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T1 en CLIS

Posté : 11 oct. 2006 13:59
par gwenn
J'ai été nommée en CLIS pour cette première rentrée et j'avoue être avide de conseils d'autant que je ressens quelques contradictions entre ce que me conseille la personne qui me suit (CP de circonscrption) et ce que nous disent les formateurs ash en stage. en un mot, d'un coté on nous dit de s'appuyer sur les programmes de c2 et de calquer plus ou moins nos activités sur les classes ordinaires en aménageant le rythme (moins de pressions, prise de distance par rapports aux apprentissages) et de l'autre on nous dit d'oublier tout ce que l'on appris jusque là et de choisir un mode de fonctionnement totalement différent basé sur des projets, des activités ludiques.... j'avoue avoir du mal à me situer entre ces deux poles; d'autant qu'il faut gérer à la fois la multitude des niveaux (lecteurs "confirmés" c'est à dire pouvant travailler sur de l'écrit en autonomie; non lecteurs et lecteurs qui maitrisent partiellement les ascpects déchiffrages et compréhension) et les problèmes que je pense liés à la position en tant qu'élève (j'ai du mal à parler de troubles du comportement car cette expression me semble bien souvent galvaudée). bref outre la gestion dela classe qui est souvent difficile (12 élèves); je ne sais pas trop comment m'y prendre entre les divers sons de cloches. mes élèves présentent, à mon avis des déficiences légères, et me semblent plus dans le refus des apprentissages (parfois violent) que dans une incapacité réélle. et, à part gérer comme on pourrait le faire dans un multiniveaux (de la Gs au ce2) d'une façon plus posée (en évitant au maximum le stress du 'je n'y arriverai pas") et en relativisant; ma vision des choses n'est pas très claire... :cry:
pour redonner confiance en eux aux élèves, il faut les mettre en situation de réussite ... oui mais est-il vraiment rassurant de ne faire que des choses connues ou maitrisées?tout cela est certainement question d'u équilibre que je ne parviens pas à trouver pour l'instant.

Posté : 11 oct. 2006 15:03
par Pascal Ourghanlian
tout cela est certainement une question d'équilibre que je ne parviens pas à trouver pour l'instant
Vous avez tout dit :wink:

Sauf que, comme d'hab', c'est plus facile à dire qu'à faire :wink: :wink:

Parce que, T1, l'expérience de la classe ordinaire et les tours de main professionnels qui vont avec, par définition, vous ne les avez pas encore et que la spécificité (si elle existe) d'un enseignant spécialisé non plus...

Règle n° 1, donc : vous n'êtes pas dénué de bon sens, ni d'envies - n'hésitez pas à utiliser l'un et à suivre les autres.

Règle n° 2 : vous êtes dans une classe, il s'agit donc d'instaurer un cadre de classe, ce cadre qui contient et qui donne du sens - règles de vie (je préfèrerais dire "loi commune", mais je ne sais pas où vous en êtes de votre réflexion sur loi/règlement/règles), "quoi de neuf", bilan de la semaine, rôles et taches de chacun, etc.

Règle n° 3 : dans cette classe, il y a des élèves qui y ont été orientés selon des critères (j'espère) que vous devriez pouvoir vous faire communiquer (par l'ex-CCPE) et que vous allez pouvoir croiser avec vos observations/constats/évaluations.

Règle n° 4 : vous n'êtes pas seul (j'espère) : psy, référent, collègues, directeur, CPC, formateurs doivent pouvoir vous étayer, écouter vos difficultés et/ou vos interrogations.

Conseil n° 1 : pour chaque élève, vous allez pouvoir déterminer un projet individuel (congruant à son PPS, et tenant compte des temps d'intégration dans les classes ordinaires), l'ensemble de ces projets individuels vous permettant de définir un/des projet(s) de groupe, respectueux des parcours de chacun, mais qui permet d'utiliser une dynamique (le groupe est plus que la somme de ses parties). Le tout synthétisé par un projet de classe (congruent au projet d'école) pour lequel vous définissez un projet de fonctionnement (vos appuis à vous).

