Parcours des élèves de SEGPA

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Fred Gabiot
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Fred Gabiot »

Sinon.
Je m'interroge en ce moment sur la distinction intégration /inclusion. J'ai lu pas mal de trucs et ça reste flou. J'ai cru comprendre qu'il s'agit d'un changement de paradigme. Dans l'inclusion, on met tout en place dans la classe pour que l'handicapé puisse suivre sa scolarité dans un milieu ordinaire.
Dans l'intégration, on ne fait que le placer dans le milieu ordinaire sans rien adapter.

Sauf que...... comment peut on envisager l'inclusion à temps partiel ou raisonnée ? Le reste du temps, il est exclu ?
Sauf que...... il y a des pays qui incluent les handicapés à plein temps avec des aides et qui appellent ça de l'intégration
Sauf que...... quand on regarde le joli schéma qu'on nous donne partout. http://www.bloghoptoys.fr/inclusion. Ben ce qu'ils donnent pour de l'intégration, c'est la définition mathématiques de l'inclusion.
Tesla52
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Tesla52 »

Dans le cadre de ces réflexions, j'ai trouvé intéressant ce passage sur la SEGPA trouvé ailleurs sur le forum :

Paul DEVIN,inspecteur de l’Education nationale, secrétaire général du Syndicat national des personnels d’inspection(SNPI-FSU)
Un débat particulier: l’inclusion des élèves de SEGPA

Cette question de l’impérative inclusion en milieu ordinaire a été au centre des discussions qui ont précédé la publication de la circulaire de 2015 sur les sections d'enseignement général et professionnel adapté
. La DGESCO, dans un premier temps, affirmait au nom de l’inclusion une volonté de fermeture progressive des SEGPA pour que les élèves soient scolarisés dans les classes ordinaires du collège. Si elle visait dans un premier
temps les élèves de 6ème, on percevait clairement l’intention, à terme, du renoncement à la structure adaptée au profit d’une inclusion.
On pourrait effectivement poser, a priori, que la SEGPA constitue une filière ségrégative et lui opposer le droit commun. La question resterait, tout de même, de s’interroger sur l’avenir de ses élèves au sein des classes ordinaires.
Pourrait-on, moralement, prendre le risque de satisfaire un principe si sa mise en œuvre produisait une réussite scolaire moindre, une difficulté plus grande pour les élèves et à terme une baisse du niveau de qualification ? Il ne s’agit
pas ici de défendre une vision idéalisée de la SEGPA, ni même de nier qu’elle puisse parfois produire des effets ségrégatifs mais de pouvoir s’assurer que l’inclusion dans les classes ordinaires ne contenterait pas la seule satisfaction
idéologique de ses défenseurs au mépris de ses effets réels. Or, on peut douter que les moyens accordés au collège, dans un contexte d’effectifs de classe croissants et de formation continue des enseignants largement insuffisante, garantissent que les élèves de SEGPA puissent davantage développer leurs connaissances et leurs compétences dans les classes ordinaires et bénéficier de l’accompagnement le mieux à même de lutter contre les risques de décrochage. Il est tout de même paradoxal,qu’alors qu’il est demandé aux collèges de personnaliser l’accompagnement des élèves, la forme structurelle d’accompagnement personnalisé que constitue la structure adaptée puisse être perçue comme un obstacle.
Le présupposé que l’inclusion des élèves de SEGPA dans les classes ordinaires entraînera, par effet naturel, l’élévation du niveau des apprentissages est loin d’être une évidence.
Si la SEGPA doit s’interroger en permanence sur les conditions nécessaires d’une intégration réelle dans le collège, si elle doit examiner avec soin et ambition toutes les situations d’élèves qui permettent des inclusions en classe ordinaire, si elle doit bénéficier de stratégies d’orientation qui optimisent l’accès à la formation professionnelle, elle ne constitue pas pour autant la voie de relégation que certains veulent décrier.
Tesla52
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Tesla52 »

