Trop de violence... Comment réagir ?

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julie

Trop de violence... Comment réagir ?

Message par julie »

Les messages d'un des intervenants sur ce fil de discussion ont été supprimés à sa demande. Dans les messages qui s'y réfèrent, il est nommé XXX.
Daniel Calin
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Bonjour à tous,
Je suis T1 en CLIS et je ne m'en sors pas du tout avec mes 9 élèves (9 garçons)... Je termine ma 2ème semaine et je ne constate pas d'évolution dans leur comportement. J'ai même l'impression que la situation s'envenime, et je commence à craquer sérieusement. Les enfants ne présentent pas de troubles psychotiques, mais tous des comportements très violents et ils vivent tous dans un milieu socio-culturel très défavorisé où la violence est pour beaucoup quotidienne à la maison. Le niveau est par ailleurs très hétérogène, de la MS au CE1... J'ai 6 non lecteurs.
Du coup en classe, rien ne va. Je passe mon temps à tenter de rétablir l'autorité... mais ils refusent de travailler, ne communiquent que par injures et violence physique (coups de pieds, crachats, humiliations, tentatives d'étranglement et j'en passe), et passent leur temps à se provoquer en s'injuriant. Sur les 9, 3 sont ingérables et perturbent vraiment l'ambiance de la classe, alors que d'autres seraient prêts à travailler. Je ne sais pas quoi appliquer au niveau des sanctions. On a fait le règlement de la classe que personne ne respecte, un conseil de classe avec ceintures de comportement qui dégénère à chaque fois car ils sont jaloux etc... Je ne vois jamais les parents car ils repartent seuls ou en bus... Je me sens un peu délaissée par l'équipe (la directrice m'a dit ne pas pouvoir m'aider car elle n'a jamais eu de CLIS), et hier matin j'ai littéralement craqué car il y a eu une bagarre générale dans la classe...
Et même lorsque j'essaie de mettre en place des activités plus motivantes (ateliers jeux coopératifs, cuisine, musique etc...), j'en ai toujours quelques uns qui se rebellent et empêchent les autres de participer à l'activité... et à moins de les ligoter sur leurs chaises:), il n'y a aucun moyen de les isoler dans la classe ou dans une autre, si ce n'est par la force.
J'ai tendance à culpabiliser, à croire que c'est de ma faute s'ils ne travaillent pas, mais tant que ce climat règne dans la classe je ne pourrai rien faire de bon.
Est-ce que vous avez connu ou connaissez de telles situations ds la gestion de votre classe?
Merci pour tous vos conseils !!!!
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonjour, et bienvenue au club !...

Première question : êtes-vous la seule adulte dans votre classe, ou bénéficiez-vous de la présence d'une AVSco ?
Deuxième question : est-ce la première année que cette CLIS existe ? D'où viennent les élèves ? Ont-ils déjà été scolarisés en CLIS ?
Troisième question : existe-t-il, dans votre coin, une collègue très branchée pédagogie institutionnelle, ou une itinérante D, susceptible de vous donner un coup de main, ou un groupe CEMEA (et voir les bouquins d'Oury et Vasquez, ou ceux de Jacques Pain ; celui de Rémi Casanova, présenté ici : http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/ ... ssisse.htm * ; voir aussi les textes de Bernard Defrance, par exemple ici : http://www.bernard-defrance.net/artic/i ... esperso=43) ?

Sinon, quelques pistes à creuser, peut-être (mais, s'il y avait des réponses toutes faites, vous les auriez trouvées...) :
- tenir le cadre : dans vos réponses aux débordements, dans votre manière de renvoyer aux institutions de la classe (conseil, loi - j'écris bien loi, pas règles de vie ; la loi, c'est : pas d'inceste, c'est-à-dire la maîtresse n'est pas à moi ; pas de meurtre, c'est-à-dire les coups ne sont pas la réponse) : c'est le plus éprouvant (et on a le droit de craquer), mais le plus indispensable ; faire appel à la psy scolaire est indispensable ; solliciter la directrice (même si elle n'a jamais eu de CLIS, elle représente la loi dans son école, désolé si elle n'assume pas) ;
- limiter les temps collectifs, dans un premier temps, à deux types d'activités : le conseil, et la lecture par vous-même d'histoires violentes issues de la mythologie (cf. Boimare, L'enfant et la peur d'apprendre) ;
- créer un coin violence dans un appendice de la classe, type cabane, où on va s'isoler individuellement pour hurler, crier, taper coussins et murs, ... ;
- multiplier les activités individuelles ou à deux, type ateliers maternelle, avec des activités courtes, répétitives et rassurantes.

En CLIS, vous êtes sur des apprentissages cycle 2 (voire, pour certains, cycle 1). Les apprentissages sont votre objectif autant que votre manière de constituer le groupe classe. Mais si vous passez un mois, deux mois à rendre le cadre d'apprentissage lisible par tous, vous êtes dans votre rôle. Et vous n'avez pas à culpabiliser.

