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Evolution des Segpa

Posté : 22 févr. 2009 20:11
par Dacs58
Bonjour à tous ceux qui travaillent en Segpa et qui se posent des questions sur les évolutions actuelles.
Je suis directeur de Segpa et souhaiterais avoir un échange permanent avec d'autres collègues - directeurs ou non - ; en effet les fonctionnements des Segpa différent d'un département à l'autre et les évolutions qui se préparent vont certainement varier de ce fait ...
Je pense à :
- l'application stricte de l'interdit concernant les machines "dangereuses" (directive européenne) qui est en train de bouleverser le travail en atelier,
- et qui va bouleverser le vécu des stages;
- les horaires alignés sur ceux du collège;
- la parution prochaine de la circulaire sur les orientations pédagogiques (après celle de 2006 concernant le fonctionnement des Segpa) qui doit remplacer celle de 1998, et qui va redéfinir les champs professionnels de manière nationale, les modalités de stage (fréquence, durée, objectifs);
- enfin, le socle commun qui - à mon sens - va finir de secondariser la Segpa pour commencer sa dilution dans le collège.
Merci pour vos remarques sur la pertinence de ma proposition, et sur le bien-fondé de mes inquiétudes... :?

Re: Evolution des Segpa

Posté : 28 févr. 2009 17:34
par vercar
Bonjour
Je ne travaille pas en SEGPA, mais en RASED. Je me permets de vous répondre car dans les différents échanges que j'entretiens avec des collègues, l'avenir des SEGPA nous semble bien trouble. En effet, compte-tenu du faible nombre de personnes envoyées en formation, nous craignons une "pente douce".
Qu'en pensez-vous?
Cordialement

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 12:11
par Dacs58
bonjour,
et dans tous les cas merci de me répondre. Travaillant en Rased vous êtes concerné indirectement par l'avenir des Segpa, a fortiori si vous connaissez des collègues qui y exercent.
L'existence de ces structures est liée étroitement à l'évolution du collège : la prise en compte des élèves en difficulté scolaire, de plus en plus intégrée au fonctionnement des établissements, sous formes de soutien (PPRE) ou d'accompagnement éducatif (même si en substance il n'y a aucune comparaison), en se développant risque de justifier une accélération de la dilution de la Segpa dans le collège. Sous quelle forme ? Dans combien de temps ? De telles questions sont soumises à discussion et c'est justement l'objet de ma démarche : proposer un échange. A bientôt, donc.

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 13:41
par Pascal Ourghanlian
Merci à "Dacs58" de lancer ce fil.
Mais ne soyez pas trop impatient : 1. beaucoup de collègues retrouvent le travail demain ; 2. les collègues de SEGPA ne sont pas nécessairement des accros des dimanches-formation-interrogations sur internet :wink: ; 3. ce qui vient de se passer avec les RASED les conduit peut-être à faire le gros dos en attendant que ça passe et éviter les gouttes (illusion, surtout quand on étudie un peu le BO sur la "rénovation" de la formation professionnelle et la suppression, àtrès court terme, des CAP...).

Un double mouvement concourt, à mon avis (mais pas étayé par des rumeurs ou des connaissances de couloirs), à compromettre à terme l'avenir des SEGPA : la rénovation des filières professionnelles, donc (combien avons-nous été, à l'époque, lorsque les FQ ont été abandonnées, à protester ?) et l'alignement des EGPA sur les collèges (combien avons-nous été, à l'époque, lorsque nos horaires ont été alignés, à protester ?).
Les SEGPA coûtent cher ; les gamins dont elle se préoccupent n'intéressent pas nos politiques ; nous n'avons pas su les défendre.
Même discours que je tenais sur les RASED. Même punition.

L'idée générale est d'externaliser l'accompagnement des moins munis. De reporter le coût qu'ils induisent sur des officines privées ou semi-privées (voir les fonctionnements des GRETA avec la VAE des AVS...). Or, comme de manière générale, les publics concernés ne peuvent se tourner vers les officines privées en question parce qu'ils n'en ont pas les moyens, externaliser signifie simplement abandonner...