Gwenleguevel a écrit : 21 janv. 2017 14:22
Et pour ce qui est des hauts-lieux, je ne les fréquente que rarement contrairement aux syndicats qui ont des décharges et du temps pour traîner dans les couloirs et "faire du off", mais j'ai trouvé ça : https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre- ... oitie-vide
En lisant cet article ce passage m'a alerté:

La troisième réside dans le fait que les SEGPA, en collège, ne fonctionnent que trop marginalement de manière inclusive. Les élèves et les personnels qui les encadrent y ont leurs locaux propres, et il arrive fréquemment que les cours de récréation soient distinctes entre élèves d’enseignement général et élèves d’enseignement général et professionnel adapté.
Sur quelles données s'appuie l'auteur de cet article ? Quand on balance un fait comme-ça, aussi grave, le minimum ne serait-il pas de préciser et d'étayer le propos... Qu'est-ce que ça veut dire fréquemment ? Combien de collèges en France, combien de cours distinctes ? je suis désolé, mais écrit ainsi, c'est du grand n'importe quoi, d'une approximation impardonnable pour un article lié à un média d'information réputé sérieux...
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Gwenleguevel »

@Katow34 "utopie brisée",, lassitude quant aux pratiques du collège, ça me parle. Mais je n'abandonne pas (pas encore? ;-) cette utopie de l'école du socle, le corps unique, les unités pédagogiques fonctionnelles de Meirieu, des groupes multi-âges. D'autant plus qu'on commence à voir des endroits où ça bouge (voir les travaux de François Muller). Cela suppose de se mettre au clair sur les finalités de l'école (excellent texte de Bernard Collot sur le sujet dans le dernier numéro de la revue N'autre école).

@Fred la définition que tu donnes de l'inclusion me semble OK; elle rejoint celle de Thomazet: "L’école inclusive fait de l’établissement scolaire local le lieu d’éducation de tous les enfants ou adolescents. Étant donné que l’école a une politique d’acceptation, aucun élève n’est refusé pour la nature ou l’étendue de ses besoins particuliers. Ceux-ci ne sont pas intégrés dans l’école inclusive : ils y ont leur place, de plein droit, comme tous les autres élèves." Je pense donc être en désaccord avec P Devin sur ce sujet. Son expression "inclusion raisonnée" est un oxymore, selon moi. Et là où je pense qu'il nous prête de fausses intentions (on retrouve le fameux procès en naïveté dans son texte) c'est qu'il ne pense aucune autre option entre l'inclusion totale dans une seule classe de 30 et la structure. On peut très bien avoir des élèves inclus dans l'école mais dans des groupes fluctuants. On a du mal à sortir de l'idée 1 prof/1h/1 classe. Cela suppose la "fin de la classe" dans son format actuel, de déconnecter le temps PE et le temps élève et donc des moyens humains qui reviennent au sein l'école pour qu'on ait plus de maîtres que de classe, des éducateurs, des soignants et qu'on puisse trouver des souplesses à l'intérieur de l'établissement.
Je vous conseille le visionnage de cette conférence pour aller plus loin: http://www.inshea.fr/fr/content/vid%C3% ... mblay-2016
L'argument éthique de Mr Tremblay me semble incontournable: lorsque l'on a décidé de faire de la mixité garçons/filles à l'école, on ne s'est pas demandé si cela produirait de meilleur résultats. Allons-y pour la mixité riches/pauvres?
Gwenleguevel
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Gwenleguevel »

Tesla52
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Tesla52 »

Gwenleguevel a écrit : 01 févr. 2017 07:33 Et là où je pense qu'il nous prête de fausses intentions (on retrouve le fameux procès en naïveté dans son texte) c'est qu'il ne pense aucune autre option entre l'inclusion totale dans une seule classe de 30 et la structure. On peut très bien avoir des élèves inclus dans l'école mais dans des groupes fluctuants. On a du mal à sortir de l'idée 1 prof/1h/1 classe. Cela suppose la "fin de la classe" dans son format actuel, de déconnecter le temps PE et le temps élève et donc des moyens humains qui reviennent au sein l'école pour qu'on ait plus de maîtres que de classe, des éducateurs, des soignants et qu'on puisse trouver des souplesses à l'intérieur de l'établissement.
Quand tu écris " je pense qu'il nous prête de fausses intentions", en parlant du texte de P. Devin, j'imagine ici que tu évoques les positions des syndicats "réformateurs", Unsa et Sgen, qui, au nom de la fameuse idée d'école inclusive soutenaient l'idée d'une Segpa "idéalistement" intégrée dans le collège...