J'ai animé une équipe éducative, jeudi, autour d'une petite O., sauvageonne de 4 ans, belle comme un coeur, mal peignée, sale, et qui n'existe aux autres que dans la violence et les coups, dès que l'espace est trop restreint et le monde trop important, mais qui sait négocier un tricycle avec ses quelques mots et son sourire dans l'espace plus ouvert de la cour de récréation. Des parents qui la lâchent de 7 h. à 17 h. 30, et qui ont dû oublier le bienfait du nursing, s'ils l'ont jamais connu, déjà pour eux-mêmes, et qui sont tout de violence mal contenue et excessive.

Ce qui peut être éclairant pour vous dans cette petite histoire, ce sont les notions de temps et d'espace : consacrez-vous à ces deux aspects de manière prioritaire, volontaire, tenace. Ne craignez ni rechute ni sentiment de ne pas avancer. Vous serez peut-être, pour ces enfants-là, le premier adulte stable et sécuritaire de leur courte existence.

Ne perdez pas courage. Déposez vos douleurs, vos colères, vos angoisses auprès de personnes en qui vous avez confiance afin de ne pas répondre à la violence par votre violence, fut-elle contenue.
Et revenez sur ces pages pour demander de l'aide. D'autres vous renverront des "trucs" et des manières de faire qui ont fonctionné pour eux.

* "Dans le domaine éducatif, la loi, qui pourtant préexiste aux personnes, ne peut pas s'imposer. Elle s'élabore, elle s'institue. Elle décline, dans le domaine de tous les apprentissages, les interdits fondateurs qui assurent la pérennité des sociétés depuis les origines l'interdit du meurtre, car sa légalisation entraîne des confrontations mortelles permanentes, et rapidement la disparition du groupe par manque de combattants, l'interdit de l'inceste, car le renfermement sur soi - au-delà de la question morale - empêche l'extension du groupe, l'interdit du parasitage, car il faut des producteurs et une répartition des tâches pour subsister".
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Contenance et apaisement

Message par Daniel Calin »

L'idée est présente dans le texte de Pascal, mais j'y reviens, car ça me semble primordial. Et que ça, au moins, ne dépend que de vous (apparemment, vous ne pouvez compter sur aucun appui, ce qui est inadmissible - et banal).

Il s'agit de quelque chose que j'appelle, après je ne sais plus quels psys, la fonction contenante, ou la fonction d'apaisement. Les élèves que vous décrivez n'ont aucune maîtrise de leurs propres affects. Ils sont traversés de part en part par leurs moindres mouvements émotionnels, comme des bébés, et même comme des nourrissons. Ce n'est même pas une question d'intégration de la loi, c'est plus archaïque, plus profond. Pas d'enveloppe psychique, pas de Moi-peau (cf. Anzieu). C'est d'ailleurs pour cela que les cadrages inspirés par la pédagogie institutionnelle fonctionnent mal, à eux seuls, avec ces enfants. Il faut quelque chose d'autre, en plus, en parallèle, et même en priorité. Quelque chose qui se situe au niveau des interactions émotionnelles en profondeur entre eux et vous - la référence ici est bien les interactions adulte/nourrisson. Brazelton, bien transposé, est peut-être une bonne inspiration.

Quelque chose va se jouer dans votre capacité à "absorber" leurs émotions, en particulier les pires, sans vous "démonter", et sans leur renvoyer en retour une quelconque "contre-émotion" (nervosité, énervement...). Sinon, on entre vite dans la spirale infernale des énervements réciproques et des confrontations... Pour apaiser un nourrisson qui hurle de rage ou de désespoir, il faut avant tout être capable de rester soi-même "en paix". Le bercer ne sert à rien, si ce bercement est frénétiquement nerveux. Lui parler ne sert à rien, si on lui parle d'une voix "altérée". Le mieux est souvent de le coucher contre soi en respirant calmement, en cherchant en soi la paix... Il se joue quelque chose exactement du même ordre entre eux et vous. L'adulte stable et sécuritaire évoqué par Pascal, c'est d'abord cela, c'est cela au plus profond. C'est pourquoi j'écrivais que ça ne dépendait que de vous. Cela suppose de votre part un travail d'apaisement émotionnel sur vous-même, avant d'entrer en classe et tout au long de la classe. Votre attitude émotionnelle est votre outil le plus indispensable et le plus efficace.

Je précise que cela n'a pas forcément à voir avec des traits de personnalité (que, du coup, l'on aurait ou non, sans y pouvoir grand chose... voir les idées banales qui voudraient que le métier ne s'apprenne pas, qu'on soit doué ou non...). Il s'agit, même si cela peut sonner étrangement, d'une attitude émotionnelle professionnelle, en situation professionnelle. J'ai connu des collègues très tourmentés et très mal assurés dans leur vie personnelle qui, en classe, avaient au plus haut point cette fonction apaisante vis-à-vis de leurs élèves explosés. J'en ai soupçonné d'ailleurs de n'atteindre à la paix intérieure que dans un tel contexte (d'oubli de soi, au fond), et d'avoir choisi ce métier, paradoxalement, pour éprouver là un paix de l'âme qui par ailleurs leur était barrée... Un peu comme, banalement, on se soigne d'un deuil ou de n'importe plaie de l'âme en "s'accrochant" à son travail...

