Autorité ou violence ?

(option D)
Répondre
luthi
Visiteur
Visiteur
Messages : 4
Enregistré le : 17 mars 2008 12:28

Autorité ou violence ?

Message par luthi »

Je suis enseignante en ITEP depuis maintenant 3 ans, je n'ai pas eu le CAPA-SH que j'ai tenté en candidate libre ce mois d'octobre 2008, non pas pour mes incapacités à gérer ma classe mais parce que mon mémoire ' L'éducation motrice au service de la personne à scolariser' était 'hors cadre' car ne s'appuyant pas suffisamment sur une analyse de la pratique.
ma pédagogie est fortement inspirée du père Pierre Faure issu de la lignée M Montessori que vous citez dans vos messages.
Cette année, j'ai dans ma classe des 7 élèves nouveaux orientés en ITEP car déscolarisés ou allant l'être, tous ayant d'énormes angoisses et réagissant par beaucoup de violence comme l'exprime Julie dans sa classe CLIS. De plus, cette année je me suis retrouvée comme seule titulaire sur 4 classes (la titulaire ayant le CAPA-SH étant en congé maternité jusqu'à mi-novembre. Pour la ^plupart de mes collègues, aucunes n'avaient réellement enseigné avant et ma collègue directe n'avait jamais enseigné. Je me suis donc trouvée très vite en difficultés face à une collègue qui couraient après chaque élève violent pour les faire se calmer, mettant ainsi le groupe en complète agitation, face à une collègue qui refusait de se positionner dans une autorité (et non violence) passant par le physique, si bien qu'elle envoyait systématiquement ses élèves aux éducateurs qui de ce fait, se trouvaient saturés et ne pouvaient accepter mes propres élèves. (la plupart des élèves de ma collègue étant d'anciens élèves et n'ayant jamais été difficiles). Pour pouvoir poser un tant soit peu ma classe, il m'a donc fallu passer par une autorité de contenance physique ou de crier plus fort, autorité que je n'aime pas mais qui s'est avérée nécessaire face à une classe insécurisée dans trop de violence non contenue. Comment un élève peut se poser en classe lorsqu'il qsent qu'à tout moment un autre élève peut lui partir dessus et aller l'insulter ou pire le frapper? Comment en tant qu'enseignante faire face à cette violence même quand on se connaît suffisamment, même quand on fait preuve d'une respiration régulière et d'un aplomb face à toutes ces situations ? Il m'est arrivée au début, de ne pas vouloir élever la voix mais face à cette attitude, aucun des élèves n'a pu se calmer et l'agitation et la violence se sont accrues car personne (le maître de la classe)ne se positionnant en face pour enrayer cette violence dont ils s'alimentent mais aussi qui leur fait peur. Pour terminer je dirai que lorsque sur la route nous sommes verbalisés parce que nous avons rouler 10 KM heure de plus que ce qui est autorisé, nous ne sommes pas contents, nous protestons et pourtant heureusement que les gendarmes font leur travail et nous protègent de nos excès et protègent les autres de nos excès en verbalisant. Pourtant j'ai l'impression que parce que parfois je me transforme en gendarme dans le respect de mes élèves toujours, je suis jugée comme quelqu'un qui 'violente.' Or un gendarme qui fait son travail même contre nous, est-il violent? Je suis et veux être la garante du cadre rassurant et sécurisant dans ma classe, je responsabilise beaucoup mes élèves (un qui est le baromètre, un qui est le garant de la tranquillité de la classe en étant autorisé à demander à un autre élève trublion de sortir... Je n'interviens que lorsqu'il y a danger car non respect. alors actuellement je ne sais plus où j'en suis, je suis arrêtée pour dépression et ne sais plus ce qu'il faut penser. Je m'interroge sur: "où s'arrête l'autorité et où commence la violence? "Pourriez-vous m'aider? Si toutefois vous êtes arrivés à comprendre mon message.
clairea
Animateur
Animateur
Messages : 264
Enregistré le : 12 oct. 2005 08:58

Re: autorité ou violence?

Message par clairea »

Première chose, et de loin la plus importante, prenez soin de vous.
Travailler en ITEP est difficile, et les conditions que vous décrivez semblent accentuer le malaise de tout le monde...

Prenez le temps de vous retrouver, de vous reconstruire et de sortir de cette phase dépressive...