Je reprends demain : c'est peut-être pour ça que je ne suis pas très optimiste, désolé...

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 13:44
par Daniel Calin
Allez, un effort pour ne pas laisser Dacs58 parler dans le vide. :)
(une des raisons de ce silence - mais certainement pas la seule, voir ci-dessous - est que ce forum est très peu fréquenté par des directeurs de SEGPA : il y a très peu de fils de discussion dans sa partie La direction d'établissements spécialisés)

La question des SEGPA est à mes yeux l'exact prolongement de celle des classes de perfectionnement. Les SES-SEGPA ont d'ailleurs bien failli disparaître au moment de la démolition des perf, par Jospin et Lang en particulier. La réorientation des SEGPA durant cette période, symbolisée par le changement d'appellation, va déjà bien dans le sens de cette "dilution des SEGPA dans les collèges" que vous évoquez. Je suppose que ces ministres et les suivants ont renoncé à cette suppression totale des SEGPA pour ne pas aggraver encore les difficultés des collèges. L'idéologie sous-jacente, c'est toujours une version stupide de l'égalitarisme républicain. La vraie motivation, c'est toujours la volonté de faire des économies. Le sarkozysme nous protège des l'égalitarisme républicain :wink: - mais certes pas de la volonté de tailler dans le budget du ministère de l'éducation... Les SEGPA sont donc toujours en danger - mais ni plus ni moins qu'avant, et pas plus qu'après un éventuel retour au pouvoir de la "gauche de gouvernement".

J'ai déjà écrit ce que je pensais des classes de perfectionnement, et des classes spécialisées en général. Voir cet article : La classe spécialisée fermée, lieu et temps de (re)construction. Je viens de publier un article intitulé Les RASED et le mouvement psychopédagogique, dans la Revue Sociologie et Santé, qui reprend ces questions sur le fond, en les réinscrivant dans l'histoire. J'attends quelques mois avant de le publier sur ce site : en attendant, vous pouvez vous référer à cette revue.

Le problème de fond est le traitement de la grande difficulté scolaire. Et le problème politique, c'est que tout le monde s'en fout : la grande difficulté scolaire concerne essentiellement la frange la plus démunie de la population, celle qui ne vote pas, et même souvent celle qui n'a pas le droit de vote. J'aurais plus confiance en une droite humaniste, si elle existait encore, qu'en la gauche, même extrême, pour traiter convenablement de cette question. Nombre de mes amis "très à gauche" sont au fond opposés à tout enseignement spécialisé par égalitarisme et universalisme. Y compris nombre de ceux qui sont par ailleurs de bons acteurs de cet enseignement spécialisé... Puissance des aveuglements idéologiques !

La clef des débats de fond, à mes yeux, c'est une réflexion sur les causes de la grande difficulté scolaire. L'idéologie qui domine chez les enseignants, et plus encore chez les enseignants spécialisés des SEGPA, c'est que ces causes sont socio-culturelles. Je suis persuadé pour ma part que les difficultés socio-culturelles ne suffisent presque jamais à expliquer la grande difficulté scolaire, qui inclut presque toujours des causes plus "personnelles", soit bio-neurologiques, soit psycho-familiales, soit les deux. Tant que le sociologisme dominera les représentations des enseignants des SEGPA, ils creuseront eux-mêmes leur propre tombe, comme l'ont fait avant eux les instituteurs et institutrices des classes de perfectionnement - parce que ce sociologisme tend à valider l'égalitarisme républicain le plus borné. La position que je défends supposerait aussi, évidemment, une articulation entre les SEGPA et les centres de soins (et de soins psychiques en particulier), qui n'existe pas institutionnellement, et dont l'idée même suffit à générer de grandes réticences parmi les enseignants des SEGPA, comme c'était le cas déjà des enseignants des classes de perfectionnement...

