santé) sur les 3 niveaux repérage, dépistage, diagnostic. Dans la foulée, une CLIS et des UPI TSL ont été ouvertes. Elles sont maintenant perçues comme "un luxe", le dispositif est gelé. À quand la nouvelle mode ?

Autre "anecdote" : dans le nouveau programme, du nouveau concours de recrutement des PE, il n'y a plus psycho de l'enfant. Certes, l'enfant épistémique de Piaget n'était pas l'enfant réel - mais comment imaginer être enseignant sans quelques idées sur des étapes du développement (même si vous connaissez ma plus grande proximité avec Vygotski) ?

Donc, on évalue, on met dans des cases, de préférence comportementalistes (voir l'influence que sont en train de prendre les tenants ABA ou TEACCH dans l'accompagnement des enfants autistes), on évacue le psy', lubie de la fin des années 70 (!), et on justifie ainsi certains discours en vogue, jusque récemment de droite, maintenant de gauche (ou prétendus tels)...

Désolé, pour une fois, de me lâcher :oops: Promis je redeviendrai constructif le WE passé :wink: (ici, on attend toujours le soleil - c'est ça qui doit me mettre de mauvaise humeur :cry: )
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Dominique Douay
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Message par Dominique Douay »

Merci de ses réponses, et je suis tout à fait d'accord avec le fait de dire : "On ne trouve que ce qu'on cherche, on devrait toujours analyser le pourquoi d'une évaluation ou test et je crains que nous dérivions de plus en plus vers une logique réductrice de l'apprentissage et de l'enfant en multipliant les évaluations... (cf une certaine pétition à signer sans tarder) "
En formation, j’ai été très étonnée par certains cours qui nous présentaient les différents symptômes des enfants hyperactifs, qui viennent du DSM-IV. C’est peut-être plus facile de penser que les individus rentrent dans des cases, il suffit d’appliquer le remède pour telle ou telle "maladie" "anomalie" ou "difficulté" et le tour est joué !
Pour en revenir aux évaluations, réaliser des évaluations en maternelle précises pour permettre de programmer des séances d’apprentissages adaptées pour aider les élèves avant qu’ils ne soient en très grande difficulté, comme en phonologie en MS ou GS, en compréhension en GS, je trouve cela très intéressant. Par contre, si c’est pour remplir des tableaux ou des graphiques qui ne servent qu'à remplir du papier, je trouve cela contraire à notre mission d’enseignant, d’ailleurs c’est pour cela que j’ai abandonné la direction d’école pour devenir maître E, en espérant cette fois-ci remplir des projets qui servent véritablement aux élèves. Ce que j’aime dans ce travail, c’est le fait de travailler en équipe (de cycle avec mes collègues de classe, de réseau) en collaboration avec le médecin scolaire, d’autres intervenants, des parents en équipe éducative.
Quant aux « cases », j’ai une anecdote personnelle. Il y a 12 ans, j’ai fait un AVC, je me suis retrouvée aphasique de type Broca. J’étais donc incapable de parler, je ne retrouvais plus mes mots, je n’arrivais plus à lire à voix haute. (Par contre, j’ai lu des romans des yeux en comprenant tout ce que je lisais). J’ai été suivie par une orthophoniste, et petit à petit j’ai retrouvé la parole et j’ai réussi de nouveau à écrire. Quelques années plus tard, une étudiante en médecine qui faisait sa thèse sur des sujets comme moi, ayant fait un AVC jeune, m’a posé des questions mais a eu l’air très étonnée lorsque je lui ai dit que je retravaillais, que j’étais enseignante. Elle a même demandé à mon médecin traitant si j’étais sensée !
Alors croire en l’humain en ses possibilités, :wink: est certainement plus « sûr » qu’en la science, qui n’avance que pour s’approcher de la vérité, mais n’est jamais la Vérité.
D.D.
clairea
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Message par clairea »

Le symptôme n'est pas le sujet mais il en dit quelque chose.

Le DSM IV est un catalogue de symptômes, rien de plus, rien de moins que cela.