En écrivant cela, j ai envie de ne pas vous répondre .. Il y a plus important que cette distinction entre autorité et violence ... il y a vous ... mais le fait d'avoir écrit, formaliser cette question me laisse à penser que vous avez débuté une mise en sens de ce que vous avez rencontrer dans l'ITEP ... et qui vous a si profondément atteint.

Une réponse théorique ne devra pas arrêter cette recherche de sens... Car seul le sens que vous mettrez à cette expérience qui vous est singulière pourra vous aider à dépasser l'expérience.

Je vais dans les prochains jours vous donner une réponse, qui ne sera que la mienne ... ce forum est un lieu d échange intellectuel .. alors j'espère que vous aurez d'autres réponses :)

En attendant , prenez soin de vous

Clairea
Céline71
Animateur
Animateur
Messages : 122
Enregistré le : 05 oct. 2008 10:54

Re: autorité ou violence?

Message par Céline71 »

Je n'ai jamais travaillé en ITEP alors je ne sais pas si ma réponse sera très à propos. ça m'est arrivé néanmoins de devoir "avoir" un "corps à corps" avec certains enfants pour les contenir physiquement.
je me dis qu'à ce moment là si on peut médiatiser ce corps à corps par du langage, mettre des mots, on n'est pas dans la violence et on aide l'enfant à en sortir en mettant de l'humain (le langage)...les quelques fois où cela m'est arrivé, je disais à l'enfant "tu vois, là je suis obligée de te tenir, tu risques de faire mal aux autres, tu risques de te faire mal...etc..." enfin quelque chose dans le style, ce que je sais , c'est que je parlais beaucoup, et je crois aussi que c'était pour me rassurer et me calmer , parce que je sentais bien aussi que physiquement, ça me faisait comme des décharges d'adrénaline avec le coeur qui se met à taper violemment etc...

Par rapport à votre exemple du gendarme, ce qu'il me vient , c'est que non apriori je crois qu'il n'est pas violent (sauf bien sûr s'il cherche à humilier, rabaisser l'autre, utiliser son pouvoir pour chercher à atteindre l'autre dans son humanité...), il fait appliquer la loi, le cadre juridique dans lequel nous nous trouvons. Par contre, certaines lois peuvent apparaître comme violentes. Quand je vois des enfants qu'on récupère dans des écoles pour les expulser, des gens qu'on renvoie manu militari chez eux, des lois qui semblent se durcir dans la justice des mineurs, je trouve cela violent parce que faisant peu de cas de la personne humaine.
J'espère que vous allez pouvoir vous reposer et trouver petit à petit des pistes de réponse.
Bon courage
Céline
clairea
Animateur
Animateur
Messages : 264
Enregistré le : 12 oct. 2005 08:58

Re: Autorité ou violence ?

Message par clairea »

Autorité et Violence, quelques pistes de questionnement :

L'autorité s'exerce d'une place en général sociale ou hiérarchique et s'adresse à l'autre sous la forme d'un message, d'une injonction, d'un tu dois ou tu ne dois pas...
L'autorité est surtout une qualité que l'on prête à un autre que l'on reconnait comme notre supérieur... Notre relation à cet autre peut être ambivalence (autorité de l'état) mais même dans dans l'opposition à cette dernière il y a une forme de reconnaissance de cet Autre.
L'autorité est en effet médiatisée par la parole et je dirais même par le langage comme lien social... Elle est un des codes de la relation à l'autre.

La violence, spontanément, m'évoque l'acte même si ce n'est pas si cloisonné.
La violence ne recherche pas l'adhésion de l'autre, la reconnaissance de l'autre, la violence s'exerce entre deux sujets qui se mettent au même plan relationnel. Nous sommes dans une relation à l'autre non médiatisée par un code social... Sur le même plan, on attaque l'autre selon des modalités pulsionnelles...
La violence ne raconte rien, elle n'attend pas de message retour elle agit sous une forme autistique en coupant la relation à l'autre.

L'autorité use parfois de la violence en effet, mais elle y perd plus qu'elle n'y gagne... Puisque elle coupe la relation à l'autre.

Mais à vous lire, Céline, je pense que nous aurions à distinguer aussi l'opposition à la violence de l'autre : ceinturer un élève pour lui éviter d'être envahi par sa violence, relève d'une réponse d'urgence et d'une tentative de délimitation de contenance... Pas de violence ici selon moi, même si cette action peut être vécue comme violente par le sujet et en particulier par un enfant psychotique ou autiste. Mais elle ne prend pas de caractère violent dans votre intention... Ensuite, à nous de penser des modalités aménager pour réagir face à ce genre de situation mais c'est vraiment toujours difficile...