Le succès très limité de la pétition Les élèves en difficulté à l’école ne sont pas tous des enfants handicapés !, dont j'ai été un des initiateurs, est révélateur de ces rigidités idéologiques du milieu enseignant. En particulier, nous (le petit groupe qui a initié cette pétition) ne sommes jamais parvenu à convaincre une seule organisation syndicale enseignante, même locale et minoritaire, de signer cette pétition, malgré toutes nos tentatives et tous nos contacts - alors même que la FCPE avait signé très tôt cette pétition ! La FNAREN est la seule association d'enseignants signataire : c'est tout dire. Si les signatures des personnels des RASED sont assez nombreuses, les signatures de professionnels des SEGPA sont très rares...

Dans ces conditions, je ne donne effectivement pas très cher de l'avenir des SEGPA : comment pourrait-il en être autrement si leurs acteurs eux-mêmes ne sont pas profondément convaincus de leur nécessité ?

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 13:55
par Pascal Ourghanlian
13.41 et 13.44 - nos réponses, avec Daniel, se croisent, et vont manifestement dans le même sens.

N'étant pas aussi anti-sociologie que Daniel :wink: , je fais cependant remarquer que la courbe des recrutements en SEGPA et celle des difficultés socio-économiques sont sensiblement les mêmes...

Là où je rejoins Daniel, c'est dans son appréhension de la "culture" SEGPA (j'en suis :wink: ), très socio-cu, et pas assez, à mes yeux, psychopédagogique - c'est-à-dire tentant d'apporter des réponses pédagogiques à des difficultés qui implique la psychologie des apprentissages.
En d'autres termes, il ne s'agit pas seulement de monter des projets (mais il en faut...), il faut aussi aider les jeunes à reprendre la main sur leur manière d'apprendre... (que c'est difficile, mais que c'est valorisant).

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 15:00
par Daniel Calin
Pascal Ourghanlian a écrit :la courbe des recrutements en SEGPA et celle des difficultés socio-économiques sont sensiblement les mêmes...
D'abord, c'est même pas vrai. Pour une raison très simple, c'est que la "courbe des recrutements en SEGPA" est strictement déterminée par les places disponibles, donc par des décisions ministérielles de type politique. Voir les chiffres ICI.

Sur le fond, il serait probablement souhaitable que cela soit vrai. Même si je ne crois pas au déterminisme sociologique dans ses versions les plus mécaniques, il existe bien une cascade de liens entre les difficultés socio-économiques des parents, puis les difficultés personnelles des parents, puis les difficultés personnelles de leurs enfants, lesquelles finissent par induire les difficultés scolaires de ces enfants...

Citation de cet article que la Revue Sociologie et Santé vient de publier : Les RASED et le mouvement psychopédagogique, auquel je ne cesse décidément pas de me référer aujourd'hui (il est peut-être utile que je précise que cet article était un "travail gratuit" !). C'est donc ce qu'on appelle un "scoop" :) :
Daniel Calin a écrit :(...) l’enfant n’est pas d’emblée un « être social », au sens sociologique du terme. Un enfant, surtout très jeune, est avant tout, voire exclusivement, un membre de sa famille. Cela ne signifie pas que le cadre social global est sans influence sur lui, mais cela signifie que ce cadre social global n’influe sur lui que par l’intermédiaire de l’influence qu’il exerce sur ses parents. Or, les parents peuvent protéger plus ou moins efficacement leurs enfants des influences négatives de ce cadre social global. Cela fait d’ailleurs partie de la fonction parentale la plus ordinaire, même dans les milieux favorisés. L’essentiel de l’influence des « facteurs sociaux » sur le devenir des enfants se joue là : il est évidemment plus facile de protéger ses enfants dans un milieu bien « installé » que dans des milieux constamment bombardés par le chômage, la précarité, la pauvreté et le racisme. C’est ainsi que le social des parents devient le psychique de l’enfant : l’enfant ne souffre pas du chômage de ses parents, mais de la destruction par le chômage des capacités parentales de ses parents. A l’inverse, si les parents parviennent, pour quelque raison que ce soit, à résister à la destructivité du cadre social à leur égard, ils peuvent parfaitement protéger leur enfant, phénomène que l’on retrouve constamment dans tous les récits de réussite paradoxale.