Je ne pense pas qu'il vous soit fait un procès en bonnes ou fausses intentions, non plus qu'en naïveté...

Encore et encore une fois, personne n'est dupe, et certainement aucun syndicat, du fonctionnement "technocratique" du ministère. La réalité de la calculette ne vise qu'à faire baisser les statistiques de l'échec scolaire, d'en diminuer le coût, en essayant de sauver les apparences si possible et c'est ce qui s'est passé lors de l'élaboration de la dernière circulaire SEGPA.

Je ne vous imagine pas suffisamment naïfs pour imaginer un seul instant que la classe dans ta version "idéale" (avec moyens humains, éducateurs, soignants, etc...) puisse seulement être évoquée dans un groupe de travail chargé d'élaborer une circulaire dont le premier objectif est économique, sinon afin de bien faire marrer l'assistance.

Par ailleurs, mais c'est sans doute un autre sujet, je conteste fortement l'idée d'une "école" qui verrait cohabiter l'enseignement et le soin. L'espace du soin est un espace "privé", confidentiel , et dont l'étanchéité est une des garanties primordiales de sa réussite...
Modifié en dernier par Tesla52 le 03 févr. 2017 09:12, modifié 1 fois.
Fred Gabiot
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par Fred Gabiot »

http://www.cafepedagogique.net/lexpress ... 94283.aspx


"La  perspective  inclusive  questionne  beaucoup  et  aucun  consensus  n’est  admis pour  attester  de  son  bien-fondé  (desombre,  2011  ;  mazereau,  2015).  il  semble qu’il  soit  difficile  de  trancher  sur  les  effets  de  ces  dispositifs  inclusifs  qui  peuvent sembler  adaptés  sur  certains  critères  (scolarisation  plus  ou  moins  inclusive, possibilité  de  soins…)  pour  certains  élèves  (possibilité  de  supporter  le  groupe classe,  petit  effectif…).  cette  difficulté  à  se  positionner  peut  être  reliée  à  un manque  de  recherche  sur  ce  domaine."


Juste pour illustrer ce que je disais. La situation est bcp moins claire et tranchée que ce qu'on voudrait nous faire croire. 
Modifié en dernier par Fred Gabiot le 03 févr. 2017 18:23, modifié 1 fois.
fracas64
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Re: Parcours des élèves de SEGPA

Message par fracas64 »

J'arrive en retard par rapport au débat mais ce que veut dire M. Devin, je pense, c'est que l'inclusion peut parfois être un échec et qu'il faut savoir se le dire. Dans tous les cas, s'il ne le formule pas ainsi, je l'affirme à sa place.
Si l'inclusion de tous est une visée éthique à long terme incontournable et non négociable (choix de société), elle peut échouer à court terme parce qu'à l'instant "t" les conditions d'une bonne inclusion ne sont pas encore réunies.
Il faut toujours savoir se garder du tout ou rien : le "tout inclusif" actuel peut avoir des aspects "dictatoriaux" que je réprouve. Le "cousu main" doit être la règle. En élargissant le champ du débat, je ne suis pas pour une inclusion permanente des élèves de Segpa en classe générale même avec l'appui des PE spécialisés. C'est utiliser des moyens importants pour peu de résultats tangibles. Ce qui marche avec des élèves en difficulté passagère, ne fonctionne pas avec des élèves en difficulté grave et persistante qui ont besoin d'un espace à eux, passagèrement, pour se reconstruire.
L'inclusion raisonnée, c'est l'inclusion au cas par cas, individuelle, en prenant en compte les facettes et les potentialités de l'individu pour mieux construire son parcours. La Segpa sur ce point me semble avoir de bons résultats et je rejoins Tesla sur ce constat.
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