Cordialement
IMMA30
Visiteur
Visiteur
Messages : 2
Enregistré le : 04 déc. 2008 22:01

Re: Autorité ou violence ?

Message par IMMA30 »

Bonjour vous êtes bien dans le sujet "phare" des ITEP, rassurez vous vous n'êtes pas la seule !
Comme on vous a bien dit prenez du recule...Vous n'êtes pas pas en cause: ni en tant que personne ni en tant qu'enseignante!!!.
Les élèves d'ITEP sont des enfants/jeunes "écorchés à vif" avec une mémoire de l'échec relationnel et d'apprentissage" bien ancrée". Ils sont très vite déstabilisés, ils n'ont que la violence pour exprimer toute angoisse, ils défient l'autorité... la loi... tout ce qu'on leur impose pour qu'ils rentrent dans un moule par forcément "adapté"ou à leur taille.
Je n'ai pas de recette à vous donner, depuis 7 ans je travaille en ITEP et je cherche, un peu comme mes élèves, des défis qui me donnent envie de me faire traiter de "pute et salope"...
Car au delà de ça il y a un réel appel au secours de leur part.
A la place du mot "autorité" qui peut générer des représentations bonnes et mauvaises, j'utiliserais l'expression "force tranquille", la même qu'on utilise en AIKIDO pour repousser toute violence et engendrer un contact avec l'autre rien que pour maîtriser sa violence.
Si besoin n'hésitez pas à demander de l'aide, ça fait du bien !
Très bonne journée. Imma B.
akila m
Animateur
Animateur
Messages : 161
Enregistré le : 19 mars 2006 21:19
Localisation : yvelines

Re: Autorité ou violence ?

Message par akila m »

Bonjour Luthi, d'abord pour vous témoigner de toute ma sympathie parce que je sais la frontière fragile entre le "s'arrêter" parce qu'on n'en peut plus et le "continuer" parce qu'on garde toujours le désir d'être auprès de ces enfants. De plus vous venez d'échouer à votre examen et vous vous êtes sentie obligée de porter une équipe. N'y a-t-il eu personne dans votre établissement pour entendre les difficultés que vivait l'équipe pédagogique ? vous parlez de reproches, de jugement : vous ont-ils été réellement adressés ? si je comprend bien vous avez été obligée de devenir une enseignante que vous ne vouliez pas être en vous sentant obligée de crier ? Je dirais qu'on en est tous presque là.
Je me pose la question d'IMMa : pourquoi y revient-on et y reste-t-on malgré les insultes et les coups qu'ils nous arrivent de recevoir de ces enfants ? D'abord, parce que ce n'est pas leur violence : j'ai eu une agréable surprise ou plutôt un grand bonheur au sujet d'un adolescent difficile renvoyé de son collège qui a passé beaucoup de temps à me hurler dessus et à claquer les portes avec une grande violence Tout ce que je pouvais lui dire à partir de ce qu'il voulait bien me raconter c'est que son aspect de dur, d'insupportable ce n'était pas lui, qu'il faisait tout ce qu'il ne supportait pas sur les plus faibles que lui. La semaine dernière, je me suis trouvée en difficulté avec un groupe d'enfants : un menaçait de se suicider en mettant les doigts dans les prises, un autre en me frappant et me crachant dessus, un autre complètement "fou" "un tourbillon" après un problème qu'il avait eu dans son école, et deux autres qui commencaient à se laisser emporter par cette folie. aucun adulte proche pour m'aider ; cet adolescent est rentré discrètement dans la classe, très calmement et est parvenu à canaliser quelques enfants en leur demandant d'écrire des mots sur le tableau. Il veille sur ce qui se passe dans ma classe, sa salle éducative n'étant pas très loin.
Je me pose aussi la question : quels enfants sommes nous en train de créer ? bien sur, nous ne voyons que les plus inacceptables, les plus bizarres dans nos établissements. Les médicaments (ritaline, risperdal) dont ils sont presque tous consommateurs ont-ils un effet bénéfique ?
Pour me rassurer, et continuer, je me dis qu'après ces tempêtes, des moments d'apaisements et des rencontres ont toujours lieu. Les moments difficiles que nous partageons avec eux créent du lien et ils sont touchés par les pardons que nous finissons toujours par leur donner. Je continue à dire que ce n'est pas leur violence.

mescudie
luthi
Visiteur
Visiteur
Messages : 4
Enregistré le : 17 mars 2008 12:28

Re: Autorité ou violence ?