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 15:10
par Pascal Ourghanlian
Il y a x places disponibles en SEGPA, déterminées par une décision politique.
OK.
Mais, "chez nous", ces places sont occupées quasi exclusivement par des jeunes des milieux les moins favorisés (et, en grande banlieue, je veux dire moins favorisés que les moins favorisés...) !
Autrement dit : SEGPA 96, occupée par 84 jeunes, dont 79 de CSP inférieures (et/ou chômage prolongé), 2 CSP intermédiares, et 3 CSP supérieures (par décision MDPH, en plus).
Pour une raison très simple, c'est que la "courbe des recrutements en SEGPA" est strictement déterminée par les places disponibles, donc par des décisions ministérielles de type politique.
Le retour de vacances ne doit pas m'être profitable :wink: : je ne comprends pas :oops: ou alors Paris est un autre monde...

Re: Evolution des Segpa

Posté : 01 mars 2009 15:26
par Dacs58
Je suis agréablement surpris par l'intérêt soudain porté sur ma question :oops:
La question de l'origine des difficultés est sans doute primordiale mais en pédagogie on apprend très tôt, de manière quasi inconsciente, que la recherche des origines, en l'occurrence, relève de la gageure et que l'action doit se porter en priorité sur l'application de bidouillages qui changent tous les 10 ans. :roll:
Mis à part ce coup d'humeur - que le webmaster me pardonne ! - la question actuelle semble évidemment politique : on se fiche royalement (fichtre ! quelle connotation...) de la pédagogie depuis un certain temps. Je pense comme D. Câlin que toute recherche de résolution passe par un traitement global de l'individu (c'est d'ailleurs un point que j'essaie d'imprimer - aux deux sens du terme - dans le prochain projet pédagogique).

Re: Evolution des Segpa

Posté : 02 mars 2009 00:52
par Daniel Calin
Pascal ne doit pas être vraiment rentré de vacances... C'est pourtant bien simple : je ne dis absolument pas que la grande difficulté scolaire n'est pas liée aux difficultés socio-économiques des parents, je dis seulement que cela ne suffit pas à l'exprimer - sinon il y aurait au moins dix fois plus d'élèves en grande difficulté !!!

Bon, on reparlera bientôt de tout ça à tête reposée autour d'une bonne table, ça passera mieux... :D

Re: Evolution des Segpa

Posté : 02 mars 2009 11:52
par Dacs58
Certes, mais tout ceci nous éloigne (un peu) de la question de départ. Il me semble que le concept de difficulté scolaire est actuellement mis à toutes les sauces, alors que nous assistons peut-être à une évolution du rapport à l'école - je veux dire une évolution majeure - à côté de tout un tas d'autres sources d'information, de formation et d'apprentissages. Ce qui finalement, comme je le disais bien avant, fait de la Segpa une structure vieillissante qui ne fera bientôt pas plus d'enseignement adapté que certains dynamiques profs de collège.