Ce sont des images, il n'y a pas de façon "rationnelle" de bien exprimer ces choses-là, mais, avant d'entrer en classe, respirez en profondeur, prenez un rythme respiratoire ample et régulier, et accrochez-vous à votre respiration : quelque chose de votre "rythme" viendra peut-être, peu à peu, donner un "rythme" à vos gamins "désordonnés". S'ils ne trouvent pas en vous un "fil conducteur" émotionnel auquel s'ancrer en profondeur, rien ne les "calmera", aucun "cadre" ne suffira.

Bon courage, en tous cas !
Modifié en dernier par Daniel Calin le 18 sept. 2005 20:15, modifié 1 fois.
Cordialement,
Daniel Calin
julie

Message par julie »

Pascal et Daniel,
Merci infiniment pour ces conseils. Je vais vraiment essayer de travailler sur cet aspect de "référent protecteur et rassurant", et penser tout simplement à respirer par grandes bouffées. Je crois sentir ce qu'il faut faire, mais je confronte pour la première fois mes émotions à ce type de comportement donc un certain temps d'"apprentissage" sera je crois nécessaire. Mais je ne perds pas courage.
Pour répondre aux questions de Pascal, je suis seule dans la classe et pour toutes les activités extérieures nécessitant un trajet aussi (piscine, EPS en salle et au stade). Mes élèves ne sont pour l'instant intégrés nulle part, ni à l'école ni ailleurs. La CLIS existait déjà dans l'école et les élèves de cette année étaient en CLIS aussi l'an dernier, parfois radiés d'autres CLIS dans d'autres écoles. Pour l'instant je n'ai vu ni psychologue ni membre du RASED. Je fais appel à la conseillère péda dès demain. Je ne sais même pas pourquoi ces enfants sont en CLIS, je n'ai pas leur dossier.
Quant au coin violence, je n'y avais pas pensé mais je pense en effet que ce serait très utile.
Merci beaucoup pour votre soutien.
Gwenaël
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Re: Contenance et apaisement

Message par Gwenaël »

Daniel Calin a écrit :apparemment, vous ne pouvez compter sur aucun appui, ce qui est inadmissible - et banal
Bonjour !
J'arrive un poil trop tard, et peut-être de façon un peu pessimiste en citant cette partie du message de Daniel Calin, mais je trouvais qu'elle résumait parfaitement la situation de trop de CLIS...
Bref, je suis enseignant de CLIS également, dans une école elle-même située en milieu très défavorisé, et qui connaît ces problèmes de violence récurrente.
C'est sur ce point que je me permets de "compléter" les (excellents) conseils qui vont ont été donnés par mon témoignage :

* Vous ne perdrez JAMAIS votre temps avec eux, si ce temps est consacré à leur rappeler la Loi qu'ils ont construite, à tisser, d'abord pour eux et ensuite avec eux, le cadre nécessaire à leurs apprentissages.
Dans ma classe, parfois jusqu'à la Toussaint, lorsque ce cadre est en danger, je n'hésite pas à marquer des temps durant lesquels je rappelle, reformule, argumente, bref je leur démontre pourquoi leur Loi doit être respectée, pourquoi elle est juste.

* Si des outils ont été utilisés au niveau de l'école (si les autres classes connaissent également des problèmes de violence), il me paraît également important qu'ils soient utilisés dans la CLIS.
Les élèves de CLIS, surtout s'ils sont dans le spécialisé depuis quelques années, peuvent parfois "oublier" qu'eux aussi sont concernés par les mêmes interdits que les élèves du circuit ordinaire. Il est parfois (selon moi) bon de leur rappeler qu'ils sont toujours des élèves, soumis aux mêmes droits et devoirs que les autres.
Pour ma part, j'applique le même permis à points dans ma CLIS que dans les autres classes de l'école. (c'est aussi une forme d'intégration :roll: )

C'est à peu près tout ce que je peux donner comme témoignage, le coin violence n'ayant pas fonctionné réellement pour ma part ...
bayado
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c'est le metier qui rent.... :)

Message par bayado »

Ne pas pouvoir compter sur quelqu'un c'est inadmissible et banal je suis d'accord à 100/100, mais j'avoue que c'est justement parce que je ne pouvais compter sur quelqu'un que j'ai réussi, plus ou moins bien, dans ce métier.
A quelque chose malheur est bon, comme il n'y avait personne pour m'aider il fallait innover, créer, essayer, provoquer (provoquer la direction, pas les élèves, je ne suis pas fou à ce point-là), tâtonner, observer et laisser mes sentiments et mes émotions à la maison.

Je m'occupe d'enfants (tranche d'âge 12, 18 ans) , j'ai des psychotiques, des névrosés, des troubles du comportement... J'ai une classe de non-lecteurs (des élèves de 17 ans qui se retrouvent avec des élèves de 12 ans), dans ma classe j'ai 10 élèves (pas beaucoup pour certains mais pour moi c'est énormmmmmmmmmmme) et je ne compte pas changer de poste.