Message par luthi »

Merci à tous pour vous être arrêtés un instant sur mon message et pour m'avoir répondu. Lorsque je l'ai écrit je venais de m'arrêter (pour 15 jours) et j'avais le moral dans mes baskets (les critiques m'étant adressées personnellement par une personne n'ayant jamais enseigné auparavant, de ce fait, ma direction ne comprenait pas pourquoi je remettais en cause 3 années de bon travail face à une personne qui n'avait pas encore fait ses preuves...). Finalement, je crois que la violence je l'ai subie par cette nouvelle collègue qui pour prendre sa place au sein de l'équipe ne s'appuie que sur la séduction et la critique de ses collègues les plus proches (moi). Et je citerai ces quelques mots de Clairea:
"La violence, spontanément m'évoque l'acte même si ce n est pas si cloisonné.
La violence ne recherche pas l'adhésion de l'autre, la reconnaissance de l'autre, la violence s'exerce entre deux sujets qui se mettent au même plan relationnel. Nous sommes dans une relation à l'autre non médiatisée par un code social... Sur le même plan, on attaque l'autre selon des modalités pulsionnelles...
La violence ne raconte rien, elle n'attend pas de message retour, elle agit sous une forme autistique en coupant la relation à l'autre."
Et moi-même étant déstabilisée, je n'ai su me défendre qu'en envoyant à mon tour des critiques qui, cela dit, ne m'aidaient pas à aller mieux !
Grâce à mon arrêt, à vos messages, je peux maintenant "remettre le pied à l'étrier", l'ITEP ça n'est pas facile mais l'important c'est de regarder ce qu'on a semé et ce qu'on sème. C'est de garder confiance en nos actes car ils sont réfléchis, avant, pendant ou après l'action. Pour ce qui est des critiques, je pense que la personne les proférant n'aura pas changé et continuera, mais à moi de garder ma ligne de conduite et surtout ma confiance en moi et de ne plus répondre par d'autres critiques mais au contraire d'essayer de faire évoluer cette personne : si nous changeons, notre entourage change aussi.
Alors à moi de changer, en me retrouvant.

merci encore.
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Re: Autorité ou violence ?

Message par Pascal Ourghanlian »

Ces lignes, de Philippe Meirieu, surtout pour donner envie de lire son intervention en entier : « Le maître, serviteur public » Sur quoi fonder l’autorité des enseignants dans nos sociétés démocratiques ? - Conférence donnée dans le cadre de l’École d’été de Rosa Sensat, Université de Barcelone, juillet 2008 http://www.meirieu.com/ARTICLES/maitre_ ... public.htm
Depuis longtemps on sait « gérer » la question de l’autorité et l’on rabâche, à satiété et sur tous les tons, qu’il suffit, pour cela, de trouver le juste équilibre entre un milieu rigide (où tout est défini à l’avance) et un milieu aléatoire (où rien n’est prévisible) : construire des cadres stables et négocier l’imprévu, donner des repères et s’adapter aux événements, associer fermeté et ouverture, etc… Les variations sur ce thème sont infinies et, alors que tout le monde semble d’accord sur ce qu’il faudrait faire, chacun constate que ça ne marche pas. C’est donc bien que la question de l’autorité n’est plus seulement une question de gestion des groupes, mais bien un problème de légitimité, d’une toute autre nature. Ne pas le reconnaître, c’est s’épuiser dans la gestion : sans verticalité fondatrice, on « manage » à vue et, au pire, on se contente de survivre en évitant les coups…
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
angela
Visiteur
Visiteur
Messages : 3
Enregistré le : 21 mai 2009 19:31

Re: Autorité ou violence ?

Message par angela »

Comment on peut arriver à un tel climat de travail ?
Est-ce que c'est normal dans un ITEP ou un IME ?
Est-ce que c'est dû a la difficulté des publics accueillis ?
angela
Visiteur
Visiteur
Messages : 3
Enregistré le : 21 mai 2009 19:31

Re: Autorité ou violence ?