Re: Evolution des Segpa

Posté : 18 mars 2009 07:58
par Faion pj
bonjour
je suis en stage d'observation pour la découverte du monde de la SEGPA.
je vais integrer un collège en septembre.
je suis PLP en geni méca sur academie de Orléans - Tours
je lui ai dit que les segpa était sur le point de fermer (débat que l'on a eu syndicalement sur Lyon)
tu es Directeur de SEGPA, qu'en est il exactement sur les prévisions de l'avenir des classes SEGPA au futur porche?
merci bonne journée.
F P-j

Re: Evolution des Segpa

Posté : 18 mars 2009 19:26
par Dacs58
bonsoir,
merci de participer à ce fil tendu qu'est l'a question de l'avenir des Segpa.
Certes, les Segpa sont destinées à disparaître - comme nous tous d'ailleurs, et tous les systèmes actuels qui fonctionnent plus ou moins bien - mais mise à part cette approche mystique du problème, cela fait bien longtemps que la question se pose - comme une rumeur, une peur, un frisson qui cours sur le dos du corps enseignant spécialisé (pas mal hein ?).
Bref, je pense que cette disparition programmée va se couler dans le nouveau moule du collège, à savoir entre le socle commun et les différents dispositifs de lutte contre la difficulté scolaire, l'échec scolaire (que l'on redécouvre avec étonnement tous les 10 ans). Combien de temps nous reste-t-il ? Aucune idée, en fait, car nous avons fait l'acquisition d'une nouvelle circulaire en 2006, une autre va voir le jour peut-être en 2009 (orientations pédagogiques) ; alors je me dis que la Segpa a encore de l'avenir, la question étant plutôt : "mais à quoi va-t-elle ressembler ?"
A bientôt
Dacs58

Re: Evolution des Segpa

Posté : 18 mars 2009 22:21
par sophie m
Pour avoir enseigné 9 ans en SEGPA et très désireuse d'y retourner à terme, ce fil m'évoque des discussions auxquelles j'ai pris part avec nombre de mes collègues pendant toutes ces années. Il suffisait d'avoir des collègues en Segpa dans d'autres académies pour avoir des versions différentes, et des décisions politiques académiques concernant nos "structures" totalement inverses. Le meilleur exemple ? Les fermetures de FQ... annoncées et définitivement faites par endroit, et même pas abordées ailleurs.

Mon grain de sel du jour, c'est la conversation très animée que j'ai eu récemment avec l'enseignant référent de la circonscription... il n'y a qu'une seule SEGPA dans la circonscription, et une seule UPI...
Je connais une grande partie des gamins dont elle montait les dossiers SEGPA à l'automne, et presque tous provenaient de CLIS, (ceux-ci tous avec déficience). Interrogée sur le devenir des gamins pour qui le RASED (psychologues et maître E dont je suis) imaginaient une orientation SEGPA, l'enseignante référente m'a dit texto qu'elle préférait que ses dossiers CLIS obtiennent les places en SEGPA plutôt que les enfants en grande difficulté et pour le moment en CM2.
"Ils s'en sortiront toujours mieux en collège, qu'un élève de CLIS pour qui je n'aurais pas de place en UPI" a-t-elle dit.

A la question de savoir si elle se rendait compte qu'elle envoyait certains CM au casse-pipe en 6e, elle a rétorqué qu'elle préférait quand même "sauver ses CLIS". Et à la question de savoir ce qu'elle pensait de les envoyer vers une professionnalisation qui ne leur sera peut-être pas possible, car certains ne pourront pas être aptes, la réponse a été "la question ne se posera que dans deux ans". Et en gros, les dossiers ne seront plus pour elle...

Mes deux dernières années en SEGPA, nous avons accueilli pratiquemment deux tiers d'élèves venant de CLIS pour un tiers d'élève relevant selon les textes de la SEGPA... notre position en classe côté PE a été de nous adapter, c'est notre boulot après tout, et cela ne nous donnait pas plus de niveaux différents dans la classe, simplement les difficultés étaient encore plus grandes, et autrement remédiables (lorsqu'elles l'étaient).
En atelier, les problèmes sont tout autres. Bien que nos collègues PLP adaptent encore mieux les tâches et apprentissages, et sont directement réactifs sur le terrain, une partie des élèves n'est pas médicalement "apte" (interdiction de porter les plats pour une élève en champs service, interdiction de lever des charges pour un autre en maçonnerie, etc.), une autre partie présente une certaine dangerosité (incapacité émotionnelle à gérer son stress dans les situations prévues dans l'atelier, ou autre comportement dangereux...).
Là encore, nos collègues PLP ont été adaptables comme nous, et ont changé leur fusil d'épaule.