C'est pour te dire qu'on peut trouver plaisir à travailler avec des enfants difficiles (une fois que la difficulté est apprivoisée, elle se transforme en quelque chose de plus ou moins simple).

Si tu souffres, tu pleures, tu craques c'est que tu te construis professionnellement.
Ne baisse jamais les bras, nous sommes tous passés par là, tu es sur le bon chemin.

Je ne peux pas te donner des conseils pratiques parce que je n'ai pas beaucoup de données (ton âge, tes expériences, ton caractère, tes passions, ce que tu aimes dans la vie, car on peut plus facilement partager avec les élèves quelque chose qu'on aime que quelque chose qu'on n'aime pas).

Personnellement, je fabrique avec mes élèves des avions modèles réduits (j'aime ce sport).
J'ai récupéré des orid PENTIUM 166 mhz et j'ai transformé ma classe en petit atelier informatique (j'aime l'informatique).
Juste pour te dire que tu dois certainement avoir des choses dans la vie que tu aimes, et si tu peux partager tes passions avec les élèves c'est beaucoup plus simple et beaucoup plus authentique que de parler de règlement et des contraintes.
Quand les élèves sont occupés, ils oublient la violence.

Bon, il faut bien lire les notes de Pascal Ourghanlian et de Daniel Calin, ça me fait penser à mes débuts dans ce métier (on y voit le bon sens).

Je suis nouveau sur ce site, j'espère que je n'ai pas raconté trop d'âneries (surtout le soir à 23 h 00 avec ma fille de 22 mois qui pleure).

a+

:twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :roll: :roll: :roll: :roll: :wink: :wink:
julie

Message par julie »

Merci à tous pour votre soutien !
Ça me rassure beaucoup de vous lire et j'ai moins de scrupules à passer du temps sur le bon rétablissement de la discipline en classe, même si le chemin semble très long. XXX, ton système est effectivement complexe mais il semble tout à fait adapté à la situation que je rencontre.
Je vais imprimer tout ça et le décortiquer tranquillement. Si j'ai des questions concernant la mise en place de la monnaie, je n'hésiterai pas !! Par contre, au niveau de mon rôle de sergent-chef, va falloir que j'y travaille davantage ! En fait, ils se braquent très vite lorsque je me glisse dans ma parure de dragon. Ils me tiennent tête et refusent punitions, copies etc... Dans ces moments-là, je les prends (de force) pour les asseoir correctement sur leur chaise et leur donne de quoi ecrire, mais ils me répondent "m'en fous j'le fais pas" (je généralise alors que c'est surtout 2 gamins qui agissent de la sorte). Si je veux les envoyer chez un tiers, je devrais les traîner de force par terre pour qu'ils y aillent... D'ailleurs, jusqu'où aller avec la force justement ? Les ceintures de comportement idem, ils s'en fichent éperdument, puisqu'ils viennent à l'école juste "pour ne pas être chez eux"... Et comment faire pour arrêter la source de tous les coups, à savoir les insultes récurrentes entre eux (jamais tournées vers moi mais toujours une animosité féroce entre certains) ? Hier la dame de cantine m'a prévenue qu'un de mes élèves était prêt à vomir car un autre de ma classe l'avait cribblé de coups dans le ventre...
Pour répondre à Bayado, j'ai effectivement intégré des choses que j'aime et qui leur plaisent aussi : un atelier cuisine, de la pratique musicale, du théâtre, des maquettes, bientôt un animal dans la classe, et j'ai pris l'initiative de les conduire au stade tous les lundis pour les préparer à une rencontre USEP... Il y a aussi une plage pour l'informatique toutes les semaines et je vais bientôt introduire de l'anglais et visionnage de films... Un projet d'intégration en natation vient d'être établi également... Pour toutes ces activités, ils se montrent beaucoup plus gérables car on n'est plus dans l'espace classe... Par contre, je ne sais pas quelle plage laisser aux IO là-dedans. J'ai plutôt l'impression de faire de l'occupationnel ou du moins des choses qui ne sont pas "officielles".
Hier, j'ai vu un conseiller pédagogique qui m'a dit "va sur Google, tape CLIS, tu vas voir, y'a plein de trucs!"... Et "la CLIS c'est une classe différente"... Soit. Ça m'aide pas beaucoup tout ça. :) Donc effectivement je fais mon petit bonhomme de chemin. J'ai 26 ans, c'est mon 1er poste. Je travaillais avant dans le milieu culturel et j'ai enseigné le français à l'étranger. Je me destinais au CAPA-SH car le spécialisé m'intéresse beaucoup... Ça fait partie de ma nature d'aimer ce qui n'est pas "lisse", et j'ai beaucoup de sympathie pour ces enfants, j'aime être avec eux. Mais j'avoue que ce début d'année a remis en question beaucoup de choses car je pensais que je serai un peu plus épaulée... Je ne sais pas si je préparerai le CAPA-SH cette année du coup...
En tout cas, ce site est une vraie épaule et ça me regonfle en énergie !!
Merci donc pour vos conseils:)
Gwenaël
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Message par Gwenaël »

:roll: Mais c'est bien sûr !