Message par angela »

c'est très intéressant ce que vous dites sur la légitimité
il se trouve que je suis formatrice pour des professionnels de l'action sociale et je me permets de participer car je viens de vivre une expérience très difficile dans un IME et dans un ITEP
dans ce cas ce sont les professionnels eux-mêmes qui m'ont agressée
c'est peut-être dû au trop plein qu'ils endurent face à leur propre public mais ce que je ressens c'est une grande souffrance de ces professionnels qui n'est ni reconnue ni prise en compte
je ne sais pas comment expliquer cela mais il semble que la violence à contenir est tellement grande pour eux qu'ils ont oublié ce que c'est de communiquer normalement
dans ce groupe il y avait une assistante sociale et un psychologue vraiment bizarres, qui ne communiquaient que dans l'agressivité
je m'en suis pris plein la figure mais personne n'osait rien dire dans le groupe
ils terrorisaient tout le monde et ça mettait un super malaise
finalement j'ai décidé d'arrêter la formation
je n'en pouvais plus
mais je me suis demandée pourquoi la direction ne faisait rien et les laissait faire
car j'ai ressenti une grande souffrance de toute l'équipe
comme si tout le monde aurait aimé que cela cesse mais personne n'osait les affronter
Thierry
Utilisateur régulier
Utilisateur régulier
Messages : 18
Enregistré le : 14 mai 2007 21:31
Contact :

Re: Autorité ou violence ?

Message par Thierry »

L'autorité nous est donnée par celui sur qui nous l'exerçons. Pour cela il faut être clair sur sa fonction et sur sa compétence à l'exercer. On nous apprend beaucoup à douter, mais quelques certitudes ne font pas de mal.
Vous savez que vous pouvez apporter de la connaissance, du savoir à ces jeunes. Montrez-le. Non pas pour les rabaisser ni les ridiculiser, mais par respect pour eux. Ils se vivent comme des élèves au rabais. En montrant que vous êtes une enseignante de bon niveau (appuyez-vous sur vos points forts) vous leur donnez de la crédibilité en tant qu'élève.
Pour réfléchir à votre pratique, à la mise en place de rituels, identifiez vos points d'appuis, repérer les défauts dans l'organisation de la classe, il y a des personnes ressources dans les inspections (la conseillère pédagogique ASH par ex) qui peuvent vous aider. N'hésitez pas, c'est leur mission.
Par contre il semble qu'il vous manque le pilier essentiel que constitue l'équipe pédagogique. Là aussi l'organisation matérielle (une salle de prof pour se rencontrer tous les jours, échanger, se réunir...) peut aider.
Bon courage
angela
Visiteur
Visiteur
Messages : 3
Enregistré le : 21 mai 2009 19:31

Re: Autorité ou violence ?

Message par angela »