Sauf que, sauf que, les textes n'ont pas changé, ni les exigences en fin de parcours pour une cohorte. Et les résultats CFG, les bilans d'orientation en sortie de SEGPA, etc. nous sont retombés dessus avec les coups de bâton des grands chefs, pour qui il était inadmissible d'avoir si peu de réussite (à peine 30 %) au CFG, inadmissible d'avoir si peu d'élèves en lycée professionnel, inadmissible que le suivi obligatoire d'un an après la sortie de SEGPA concerne encore plus d'une moitié de nos élèves de l'année précédente sans solution, inadmissible que la FQ commence avec 8 élèves, finisse avec 4, et ne sorte qu'un seul CAP, etc.
Je ne cours pas après la reconnaissance, et les résultats chiffrés, ce n'est pas l'enjeu de mon travail, donc peu importe les difficultés de l'élève, aidons-le !


Mais avec de tels résultats, et les commentaires qui s'ensuivent, comment la hiérarchie ne justifierait pas de l'inutilité des SEGPA, surtout rapporté à leur coût ?

Pour finir, deux souvenirs encore.
->Un élève arrivait en 6e Segpa, sortant de CLIS, et était équipé d'un cartable à roulettes... qu'il traînait roulettes en l'air, parce qu'il n'avait pas compris leur utilité. Si on y ajoute une faiblesse physique qui le fatiguait énormément, et ses problèmes de compréhension des tableaux à double entrée qui l'empêchaient de maîtriser son emploi du temps. Il a fallu plus d'une année pour l'amener à l'heure à chaque cours, le tout en ouvrant tous nos portes et en surveillant le rang, dans lequel on avait choisi régulièrement un élève tuteur pour l'accompagner... le problème c'est qu'il a changé d'emploi du temps moins d'un an plus tard :wink:
->Un inspecteur ASH nous a fait tout un discours un jour sur le fait que les SEGPA n'étaient pas des structures mais des dispositifs, en concluant donc, que tout dispositif n'est que transitoire, et non permanent, et que tout dispositif est adaptable et évolutif. Une structure ne bouge pas, a-t-il dit, un dispositif s'aligne sur ce qui est demandé, s'active ou se désactive.
En clair, la SEGPA, c'est comme Vigipirates. Il faut pas mal de peur ou d'évènements pour l'activer et y mettre les moyens.

Re: Evolution des Segpa

Posté : 19 mars 2009 19:25
par Dacs58
bonjour,
merci pour cette participation vécue...
Je voudrais dire que cet IEN-ASH est un imbécile qui ignore peut-être qu'une Segpa possède un numéro RNE (régistre national des établissements) différent de celui du collège où elle est implantée, qu'elle existe en tant qu'unité administrative d'affectation (UAA) au sein d'une unité administrative juridique (UAJ) qu'est le collège (qui lui a la personnalité juridique, en tant qu'EPLE). La Segpa scolarise d'ailleurs des élèves qui ne sont pas du secteur du collège (car elle n'est pas sectorisée, elle) : s'il s'agissait d'un dispositif, chaque collège en mettrait une en place, puisque c'est si facile, et ceci permettrait de répondre aux besoins spécifiques du collège d'implantation. Bref, ce débat est un faux débat, il est bien évident que la Segpa (qui est une "Section") est une structure pédagogique, appelée encore sur certains documents administratifs "SES annexée au collège Machin".
Le fait de toute façon qu'elle soit une structure n'empêche nullement de la démolir lentement mine de rien.
Je pense qu'un IEN-ASH ne devrait pas se rabaisser de cette manière : il affiche ouvertement son mépris de la Segpa.