Bayado a mis le doigt sur un oubli capital dans mes conseils : l'importance prépondérante des projets !
Car ce sont ces projets (qui rentrent dans les IO, ne t'inquiète pas, au bout d'un moment tu verras que tout ou presque peut y être rattaché) qui soudent la classe, et offrent LE sens à leur présence en classe.

Pour certains c'est le modélisme ou les élevages (si tu es intéressée d'ailleurs, le sergent chef Le Doledec est un spécialiste), pour moi c'est l'animation vidéo ...
Ma classe produit régulièrement des petites vidéos (animation image par image, ou parfois films "live"), qu'elle présente aux autres classes durant l'année.
Et très franchement, j'y greffe aussi bien les maths que le français (enfin le domaine de la langue, dans le jargon respectable) !

Je me greffe également sur les projets d'autres classes, selon les centres d'intérêt de mes élèves.
Daniel Calin
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Sergent-chef ?

Message par Daniel Calin »

Pour vous remettre de la lecture éprouvante de la machinerie paranoïaque imaginée par XXX, je vous invite à lire un texte de Sylvie Canat que je viens de publier sur mon site : Quels besoins scolaires spécifiques pour accueillir des enfants ayant des troubles du comportement et du caractère ?
Modifié en dernier par Daniel Calin le 26 déc. 2007 14:11, modifié 2 fois.
Cordialement,
Daniel Calin
bayado
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pour julie

Message par bayado »

L'occupationnel... mais ça n'existe pas mon amie. :D

Tout ce que tu fais a un sens (mieux vaut ne rien faire correctement que de faire une activité particulièrement bien préparée mais qui provoque la pagaille en classe).

Des enfants de 15, 16, 17 ans, qui sont toujours non-lecteurs.
Tu dois bien savoir qu'avant d'arriver chez toi, tes élèves ont été depuis la maternelle chez des collègues à nous CP, CE, CM...

Ils n'ont pas réussi à apprendre à lire, est-ce la faute à nos collègues !!!! Certainement pas.
Si ton objectif est de rattraper ce que les autres n'ont pas réussi à faire avec eux, alors là tu vas droit dans le mur (100 à l'heure ou 200 à l'heure, à toi de choisir, cela dépend aussi de ta voiture :D ).

De la modestie dans tes objectifs.
Trop haut, les élèves vont avoir peur. Trop bas, ils vont avoir le sentiment d'etre pris pour des bébés, à toi d'estimer la difficulté de ton travail.

Autre chose (pour moi c'est primordial pour sécuriser l'élève) : quoi que tu fasses, l'élève doit se sentir apprécié et respecté par son instit. Ce n'est pas parce que l'élève n'a pas réussi une actitivité qu'il va perdre l'attention et le respect de son instit.

Bon, si tu arrives à me comprendre c'est extraordinaire. (mes collègues à l'école ont du mal parfois à me comprendre..:shock: )

courageeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee :P
Julie

Message par Julie »

Si si les sanctions !! Ça m'intéresse... Comment sanctionner sans que ça tourne en humiliation ou en moquerie générale par les autres ??
Je veux bien aussi ton document type sur la monnaie locale. Je vais faire quelque chose de similaire.
Pas si parano que ça cette méthode ;)
Merci beaucoup en tout cas.
Julie
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Bonsoir,

Les éléments évoqués par LLD (pour faire court) sont issus de la pédagogie institutionnelle (PI).

Ce qui peut faire penser à une "machinerie paranoïaque", comme l'écrit Daniel, c'est, à la fois, leur présentation systématique (ça c'est leur côté "machinerie") et leur aspect exclusivement défensif (ça c'est l'aspect "paranoïaque").

Travailler en zone violente, ou avec des élèves violents, ne peut pas être la justification d'un positionnement violent de l'adulte référent. Et l'empathie neutre, telle qu'elle est présentée par LLD, ne peut qu'être perçue comme une violence par ceux vers qui elle est tournée.
L'objectif des lois, en PI, c'est d'instituer l'humain dans l'enfant (d'où le terme d'instituteur, que je regrette - mais je sais être un vieux c...). Instituer, c'est-à-dire faire advenir. Si la loi s'impose par simple soumission à l'adulte, c'est une règle, plus une loi. Et les règles sont faites pour être détournées (nos hommes politiques nationaux, mais sont-ce les seuls ?, nous en donnent l'exemple chaque jour). Seules les lois fondamentales, intangibles, parce qu'elles s'appliquent à tous, et non selon le bon vouloir de celui qui a le pouvoir de contraindre, peuvent être intériorisées en valeurs morales (Kant le dit bien mieux que moi, et Foucault aussi). Et fonder le pacte d'une vie commune possible.
Car il y a dans la PI une valeur fondatrice : celle de l'élaboration commune, dans le respect de l'individualité de chacun.