bonjour
je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre
je vais expliquer
j'ai 50 ans et 15 ans d'expérience de formatrice en formation continue
je ne suis pas professeur des écoles, je suis consultante indépendante à mon compte et je n'ai pas d'équipe pédagogique sur laquelle m'appuyer (malheureusement)
mon public c'est les travailleurs sociaux et médico-sociaux et ça peut être aussi des enseignants comme ceux qui s'expriment ici
bref j'ai vécu cette expérience très difficile où j'ai dû me retirer d'un contrat de formation qui m'aurait fait vivre une partie de l'année, sachant que cette décision a été très dure pour moi car pour prendre ce contrat j'en ai refusé d'autres
(je suis très sollicitée car appréciée dans mon métier, mais sur ce coup-là j'avais envie d'explorer un nouveau contexte)
c'était la première fois que j'intervenais en ITEP et IME auprès de professionnels
j'ai été étonnée du degré de tension que j'ai rencontré et je n'ai pas pu gérer l'agressivité que ces mêmes professionnels ont manifesté envers moi car je n'ai pas l'habitude de cela
au contraire mes formations se passent toujours très bien
donc j'ai pensé que ce type de comportement était dû à leurs propres conditions de travail et à l'agressivité qu'ils encaissent eux-mêmes au quotidien et qu'ils sont amenés à évacuer
c'est pourquoi j'ai été intéressée par ce forum (même si ma participation est un peu hors norme)
en lisant les commentaires sur la légitimité je me suis dit que j'avais peut-être loupé quelque chose avec certaines des personnes présentes à cette formation et que je n'avais pas mesuré leur état d'esprit et leur difficultés au quotidien avec des enfants soit déficients intellectuels (pour l'IME) soit ayant des troubles du comportement (pour l'ITEP)
ce que je veux dire c'est que comparativement à tous les autres lieux où j'interviens comme formatrice j'ai trouvé ce public très difficile
cela m'a interpellée étant donné le public qu'eux-mêmes ont à gérer au quotidien
et j'essaye de comprendre les liens entre tout cela
la question de l'autorité est commune pour un intervenant extérieur comme moi et pour les enseignants qui s'expriment sur ce forum (et que je respecte beaucoup)
J'ai eu l'impression qu'ils m'ont mise à l'épreuve de gérer leur propre agressivité comme si j'étais moi-même une éducatrice en ITEP en se comportant comme leurs propres publics
c'est dingue mais c'est ce que j'ai ressenti
or je ne suis pas éducatrice en ITEP ni enseignante spécialisée et je n'étais pas préparée à cela
donc je me demandais si c'est normal ou fréquent de rencontrer ce type de problème et je me disais qu'en essayant de mieux comprendre l'esprit des ITEP ça m'aiderait ,
et de partager avec d'autres enseignants comment réagir dans des cas où on est agressé ça m'aiderait
ce que j'ai découvert ici sur la question c'est passionnant
par exemple ce que vos dites sur la légitimité c'est très intéressant - je me suis demandée d'ailleurs si j'avais ou pas une légitimité vis-à-vis d'eux
aussi je découvre qu'il faut une véritable vocation pour travailler dans l'éducation spécialisée , une sacrée dose de patience aussi
comme vous dites très justement il s'agit d'enfants ou d'adolescents en échec
et peut-être qu'au bout d'un moment ça use et ça ressort sous des formes spéciales comme j'ai pu le rencontrer
moi ce qui me frappe le plus c'est la souffrance que j'ai ressentie dans ce lieu, la souffrance des équipes qui suivent
ces enfants (pour certains) tout autant que celle des personnes accueillies
il y a quelque chose là a creuser
et dont personne ne parle
c'est lourd à porter pour des équipes tous ces jeunes placés ensemble dans un même établissement a cause de l'effet de groupe que ça produit, ça me paraît choquant et difficile à gérer
voilà je me pose toutes ces questions !!
akila m
Animateur
Animateur
Messages : 161
Enregistré le : 19 mars 2006 21:19
Localisation : yvelines

Re: Autorité ou violence ?

Message par akila m »

Bonjour Angela, vous étiez formatrice en quoi et pourquoi dans cet établissement ? Qui avait demandé cette formation ? était-elle imposée par les directions à l'équipe ?
En quoi et comment vous avez été agressée ? Il est étonnant que deux personnes qui sont assistante sociale et psychologue s'en prennent à vous ainsi. Ne vous a-t-on pas parlé de l'histoire de l'établissement, et de la situation au moment où vous êtes intervenue ? je vous pose ces questions car en ce moment les établissements sont la proie de remaniements qui mettent les équipes à mal et qui effectivement crée une violence chez tous : des licenciements, des mises aux pas, des démissions, et même des délations.
Effectivement dans mon établissement, il nous est arrivé d'être rejetant envers des personnes recrutées dans des cabinets d'audit qui venaient pour nous former à des démarches qualités (qui n'ont pas d'autre but que de nous apprendre à nous évaluer, et à définir notre coût ; combien coûtons-nous aux établissements ? comment nous rendre plus rendre rentables ?) les directions nous disent que ce passage est maintenant incontournable pour avoir des financements, mais nous ne sommes pas des marionnettes pour apprendre à remplir des grilles qui n'ont rien à voir avec notre travail.
Nous avons été même désagréables envers une stagiaire chef de service recrutée par la direction qui souhaitait s'insérer dans nos projets : peut-être parce que nous avions tellement de mal à survivre au jour le jour, et à essayer d'enrayer la violence des enfants que nous ne souhaitions pas qu'une personne au rôle très flou vienne en plus nous casser les pieds avec ses questions.
Voilà quelques réponses aux situations extrêmement violentes que nous vivons dans les établissements : pour tenir et soutenir les enfants nous recherchons des liens entre nous (et cela n'est pas toujours possible car beaucoup de collègues se laissent séduire par ces idéaux de fonctionnement ), nous essayons de comprendre ce qui se passe, et de préserver notre désir de rester auprès de ces enfants : (en écrivant, échangeant, trouvant des personnes qui ont déjà vus venir depuis longtemps tout cela ..... et communiquant sur ce forum...)
M ESCUDIE
Répondre