Questions difficiles

Ou établissements de même type : IMPro, etc. (option D)
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sabine
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Questions difficiles

Message par sabine »

Je suis dans un IME, avec une autre collègue, et nous devons poser des critères d'indication de prise en charge scolaire (32 jeunes de 10 à 18 ans scolarisés + 7 demandes de scolarisation, locaux très exigus). Pour nous, cette réflexion est difficile car nous voulons considérer l'école comme un droit pour tous. Mais certains enfants sont en souffrance dans un groupe, ou devant une situation d'apprentissage.
C'est pourquoi nous nous disons que l'école peut devenir un objectif, au lieu d'une obligation (en référence à l'obligation scolaire qui nous est "opposée").
Qui ne peut pas être scolarisable ?
Comment ne pas confondre une appétence scolaire avec une problématique pathologique qui détourne l'activité pédagogique de son objet (accéder à une vie socialisée) et l'utilise pour alimenter des comportements répétitifs et vides de sens ?
Avec des enfants très angoissés, peut-on se limiter à des objectifs tels que : être apaisé, pouvoir être en groupe.
D’ailleurs jusqu’à quel point la situation de groupe est-elle pertinente pour ces enfants-là ?
Peut-on faire une prise en charge d’abord individuelle, pouvant évoluer vers le travail dans un groupe ?

Autre question qui m'agite :
Comment se différencier de l’éducatif lorsqu’on travaille sur des compétences transversales : structuration spatio-temporelle, communication, vivre ensemble, vie sociale et professionnelle… ?
clairea
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Message par clairea »

En effet, votre question est difficile et ne peut être portée à mon sens que par une équipe pluridisciplinaire.

Si vous posez, en tant qu'enseignante, seule ce questionnement, alors vous ne pourrez que ressentir les limites de votre fonction.

Comme vous le décrivez, vous posez la question d'une sorte de diagnostic différentiel, et de la logique de votre action face à l'altérité au sens le plus fort...

J'ignore comment les équipes travaillent dans votre IME, mais des questions aussi difficiles ne peuvent être portées que par le croisement de regards éducatif, pédagogique, médical et psychologique.

Qui ne peut être scolarisable ?
Si il existe une réponse à cette question elle ne peut être que singulière, dans la rencontre avec une personne et plus encore temporaire dans le sens où au moment où vous posez cette question cette personne ne l'est pas mais les équipes travaillent sans nul doute pour qu'elle le soit plus tard... C'est un peu ce que vous soumettez en proposant la scolarisation comme un objectif et non une obligation.
Bien sûr, on pourrait dégager des critères symptomatiques qui excluent une attente pédagogique mais cela deviendrait très réducteur et ne concernerait en aucun cas la spécificité de chaque situation.

Comment ne pas confondre une appétence scolaire avec une problématique pathologique qui détourne l'activité pédagogique de son objet (accéder à une vie socialisée) et l'utilise pour alimenter des comportements répétitifs et vides de sens ?

C'est peut-être justement parce qu'il y a cette appétence, une amorce de désir que le symptôme y trouvera un espace d expression... Pouvez-vous faire l'économie de cela ? Quand vous enseignez, vous connaissez et maîtrisez votre désir mais celui de votre apprenant reste un espace obscur sur lequel vous n'avez pas forcément à avoir de prise...

Avec des enfants très angoissés, peut-on se limiter à des objectifs tels que : être apaisé, pouvoir être en groupe.
D’ailleurs jusqu’à quel point la situation de groupe est-elle pertinente pour ces enfants-là ?

Elle l'est au moins pour qu'ils en fassent l'expérience, les laisser dans un monde de solitude les protège mais les enferme...
A vous (mais pas seulement à vous) de trouver ou de tendre vers un équilibre entre un rien et l'angoisse envahissante de la rencontre avec l'autre.

Pour vos autres questions, je vous répondrai en bloc de solliciter l'echange avec l'équipe pluridisciplinaire, vous ne vous autoriserez que dans leur consentement et vous vous différencierez des éducateurs en comparant vos deux pratiques.
J'espère qu'il y a bien des équipes autour de vous .... sinon mon message serait pour le moins en grand décalage :( avec votre réalité.

Une fois encore, je trouve vos questions difficiles mais très justes.