Renvoyer à l'expérience du terrain est toujours une bonne chose : le terrain est le lieu d'exercice des compétences en acte. Mais, en aucun cas, cette expérience n'est modélisable, ni opposable à l'expérience d'autrui. Tout juste peut-elle l'éclairer, en décalant le regard. De la proposition à l'imposition, le départ est mince. Et vérité en-deçà des Pyrénées, ...

Si Julie trouve dans les propos de LLD des pistes, pourquoi pas. Mais accompagner des gosses violents en leur renvoyant la violence qui est la leur propre, comme constitutive, et celle dans laquelle ils vivent, et celle qui forme leur rapport aux autres, c'est sans doute à manipuler avec précaution.

Et avec beaucoup d'empathie. Pas neutre. Mais participante...

Et désolé si je peux donner l'impression de réagir de manière un peu épidermique : les termes "sergent-chef" et "geôlier" me sont de sinistre mémoire...


Petit ajout : Le texte de Sylvie Canat, proposé par Daniel, est remarquable. L'itinérante D avec laquelle je travaille s'en est emparée pour le proposer aux collègues qui intègrent des élèves TCC, appréciant sa clarté, son côté "abordable" et la manière efficace dont il éclaire les choses.

Petit ajout 2 : sur le site du Café pédagogique, lire Pédagogie : Menteurs, voleurs, sécheurs : au cabanon !
http://www.cafepedagogique.net/expresso/index230905.php
Modifié en dernier par Pascal Ourghanlian le 23 sept. 2005 07:08, modifié 1 fois.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Daniel Calin
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Garde-chiourme ou instituteur ?

Message par Daniel Calin »

Connaissant le personnage, je ne voulais pas intervenir à propos de la "méthode LLD". Mais, comme cette épouvantable machinerie paranoïaque (je maintiens mon diagnostic) rencontre quelques échos, je me décide à poser quelques remarques, pour compléter les réflexions déjà avancées par Pascal.

L'essentiel réside dans le titre de mon message : Garde-chiourme ou instituteur ?. Manifestement, la méthode LLD, d'ailleurs il l'assume, est une méthode de garde-chiourme, et pas une méthode d'instituteur, au sens profond du mot, rappelé par Pascal :
instituer l'humain dans l'enfant (d'où le terme d'instituteur, que je regrette - mais je sais être un vieux c...). Instituer, c'est-à-dire faire advenir.
L'objectif de la méthode LLD n'est certes pas d'instituer l'humain dans l'enfant, ni même tout simplement d'éduquer, aux sens les plus basiques du terme. Il est de contrôler sa classe. À tout prix, et sans aucun souci éducatif à ce stade. D'où les échos favorables. Je comprends que des enseignants peu expérimentés, mal formés, en proie à de sérieuses difficultés, soient tentés par ce qu'il y a de "bon sens" apparent dans cette méthode. C'est très exactement l'effet Sarkozy, voire l'effet Le Pen (ce que j'appelle la machinerie paranoïaque). Mais il faut prendre garde aux implications en profondeur de tels choix : adopter cette "méthode", c'est changer de fonction, c'est passer d'instituteur à geôlier. Et c'est un voyage sans retour. La prison n'éduque pas, jamais. Elle contraint, elle contient, elle casse, mais elle ne saurait faire advenir de l'humain. La reconnaissance invoquée par LLD de la part d'anciens élèves ne doit pas faire illusion : c'est une reconnaissance d'esclaves nostalgiques de leurs chaînes. Humainement, c'est une reconnaissance posthume. En lisant cela, je songeais à ces 5 à 10% des jeunes d'un Centre des Jeunes Détenus, dont le directeur me disait qu'il n'arrivait pas à s'en débarrasser : lorsqu'ils étaient libérés, ils s'arrangeaient pour se faire arrêter au maximum à la gare RER la plus proche. Et ils réintégraient le lendemain les murs "protecteurs" et "conteneurs" dont ils ne pouvaient plus se passer, et dans lesquels ils étaient effectivement très "sages". De même, autrefois, la Légion étrangère fournissait l'essentiel des effectifs des clochards. C'est par ailleurs la même recette qui fabrique tous les "miliciens".

J'arrête la "théorie" pour passer à quelques points plus "pratiques".

Le pire aspect de la méthode LLD est le recours à quelque chose qui relève de la sanction collective :
Si, à chaque étape, LA classe (c'est-à-dire au moins un élève) fait du bruit ou le pitre, tout le monde retourne à l'étape précédente, jusqu'à l'étape zéro (chacun assis à sa place) si nécessaire.
Très clairement, l'enfant est là nié comme personne, et réduit à l'état d'atome groupal ("LA classe" !). C'est la définition même du totalitarisme. Comme ça éveille en moi des années de souvenirs pénibles, je préfère ne pas trop m'attarder là-dessus, je risquerais de devenir vraiment méchant. Reste, à l'évidence, qu'on ne saurait faire advenir l'humain en l'enfant en commençant par le laminer.