Dans mon expérience clinique jamais je n'ai rencontré l'enfant décrit à la page 9 ou 21 de manuels psychiatriques, mieux encore, actuellement je travaille en collaboration avec d'autres psychologues sur un ouvrage d'études de cas (problématique d'enfants en milieu scolaire) et il va bien falloir aménager un peu nos présentations afin que ces situations réelles soient bien sûr anonymes mais aussi illustratives d'une théorie.

Nos expériences personnelles, professionnelles sont toutes des invitations à adopter une position plus humble face à l'illusion de maîtrise des théories neuro-comportementalistes.
C'est étonnant de lire un tel retour vers le déterminisme alors que même les sciences fondamentales comme la physique ont introduit dans leur champ d'étude, l'aléatoire avec la quantique par exemple.

Je partage vos agacements et trouve incroyable d'évacuer toute approche psychologique dans la formation des enseignants !

Claire.
domi
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Message par domi »

Outre les outils d'évaluation dont vous avez déjà parlé, je trouve que le livre de Nicole Van Grunderbeeck, Les difficultés en lecture, Diagnostic et pistes d'intervention, Gaëtan Morin éditeur, est très intéressant. J'utilise volontiers la lecture à voix haute en complément du Médial CE1. C'est souvent très instructif, notamment cela informe clairement de la présence ou non d'un embryon de lecture. Un médial CE1 moyen peut très bien cacher un enfant absolument non lecteur mais débrouillard. Un très mauvais Médial CE1 peut aussi cacher un enfant lecteur mais tétanisé par la peur de l'échec ou peu autonome devant un document scolaire un peu aride.
Après, l'analyse et la mise en oeuvre d'une remédiation c'est une autre affaire. Savoir ce qu'un élève ne fait pas bien ne dit pas comment l'amener à bien faire.
Sinon, après mes grands déboires du début de l'année concernant les évaluations, je suis parvenue à la conclusion suivante: Les évaluations scolaires collectives n'ont d'intérêt que dans le sens que leur donnent les enseignants des classes. Le maître E ne peut avoir de place dans ces dispositifs que si les gens le souhaitent et dans ce qu'ils souhaitent. Il y a lieu d'évaluer la zone proximale de développement du groupe dans lequel on évolue et de s'y placer. Rien ne sert de vouloir avancer plus vite que ce que les gens peuvent et veulent donner et recevoir. Il vaut mieux une passation d'évaluation qui en reste là qu'une passation qui débouche sur une stigmatisation des élèves. Après, je crois qu'il faut essayer, avec modestie, de déterminer la place que l'on veut et peut occuper avec les convictions que nous portons. Le travail du Rased a alors toute sa valeur pour ne pas mélanger difficulté scolaire d'un enfant et difficultés d'une équipe à répondre à son public. Plus j'avance, plus je me rend compte de la difficulté qu'il y a à rendre l'évaluation humaine et porteuse de progrès. Un dispositif mal mené (et malmené) peut devenir un cauchemar pour le maître E et pour les enfants.
Cordialement,
Domi
elvi
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Message par elvi »

Bonjour,

Recherchant des informations sur le milieu de la psychologie scolaire, je suis arrivée sur votre site :)

Juste pour me présenter un peu, je suis psychologue pour enfants et travaillais depuis 6 ans en hôpital (spécialisée dans l'évaluation cognitive et neurospychologique).

Mon ami ayant trouvé du travail dans une autre région, je viens de le suivre et donc de quitter mon emploi. Les postes de psychologues étant rares (d'autant plus invisibles que le milieu fonctionne par bouche à oreille), je me suis décidée à tenter le CRPE afin de postuler par la suite sur un poste de psychologue. Je suis prise en PE1 cette année... Je ne me fais pas trop d'illusions sur le nombres d'années à attendre un poste mais je suis également attirée par l'enseignement (qui n'est pas du tout le même métier, j'entends bien).

