Instructions du MEN aux recteurs

(option D)
Répondre
sabine
Utilisateur dynamique
Utilisateur dynamique
Messages : 57
Enregistré le : 14 avr. 2006 09:39

Instructions du MEN aux recteurs

Message par sabine »

Dans les moments où je peux penser et "me panser", j'en arrive à me demander ce qui fait que nous, enseignants, "cristallisions" avec tant d'intensité les récriminations, que nous soyons à ce point désignés comme "mauvais"....

Et j'ai pensé aux sacrifices, ces pratiques par lesquelles les sociétés détruisent une partie de leur "corps" afin de sauver le reste...

sabine, clis 1 en sursis
clairea
Animateur
Animateur
Messages : 264
Enregistré le : 12 oct. 2005 08:58

Re: instructions du Men aux recteurs

Message par clairea »

Le sacrifice implique une sacralisation de l'objet à perdre, je ne suis pas certaine que l'école soit un objet précieux dans une logique du rendement et du marché.
Pour ma part, j'avais juste l'impression amère qu'une désacralisation de cet espace d'avenir qu'est l'éducation permet de la gérer en économiste.
Pascal Ourghanlian
Administrateur du forum
Administrateur du forum
Messages : 1398
Enregistré le : 16 sept. 2004 19:24
Contact :

Re: instructions du Men aux recteurs

Message par Pascal Ourghanlian »

Dans Wikipédia (où se cotoient le meilleur et le pire), cette citation qui me semble intéressante sous la rubrique "sacrifice" :
Selon René Girard (Quand les choses commenceront. Entretiens avec Michel Treguer, Paris, Arlea, 1996), toute culture locale est une clique issue du meurtre fondateur dans un système d'envie et de jalousie. Le jeu de langage central d'une telle société est, à chaque fois, l'accusation collective et univoque et la condamnation d'une victime sacrificielle qui doit assumer tout le mal et la négation aussi monotone que conséquente de sa propre responsabilité à l'égard des évolutions en cascade qui ont motivé l'éclosion de la violence. N'appartient à une culture dans ce sens du terme que celui qui participe réellement ou symboliquement au sacrifice du bouc émissaire. La victime devient alors le lien étroit de la culture qui le sacrifie.
C'est en tant que communautés de narration et d'émotion — c'est-à-dire dans le culte — que les cultures, ces groupes de criminels enchantés par leur méfait, sont le plus elles-mêmes. C'est là où les émotions et le récit se recoupent que se constitue le sacré. […] L'objet sacrifié est ainsi placé au cœur de l'espace spirituel d'une société. […] La fusion des groupes fondée sur les émotions et les récits, les peurs et les mensonges, se trouve aussi consolidée politiquement. (Peter Sloterdijk, op. cit.)
Concernant l'École, on trouve des éléments sacrificiels : rôle qui lui est assigné par l'ensemble du corps constitué, condamnation univoque quand les autres éléments de la régulation sociale viennent à manquer.
Peut-on dire, par contre, que l'École est encore le lien étroit entre les membres du groupe social ? Les analyses de la crise, dans les années 90, ont fait de l'École le dernier lieu de socialisation commune. Est-ce toujours le cas ? L'École n'est-elle pas en train de reproduire l'émiettement social (alors que pour Bourdieu et consorts, elle reproduisait les clivages entre les groupes sociaux, mais était l'horizon à atteindre pour les groupes dévalués) ?
En d'autres termes, ce qui fait émotion et narration aujourd'hui, est-ce l'École, ou la "communion" médiatique et/ou sportive ?
Et donc, pour finir, s'agit-il de "sacrifice" ou, plus prosaïquement, d'abandon - à des critères pour l'essentiel économiques ?
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
sabine
Utilisateur dynamique
Utilisateur dynamique
Messages : 57
Enregistré le : 14 avr. 2006 09:39

Re: Instructions du MEN aux recteurs

Message par sabine »

abandon et sacrifice ne sont des notions si éloignées dans le dictionnaire... et c'est bien le sentiment d'être abandonné que peut ressentir l'objet sacrificiel. Car plus que de la sacralisation (dans la notion de sacrifice), j'y mettrais plutôt de la "chosification" qui est une étape bien plus efficace pour aboutir à la destruction de l'objet.

Ces quelques considérations peuvent sembler "déconnectées"... et pourtant... comment ne pas être "abandonnant" quand on est abandonné ? comment rester un "sujet enseignant" quand on nous traite comme du charbon (les fameux gisements !).

merci à ce forum de continuer à vivre.

cordialement
sabine
Répondre