Plus anodin, le très banal conseil de "froideur" en début d'année :
En début d'année, avec des élèves que tu ne connais pas, évite de jouer l'enseignante conciliante et chaleureuse. Reste froide, ne souris que très peu, sauf éventuellement avec des élèves fragiles et respectant leurs camarades.
Sympa, on pense même aux élèves fragiles ! Sauf, bien sûr, que cela suppose que l'on fasse d'emblée une distinction radicale entre les "durs" et les "fragiles". Comme si, dans l'enfance, les "durs" n'étaient pas aussi des "fragiles", parfois même plus malmenés et blessés par l'existence que les autres ! Je renvoie ici à mon message précédent : tous ces élèves, en particulier les "durs", sont des enfants très mal structurés (les rares authentiques psychopathes mis à part, qui sont eux "contre-structurés"), qui ont fondamentalement besoin d'appuyer leur subjectivité chaotique sur une relation forte avec la subjectivité structurée et structurante du maître. Cela suppose exactement le contraire de la forteresse défensive qui constitue le fond de la méthode LLD : une ouverture à ces enfants, malgré tous les risques que cela suppose, à commencer par le risque de ressentir un peu trop vivement leurs angoisses et leurs douleurs, à ces "petites terreurs"... Encore faut-il être suffisamment "fort" en interne pour ne pas se trouver détruit par cette "exposition". Mais si l'on n'est pas assez "fort en interne", il ne faut pas aller vers ce gendre de publics. Sinon, cela signifie qu'on va s'inventer une force que l'on n'a pas à coup de méthodes terroristes...

Je passe rapidement sur la contention corporelle systématique qui, comme à l'armée, est une excellente méthode d'écrasement des personnes : obsession de la mise en rangs ("de force" !), obsession du silence... Michel Foucault a décrit et analysé cela mieux que je ne pourrais le faire. Reliser ou découvrer Surveiller et punir pour bien comprendre ce que vous faites si vous êtes tentés par ce genre de pratiques.

Autre point très choquant, la sorte de monétarisation des peines introduite par la méthode LLD. Même aux Etats-Unis, il reste une distinction entre "justice pénale" et "justice civile", entre sanction d'un crime ou d'un délit et réparation des dommages occasionnés. Pascal oppose justement "règle" et "loi'. Ici, l'idée même de loi disparaît au profit de pures règles, monétarisées qui plus est. L'ultralibéralisme au cœur de "l'éducation" !

Je reviens à la théorie pour terminer. Comme le remarque Pascal, la méthode LLD s'inspire de la pédagogie institutionnelle. Pour une part seulement, à l'évidence : toute forme de sanction collective est bien évidemment absente de la PI, et la contention corporelle n'est ni dans ses objectifs ni dans ses méthodes... Pascal considère manifestement que cette inspiration PI est de part en part un détournement. Je n'en suis pas aussi certain. Individualiste farouche, par héritage paysan et par réaction à des années d'internat bonapartiste, j'ai toujours été intuitivement méfiant par rapport à la pédagogie institutionnelle, et je ne suis guère étonné de la voir mettre au service d'une conduite de classe paranoïaque. Un point seulement, mais fondamental. Le principe même de la pédagogie institutionnelle est que la "loi" est élaborée par le groupe. Cela a pour soi une parenté avec la démocratie. Mais la démocratie n'est pas faite pour les enfants (revoyez le film If), ni même pour les adultes protégés par la tutelle. On peut aller plus loin. Dans une démocratie, est-ce bien "le peuple" qui est la source de la loi ? Formellement, oui : élections, etc. Mais le peuple n'est qu'un agrégat d'individus, la somme des citoyens. Ces citoyens, eux, où vont-ils chercher la source de leurs choix politiques, laquelle est en dernière analyse la source profonde de la loi ? Si leurs choix citoyens ne sont que l'expression de leurs intérêts ou de leurs caprices, la démocratie n'est qu'un vaste système de lobbying, on est à nouveau dans l'ultralibéralisme, il n'y a plus que des règles, et pas de loi digne de ce nom. Pour que la démocratie soit autre chose qu'une farce, il faut une autre source aux choix effectués par les citoyens : la "raison", la recherche de l'intérêt commun ou du bien public, l'éthique... Voir ici Rousseau et Kant... Les pratiques de la pédagogie institutionnelle qui ne sont pas d'abord articulées à une forte éducation citoyenne sont menacés de dériver vers un totalitarisme pseudo-démocratique. En ce sens, la méthode LLD a au moins le mérite involontaire de déployer très lisiblement les germes totalitaires à l'œuvre dans la PI.
Modifié en dernier par Daniel Calin le 25 sept. 2005 10:15, modifié 1 fois.
Cordialement,
Daniel Calin
Pascal Ourghanlian
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Message par Pascal Ourghanlian »

Salut Daniel,

Je te lis en très grande forme !...

