Se "reconvertir" de E en D...

Problèmes généraux (psychologues scolaires, option E, option G).
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Pascal Ourghanlian
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Se "reconvertir" de E en D...

Message par Pascal Ourghanlian »

Ce texte de Claudine, que je cite in extenso tant il me semble important en ces temps d'incertitudes accrues...
Voici plusieurs messages que je reçois de maîtres E qui, face aux menaces pesant sur leurs fonctions, envisagent une reconversion D. La question qui m’est posée est de savoir comment se « vit » cette reconversion. En arrière-plan, il y a des points d’interrogation sur l’adaptation à un nouveau public et à un nouveau dispositif (sachant qu’en D, on a une vertigineuse variété des uns comme des autres).
Les collègues se demandent si elles vont « savoir » c’est-à-dire à la fois si les compétences construites comme E vont être mobilisées, et si l’adaptation au nouveau poste va demander de construire beaucoup de compétences nouvelles (i.e. nécessiter encore un « gros » travail de formation). Mais, sur cet arrière-plan, il y a aussi les affects, les sentiments. Qu’est-ce qu’on gagne, qu’est-ce qu’on perd ? A-t-on vraiment envie ?

Mon expérience n’est sans doute pas « parlante », d’une part parce que j’ai très peu exercé en RASED et, qu’avant de me reconvertir, j’ai été CPC ASH pendant deux années ; d’autre part parce que mon choix a été réfléchi, non contraint par un contexte incertain.
Je dirais qu’il a été motivé :
- par la volonté de retrouver une continuité et une cohérence de mes actions et de pouvoir en évaluer les effets,
- par la volonté d’avoir une approche du sujet dans sa globalité, de ne pas voir les seules dimensions cognitives et instrumentales,
- mais aussi par l’existence de questionnements sur le handicap mental, sa prise en compte aux différents niveaux (du politique au pédagogique en passant par le social).

Si l’on ne se sent pas concerné par au moins deux de ces points, sans doute vaut-il mieux ne pas envisager de reconversion… De la même façon, mieux vaut s’être questionné sur le type de poste que l’on est prêt à occuper. Travailler à l’école, ce n’est pas la même chose que travailler au collège ou en établissement, exercer ses fonctions auprès de jeunes enfants ce n’est pas la même chose qu’auprès de grands adolescents, et bien vastes sont les champs de la déficience, des troubles psychiques, des troubles du comportement…

Ce que je peux dire toutefois c’est qu’un tel changement (pas radical puisque l’on demeure avant tout enseignant, et même enseignant spécialisé) permet d’intégrer tout ce que l’on a construit lors de son parcours professionnel : on réorganise ses connaissances et savoir-faire pour retenir ce qui est le plus pertinent et, ce faisant, on continue d’avancer…
J’aurais tendance à vouloir appeler l’option D « option C » tant le travail s’organise autour du « Comprendre » (comprendre le monde et se comprendre) avec les axes de la Communication, du Contrôle de soi, de la Conceptualisation et de la Culture… rien de bien nouveau pour un ancien maître E sauf qu’il y a, tout en dégageant des priorités, nécessité de tenir tout cela ensemble.
J’ajouterais qu’un maître D développe tout particulièrement des savoir-être : sa fonction contenante, notamment, est fortement sollicitée et nécessite d’être relayée tant par le cadre posé que par la fonction contenante du groupe (qui ne va vraiment pas de soi en début d’année). Disons qu’un E pense déjà en termes de contenus et de contenants de pensée mais que le curseur se déplace assez sensiblement vers les contenants avec un « public D ». Il faut se sentir prêt à accueillir les résonances sans se rigidifier au risque de devenir un « mur » sur lequel les enfants viendraient se cogner.

Les adaptations les plus difficiles concernent peut-être moins les élèves que les conditions de travail : à l’itinérance du maître E (et plus encore à celle du CPC) se substitue la sédentarité de l’enseignant D. Elle peut être vécue comme contenante ou comme asphyxiante, voire sclérosante. Aux échanges réguliers avec les partenaires du réseau, se substituent, pour l’enseignant de CLIS, des échanges aléatoires avec l’enseignant référent, le médecin du service de soins référent, le psychologue scolaire. Quant au maître D en établissement, il connaît le poids des « experts », les psychiatres faisant parfois bien peu de place à l’enseignement.

Bon cheminement à ceux qui se sont engagés dans cette réflexion. Évitez à tout prix de faire un choix par défaut. Et ayez en tête qu’il y a aussi des incertitudes sur les modalités de la reconversion. Jusqu’ici, un changement d’option passait par la case IUFM, avec un possible aménagement, ou se faisait directement en se présentant en candidat libre à la nouvelle certification. Or, dans le contexte de suppression des postes de RASED, il se pourrait qu’il revienne aux inspections académiques d’organiser des modules de formation pour faciliter les reconversions…
D'autres pistes ici : http://www.ourghanlian.fr
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