Bon courage à vous.
sabine
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Message par sabine »

C'est toujours une satisfaction de pouvoir échanger ainsi.
J'essaie de réfléchir à tout cela parce que c'est une démarche entreprise avec ma collègue (nous sommes 2 instits) afin de pouvoir contribuer de notre position d'enseignantes à la réflexion collective au sein de l'équipe.
Votre réponse s'inscrit pertinemment dans ce processus.
Ce que j'en comprends, et cela m'avait un peu échappé effectivement, c'est le danger qu'il peut y avoir à vouloir trop cadrer au moyen de critères pseudo-objectifs qui ne rendraient pas bien compte de la singularité de chaque enfant. Je souscris entièrement à cela et je me dis que ma démarche (cartésienne ?) était peut-être un moyen de me rassurer, de me défendre de la responsabilité que mon rôle fait peser sur moi.
Mais c'était aussi l'expression d'un besoin de dire ce qu'était l'école, son rôle, ses missions, ses exigences, ses limites, aux autres partenaires médico-éducatifs, qui semblent nous enfermer dans une vision très étroite (archaïque ?) de l'école. Et nous voudrions redélimiter notre cadre, nos objectifs.

Encore merci de votre réponse qui me fait avancer.
clairea
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Message par clairea »

En effet, le réel problème vient surement de la place qu'on vous suppose occuper dans l'IME.... Les professionnels de la santé n'entrevoient peut-être pas bien votre rôle ou le minimisent et pourtant vous êtes un des acteurs les plus proches de ce que les psys appellent le lien social :)

C'est une très importante question et je pense que vous pourriez ici développer votre réflexion, vos hésitations ... A vrai dire, pour que je me représente votre réalité, j'aurais besoin d'en savoir plus et peut-être qu'au fil de cette discussion il émergera des évidences que nous ne percevons pas pour le moment.
Meemi
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questions difficiles

Message par Meemi »

Bonsoir,

Votre questionnement est aussi le mien. J'enseigne depuis septembre en IME (je suis maître E de formation). Il y a deux postes d'enseignants spécialisés et nous accueillons 56 élèves sur 110 ! Pour répondre à toutes les demandes, l'unité d'enseignement s'est structurée en regroupement (il y a quelques années déjà). Mais, selon moi, nous avons à mener de front, l'accompagnement vers les apprentissages fondamentaux (les progressions différenciées d'un maître extra-ordinaire) et un travail sur les liens qu'entretiennent la plupart des élèves à la pensée troublée avec ces apprentissages (c'est selon moi notre spécialisation). La pression de scolarisation a fait dériver la structure jusqu'à son point de rupture. Aucun élève n'est scolarisé à l'extérieur de l'IME, même ceux pour qui actuellement le position d'élève est tenue de façon suffisamment stable.
Depuis mon arrivée, je cherche à faire expliciter les critères qui président au choix d'un accompagnement scolaire. Il me semble que pour l'IME où j'exerce cela dépend des représentations que chaque professionnel se fait de l'école (de la scolarité). Ces représentations sont parfois bien éloignées de mon travail. Cela va du "il est assez sociable" à "il a des acquis scolaires, des capacités" en passant par "il entretient une relation particulière avec tel ou tel savoir (souvent l'écrit)".
Je ne peux que vous conseiller d'écrire vos propres conceptions de l'Ecole, vos difficultés, vos satisfactions, le sens que vous donnez à votre travail et de le soumettre à tous les membres de l'équipe.
C'est ce que j'ai fait, cela suscite les échanges et c'est très instructif. Tout le monde s'interroge, m'interroge et une réflexion institutionnelle semble devoir se mettre en place. Personnellement, j'ai pensé qu'avant de réfléchir à des critères, il faut s'entendre sur ce qui se joue en "scolaire", en quoi l'école peut-elle être un espace thérapeutique (et à quelles conditions). Je dirai même qu'entre collègues enseignants c'est très riche d'interroger les bases de chacun.
Tenez-moi au courant.

Bon courage
Michel
Thierry
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Message par Thierry »

Quels enfants sont scolarisables ? La réponse est donnée par le projet individuel de chaque enfant. Ce projet doit comporter les aménagements nécessaires.

La différence avec les éducateurs vient du contenu, du support et du cadre qui pose l'enfant dans son rôle d'élève avec toute la richesse de ce mot lorsque l'enfant est accompagné.
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