Conseil n° 2 : chacun, a priori, à un moment de la semaine, sur une activité, doit pouvoir travailler dans une classe "ordinaire" (même si ce n'est, dans un premier temps, qu'en EPS ou en musique - mais vous dites avoir des lecteurs...). Lorsque vous n'êtes plus que 8-9 (ou moins) dans la classe, vous pouvez avancer avec les plus fragiles.

Conseil n° 3 : depuis toujours, il existe des divergences d'appréciations entre formateurs et "terrain" - elles font presque partie du "jeu". Ce "jeu" se poursuit y compris dans les jurys puisque votre IEN et un de vos formateurs en font partie... Ne vous en préoccupez pas : réfléchissez ce que vous faites, préparez-vous à l'argumenter, montrez-vous ferme et souple dans vos convictions pédagogiques...

Conseil n° 4 :
est-il vraiment rassurant de ne faire que des choses connues ou maitrisées
Vous avez lu des choses sur Vygotski : faire avec aide juste au-dessus de ce qu'on sait faire seul pour le faire seul ensuite... Ayez toujours en tête cette grille empruntée au sémaphore de Bonjour et Lapeyre : 4. sans aide, sans difficulté, 3. sans aide, avec difficulté, 2. avec aide, sans difficulté, 1. avec aide, avec difficulté.

Bon courage, n'hésitez pas à revenir avec des questions encore plus précises ; sans être un inconditionnel de Descartes, il est parfois utile de "diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre" :lol:

T1 en CLIS

Posté : 14 oct. 2006 09:12
par gwenn
Je reviens de mon satge de formation... fort enrichissant et j'ai à ce propos une question qui cette fois est plus précise, elle concerne le quoi de neuf, dont on nous a vanté les mérites. Ce moment constituerait un sas entre la classe et tout ce que peuvent vivre les gamins en dehors... un temps où l'on travaille langage et structuration du récit à partir d'un parole d'lèves relativement libre...
Mais si nous avons eu l'occasion d'entrevoir les intérêts de cette pratique à travers les récits d'expériences de PE spécialisés et dotés d'une expérience importante, j'avoue ne pas être à l'aise avec cette pratique. Ma principale question est comment gère-t-on cette parole ? Quel doit être notre rôle ? Une collègue qui partage mes réticences m'a contée qu'au moment du tsunami un élève raconte qu'il est parti pendant le week-end en Asie voir les morts... et toutes les situations sont envisageables (risque d'intrusion)... Dans de pareils cas, quelle peut être la position de l'adulte ? Il me semble plus facile de parler et de faire parler les élèves à travers un support (journaux, album...).
En même temps, je suis bien consciente de l'intérêt de créer une sorte de sas qui permette aux élèves d'évacuer un certain nombre de choses pour les rendre plus disponibles aux apprentissages... et j'avoue que jusque là ma stratégie a été de limiter au maximum les temps morts et que cette solution est épuisante pour moi mais également pour les élèves...

Posté : 14 oct. 2006 21:07
par Pascal Ourghanlian
Bonsoir,

Le "quoi de neuf" est une "invention" Freinet, dont le but premier était de "nourrir" la vie de la classe, dont le journal scolaire.

Lorsque les "parisiens" de l'ICEM ont regardé du côté de la psychanalyse et ont "fondé" la pédagogie institutionnelle, le "quoi de neuf" est devenu un sas entre la maison et l'école.

Je crois qu'on peut lister plusieurs fonctions à ce temps particulier, et que chacune peut faire l'objet d'un temps distinct :
- une fonction sas : on se retrouve après plusieurs jours passés loin de l'école, on "recolle" avec la classe et les copains, en posant ses valises ;
- une fonction régulation : on est là dans une autre institution Freinet, le Conseil, qui vise à organiser la classe comme lieu où l'on apprend selon des lois définies et admises (et donc avec son échelle de sanctions) ;
- une fonction cathartique : c'est celle-ci qui pose les questions que vous soulevez (intrusion, voyeurisme, débordements).

Dans ce dernier cas, j'ai tendance à "défendre" désormais soit une entrée à la Boimare (et en CLIS 1 elle me paraît particulièrement pertinente), soit une entrée "atelier philo" (plutôt tendance Lévine) qu'un adulte ordinairement "sain" et verticalement organisé peut endosser.