Petit aparté terminé, je voulais donc indiquer deux professionnels m'ayant apportée énormément dans ma fonction concernant les évaluations psycho-cognitives.
Il s'agit du Dr Michèle MAZEAU, médecin de rééducation à la base mais pratiquant la neuropsychologie. Elle a écrit plusieurs livres sur les séquelles neuropsychologiques conséquentes d'une IMC mais également sur le bilan neuropsychologique lui-même et plus particulièrement concernant les troubles spécifiques des apprentissages. Elle forme différents professionnels avec l'ADAPT pour qui elle travaille. J'ai suivi en juin une formation sur l'évaluation des TSA.

Il y a également le Dr Olivier REVOL, pédopsychiatre au CHU de Lyon, ayant écrit et travaillé surtout auprès d'enfants "précoces" et en échec scolaire (il rencontre les enfants en échec en raison de précocité mais également, dépressifs, ayant des troubles des apprentissages...) Il participe à un DU sur les troubles des apprentissages.

Voilà, j'espère avoir l'occasion de discuter avec nombre d'entre vous car j'espère, et compte mettre toutes les chances de mon côté pour vous rejoindre dans l'EN :lol: Je sais qu'il y a des difficultés (comme j'ai pu en rencontrer en milieu hospitalier) mais mes différentes expériences m'ont prouvé que le monde scolaire m'a toujours attirée.

A bientôt,

Elvi
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour, et bienvenue sur ce forum !

Concernant les références que vous indiquez :
- Michèle Mazeau est, pour moi, incontournable, particulièrement, effectivement, pour les séquelles d'IMC, mais aussi pour toutes les difficultés liées aux dyspraxies ; MAIS, comme vous l'indiquez, elle est venue à la neuropsy en partant de la médecine de rééducation et fonctionnelle, ce qui en fait une clinicienne de tout premier plan dans le domaine "moteur" (pour aller vite) qui est le sien ;
- ce qui n'est pas le cas, de mon point de vue, d'Olivier Revol, chantre de la neuropsy pure et dure, de la médicalisation à outrance, et rédacteur d'ouvrages que je trouve "limites", type L'échec, scolaire ? Même pas grave, ça se soigne, Lattès, 2006.

Bon courage à vous en PE1 !
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
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rééduquer l'orthographe d'usage et grammaticale

Message par leroystephane »

Je suis maître E et je suis à la recherche d'outils permettant de travailler l'orthographe d'usage et l'orthographe grammaticale avec des enfants CM 2 en ZEP pour qui l'écriture est souvent illisible et l'orthographe des mots phonétique.

Merci de m'aider

Urgent

Leroy Stéphane

leroystephane6543@neuf.fr
Je suis Maître E, MAC pour futurs maîtres E, référent famille et membre d'une association Adelais pour les devoirs le soir ou autre projet éducatifs avec les parents et les enfants.
daniele
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Re: Pour information, présentation des tests psychocognitifs

Message par daniele »

Pour information, il n'est peut être pas inutile de rappeler que le premier outil du psychologue est la connaissance théorique. La psychologie est une discipline complexe et avant tout théorique qui ne se réduit pas à l'utilisation de tests et leur présentation relève d'une erreur fondamentale selon moi idéologique : réduire le travail du psychologue à des tests et par conséquent réduire la connaissance de l'enfant aux mêmes tests. Illusion de maîtrise et de contrôle de ce qui nous échappe, besoin de certitudes. La psychologie, même scolaire, c'est à l'inverse se confronter au non savoir, à l'altérité, questionner le corpus théorique, et observer ce qui va faire résonance.
Évidemment, les tests font partie des moyens utilisés mais parmi d'autres tout aussi essentiels, comme l'entretien, l'observation, le suivi etc etc.
Pourquoi cette demande de présentation des tests ?
En outre, il n'est pas inutile de rappeler que le compte rendu d'un psychologue, outre le fait qu'il est confidentiel, ne se réduit pas à des chiffres.
Schiltz Luc
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Re: Pour information, présentation des tests psychocognitifs

Message par Schiltz Luc »

Vos propos sont fort intéressants, l'observation d'un enfant en situation d'apprentissage m'a toujours apporté plus d'indications qu'une évaluation avec une jolie grille...
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