Je ne peux être d'accord, bien sûr, avec ton analyse de la PI : personne ne songerait à reprocher à Beethoven le goût qu'Hitler prenait à sa musique... C'est le vieux débat des outils et de leur dévoiement. Au moins Platon avait-il le mérite d'annoncer la couleur. Ce qui fait que je reste, comme Bonnefoy, un Anti-Platon. Plus près de Prométhée, donc...

La PI, les 4 L d'Oury (langage, lieux, lois, limites - dans cet ordre !), ne peut se limiter aux ceintures de comportement ou aux brevets. Ce sont des outils, institutionnels, de communication et d'expression : conseils, imprimerie, journal. Lorsque le groupe se fait accueil des paroles individuelles, en respectant silence et retrait...

Mais, pour ne pas changer l'orientation du débat en cours qui concerne la violence, cette anecdote, récente qui me fait me retrouver dans ce que tu écris et qui me conduit à être"révulsé" par les propositions de LLD.
J'animais, hier, une équipe éducative autour d'un enfant extrêmement violent, pour les autres et pour lui-même : étranglements, bousculades du haut des escaliers, auto-mutilations, insultes, grillages de 5 m escaladés, ... Enseignants inquiets, à juste titre, garants de la sécurité de tous, et souhaitant poser des limites indépassables : IEN saisie, parents informés, etc. La maman reçue, tout à fait consciente des difficultés. Nous accueillons peu à peu sa parole, et un tableau médical d'une grande clarté se dessine : traumas cranien, comas, rétrécissement du champ visuel, impossibilité à entrer dans les apprentissages malgré une intelligence non altérée - souffrance, violence. Ici, l'entrée est médicale, elle est plus souvent sociale et/ou psychologique.

Tant que la violence ne sera pas prise pour ce qu'elle est, un symptôme, une interpellation des adultes par un enfant qui n'arrive pas à se faire comprendre autrement, nous n'avancerons pas. C'est ce que j'appelle le syndrome "sauvageons", de triste mémoire, qui ne raisonne (?) qu'en terme d'incivilités et de gratuité des gestes violents : la violence, du moins à l'école, n'est jamais gratuite, elle doit faire signe. Et, de mon point de vue aussi, répression n'est pas raison...



A lire, dans Le Monde de vendredi, Le "trouble des conduites" de l'enfant, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 675,0.html - avec cet extrait, pour vous faire peur (j'espère) : "Le groupe d'experts préconise ainsi de procéder à un dépistage médical systématique de chaque enfant dès 36 mois, au prétexte que, "à cet âge, on peut faire un premier repérage d'un tempérament difficile, d'une hyperactivité et des premiers symptômes du trouble des conduites" .
Une fois identifiée l'existence d'un trouble chez un enfant, le groupe d'experts recommande le recours à des programmes "psychosociaux" de "guidance parentale" en s'inspirant d'exemples américains et canadiens. Avec les enfants, il est proposé de mener des thérapies individuelles de type comportementaliste, fondées sur des jeux de rôle, pour leur "apprendre des stratégies de résolution des problèmes". Le groupe d'experts suggère par ailleurs de recourir "en seconde intention" aux traitements psychotropes (antipsychotiques, psychostimulants et thymorégulateurs), qui ont "une action antiagressive
". Une autre modalité du libéralisme... pas moins inquiétante que l'économique.
Cordialement,
Pascal Ourghanlian
Gwenaël
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Message par Gwenaël »

La méthode "XXX" a également le mérite, me semble-t-il, d'ouvrir un débat que vous (tous, hein, je suis neutre et surtout partisan de débats, si cruellement absents des IUFM) effleurez sans nommer :
- la part de conscience que peut avoir un élève de CLIS de ses moments de violence physique ou verbale.

En effet, si pour certains élèves de classe ordinaire la violence est réellement un moyen d'exprimer sa propre souffrance (et j'ai à l'esprit un exemple d'actualité particulièrement criant et "lisible"), pour d'autres, elle n'est que le moyen de prolonger ce qu'ils voient tous les jours à l'extérieur. C'est alors en toute connaissance de cause que certains intimident les plus petits, volent goûters et billes, et font s'enfuir tous les remplaçants qui les croisent. La violence est alors froide, calculée, et même profitable pour eux !
Alors, je sais (je ne suis pas dupe, ni insensible) que même ce profil d'élève violent cache une souffrance, communiquée par le milieu social (et qui s'aggrave de jour en jour, enfin de réforme en réforme).

Mais à côté de cela, dans les mêmes classes (et dans la mienne), j'observe des élèves à la violence déstructurée, ne leur profitant pas (leur attirant même des ennuis, pas plus tard qu'à la récréation d'hier, pour un des miens), et parfois tournée vers eux-mêmes...

Donc, pour en revenir à l'objet de mon message, ne devrions-nous pas, avant de continuer les débats, souligner (ou réfuter ?) cette différence qui peut parfois se faire entre une violence "urbaine", rencontrée chez la plupart des élèves d'une ZEP "classique", ET la violence plus caractéristique d'élèves atteints de troubles comportementaux : irrégulière, pulsionnelle, et peut-être finalement moins "volontaire", moins "maîtrisée" que la première ?
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